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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 10:55
Défense : ci-gît SNPE, 1971-2013

L'usine de Sorgues, qui produit de l'hexogène, est en cours de modernisation

 

10/10/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Un conseil d'administration de Giat Industries, la holding de Nexter Systems, doit se tenir le 24 octobre pour entériner le rachat de SNPE et de sa filiale de poudres et explosifs Eurenco.

 

Tic-tac, tic-tac… La fin de SNPE est maintenant très proche. Un conseil d'administration de Giat Industries, la holding de Nexter Systems, doit se tenir le 24 octobre pour acter le décès de l'ancienne Société nationale des poudres et explosifs (SNPE), créée en 1971. Ce jour-là, le conseil du groupe public d'armement terrestre doit entériner le rachat des dernières activités de SNPE, dont Eurenco qui l'un des rares acteurs mondiaux dans le domaine si particulier des poudres et explosifs.

 

"Le closing de l'opération est attendu avant Noël", précise à La Tribune le PDG de SNPE, Antoine Gendry. Giat Industries mettra la main sur Eurenco, mais également sur sa maison mère SNPE plombée par de lourds passifs environnementaux mais dotée d'une trésorerie d'une centaine de millions d'euros, abondamment alimentée par les cessions de toutes les activités en vue de la fermeture définitive du groupe public.

 

Modernisation du site de Sorgues

 

La modernisation du site de Sorgues (projet Phénix) était la condition sine qua non du rachat d'Eurenco par Giat Industries, le projet initial du gouvernement Fillon. L'usine aujourd'hui à bout de souffle - elle avait été rénovée en… 1954 -, était vitale. Car c'était  "la solution permettant de produire des explosifs de façon rentable", estime Antoine Gendry. Mais ce lourd investissement n'était pas gagné d'avance. Car l'Etat a longtemps trouvé la facture de la modernisation du site de Sorgues trop élevée (120 millions d'euros), dont 100 millions d'euros pour la seule production d'hexogène, un composé chimique très stable considéré comme l'un des explosifs militaires les plus puissants.

 

SNPE finance cet investissement sur fonds propres à hauteur de 85 % et l'Etat 15 % sous forme d'avances remboursables (soutien à l'export). Un investissement possible pour SNPE grâce à sa trésorerie, qui a profité d'ailleurs ces dernières années à l'Etat actionnaire. En 2011, il a en effet reçu un joli dividende de 180 millions d'euros.

 

Pourquoi l'usine de Sorgues a été sauvée ?

 

Fallait-il fermer l'usine de Sorgues ou la moderniser ? "Le marché était demandeur", constate  Antoine Gendry. A raison. En 2013, le chiffre d'affaires devrait s'élever à 32 millions d'euros, dont 95 % dédiés aux activités militaires (contre 24/25 millions entre 2006-2008). Eurenco dispose aujourd'hui de clients sûrs comme BAE Systems, Nexter, Rheinmetall (Allemagne), Otomelara (Italie) MBDA, Thales TDA… ainsi que de nombreux clients à l'export, notamment en Asie.

 

Mais cette usine perdait chaque année de l'argent en raison de la vétusté de ses outils de production. Cela se traduisait par des sureffectifs et par des manquements à la aux normes environnementales pour l'usine de Sorgues. "Depuis la fin du conflit Irak-Iran en 1988 et le début des années 90, le marché des explosifs a été divisé par 10", rappelle en outre le PDG d'Eurenco, Jacques Cardin. Sorgues était alors en sous-activité dans les années 2000.

 

Sécuriser l'approvisionnement de l'armée française

 

Au bout du bout, l'Etat prend enfin la décision de lancer la modernisation de Sorgues fin juillet 2012 lors d'un conseil d'administration de SNPE. Le gouvernement Ayrault acte ainsi le maintien d'une filière de poudres et d'explosifs nationale afin de sécuriser l'approvisionnement de l'armée française. Le site de Sorgues est sauvé et pourra continuer à produire de l'hexogène pour les missiles, torpilles et obus… de l'armée française.

 

Une décision stratégique de souveraineté nationale, dont l'origine remonte à 2007 avec l'arrêt de la seule usine britannique d'explosifs qui était détenue par BAE Systems. "Ils sont venus nous voir et nous ont dit qu'ils comptaient sur nous", explique Jacques Cardin. Après avoir évoqué une fermeture, Antoine Gendry décide finalement en novembre 2008 de proposer à l'Etat la modernisation de Sorgues. Fin 2011, le PDG de SNPE a son plan de bataille.

 

Une nouvelle usine qui va conforter le redressement d'Eurenco

 

Les travaux ont commencé en juillet 2013. Fin 2015, la nouvelle usine commencera à produire, les effectifs basculant progressivement vers le nouveau site. Elle atteindra son rythme de croisière début 2016. Elle sera entre autre dotée d'une chaufferie au bois (biomasse), qui couvrira 80 % des besoins. Financée en partie par l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) et exploitée par Cofély, elle permettra à Eurenco d'économiser 500.000 euros par an.

 

Elle va conforter le redressement d'Eurenco. Car cette nouvelle usine permettra à Sorgues d'atteindre l'objectif de 36/40 millions de chiffre d'affaires fixé par la direction. Elle devrait également « générer du cash » après avoir plombé les comptes d'Eurenco. L'activité explosif, basé notamment à Sorgues, avait enregistré entre - 7 et - 8 millions d'euros d'Ebitda en 2010. Au total, Eurenco devrait réaliser en 2013 un chiffre d'affaires de 270 millions d'euros en hausse de 9 % par rapport à 2012 (248 millions). Il s'élevait seulement à 137 millions il y a encore six ans (en 2007). L'Ebitda d'Eurenco devrait passer de 6 millions d'euros en 2012 et 9 millions en 2013, en croissance de plus de 50 %.

 

Enfin, plombé par l'usine finlandaise de Vihtavuori, Eurenco est le sur le point de la céder au concurrent norvégien et finlandais Nammo. La filiale de SNPE, qui a déjà annoncé son intention de fermer cette usine, est aujourd'hui en négociation exclusive avec Nammo, qui attend des garanties de l'Etat finlandais en matière de charge de travail pour Vihtavuori.

 

Eurenco vise les pays émergents

 

"Nous sommes en voie de redressement depuis cinq ans", constate Jacques Cardin. Et le groupe de poudres et explosifs profitent d'une "dynamique" venue des pays émergents (Brésil, Inde, Indonésie, Singapour, Arabie saoudite…), qui veulent se doter d'une industrie de munitions. C'est ce marché que vise Eurenco pour croître.

 

Le marché mondial ouvert (hors Chine, Etats-Unis et Russie) est estimé entre 400 et 500 millions d'euros (100 millions en Europe) par Antoine Gendry et Jacques Cardin. Eurenco, qui a réalisé 40 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012 dans les explosifs, détient "50 % du marché européen et environ 15 % du marché mondial", estiment les deux dirigeants.

 

Enfin, Eurenco bénéficie de la bonne santé du secteur "oil and gaz", qui multiplie les forages, et du secteur minier. "Ce marché a actuellement une croissance de 7 % à 8 % par an. Il a doublé en huit ans", note Jacques Cardin. Et c'est le site suédois d'Eurenco à Karlskoga, qui en profite. Il produit aujourd'hui à 60 % de son chiffre d'affaires pour le secteur du "oil and gaz" et de l'industrie minière..

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 07:30
Laser Crédits Andrea Pacelli

Laser Crédits Andrea Pacelli

20.09.2013 Benjamin Kupfer, Volontaire international chercheur à l'Université Bar-Ilan
 

Jadis, lorsqu'un paquet était susceptible de représenter un danger quelconque, un brave homme devait mettre en péril sa vie pour le bien de la communauté en vérifiant ce qu'il contenait. Puis, le génie robotique a permis à des hommes, tout aussi braves, mais à l'abri, de téléguider des robots pour effectuer cette tâche. Ainsi, pendant certaines vagues d'attentats en Israël, il était courant de voir un périmètre bouclé tandis qu'une machine, au long bras articulé, s'avançait sans peur vers une mallette suspecte. La situation s'est donc améliorée, mais le processus est long et laborieux, d'autant que des démineurs professionnels sont souvent requis. Une équipe de chercheurs du Technion - Israel Institute of Technology vient de breveter un laser de détection d'explosifs, qui rend la procédure beaucoup plus rapide.
 


Des alertes qui paralysent la vie de milliers de personnes

Le 5 juin 2013, à 13h00, une alerte au colis suspect fut déclenchée dans un magasin de téléphonie d'Angoulême. Tout s'arrête dans le centre-ville alors qu'un habitant dont la vie ne parait guère passionnante "se croit dans une série de Canal +" [1]. Les démineurs n'arrivent qu'à 15h45, certainement en raison de la difficulté d'acheminer le matériel et d'organiser la sécurité du voisinage. A 16h50, les démineurs font exploser la mallette : celle-ci ne contenait que des effets personnels. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres : chaque jour, dans une société de plus en plus anxiogène, des quartiers, des aéroports et des stations de métro sont bloqués en raison d'alertes, paralysant ainsi de manière ponctuelle la vie de plusieurs centaines ou milliers de personnes.

Détection en 1 minute chrono

La donne pourrait changer, grâce à une équipe du Technion, qui a récemment déposé un brevet pour une technique de détection par laser d'explosifs, mais aussi de drogues, qui ne prend qu'une minute à opérer [2]. Cette technique répondant au nom de MEES (Multiphoton Electron Extraction Spectroscopy) est le fruit d'un travail de 2 ans, conduit par l'équipe du Dr Isral Schechter du Département de chimie de l'institut israélien. Le laser est dirigé vers la cible suspecte qui, irradiée par des photons d'une longueur d'onde unique, émet des électrons dont la quantité permet l'identification.

Cette technologie a l'avantage considérable d'être mise en action par l'intermédiaire d'une machine de la taille d'un ordinateur portable. Cela réduira son temps d'acheminement vers les zones à risque et permettra son utilisation dans des lieux difficiles d accès. Par ailleurs, cette nouvelle méthode permet de détecter des traces infimes de drogues ou d'explosifs, jusqu'à un millionième de millionième de gramme. De telles quantités ne représentent certes pas un danger, mais les détecter peut permettre d'appréhender un individu ayant été en contact avec ces substances. Ainsi, un lavage de mains, même minutieux, ne devrait plus permettre à un terroriste ou à un dealer d'éliminer des traces de son implication. Preuve de l'efficacité du dispositif, des résidus de drogues et d'explosifs dans des sacs fournis par la police israélienne ont été immédiatement et correctement identifiés.

Un grand enthousiasme autour du dispositif

Le procédé, dont le développement a fait l'objet d'une étude publiée dans l'Analytical Chemistry Journal en 2010, est récemment devenu un brevet protégé qui fait beaucoup parler de lui dans le milieu spécialisé. Le Dr Schechter espère que "son prix sera assez bas pour pouvoir l'implémenter dans le système de sécurité des lieux sensibles comme les aéroports". En attendant, il goûte le succès de son dispositif. Invité à une conférence prestigieuse à Philadelphie sur le thème des explosifs, il fut étonné de ressentir "un grand enthousiasme à la place du scepticisme qu'il attendait; ils ont tout de suite vu le potentiel de nos travaux". Un enthousiasme que devraient partager nos amis Angoumoisins..

Sources

- [1] Julien Prigent, "Alerte au colis piégé : les démineurs ont fait exploser la mallette", Charente Libre, 5 juin 2013 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/fVlz9
- [2] Judy Siegel-Itzkovich, "Technion patents laser device for identifying explosives, narcotics", Jerusalem Post, 14 juillet 2013 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/Qm4ft

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