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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 05:55
photo EMA / COS

photo EMA / COS

 

25.07.2017 par Alain Establier – n° 176 de la lettre d’information SDBR

 

SDBR : Est-ce qu’un marin a un regard différent lorsqu’il prend la direction du COS (Commandement des Opérations Spéciales) ?

 

VA Laurent Isnard : Nous venons de fêter les 25 ans du COS, qui existe depuis 1992 avec comme premier commandant le général Lepage. Ensuite, se sont succédés des terriens, des marins et des aviateurs, ce qui démontre la continuité de notre travail. Au fil du temps, l’environnement a changé, l’outil a muri et s’est bien développé, mais aujourd’hui nous devons aller plus loin dans la capacité d’emploi du COS. Il n’y a pas de regard particulier d’un marin par rapport à un terrien ou à un aviateur, car voila 10 ans que je fais de l’interarmées, entre autres au CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations), et j’ai profité durant cette période du regard et de l’expérience des autres sur les activités. Pour autant, je suis très fier de mon uniforme de marin mais je reste très ouvert sur l’extérieur. Il est important de ne pas avoir de barrières et de fonctionner en réseau ou en hub, modes de partage et de rencontre où chacun prend ce dont il a besoin et apporte au pot commun les éléments d’un projet supérieur : telle est l’idée maitresse.

 

Est-ce une approche collaborative comme on dit souvent dans les colloques ?

C’est une approche du monde moderne, certes moins confortable que le fait d’être propriétaire de son périmètre, mais qui oblige à dépendre des autres, pour leur disponibilité ou leur bon vouloir, qui vous oblige à avoir une bonne connaissance de votre environnement (informations, effecteurs, etc.) et qui vous met en situation d’inconfort parfois, car la décision complète ne dépend pas que de vous. En revanche, nous gardons notre autonomie en termes de capacités d’équipages, avec des équipes très spécialisées appliquant des procédures tout aussi spécialisées : commandos, renseignement, commandement dédié travaillant en boucle courte et faible préavis, etc. Autour de ces équipes, s’agrègent beaucoup d’effecteurs que nous allons chercher dans chacune des armées : patrouille de rafale, sous-marin, équipe régimentaire, etc.

 

Etes-vous intégré au CPCO ?

C’est un autre sujet. Le CPCO se situe au niveau stratégique. Le lien hiérarchique du G-COS est le CEMA, avec le sous-chef Opérations, son adjoint. L’avantage du COS est d’avoir une chaîne de commandement très courte : CEMA, ministre des armées, PR (chef des armées). Toujours bien sûr en coordination avec le CPCO, qui est la « tour de contrôle » pouvant mettre des moyens à disposition intégrés à la manœuvre globale. Sur certains théâtres nous fonctionnons seuls, sur d’autres nous sommes aux cotés des forces conventionnelles.

 

En 2012, le général Christophe Gomart, alors G-COS, nous disait qu’il souhaitait un bon pré-positionnement des Forces Spéciales, au plus près des zones potentielles de crise. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui ce stade est dépassé, car la variété et la multitude de nos engagements amènent les unités à être pré-positionnées et même déjà engagées : Levant, Afrique en plusieurs endroits, Méditerranée, etc. Ensuite, il s’agit de définir des priorités selon la durée prévisionnelle de la mission. Nous avons aujourd’hui un très bon maillage des espaces où nous sommes susceptibles d’être engagés. En face, nous avons un ennemi qui se déplace en faisant fi des frontières, que ce soit avec des moyens conventionnels ou en utilisant le cyberespace : donc rien n’est normé. Les frontières sont une contrainte juridique pour nous, mais l’ennemi s’en affranchit facilement, entre autres par les ramifications dont il dispose dans plusieurs zones. C’est finalement une guerre en réseau contre des réseaux : partage d’information, accueil, soutien logistique, engagement. Nous avons un réseau d’officiers de liaison maillé sur différents continents, pour partager avec nos alliés de l’information, de la formation, voire de l’appui si nécessaire.   

 

Etes-vous fournisseur ou client des régiments ?

Les deux à la fois, car nous travaillons avec tout le monde. Prenons l’exemple de l’entreprise : dans un monde moderne, un industriel peut très bien avoir gagné un marché de fournitures et se retrouver également client pour des services fournis par un autre partenaire de ce même marché. C’est exactement la même chose chez les militaires : par exemple, le COS recueille du renseignement, qui est intégralement donné à la DRM, pour synthèse et analyse, et qui nous redonnera des éléments nécessaires à notre mission ou à une autre mission.

 

A propos de renseignement, y a-t-il une synergie réelle entre les différents acteurs du renseignement en France ?

En matière de renseignement, les services français sont plutôt dans un esprit de relations bilatérales, même si aujourd’hui d’importants progrès ont été observés, notamment à travers la mise en place de structures centralisées et spécialisées. A titre d’effecteur, le COS est dans ce type de schéma, que ce soit avec les services français (DRM, DGSE) ou alliés. Ce qui nous intéresse, c’est le renseignement à fin d’action : soit que nous en obtenions à l’occasion d’une opération et nous leur donnons, soit que nous en recevions des services. Sur certaines opérations (comme à Ouagadougou), nous travaillons en plateau, avec plusieurs services français et alliés : cela devient une plateforme neutre, pour accueillir des officiers de liaison de différents services de renseignement et les mettre en relation.

 

Les équipements dont disposent les Forces Spéciales (FS) sont-il satisfaisants ?

Tout dépend du référentiel. Par rapport à 1992, nous ne sommes plus dans la même dimension. Je commandais en 1999 le commando Hubert ; les avancées faites dans le domaine des nageurs de combat sont extraordinaires. Les progrès faits dans les trois composantes des Forces Spéciales sont considérables. En revanche, les cultures des unités et des milieux dans lesquels elles évoluent ont été conservées. Le COS a progressé au niveau des compétences individuelles (4400 avec les réservistes) et dans les domaines du collectif, des matériels et des procédures opérationnelles. La chaine de commandement a aussi évolué. Il est à noter que les états-majors de chacune des trois composantes, Terre, Air, Mer, ont rationnalisé et mis en cohérence le recrutement, la formation et l’entraînement des commandos et des équipages.

Les efforts à faire concernent l’ISR (Acquisition d’images par avion de renseignement et drones Reaper), la 3D (hélicoptères et avions de transport tactique en particulier) et les drones. Le besoin sera toujours supérieur au nombre de drones d’observation détenus, mais aujourd’hui nos drones doivent pouvoir embarquer des modules de guerre électronique et des armes. En véhicules terrestres, la DGA avait commandé en 2016, auprès de Renault Trucks Défense, des Véhicules Légers des Forces Spéciales (VLFS) et des Véhicules Lourds des Forces Spéciales (PLFS), destinés à remplacer respectivement les Véhicules de patrouille SAS (VPS) et les Véhicules Légers de Reconnaissance et d’Appui (VLRA). Nous avons reçu en début d’année les  premiers PLFS et nous devrions recevoir les premiers VLFS en 2018. En ce qui concerne la Marine, les embarcations rapides du type « Ecume » sont aujourd’hui « matures » et sont embarcables et parfois même prépositionnées sur différents bâtiments en service. Pour l’armée de l’Air, la capacité hélicoptère ravitaillable en vol ouvre un domaine d’emploi exceptionnel et complémentaire à celui de l’aéro-combat détenu par le 4e RHFS (4e Régiment d'hélicoptères des forces spéciales).

 

Sur quels types de missions les FS sont-elles engagées actuellement et quid pour l’avenir?

Actuellement, nous sommes engagés prioritairement sur des missions de lutte contre les terroristes ; c’est ce qui nous engage sur presque tous les théâtres que vous connaissez. Pour l’avenir, nous devons dès à présent nous préparer au combat de haute intensité, du fait du retour de la compétition des Etats-puissances : comment s’y intégrer ? Cela nécessite de développer certaines compétences chez les pilotes d’hélicoptères et d’avion de transport, ainsi que dans le combat commando. Dans les zones de combat de haute intensité, il faut utiliser certaines procédures pour pénétrer sous les radars, pour parer aux missiles en franchissement d’espace aérien, pour combattre essentiellement en zone urbaine, etc. A la différence de ce que vous voyez à Mossoul, par exemple, dans le combat de haute intensité auquel je fais allusion, il faut ajouter la profondeur du théâtre ; car ce sont des Etats qui s’affrontent, avec des armées complètes et tout leur panel de moyens. Dans ce contexte, le déploiement des FS ne correspond plus aux environnements que nous connaissons actuellement. Il faut donc s’y préparer et redécouvrir ce que les officiers d’aujourd’hui n’ont pas connu.

 

Quelles innovations les industriels pourraient apporter aux Forces Spéciales demain ?

J’avais exprimé au SOFINS en mars, devant les industriels, ce que nous attendons en termes d’innovation. Pour résumer, nous attendons des avancées dans le recueil du renseignement (ROEM et mise en place des équipes), dans le domaine de la communication (protégée des attaques cyber, de l’espionnage et des indiscrétions) et dans le traitement des données ainsi que les drones. Pour le recueil de renseignement, l’EMA, en collaboration avec la DRM, travaille avec des spécialistes des langues étrangères et avec des industriels capables d’apporter une aide automatisée à la traduction.

Au COS, nous faisons le choix d’avoir des interprètes locaux sur le terrain. Car nous sommes dans une logique de présence très en amont de crise sur les théâtres d’opérations et de constitution d’un réseau de partenaires, pour pouvoir avoir une appréciation de la situation, en avance de crise, puis une collaboration efficace et fiable au moment d’un éventuel engagement.  C’est une des grandes évolutions du COS moderne : être présent avant que la crise ne se déclenche, pour mieux comprendre son évolution, créer un réseau de partenaires locaux, accompagner la crise puis, lorsqu’elle est résolue, rester le temps de l’accalmie pour revenir en tant que de besoin. Cela ne se traduit pas par une inflation importante de personnels car, plus vous avez une connaissance fine de l’environnement, mieux vous pouvez mesurer les forces nécessaires à déployer.

 

Vos souhaits pour le COS et les FS ?

Dans la dynamique de mes prédécesseurs à ce poste, je souhaite que le COS puisse continuer à diversifier ses formes d’actions, pour augmenter l’employabilité, la réactivité et l’efficacité des Forces Spéciales afin de pouvoir atteindre les objectifs confiés par le Chef des armées et les autorités politiques de notre pays.

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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 16:55
Hollande manœuvre pour prolonger son ami Bajolet à la tête de la DGSE

 

25.01.2016 Par Yann Philippin - Mediapart

 

François Hollande a fait déposer un amendement destiné à prolonger jusqu'à la présidentielle le directeur de la DGSE bientôt frappé par la limite d'âge. Le chef de l'État a tenté de cacher qu'il voulait changer la loi pour le seul bénéfice d'un de ses proches. Le sort du patron des renseignements extérieurs sera, à partir de ce mardi, entre les mains des parlementaires.

 

Les sénateurs l’ignoraient jusqu’à présent. Mais ils vont devoir, mardi, voter pour ou contre le maintien du patron de la DGSE, Bernard Bajolet. C’est du jamais vu, puisque le choix du chef des services de renseignement extérieurs relève du chef de l’État. Sauf que Bajolet, qui tutoie François Hollande depuis plus de trente ans, sera atteint en mai par la limite d'âge de 67 ans. Le président de la République a donc fait insérer, dans le plus grand secret, un amendement au projet de loi sur la déontologie des fonctionnaires, qui sera examiné demain en séance publique au Sénat. Le texte prévoit la possibilité de repousser d’un an la mise à la retraite d’office de certains hauts fonctionnaires « participant directement à la défense des intérêts fondamentaux de la nation ». Selon des informations recueillies par Mediapart, son unique objectif est de permettre à Bajolet de rester à la tête des quelque 5 000 espions de la « Piscine » jusqu’à la présidentielle.

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20 janvier 2016 3 20 /01 /janvier /2016 17:55
La DGSE a un nouveau chargé de communication

 

19.01.2016 par Jean-Dominique Merchet

 

Un nouveau chargé de la communication vient d’être nommé à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il s’agit de Philippe Ullmann, un militaire de 37 ans. Il succède à Nicolas Wuest-Famose, à ce poste depuis juin 2010, qui avait inauguré cette fonction. Nicolas Wuest-Famose - qui est un civil - est appelé à d’autres fonctions au sein du Service. Sous la responsabilité d’Erard Corbin de Mangoux puis de Bernard Bajolet, il a mené à bien une nouvelle politique de communication, qui s’est notamment traduite par la série Le Bureau des légendes, sur Canal +. 

Si le chargé de communication change, le directeur de la DGSE Bernard Bajolet devrait, lui, être maintenu à son poste jusqu’en mai 2017. En revanche, plusieurs postes importants pourraient changer de titulaires dans les prochaines mois, dont celui du directeur de la stratégie Christophe Bigot, qui pourrait être remplacé par Martin Briens en provenance du cabinet de Laurent Fabius, voire celui de directeur des opérations, le général Eric Bucquet, nommé en 2012.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 20:55
Conseil national du renseignement

 

14 Janvier 2016 par  Elysee.fr

 

Le président de la République a convoqué, mercredi 13 janvier, au Palais de l’Elysée, un Conseil national du renseignement.

 

La sécurisation du territoire national face au risque terroriste est plus que jamais la première priorité assignée aux services de renseignements français.

 

Au cours de ce Conseil, il a été décidé d’approfondir l’intégration de l’action intérieure et extérieure des services de renseignement qui concourent à la prévention et à la lutte contre le terrorisme, aussi bien en France qu’à l’étranger, tout particulièrement à partir des zones de transit et des sanctuaires où se regroupent les terroristes qui veulent commettre des actes terroristes sur notre sol.

 

Il a également été décidé de renforcer la mutualisation des moyens dont ils disposent, tout particulièrement grâce aux lois sur le renseignement des 24 juillet et 30 novembre 2015, dont un premier bilan de l’application a été dressé.

 

Le pilotage opérationnel quotidien de la stratégie de lutte contre le terrorisme visant le territoire national est placé sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur, avec le concours de l’ensemble de la communauté française du renseignement.

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 19:55
Charles Moreau, ancien conseiller d’Alain Juppé à la Défense, intègre l’état-major de la DGSE

 

04.01.2016 Wassinia Zirar – acteurspublics.com

 

Ancien conseiller de Dominique de Villepin à Matignon puis d’Alain Juppé et de Gérard Longuet au ministère de la Défense, cet énarque de 42 ans va piloter l’une des directions de la direction générale de la sécurité extérieure.

 

Chef du service des affaires financières ministériel à la direction de l’évaluation de la performance et des affaires financières et immobilières du secrétariat général du ministère de l’Intérieur depuis 2013, Charles Moreau a été nommé lors du Conseil des ministres du 4 janvier 2016 directeur de l’administration à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

 

Il remplace Pierre Pouessel, qui évoluait dans ces fonctions depuis 2008 et a pris, lui, le poste de préfet de l’Hérault.

 

Action territoriale et affaires financières

 

Charles Moreau, polytechnicien et énarque de 42 ans (2001, promotion Nelson Mandela), a débuté à l’inspection générale de l’Administration en 2001. Conseiller technique au cabinet du ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin en 2004, il est le secrétaire général de la préfecture de l’Aube en 2005.

 

Chef du bureau de la performance et des moyens de l’administration territoriale auprès de la direction de la modernisation et de l’action territoriale du ministère de l’Intérieur en 2007, Charles Moreau devient secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar) auprès du préfet de la région Auvergne en 2009. Ce haut fonctionnaire a ensuite conseillé sur la mise en oeuvre territoriale de la réforme et le développement durable, les ministres de la Défense Alain Juppé; puis Gérard Longuet (2010-2012).

 

Il pilote ensuite la sous-direction des affaires financières (octobre 2012-septembre 2013), puis le service des affaires financières ministériel à la direction de l’évaluation de la performance et des affaires financières et immobilières du secrétariat général du ministère de l’Intérieur de 2013 à 2015.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 11:55
100 candidatures chaque jour à la DGSE

 

2 décembre 2015 par Henri Weill - Ainsi va le monde !

 

A l'instar de la police, de la gendarmerie, des armées, la DGSE enregistre "un flot continu" de candidatures. Une centaine par jour depuis les attentats de janvier dernier contre une trentaine auparavant. Envoyées par courrier ou par mail "déconseillé, pour des raisons de sécurité" explique-t-on à la direction générale de la sécurité extérieure. Qui devrait recruter six cents collaborateurs ces cinq prochaines années. Des ingénieurs télécom, informatique, des crypto-mathématiciens notamment mais aussi des experts en géopolitique et des linguistes (langues dites rares, de l'arabe au mandarin en passant par le tamacheq...). "Toutes les bonnes volontés spécialisées sont les bienvenues" précise-t-on à la DGSE.

 

Note RP Defense: voir Les conditions de recrutement

 

La DGSE recrute son personnel selon des modalités identiques à celles du reste de la fonction publique française. Néanmoins, une habilitation à connaître des informations protégées est le préalable indispensable à l'exercice de toute fonction. L'octroi de cette habilitation relève du ministre de la Défense. Sa décision est prise à partir des résultats d'investigations menées sur le candidat et son environnement qui permettent de déterminer ses éventuelles vulnérabilités au plan de la sécurité. Sous cette indispensable réserve, vous pouvez rejoindre le Service selon les modalités suivantes :

 

Si vous n'avez pas déjà un statut d'agent public :

- En accédant à l'un de ses corps spécifiques de fonctionnaires, au moyen de concours de catégorie A (à partir de la licence), de catégorie B (à partir du baccalauréat) ou de catégorie C (sans condition de diplôme).

- En vous portant candidat à un recrutement contractuel dans les spécialités ouvertes à ce titre.

 

Si vous avez déjà un statut d'agent public :

- Pour les militaires, par voie d'affectation, quelle que soit votre armée d'origine.

- Pour les fonctionnaires, par voie du détachement, quelle que soit votre administration d'origine.

Pour poser votre candidature ou pour obtenir de plus amples informations, vous pouvez contacter la DGSE, exclusivement par voie postale afin de préserver la confidentialité de votre démarche, aux adresses suivantes :

 

Le recrutement par concours

Ministère de la Défense

Case n°51 - AP 203

1, place Joffre 

75700 PARIS SP 07

 

Le recrutement contractuel 

Les détachements   

Affectation militaire 

Ministère de la Défense 

Case n°51 - AP 202

1, place Joffre

75700 PARIS SP 07 

 

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 18:55
La DGSE apporte son soutien au concours Alkindi


19/11/2015  par DGSE

 

Pour permettre aux jeunes, mais aussi à leurs parents et au grand public de prendre conscience des enjeux de cryptanalyse pour assurer la sécurité de notre pays, la DGSE est fière d’apporter son soutien au concours Alkindi *.

Ce concours s’adresse à tous les élèves en classe de seconde. Il est organisé par les associations Animath et France-IOI. Il se déroule en ligne du 30 novembre 2015 au 6 février 2016. L’inscription est gratuite.

Par son soutien au concours Alkindi, la DGSE démontre qu’elle cherche à recruter des jeunes gens talentueux dans les domaines de l’informatique et des mathématiques et qu’elle offre ainsi de nombreuses opportunités professionnelles dans la cryptanalyse.

 

Concours Alkindi (format pdf, 1 MB).

 

* Al Kindi est un savant arabe du IXe siècle qui s’est intéressé à de nombreuses sciences allant de la géométrie, à la médecine et à la chimie. Dans le « Manuscrit sur le chiffrement des messages cryptographiques » il explique comment casser les meilleurs codes connus à son époque, à l’aide de la technique de l’analyse de fréquence. C’est la première trace connue de cryptanalyse. Par conséquent, il est considéré comme l’un des fondateurs de la discipline. (source Alkindi.fr)

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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 18:55
Bernard Squarcini : “Nous sommes entrés dans la terreur et le terrorisme de masse”

Pour l'ancien patron de la DCRI, devenue DGSI, "rien n'a été fait" pour coordonner les services de renseignements.

 

 

Bernard Squarcini. Directeur central du renseignement intérieur de 2008 à 2012, l’ancien préfet se livre sur l’état actuel de la menace terroriste. Pour lui, des décisions immédiates doivent être prises après les attentats.

 

Les services de renseignements français étaient-ils prêts ?

Clairement, oui. Il était prévu depuis les attentats de Bombay, en 2008, que de telles actions coordonnées et déterminées se produisent sur le territoire français et que la menace s’installe dans la durée. Nous savions que nous allions devoir monter en puissance pour faire face à ce type d’attentat. Il n’y a eu aucune surprise. En revanche, les services français paient les conséquences de certaines décisions politiques. Comme M. Hollande traite Bachar al-Assad de tous les adjectifs, les services syriens ne veulent plus coopérer avec les services français.

 

Comment travaillent nos services, alors ?

Nous sommes contraints de faire appel à des partenaires étrangers qui nous donnent les informations qu’ils souhaitent. Sans ces errements idéologiques, peut-être pourrions-nous éviter que des drames se produisent.

 

Vous avez proposé à votre ancien service il y a deux ans de lui transmettre une liste des Français qui combattent en Syrie. Pourquoi a-t-il refusé ?

Il y a déjà deux ans, les services syriens m’avaient effectivement proposé une liste des Français combattant en Syrie. J’en avais parlé à mon ancien service qui en a rendu compte à Manuel Valls. La condition des Syriens était que la France accepte de coopérer à nouveau avec leurs services de renseignements. On m’a opposé un refus pour des raisons idéologiques. C’est dommage car la proposition était une bonne amorce pour renouer nos relations et surtout, pour connaître, identifier et surveiller tous ces Français qui transitent entre notre pays et la Syrie. Résultat : on ne sait rien d’eux et on perd beaucoup de temps en demandant des informations aux agences allemandes, qui sont toujours restées sur place, mais aussi jordaniennes, russes, américaines et turques. On n’est absolument plus dans le concret.

 

Vous considérez que nous venons d’en payer les conséquences ?

Conscients de ces erreurs politiques et diplomatiques, les islamistes de Dae’ch ont commis un attentat remarquable. Parce qu’il se passe à Paris dans une région ultraprotégée, juste avant la Cop21, avec des cibles travaillées et à l’occasion du concert d’un groupe américain qui revient tout juste d’Israël. Les djihadistes ont frappé monsieur Tout-le-monde. Face à de telles attaques et compte tenu des prises de position du gouvernement, il est difficile pour les services de renseignements d’anticiper de manière précise le passage à l’acte. Des attentats sont déjoués. Mais qui sait si les commanditaires souhaitaient véritablement passer à l’acte ?

 

Lors des attentats de Paris, n’y a-t-il pas eu des dysfonctionnements entre la DGSI et la DGSE ?

L’enquête révèle qu’on est bien sur la piste d’une filière francobelge, connectée à la Syrie, qui a frappé méthodiquement la France. Pour la DGSI, que je connais bien pour en avoir été le directeur central, je sais qu’entre les renseignements intérieurs français et belge, les relations sont étroites. Mais je m’interroge : quel a été le travail de la DGSE sur les filières syriennes composées de Français en Europe ? Certains acteurs français du renseignement ne l’ont pas encore compris : il n’y a plus de différence aujourd’hui entre la menace intérieure et celle qui vient de l’extérieur. Il faut impérativement renforcer la coopération entre ces deux services. Il y a plusieurs mois, nous avions identifié le formateur de Mohamed Merah qui avait séjourné en Belgique. Nous savions qu’il formait tous les commandos européens et avions demandé à la DGSE de le “neutraliser” mais rien n’a été fait… Heureusement, il a finalement été “droné” par les Américains, mais bien après.

 

Suite de l'entretien

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 19:55
Le secret de l’État (exposition aux Archives nationales)

 

21/10/2015 par DGSE

 

Les Archives nationales, avec le soutien de la DGSE, consacrent une exposition dédiée au secret : «le secret de l’État, surveiller, protéger, informer, XVIIe – XXe siècle».

 

Cette exposition se tient aux Archives nationales du 4 novembre 2015 au 28 février 2016 – Hôtel de Soubise – 60 rue des Francs-Bourgeois – 75003 Paris

- Du lundi au vendredi de 10h00 à 17h30

- Samedi et dimanche de 14h00 à 17h30

- Fermée le mardi et jours fériés

 

« Du chevalier d’Eon aux agents secrets des Présidents de la Vème République, l’exposition « le Secret de l’Etat » bouscule les lieux communs en explorant l’histoire des différentes organisations, des lieux de pouvoir et des techniques singulières du renseignement, de la fin de l’Ancien Régime au XXème siècle.

A travers cette exposition, la première sur un tel sujet, les Archives nationales lèvent le voile sur un monde souvent fantasmé en ouvrant des fonds d’archives méconnus et en présentant des objets exceptionnels, en partenariat avec les services des ministères de la Défense et de l’Intérieur.

L’élaboration d’une véritable politique du renseignement intérieur et extérieur depuis la fin de l’Ancien Régime marque la volonté de l’Etat en France de s’affirmer sur la scène internationale et de protéger l’information. Pour ce faire, un ensemble de documents secrets, de témoignages sonores et audiovisuels inédits et une galerie de machines mystérieuses donnent la parole aux acteurs du secret.

 

Symbole ultime du secret, l’intérieur du PC du sous-marin Le Redoutable, incarnation de la dissuasion nucléaire, est donné à voir grâce à une immersion visuelle saisissante. »

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 08:20
Quatre français avaient été interpellés le 19 mars 2013 avec, selon les autorités de République dominicaine, 700 kilos de cocaïne répartis dans des valises chargées dans un Falcon 50

Quatre français avaient été interpellés le 19 mars 2013 avec, selon les autorités de République dominicaine, 700 kilos de cocaïne répartis dans des valises chargées dans un Falcon 50

 

27/10/2015  Par Marc Leplongeon-  Le Point.fr

 

BFM TV révèle le scénario de la fuite de Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à 20 ans de prison pour trafic de drogue en République dominicaine.

 

Ce fut une fuite méticuleusement préparée. Comme le révèle BFM TV, Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes français, condamnés en République dominicaine à 20 ans de prison, ont déjoué leur contrôle judiciaire pour s'échapper avec la complicité de deux ex-agents de la DGSE, le renseignement extérieur, et un homme politique français. « Les deux pilotes ont prétexté faire une balade touristique en mer, dans un petit bateau de plaisance, accompagnés par un ancien [commando] marine et le politique français. Durant la promenade, ils ont été abordés par un bateau plus imposant, à bord duquel se trouvait le reste du commando. Ils ont passé plusieurs jours en mer, avant d'arriver sur l'île Saint-Martin, aux Antilles », raconte BFM TV.

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 15:55
ITW du GCA (2S)* Michel MASSON, ancien directeur du renseignement militaire (2005-2008) - SDBR

 

20/10/2015 par Alain Establier - SECURITY DEFENSE Business Review n°136

 

SDBR : L’organisation actuelle du renseignement en France vous parait-elle adaptée aux défis qui se posent ?

MM : Je crois sincèrement qu’elle est adaptée, au vu de notre histoire et de notre culture du renseignement et de la sécurité. La majeure partie des Etats disposant d’une communauté du renseignement crédible ont une structure assez similaire. Toutefois, le rôle, les prérogatives et les moyens du Coordonnateur doivent être revus. Il faut aller vers plus de mutualisation du domaine du renseignement technique (nécessité rappelée par les Livres blancs de 2008 et 2013), les services eux-mêmes en étant convaincus. La maturité des esprits, au sein des services, pour aller plus loin est bien présente: il faut exploiter, de manière intensive, toutes les marges de progrès disponibles dans le respect des missions et des identités de chacun. Il faut ensuite passer d’une gouvernance centrée sur les ministères à une gouvernance centrée sur les services de renseignement. Dès la mise en place du poste de Coordonnateur, en 2008, les ministres de tutelle des différents services n’ont jamais accepté de se départir de leurs prérogatives organiques. Il y aurait en particulier des changements à opérer en matière budgétaire, dans l’esprit de la LOLF, pour gagner en clarté. La Délégation parlementaire au Renseignement, avec les pouvoirs renforcés que lui donne la LPM 2014-2019 (à condition toutefois que les parlementaires eux-mêmes s’y intéressent et s’investissent), devrait se pencher sur ce sujet. Pour pouvoir efficacement combiner mutualisation et gouvernance accrues, le rôle du Coordonateur doit être renforcé. Aujourd’hui, il joue au sein de la communauté nationale du renseignement un rôle d’animation et de secrétariat, mais ni de stimulation ni d’impulsion, ce dont la communauté a besoin. Sa lettre de mission ne lui donne pas suffisamment de prérogatives et il ne dispose pas dans son entourage du minimum de compétences opérationnelles et techniques pour pouvoir agir.

 

L’intégration du renseignement militaire dans le continuum défense et sécurité de la nation est-il souhaitable ?

Ce continuum existe déjà. Aujourd’hui, dans le domaine du terrorisme, les individus dangereux sont passés par les terres de djihad. Qui, au premier chef, est présent sur ces théâtres si ce ne sont les forces armées. Le ministre Le Drian a dit à Strasbourg le 15 septembre dernier : « On ne peut pas désactiver des cellules en France si on ne va pas là où ils sont entrainés ». Très juste mais, avant d’y aller, il faut être renseigné. Repérer, identifier et évaluer ces groupes et leurs sites d’entraînement, c’est dans les cordes du RIM  (Renseignement d’Intérêt Militaire). Le RIM a été très actif dans les Balkans, dans la décennie 90 et ensuite, pour la recherche des caches d’armes qui alimentent le grand banditisme sévissant sur le territoire national. Nous étions, à mon époque, très proches des autres services (y compris de l’ex-DST, pourtant service intérieur) sur différents sujets. Lors du colloque sur le GEOINT à Paris le 11 septembre dernier, l’actuel DRM, le général Gomart, a précisé que nous n’ignorions rien des flux de migrants depuis la rive sud de la Méditerranée. Il voulait dire que nos moyens (pas uniquement l’imagerie) nous permettent d’avoir une bonne idée des organisations maffieuses et peut-être terroristes (les deux sont liées) qui se cachent derrière ce drame humain. Dans ce cas encore, le RIM assure le continuum avec la sécurité de la Nation assurée par d’autres services de l’Etat, comme il le fait en permanence pour la surveillance de l’espace aérien (la sûreté aérienne) ou l’action de l’Etat en mer. La difficulté est en fait dans la coordination des efforts et des échanges d’informations, qui dépendent en grande partie de capacités techniques, lesquelles se mettent en place mais pas assez vite. La coordination est du ressort du Coordonnateur comme je l’ai déjà dit : il n’a pas assez de pouvoirs, pas assez de moyens, il n’est pas assez proche du P.R.** et  il faudrait que ce soit un homme du métier, un ancien directeur de service, par exemple. Pour s’imposer dans ce milieu, il faut en connaître les rouages et les codes. Cela n’a jamais été le cas jusqu’ici et le précédent a jeté l’éponge: c’est révélateur.

 

Comment utiliser le renseignement militaire sur le territoire national (Sentinelle) ? Est-ce souhaitable ?

D’abord, il faut poser comme postulat que le renseignement militaire n’opère pas sur le territoire national, hormis pour les missions régaliennes (interministérielles) citées plus haut. Au milieu des années 2000, l’Etat-major des armées avait élaboré un principe dit de «sauvegarde générale» qui prenait en compte une telle implication, mais en restant assez flou sur l’implication des moyens militaires de  «renseignement». Pourquoi ? Parce que la culture des militaires français a longtemps été nulle à propos de cette fonction (aujourd’hui «stratégique») et qu’ils ne savaient pas par quel bout la prendre, si je puis dire. Ensuite, cela avait aussi et surtout des relents de Troisième République, ce qui n’est aujourd’hui pas politiquement correct en interne. Les militaires sont profondément républicains. L’intervention, sous une forme ou une autre, des armées dans la sécurité intérieure n’est pas bien vue de l’Etat-major et on reste toujours très prudent sur le sujet. En mars 2015, Jean-Marie Faugère (ancien inspecteur général des armées - terre) a montré que l’opération «Sentinelle» était anticonstitutionnelle, puisque déployée en dehors de tout état d’exception (état de siège, état d’urgence, défense opérationnelle du territoire), les armées ayant été réquisitionnées par l’autorité publique sans pour autant être  considérées comme des forces dites de 3ème catégorie, destinées au maintien de l’ordre. C’est pour cette raison que le dispositif «Sentinelle» gêne beaucoup les militaires. Pour répondre à votre question, je ne pense pas que ce soit souhaitable. Il appartient aux autorités politiques, eu égard à l’évolution du contexte sécuritaire et pas uniquement à la suite d’élans émotionnels, de savoir s’il faut envisager une modification juridique du rôle des forces armées sur le territoire,  y compris en matière de renseignement. A ce stade, nous n’avons aucune idée de ce qu’apporterait réellement le renseignement d’intérêt militaire sur le territoire national.

 

En 2013, la Commission nationale d’examen des programmes de R&D de la communauté du Renseignement américain a produit un rapport émettant un certain nombre de recommandations. Qu’en tirez-vous comme analyse ?

Les Américains y font le constat amer qu’ils font maintenant partie du «vieux monde» et que certains risques, non directement perceptibles, émanent de puissances dites émergentes et plus généralement de celles qui veulent se faire rapidement une place dans le panorama stratégique. Ils contemplent avec amertume leurs capacités passées en matière de recherche et d’innovation (programme Corona) et se disent qu’ils sont en voie d’être dépassés. Donc il y a péril ! Pour ce qui la concerne, l’USIC - la communauté américaine du renseignement - doit prendre sa part de ce constat et donc s’alarmer de ses déficiences, à la fois dans la préparation de l’avenir comme dans l’intérêt qu’elle doit porter aux développements de la R&D chez les adversaires potentiels. Elle doit aussi mieux préparer, coordonner et gérer sa propre R&D. Ceci nous interpelle directement: que faisons-nous en ce sens en France? Réponse: pas assez et surtout de façon dispersée. De fait, la DGSE a pris «le lead» et les autres doivent suivre. Ce n’est pas la même méthode. Je suis favorable à la synergie, au sein d’une même instance, des différents services techniques de la communauté nationale du renseignement, au travers d’un statut lui donnant une certaine autonomie de gouvernance stratégique et budgétaire en matière de R&D, présidée par le Coordonnateur. Une «agence» si vous voulez, dans le genre de ce qu’on a pu faire (toutes proportions gardées) dans d’autres domaines de pointe avec l’ONERA et avec l’ANSSI. Les services ont des besoins communs, des visions très proches et surtout des défis et menaces communs qui ne sont plus compartimentés. Il y a, là aussi, un «continuum» et il faut y faire face ensemble !

 

Est-ce que ce rapport permet de mieux comprendre l’action des services de renseignement US dans le domaine du renseignement économique ?

Les Américains ont tendance à paniquer lorsqu’ils pressentent qu’ils ne seront plus les n°1. En conséquence, ils s’alarment, font en interne du «buzz», créent éventuellement une nouvelle structure, avec un nouveau vocabulaire et surtout beaucoup d’argent. Dans les années 90, avec la fin de la Guerre Froide, il fallait rentabiliser les investissements technologiques faits, en particulier en termes de renseignement. Avec les réflexions d’Alvin Toffler, la naissance de la Révolution dans les Affaires Militaires (RMA), accompagnée de son avatar l’ «information dominance», les esprits étaient mûrs pour espionner tout et tout le monde, au prétexte de se prémunir contre la montée en puissance d’un «peer competitor »: la Chine. Ce rapport fait comprendre que tous les coups sont permis pour rester n°1, que les services de renseignement doivent être à la pointe de ce combat et qu’il n’y a pas d’amis ou d’ennemis dans cette optique. Si nous étions à leur place et disposions des mêmes moyens, n’en ferions-nous pas autant?

 

La France a-t-elle fait ce type d’analyse ?

La France ne pouvait faire une telle analyse, parce qu’on ne joue pas «dans la même cour» et que nous n’avions pas la même stratégie. En avions-nous même une? Songez qu’entre 1972 et 1994, il n’y a pas eu de Livre Blanc et celui de 1972 était presqu’entièrement consacré à la dissuasion nucléaire. Nos services étaient très mal orientés par l’autorité politique. L’ex-CIR (Conseil Interministériel du Renseignement), même revitalisé temporairement en 1989 par Michel Rocard alors Premier Ministre, était au mieux inefficace car chacun sait que, sous la V° République, rien ne se fait dans les domaines «régaliens» sans une impulsion et la haute autorité de l’Elysée. Or les différents P.R. qui se sont succédés depuis 1958 n’avaient que peu d’appétence pour le Renseignement, quand ce n’était pas de la méfiance voire du dédain. En conséquence, dans la compétition mondiale post-guerre froide, on n’a pas orienté nos services au bénéfice de la nouvelle guerre, la guerre économique. Ou trop peu! Je ne connais qu’une prise de conscience sérieuse et réaliste sur le sujet: le rapport de la DPR pour l’année 2014. Le constat est édifiant et attristant. Espérons que nos autorités y aient réagi positivement.

 

Le renseignement français a-t-il fait sa révolution numérique? Avec des fournisseurs de confiance?

Oui, le renseignement national a «fait sa révolution numérique» depuis plusieurs années déjà. Mais de façon non homogène entre les services: en particulier pour des raisons budgétaires, moins pour des raisons culturelles. En fait, l’arrivée de jeunes ingénieurs au sein des services a contribué aux changements portés par la numérisation. C’est surtout la DGSE qui a été pionnière, grâce à l’impulsion donnée en 1983 par Henri Serres et reprise plus tard durant sept années consécutives par Bernard Barbier son DT. Pour le renseignement militaire, la jeunesse de l’institution DRM (créée en 1992) et le manque d’autonomie de cette direction interarmées ont mis cette maison sous la dépendance du couple état-major des armées-DGA. Or pour ces deux maisons, le renseignement n’a commencé à véritablement trouver de la considération qu’avec le Livre Blanc de 2008. Non pas par prise de conscience soudaine, mais parce que tout à coup le politique s’est mis de la partie (Nicolas Sarkozy: «sans le renseignement, on est dans la main des autres». Janvier 2008). Quant à l’ex-DST, devenue DCRI, elle n’avait même pas de véritable direction technique. Ce passé explique qu’aujourd’hui la DGSE ait pris la direction des opérations dans le cadre des mutualisations en cours. Mais une fois encore, la supervision de cette évolution et de son avenir devrait revenir en toute logique au Coordonnateur. Ce qui n’est pas le cas. C’était pourtant noir sur blanc dans la lettre de mission de Bernard Bajolet quand il inaugura le poste… Les services sont devenus étroitement dépendants des moyens numérisés: pour la recherche, l’exploitation, le stockage et la diffusion/échange/partage des données. Pour se défendre aussi. Mais les produits informatiques du marché sont intrinsèquement vulnérables, sans correctif réaliste possible. On comprendra aisément que les services ne peuvent se permettre d’être vulnérables. De plus, ils ont des spécifications bien particulières sur lesquelles je ne m’étendrai pas, qui, sans être vraiment révolutionnaires pour les chercheurs et les industriels en pointe dans ces secteurs, deviennent tout de même hors du commun quand on les associe toutes ensembles. Sans compter que, contrairement à ce qui est préconisé en la matière, pour favoriser l’innovation, le mode de relation contractuelle doit intégrer une grande souplesse dans l’appréciation de la qualité des travaux réalisés par le fournisseur et ne pas voir le donneur d’ordres imposer des obligations de résultats qui brideraient fortement les prises de risques. Or c’est bien ce qu’imposent les services, que ce soit dans l’étude amont, puis dans le développement et enfin dans la production. Un peu la quadrature du cercle. En conséquence, on comprendra que dans ce domaine la «confiance» n’est pas immédiate entre un service et un fournisseur. D’autant que celui-ci n’aura jamais de vision globale du sujet (c’est intentionnel) et il ne sera jamais propriétaire de quoi que ce soit. Donc fournisseurs de confiance, oui, mais choisis par les services (et non l’administration), sur des créneaux très cadrés, triés sur le volet et, s’ils sont performants, fidélisés. Sachant que leur collaboration avec les services n’aura pas d’«effet marché» à la clef !

 

* GCA (2°s) : Général de Corps Aérien en 2ème section

**P.R. Président de la République

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 12:55
photo A. Monot MN

photo A. Monot MN

 

1 octobre 2015 Par Amaelle Guiton —  Liberation.fr

 

Avec la proposition de loi examinée jeudi à l'Assemblée nationale, la France s'apprête à légaliser l'espionnage massif des communications à l'étranger.


Ce jeudi, l’Assemblée nationale examine au pas de charge une proposition de loi sur la «surveillance des communications électroniques internationales». Déposée par les députés socialistes Patricia Adam et Philippe Nauche (respectivement présidente et vice-président de la commission de la défense), elle répond à la censure par le Conseil constitutionnel du chapitre — particulièrement flou — que la très contestée loi sur le renseignement du 24 juin consacrait à la question. Des associations de défense des libertés aux entreprises du numérique, de la Cnil au Défenseur des droits, et sur les bancs des Assemblées, nombre d’acteurs — dont Libération  s’étaient émus des largesses offertes aux services de renseignement en matière de surveillance sur le territoire national. Passé les frontières, c’est tout simplement «open bar».

 

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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 16:55
Loi sur le renseignement : que va-t-elle changer pour les services de renseignement de la défense

 

25/09/2015  CNE Flora Cantin  - DICOD

 

La loi sur le renseignement a été promulguée le 24 juillet 2015 par le président de la République. Cette loi était-elle vraiment nécessaire ? Que va-t-elle changer pour les services de renseignement de la défense ? Nous avons posé ces questions à Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), au général de corps d’armée Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire (DRM) et au général de corps d’armée Jean-François Hogard, directeur de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD).

 

Quelles sont les missions des services de renseignement de la Défense ?

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) Bernard Bajolet (DGSE) : « Rattachée au ministre de la Défense, la DGSE recueille l’information cachée, secrète, cruciale pour la sécurité de la France et la défense de nos intérêts à l’étranger. Pour ce faire, elle dispose du monopole du recueil du renseignement clandestin à l’étranger. C’est un service intégré qui concentre, entre ses mains, les diverses capacités de recueil du renseignement : renseignements humain, technique, opérationnel, via les services partenaires et exploitation des sources ouvertes. »

GCA Christophe Gomart (DRM) : « La DRM relève du chef d’état-major des armées. Elle répond aux besoins en renseignement d’intérêt militaire des commandements opérationnels et des décideurs politiques et militaires. Son action s’étend de la veille stratégique à l’appui à la conduite et à la planification des opérations. Par ailleurs, je conseille le ministre de la Défense en matière de renseignement militaire. »

GCA Jean-François Hogard  (DPSD) : « La DPSD relève du ministre de la Défense. Elle catégorise les menaces sous l’acronyme TESSCo : terrorisme, espionnage, subversion, sabotage et crime organisé. Si nous concentrons une part importante de nos moyens à la menace terroriste, les autres domaines ne sont pas délaissés. L’espionnage, notamment dans le milieu industriel, est un de nos sujets de préoccupation majeur. »

 

Pourquoi une nouvelle loi sur le renseignement était-elle nécessaire ?

Bernard Bajolet (DGSE) : « L’émergence des nouvelles technologies, en particulier l’explosion de la téléphonie mobile puis d’Internet, commandait une actualisation de la loi du 10 juillet 1991. Celle-ci, dont la longévité a témoigné de la pertinence, avait été élaborée au temps où n’existait que le téléphone fixe. »

Général de corps d’armée Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire (DRM)GCA Christophe Gomart (DRM) : « L’une des lacunes existantes concernait l’inadéquation des dispositifs juridiques par rapport aux évolutions techniques des capacités utilisées par les services de renseignement. Cette loi, très orientée renseignement technique, donne un cadre solide aux services dans le domaine des interceptions puisqu’elle prend en compte les évolutions technologiques des moyens de communication. »

GCA Jean-François Hogard  (DPSD) : « A l’instar de tous les autres services de renseignement, notre base juridique et réglementaire d’action reposait sur un ensemble de textes hétérogènes que la loi a permis de synthétiser. »

 

Concrètement, qu’est-ce qu’elle va changer ?

Bernard Bajolet (DGSE) : « Nous serons confrontés à une plus grande complexité d’utilisation de nos capacités qui seront soumises à davantage de conditions. Nous devrons faire face à de nouvelles modalités d’autorisation pour le recours à certaines techniques qui n’en nécessitaient pas jusque-là. C’est le prix de la démocratie. »

GCA Christophe Gomart (DRM) : « La DRM agit principalement en-dehors du territoire national, toutefois, elle met en œuvre certains capteurs à partir de notre territoire, tels que les centres d’écoute situés en métropole et en outre-mer. Elle est donc essentiellement affectée par les mesures relatives au spectre hertzien […]. Les autres effets concrets concerneront les durées de conservation des données et les procédures de traçabilité des renseignements collectés. »

Général de corps d’armée Jean-François Hogard, directeur de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD)GCA Jean-François Hogard  (DPSD) : « Nous disposerons d’une base solide pour l’action, clarifiant ce qui est autorisé et ce qui est interdit. Cette clarification donne également une sécurité juridique à nos agents, qui pouvaient être confrontés en la matière à une sorte de zone grise. »
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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 16:55
Renseignement : partie de ping-pong entre DGSE et DRM

 

20.09.2015 par Jean-Dominique Merchet - (Article précédemment paru dans l'Opinion)

 

Dans l’ombre, les deux services s’affrontent sur leur rôle respectif dans les opérations militaires

 

Les services de renseignement sont « une petite oasis d’abondance ». L’un de leurs principaux responsables se réjouit du traitement de faveur dont la « politique publique de renseignement » jouit au sein des activités de l’Etat. La tendance, soulignée depuis plusieurs années, a été nettement confirmée à la suite des attentats de janvier. Une loi, élargissant leurs capacités d’interception, a été votée en juin et leurs moyens financiers et humains sont renforcés, en particulier dans le cadre de l’actualisation à la hausse de la loi de programmation militaire.

Cette situation n’empêche pas les « services » de se quereller autour des opérations militaires en cours, que ce soit au Sahel ou au Levant (Irak et Syrie). Ce n’est pas la guerre ouverte, mais plutôt une « partie de ping-pong » pour savoir qui fait quoi, comme le note un acteur du dossier. En jeu : le rôle de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et de la DRM (Direction du renseignement militaire) sur les théâtres d’opération. Une querelle de famille, car les deux services dépendent tous les deux du ministère de la Défense, même si la DGSE jouit d’un rôle spécifique au sein de l’Etat, avec notamment un accès direct au président de la République.

L’un le dit en anglais : « Find. Fix. Finish. » L’autre en français : « Trouver. Traquer. Terminer. » Ce sont deux hauts responsables des services qui évoquent leur rôle au Sahel dans la guerre contre les groupes terroristes. Ils parlent de l’élimination de leurs chefs, les High Value Target (HVT), les cibles de haute valeur, en anglais pour tout le monde. « Finish » ou « Terminer » veut dire tuer, et c’est le rôle des forces spéciales de l’opération Sabre. Là-dessus, tout le monde est à peu près d’accord.

En revanche, qui trouve et traque les HVT ? Les militaires de la DRM ou les agents de la DGSE ? Dans le meilleur des mondes, le mieux placé pour le faire et ce, en collaboration avec les autres. Sur le terrain, c’est globalement ce qui se passe et cela fonctionne : les groupes terroristes qui ont perdu plusieurs de leurs hauts responsables depuis janvier 2013 ne démentiront pas. Dans les bureaux parisiens, l’affaire est plus compliquée, car chaque service à bien compris que la guerre contre le terrorisme allait redessiner pour longtemps le paysage du renseignement français et qu’il faut, dans ce cadre, s’y garantir une bonne place. Dans l’attente d’arbitrages politiques, chacun tire la couverture à soi.

« Trouver » les chefs terroristes ? La DGSE explique jouer « un rôle tout à fait essentiel » en « fournissant l’essentiel du renseignement » sur les HVT. C’est, y dit-on, « son métier stratégique ». Mais, ensuite, le boulevard Mortier est prêt à « transférer la traque à la DRM », puisqu’il s’agit d’une « mission tactique » que l’on peut confier aux militaires. Évidemment, ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille et mettent en avant leurs propres moyens de renseignement leur permettant de « trouver » les chefs terroristes.

 

Lors d’un récent colloque à la Société de Géographie, la DRM présentait ainsi ses moyens techniques d’analyse spatiale permettant de localiser un centre de commandement de Daech à Mossoul (Irak). L’exemple, assurait la DRM, était purement fictif. Par rapport aux militaires, la DGSE dispose d’un atout majeur : elle est le seul service autorisé à conduire des actions clandestines à l’étranger, qu’il s’agisse de renseignement ou d’action. « Nous seuls pouvons mener des actions de l’Etat non revendicables par l’Etat », indique un acteur de ce dossier. Sur ce plan, la DGSE a d’ailleurs décidé récemment de « relancer la recherche humaine » en son sein, avec une nouvelle organisation qui redonne du poids à l’espionnage traditionnel par rapport au renseignement technique (les écoutes).

L’un des autres points de crispation entre les services est la notion de « théâtres ouverts » et de « théâtres fermés ». Les premiers sont les pays où la France mène des opérations militaires comme le Mali, le Niger ou l’Irak. Là, la DRM peut être « leader », assure une source proche du dossier, « mais tous les autres services sont mobilisés ». Ainsi, l’ensemble des services de renseignement, y compris ceux relevant des ministères de l’Intérieur et des Finances, sont désormais représentés au sein du Centre de préparation et de conduite des opérations (CPCO), à l’état-major des armées.

Les « théâtres fermés » posent un problème plus aigu : officiellement, la France n’y mène pas d’actions… si ce n’est clandestines. Elles relèvent dans ce cas uniquement de la DGSE. Mais, explique un acteur, « les forces armées peuvent anticiper l’ouverture d’un théâtre », comme ce fut le cas au Sahel, en Centrafrique ou en Libye. Aujourd’hui, les regards de la communauté du renseignement se tournent vers la Syrie, un « théâtre » en cours d’ouverture depuis la décision du président de la République d’y effectuer des « vols de reconnaissance » ouvrant la voie à des frappes que François Hollande a jugées lundi « nécessaires ». « On ne peut pas désactiver des cellules terroristes en France si on ne va pas un peu plus en profondeur », c’est-à-dire en Syrie, explique un spécialiste de l’antiterrorisme.

La Syrie le montre : les militaires peuvent recueillir du renseignement grâce aux vols de reconnaissance mais pas sur le terrain où les opérations sont nécessairement clandestines. Qui, au final, réalise la synthèse – la « fusion » disent les hommes du métier ? Qui, par conséquent, informe et conseille les responsables politiques ? Il existe depuis 2008 un coordonnateur national du renseignement (CNR) à l’Elysée – l’actuel est l’ambassadeur Didier Le Bret – mais son rôle n’est pas directement opérationnel. La fusion exige en effet des moyens sophistiqués comme les systèmes de Geoint (geospatial intelligence) de la DRM.

La DGSE, service « intégré », est organisée en son sein même pour produire des synthèses à partir du renseignement qu’elle recueille par les écoutes (Direction technique) ou l’espionnage traditionnel, ainsi que les capteurs mis en œuvre par les armées (satellites ou avions). En cela, la DGSE se distingue de ses homologues étrangères, comme la CIA qui doit cohabiter avec la NSA, l’agence spécialisée dans les interceptions électroniques. Pour les responsables de la DGSE, cette particularité française est un atout considérable auquel ils sont très attachés.

Dans les milieux parlementaires, certains imaginent de créer une agence, comme la NSA ou la GCHQ britannique, qui fournirait du renseignement électronique à toute la communauté du renseignement. Pour la DGSE, c’est un chiffon rouge. Comme le maintien en son sein d’une composante purement militaire – le Service Action –, certains considérant à tort qu’il ferait double emploi avec les forces spéciales.

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 16:55
Les jeunes espions de l'après Charlie (JDD)

 

06/08/2015 source DGSE

 

Depuis les attentats de janvier, le nombre de candidatures spontanées à la DGSE a triplé tandis que le budget de recrutement continue d’augmenter. L’agence de renseignement extérieur a exceptionnellement ouvert ses portes au JDD

 

La lettre de motivation est datée du 3 mars 2015. Elle est signée d’un jeune analyste dans une société privée de conseil en risque-pays : « Les récents événements tragiques qui ont secoué la France […] m’ont donné envie de postuler auprès de vos services et d’envisager à terme de devenir officier de renseignement. » Des courriers identiques à celui-ci, la direction des ressources humaines de la DGSE en a reçu des centaines dans les jours et les semaines qui ont suivi les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. « Avant, on recevait une trentaine de candidatures par jour, aujourd’hui environ une centaine », confie Vincent Nibourel, le directeur adjoint de l’administration de la DGSE. « On sent comme un besoin de servir, une disponibilité nouvelle », ajoute Sandrine, l’une des responsables du recrutement. Ce que confirme, en exclusivité pour le JDD, Bernard Bajolet, directeur de la DGSE : « Il y a chez ces jeunes un besoin d’idéal et ce qui me frappe chez certains, c’est leur sens du devoir sans forfanterie. »

 

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 11:56
Surveillance: Jean-Marie Delarue remplacé par un homme de la défense

 

15 septembre 2015 Par Jérôme Hourdeaux - mediapart.f

 

Le président de la CNCIS, l'actuel organisme de contrôle des activités des services qui doit être remplacé par la CNCTR dans le cadre de la loi renseignement, n'a pas souhaité être candidat à sa propre succession. Le nouvel organisme sera dirigé par Francis Delon, ancien secrétaire général de la défense nationale.

 

Jean-Marie Delarue, actuel président de la Commission nationale des interceptions de sécurité (CNCIS), ne survivra pas à son autorité administrative, chargée de contrôler les activités des services de renseignement, qui doit être prochainement remplacée par une nouvelle Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Dans un communiqué succinct publié mardi 15 septembre, Matignon a publié la liste des quatre premières personnalités à rejoindre la nouvelle institution. Parmi celles-ci, François Hollande a déjà annoncé par communiqué son intention de désigner comme président Francis Delon, ancien secrétaire général de la défense nationale (SGDN).

 

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 16:45
Le chef de l’opération Barkhane plaide pour une intervention en Libye

 

06 juillet 2015 par Jean-Dominique Merchet

 

«La lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire dans la demi-mesure. Soit on va partout où celui-ci se développe, soit la lutte n’est que partielle. C’est un critère d’efficacité ». Le général Jean-Pierre Palasset, à la tête de Barkhane, l’opération militaire française au Sahel, n’a pas mâché ses mots, ce jeudi 2 juillet lors d’une conférence de presse depuis son état-major à N’Djamena (Tchad).

S’il est satisfait de son bilan dans la « zone d’action » de l’opération Barkhane, c’est-à-dire essentiellement le nord du Mali et du Niger, cet officier touche chaque jour du doigt les limites des succès militaires français. En effet, les groupes terroristes opérant dans la région trouvent refuge dans le sud de la Libye – où le droit international interdit aux forces françaises d’intervenir, faute d’accord des autorités libyennes ou d’un mandat des Nations Unies.

«Dans le Sud libyen, tout reste à faire», constate le général Palasset, qui passe pour l’un des plus brillants officiers de sa génération. « Il faut combattre les terroristes partout et tout le temps. C’est une question pour nos politiques», assure-t-il, alors qu’il s’apprête à quitter son commandement pour rejoindre la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) dont il sera le numéro 2.

 

Trente mois d’opérations françaises dans le Sahel, depuis le déclenchement de la guerre du Mali en janvier 2013, ont abouti à ce constat : sur le terrain, les groupes armés terroristes - GAT, selon l’acronyme en usage dans les armées - ont pris des coups très sévères, mais deux foyers extérieurs à la zone d’intervention (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso) continuent de déstabiliser la région : au nord, la Libye et au sud, le Nigeria, avec le groupe Boko Haram. Or, rien ne sert d’éteindre un incendie dans une forêt si l’on ne peut lutter contre les flammes dans les bois voisins. Le feu repart sans cesse et se propage.

Selon le général Palasset, le bilan de Barkhane est positif : « Les principaux groupes sont orphelins de leurs chefs » qui ont été quasiment tous tués par l’armée française. Les groupes armés (Aqmi, Mujao, Mourabitounes, etc) sont dans une phase de « recomposition » et de « concurrence » entre eux, qui les poussent, « par mimétisme » à plus « de terreur et de violence ».

Toutefois, leurs capacités d’action ont été «réduites» : «Ils ne sont plus capables de mener des actions coordonnées et de grande ampleur». Contrairement à ce qu’on observe avec Boko Haram ou l’Etat Islamique (Daesh), les groupes du Sahel ont désormais une « létalité très réduite». En clair : ils font peu de victimes. Autre fait notable : ils ne sont pas «attractifs» pour les «djihadistes occidentaux». «On ne trouve pas de Foreign Fighters (combattants étrangers) dans la région», ajoute le général. L’armée française constate enfin que ces GAT «sont de plus en plus marqués par les trafics. Leur premier métier, c’est de faire de l’argent, du business».

La victoire serait donc proche s’il n’y avait le sud de la Libye et le nord-est du Nigeria, devenus par la force des choses des «zones d’intérêts» pour Barkhane. Face à Boko Haram, la mobilisation des Etats de la région du lac Tchad (Tchad, Niger, Cameroun) portent ses fruits. Au Nigeria, le président nouvellement élu prend également les choses en main. «Boko Haram est beaucoup affaibli. 30% à 40% de ses forces ont été détruites», indique le général Palasset. Toutefois, la présence supposée de «cellules dormantes du groupe terroriste dans la ville de N’Djamena – où un attentat a été commis en juin – a conduit l’état-major à interdire aux militaires français de sortir de leur base. Tout n’est pas réglé, mais «la tendance est très favorable». Il n’en va pas de même avec la Libye, où aucune solution politique ne se dessine. En septembre, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lançait un cri d’alarme, appelant à une action militaire internationale. Dix mois plus tard, il ne s’est rien passé.

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 07:55
Didier Le Bret, du centre de crise du Quai d'Orsay au renseignement à l'Elysée

 

03/06/2015 LePoint.fr (AFP)

 

Le diplomate Didier Le Bret, 52 ans, directeur du centre de crise du Quai d'Orsay, a été nommé mercredi en Conseil des ministres coordonnateur national du renseignement à l'Elysée, un poste créé en 2008 par Nicolas Sarkozy qui pourrait prendre un nouveau relief après les attentats jihadistes de janvier.

 

L'ancien ambassadeur en Haïti, révélé par sa gestion de l'après-séisme en 2010, remplacera à cette fonction à la présidence française le préfet Alain Zabulon qui est nommé directeur de la sûreté, du management des risques et de la conformité d'Aéroports de Paris (ADP).

 

Sous l'ère Sarkozy, le poste n'avait guère permis l'harmonie entre la cellule diplomatique de l'Elysée, la DGSE et le cabinet présidentiel, note-t-on de source proche du dossier sous couvert d'anonymat.

 

Le défi de cette fonction est de créer des liens étroits entre différentes administrations - Quai d'Orsay, Défense, services d'espionnage intérieur et extérieur - ainsi qu'au sein de l'Elysée entre le cabinet présidentiel, l'état-major particulier du président François Hollande et ses conseillers diplomatiques, selon la même source.

 

L'onde de choc provoquée par les attentats de janvier (17 morts) et le renforcement des moyens de renseignement qui a suivi devraient accentuer la nécessité d'une coordination poussée entre les différents acteurs du secteur, notamment pour éviter la "guerre des services".

 

Après Haïti, Didier Le Bret était devenu en 2013 directeur du centre de crise du Quai d'Orsay, organisme mobilisé lorsque des Français se trouvant à l'étranger sont victimes d'une catastrophe naturelle ou pris en otages dans des pays à risques.

 

Fin 2014, il avait été pressenti pour prendre la tête de l'Institut français, organisme qui chapeaute les centres culturels français à l'étranger. Le diplomate Antonin Baudry, scénariste de la bande dessinée Quai d'Orsay, lui avait été finalement préféré au dernier moment.

 

Didier Le Bret avait entrepris alors une réorganisation du centre de crise du Quai d'Orsay, récupérant des bureaux et des services. Dans la foulée, il s'était vu attribuer le 29 avril dernier lors d'un Conseil des ministres sur proposition du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius le titre d'"ambassadeur à la gestion des crises".

 

Né le 25 mars 1963, Didier Le Bret est selon des articles de presse le compagnon de Mazarine Pingeot, fille de l'ancien président François Mitterrand (décédé en 1996) et d'Anne Pingeot.

 

Au cours de sa carrière, il a été entre autres en poste à Moscou (1993-1994), à New York auprès de l'Onu (1998-2002), à Dakar (2005-2007) et conseiller puis directeur adjoint au cabinet de l'ancien ministre UMP à la Coopération Alain Joyandet (2007-2009).

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 20:55
Didier Le Bret nommé à la tête de la coordination des services de renseignement

 

03.06.2015 par valeursactuelles.com

 

Renseignement. L’information a été avancée hier par Jean-Dominique Merchet. Didier Le Bret va être nommé coordonnateur national du renseignement (CNR) en Conseil des ministres ce mercredi 3 juin.

 

Ce diplomate de 53 ans était depuis janvier 2013 directeur du Centre de crise et de soutien du ministère français des Affaires étrangères. Cette cellule qui dépend du Quai d’Orsay est en charge de la coordination de l’action du Gouvernement lors de crises humanitaires et internationales.

 

Titulaire d’une Maîtrise de Lettres classiques, de Sciences Po Lyon et d’un DEA, il a occupé plusieurs fonctions diplomatiques à l’ambassade de France à Moscou, à Vilnius, à New York (Nations Unies), à Dakar et a été plus récemment ambassadeur de France en Haïti. Entre 2007 et 2009, il a été le collaborateur de deux ministres de Nicolas Sarkozy : Jean-Marie Bockel puis Alain Joyandet au secrétariat d’Etat chargé de la coopération et de la francophonie.

 

Une mission compliquée après le départ d’Alain Zabulon

 

Didier Le Bret succède à Alain Zabulon, récemment nommé chez Aéroports de Paris (ADP). Le passage d’Alain Zabulon au Conseil national du renseignement a été très critiqué. N’ayant pas réussi à trouver ses marques dans cet univers, cet ancien préfet de Corrèze n’était pas apprécié de Bernard Bajolet (patron de la DGSE) et du général Benoît Puga (chef d’état-major particulier du président de la République). Des sources élyséennes, lui ont reproché son « absence totale » après les attentats du 11 janvier, ne cachant pas qu’Alain Zabulon « donnait souvent raison au dernier qui avait parlé ». Les spécialistes du domaine n’ont jamais accepté la nomination de ce préfet, directeur adjoint de cabinet de François Hollande à l’Élysée en 2012 et 2013. En cause, « son manque de recul, sa politisation et son parti pris systématique ». Des sources internes confient par ailleurs qu’après avoir « limogé son ancien adjoint Pierre Lieutaud », Zabulon était « incapable de prendre une décision, car il ne conna[issait] pas ses dossiers ».

 

Contactés par Valeurs actuelles, des acteurs du renseignement confient qu’ « Alain Zabulon a tué le poste » et que « la tâche de Le Bret est immense ». L’un d’entre eux qui apprécie Didier Le Bret pour ses « compétences professionnelles remarquables » émet toutefois quelques craintes : « Pourquoi François Hollande a-t-il choisi un diplomate à la tête de la coordination des services ? Pour envoyer un signal positif après le départ d’Alain Zabulon, il aurait été plus judicieux de nommer un militaire ou un policier ».

 

Le CNR assure la coordination entre la DGSE, la DGSI, la DRM, la DPSD, la DNRED et Tracfin.

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 10:55
Loi sur le renseignement : ce qu'en pensent vraiment les espions

"Il semble qu'un IMSI-catcher permette de recueillir toutes les données, mais mon objectif n'est pas celui-là. Il est de suivre une cible" (Général Jean-François Hogard, directeur de la protection et de la sécurité de la défense)

 

02/06/2015 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Vu par les responsables des divers services (DGSE, DPSD, DRM...), le projet de loi relatif au renseignement est une avancée pour accroître leur efficacité tout en préservant les libertés individuelles. C'est ce qu'ils ont expliqué aux députés de la commission de la défense de l'Assemblée nationale.

 

Alain Zabulon, coordonnateur national du renseignement

"La première raison d'un tel projet de loi, c'est que la France est l'une des dernières démocraties occidentales à ne pas disposer d'un cadre légal cohérent et complet régissant l'action des services de renseignement. C'est une situation préjudiciable à la fois aux services, parce qu'un certain nombre d'outils, n'étant pas prévus par la loi, ne leur sont pas accessibles, et aux libertés, l'absence de régime légal impliquant l'absence de contrôle". (...) Une autre raison de légiférer, est que nous avons été sensibles au fait que les révélations Snowden sur les activités de la NSA avaient pu susciter des interrogations et des inquiétudes dans l'opinion publique. Il était légitime d'apporter une réponse législative afin de montrer que la politique du renseignement telle qu'elle est conçue par le gouvernement de notre pays ne relève pas de la même philosophie que celle qui prévaut aux États-Unis".

"Ce texte répond à deux finalités. La première est de doter d'un cadre juridique les moyens techniques et opérationnels indispensables à l'accomplissement de leurs missions par les services de renseignement. En 1991, dans le cadre d'une écoute téléphonique, on écoutait une personne avec un téléphone filaire. Les individus que nous suivons aujourd'hui possèdent dix cartes SIM, cinq téléphones différents, une dizaine d'adresses internet, et utilisent des stratégies de contournement pour échapper à la vigilance des services".

"Ensuite, nous transposons dans le domaine de la prévention un certain nombre de techniques qui ne peuvent être utilisées actuellement que dans le cadre de procédures judiciaires. Dans ce cadre, en effet, les services de renseignement, sur instruction du juge, peuvent utiliser des techniques telles que le balisage de véhicules ou d'objets - pour en localiser les déplacements -, la sonorisation ou la captation d'images dans les lieux privés, la captation de données informatiques, et ils peuvent même procéder à des intrusions domiciliaires afin d'y installer ces moyens techniques. Le projet de loi a pour objectif de transposer l'ensemble de ces techniques dans le domaine de la police administrative, c'est-à-dire de la prévention. J'insiste sur la différence fondamentale, dans notre système juridique, entre la police administrative, qui vise à prévenir, et l'autorité judiciaire, dont l'objet est de réprimer. Le renseignement se situe très en amont du judiciaire et doit pouvoir intervenir sur certains individus à un moment où aucune infraction n'a été commise mais où il est indispensable de pouvoir lever le doute sur leurs intentions, avant, le cas échéant, de saisir l'autorité judiciaire s'il y a matière à le faire".

"Il ne s'agit en aucun cas d'utiliser les moyens du renseignement pour espionner des mouvements sociaux qui font partie de la vie politique de notre pays, mais de renseigner sur certains groupements qui pratiquent la violence de manière délibérée. Ces finalités, qui correspondent à celles qui sont déjà assignées aux services, chacun dans le cadre de leurs missions respectives, sont désormais inscrites dans la loi ; le progrès tient à un encadrement, qui faisait défaut jusqu'alors, de leur action".

"La procédure d'utilisation de ces techniques est très précisément définie. La demande doit être écrite et motivée. Elle est validée par le ministre en charge du service ou son directeur de cabinet. Les décisions d'autorisation sont prises par le Premier ministre, après l'avis d'une autorité administrative indépendante dont je parlerai tout de suite après. Ces décisions d'autorisation ont une durée maximale fixée par la loi : plus le moyen est intrusif et susceptible d'être attentatoire à la vie privée, plus la durée d'autorisation est encadrée. Elle ne peut être reconduite que selon les mêmes modalités que la demande initiale".

"Les interceptions de sécurité conduites par les services de renseignement ne font aujourd'hui intervenir aucun juge. La CNCIS, si elle estime qu'une technique a été indûment utilisée, peut faire une recommandation a posteriori. Enfin, quand un administré présente une réclamation, on lui répond : 'Nous avons vérifié : tout va bien'. Je ne caricature pas. L'état du droit, actuellement, c'est à peu près le néant. Nous avons construit un dispositif global dans lequel les garanties sont aussi consistantes que les moyens accordés aux services. Nous avons eu de très longues séances au Conseil d'État, chaque article a fait l'objet d'une analyse très approfondie : le Conseil d'État nous a donné quitus de ce que ce texte réalisait un équilibre satisfaisant entre les deux exigences. Il a notamment démontré qu'une politique de prévention pouvait se placer sous l'empire de la police administrative sans que le droit ne s'en trouve violé. Son avis sera rendu public jeudi, en même temps que le projet de loi".

 

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) :

"Ce projet de loi est un texte très important puisque c'est le premier texte de portée générale encadrant l'activité des services de renseignement depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a une portée bien plus vaste que la loi de 1991, qui ne concernait que l'interception des communications. Ce projet de loi définit les missions des services de renseignement, les techniques qu'ils sont autorisés à employer sur le territoire national, ainsi que les modalités du contrôle de l'utilisation de ces techniques par une nouvelle commission, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR)". (...)  Nous sentions bien la nécessité de consolider ce cadre, surtout depuis l'affaire Snowden. Ce projet de loi est donc indispensable".

"L'article le plus important pour mon service est celui relatif à la surveillance internationale. Cet article L. 854-1 prend en considération la réalité des activités que nous menons. Sa rédaction nous convient. Cet article n'offre aucune capacité nouvelle par rapport à ce qui est aujourd'hui pratiqué et consacré par la jurisprudence de la CNCIS. Il indique que les flux que nous interceptons portent sur les transmissions émises ou reçues à l'étranger. Le 'ou' est important car cela signifie que ces communications peuvent être des communications mixtes, dont l'un des identifiants est rattaché au sol français. Dans ce cas, les conditions d'exploitation et de conservation des correspondances afférentes sont alors celles du droit commun, c'est-à-dire qu'elles sont exploitées dans un centre du GIC, service du Premier ministre, sous le contrôle de la CNCTR, sous réserve que leur délai de destruction court à compter de leur première exploitation".

"Il convient de doter nos services d'un instrument qui leur permettrait de détecter la préparation d'un attentat terroriste sur notre sol au moyen de l'exploitation de données techniques. C'est l'objet des articles 851-3 et 851-4, qui permettraient au GIC, de recueillir des métadonnées dans deux cas. Dans le premier cas, il s'agit de confronter ces métadonnées à des listes d'individus présentant une menace. Ces métadonnées restent anonymes jusqu'au moment où l'on détecte quelque chose qui conduit à demander une interception de sécurité. Dans le second cas, il s'agit de détecter certaines pratiques de communication. L'objectif n'est pas de surveiller des comportements sociaux, tels que la fréquentation de telle ou telle mosquée par telle ou telle personne. Mais nous connaissons les techniques qu'emploient les djihadistes pour dissimuler leurs communications et échapper à toute surveillance : ce sont ces attitudes de clandestinité qu'il s'agit de détecter afin de prévenir des attentats, sans avoir à pratiquer une surveillance de masse".

"L'équilibre trouvé entre les besoins des services et le contrôle nous paraît satisfaisant. Le contrôle par une autorité administrative indépendante légitime l'action des services et la sécurise, permettant d'établir une relation de confiance non seulement avec la CNCTR mais aussi avec la délégation parlementaire au renseignement. Notre souci, dans les discussions, était que ce contrôle légitime que nous appelons de nos vœux ne paralyse pas l'action des services. La disposition retenue concernant la surveillance internationale nous semble équilibrée".

"Un des objectifs du projet de loi est justement de nous doter des instruments qui nous permettront de limiter les angles morts, de nous doter de moyens de détection plus performants, sans porter atteinte aux libertés individuelles. (...) En termes de protection des libertés, je pense que le projet représente une avancée par rapport à la loi de 1991, qui ne prévoyait aucun contrôle pour l'activité de surveillance internationale, en consacrant la jurisprudence qui s'est développée au cours des dernières années. Le point nouveau concerne le recueil de métadonnées pour le suivi de personnes présentant une menace ou la détection de communications caractéristiques d'un réseau terroriste. Dans la mesure où l'anonymat n'est levé qu'en cas de demande d'interception de sécurité, je considère que les garanties sont solides.

 

Le général Jean-François Hogard, directeur de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), qui employait 1.080 personnes fin 2014 :

Le projet de loi relatif au renseignement, "vu du service, constitue une avancée majeure. Nous disposerons désormais d'un cadre juridique unifié, cohérent et complet qui renforcera notre efficacité et sécurisera l'action des agents. Je souhaite sincèrement que, par les garanties qu'il instituera, il protège les libertés fondamentales et lève les suspicions qui pèsent parfois sur les services". (...) "Les mesures votées auront un impact direct sur mes capacités opérationnelles, tout particulièrement en matière de lutte antiterroriste. Le projet de loi constituera une avancée pour les missions de la DPSD. Il simplifie, synthétise et unifie un ensemble de textes hétérogènes. Il donne aussi une base solide à l'action des services de renseignement".

L'équipement, l'IMSI-catcher, "fait controverse. Je souhaite aborder ces questions comme directeur d'un service de renseignement, ne pas éluder certains aspects de mes missions mais aussi en préciser la portée véritable. Surtout, je dois souligner le besoin de mon service en matière de techniques de renseignement. J'entends assurer qu'il en fera une utilisation stricte et mesurée. (...) Il faut aussi s'adapter à la mobilité des cibles, c'est-à-dire non seulement à la mobilité physique, mais aussi à ce que j'appellerais une forme d'agilité numérique. La cible sait varier ses modes et outils de communication. Il est facile d'acheter plusieurs téléphones mobiles ou plusieurs cartes SIM avant de passer à l'acte. Il faut donc que nous complétions les moyens classiques, comme les écoutes administratives, par des moyens techniques tactiques, qui permettent de suivre la cible avec une agilité égale à la sienne".

"Ces moyens sont ceux dits de type « R. 226 », en référence à l'article du code pénal fixant les règles de leur utilisation par dérogation, dans un cadre général de prohibition. Il s'agit notamment des IMSI-catcher qui permettent d'identifier, de localiser, voire d'écouter, pour les modèles les plus perfectionnés, un téléphone portable".

"Je confirme mon besoin de tels équipements, y compris de la capacité d'interception des conversations. Ce point est fondamental en cas de passage à l'acte imminent, car il est fort peu probable que les autres données de connexion permettent de le détecter. Cependant, les IMSI-catcher ne constituent pas l'alpha et l'oméga du renseignement technique. La mobilité des cibles, leur agilité numérique et leur méfiance face aux écoutes au sens général, nous obligent, si nous voulons être efficaces, à disposer de toute la gamme des équipements adaptés aux fonctions prévues par la loi : capacités en géolocalisation, capacités en sonorisation et capacités de suivre les communications électroniques".

"Il semble qu'un IMSI-catcher permette de recueillir toutes les données, mais mon objectif n'est pas celui-là. Il est de suivre une cible. J'ai eu un excellent échange à ce sujet avec M. Delarue, président de la CNCIS, avec lequel j'ai établi une relation de confiance. Selon lui, l'IMSI-catcher permet de 'pêcher au chalut'. Pour ma part, je cherche à 'pêcher à la ligne'. Je veux m'assurer de manière discrète qu'une cible potentiellement nuisible évolue là où nous pensons". (...) Au-delà de toute considération technique, je confirme que, à terme, je serais en grande difficulté pour remplir mes missions au service de mes concitoyens si je ne pouvais disposer de moyens techniques de renseignement".

"L'état de la menace nous impose d'être parfois intrusifs. In fine, une menace est toujours incarnée. Derrière les définitions d'ordre général, figurées par la menace terroriste ou l'ingérence économique, nous faisons face quotidiennement et très concrètement à des individus ou des groupes d'individus. Il s'agit de personnes impliquées dans l'organisation d'attentats à venir, se préparant à cibler des communautés, des sites protégés par nos soldats ou les symboles de nos institutions, mais aussi d'hommes ou de femmes - du stagiaire au membre d'une officine - traités par un service étranger ou missionnés par un concurrent, afin de conduire des actions d'ingérence visant nos industriels de défense, dont ils veulent dérober les secrets et le savoir-faire". (...) Le texte nous permettra d'être mieux armés face à des États ou des concurrents dotés de moyens considérables et dénués de scrupules. Demain, nous les affronterons à armes égales".

"Parfois, l'emploi de techniques de renseignement sur de tels individus est incontournable. Ne pas être intrusif, c'est se priver de la possibilité de suivre de telles cibles - leurs intentions, contacts, complices ou donneurs d'ordres - et de connaître leurs agendas, particulièrement lors d'un passage à l'acte. Ne pas être intrusif en pareil cas, c'est aggraver le risque qui pèse déjà sur nos concitoyens, mais cette intrusion doit être contrôlée et concentrée sur l'adversaire".

"Mon service n'a ni le besoin, ni l'envie, ni les moyens d'utiliser des techniques de renseignement pour un recueil de grande ampleur. Notre besoin porte le plus souvent sur une cible qui a été identifiée comme une menace. Par ailleurs, je veux témoigner de l'éthique de mes personnels, qui constitue un garde-fou, associée à des savoir-faire et savoir-être spécifiques. Les agents sont formés sur le contenu des lois et règlements en vigueur". (...) Je souhaite simplement que le projet de loi sur le renseignement permette de répondre aux cas d'urgence. En tant qu'opérationnel, je sais qu'il faut parfois raisonner en minutes plus qu'en heures. Il faut donc que nous puissions agir dans ces cas qui restent rares". (...) En dehors du cadre strict des autorisations prévues par le projet de loi, nous n'utiliserons pas ces techniques de renseignement utiles à l'accomplissement au quotidien de nos missions. Je réponds de l'état d'esprit du personnel".

 

Le général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire (DRM), qui emploie actuellement 1 600 personnes :

"À propos du projet de loi relatif au renseignement qui vous est soumis, je souhaiterais faire trois observations. Premièrement, ce projet colle aux réalités présentes et futures de nos services de renseignement quant à leurs moyens et à leurs missions ; deuxièmement, il donne un cadre clair et applicable à tous les services de renseignement ; troisièmement, je pense que cette loi protégera bien nos citoyensLe projet définit les missions des services de renseignement, précise les finalités pour lesquels les services peuvent recourir aux techniques de renseignement prévues par la loi, fixe les techniques de renseignement et leurs conditions de mise en œuvre et définit des procédures de contrôle par une autorité administrative indépendante et par un contrôle juridictionnel".

"Pour la DRM, il s'agit d'un projet de loi complet et cohérent qui respecte un équilibre entre les nécessités opérationnelles des services et un contrôle indispensable pour la garantie des libertés publiques. Il assoit aussi la légitimité de l'action des services. Ce projet complète le dispositif existant sans remettre en cause les capacités déjà prévues par les dispositifs législatifs existants. Le dispositif prévu par ce projet, qui apparaît comme plus souple que celui en vigueur pour les interceptions de sécurité, présente cependant de solides garanties : pour les communications qui renvoient à des identifiants nationaux, leur conservation relève de la même procédure que celle prévue pour les autres techniques de renseignement sous le contrôle de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Par ailleurs, la CNCTR s'assure des bonnes conditions de mise en œuvre de ces mesures".

"Le directeur du renseignement militaire que je suis considère donc que ce projet de loi relatif au renseignement concourra au maintien et à l'assurance de l'efficacité des services de renseignements. Notre mission a besoin d'un cadre cohérent appuyé sur des capacités de contrôle. Je salue personnellement cette volonté de nous garantir un tel cadre et je peux vous assurer que l'ensemble des membres de mon service demeurent pleinement engagés dans leur mission, avec pour principale ambition de contribuer à la sécurité de nos concitoyens".

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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 16:55
Eloge funèbre à M. Robert Maloubier, prononcé par M. Bernard Bajolet

 

Eloge funèbre à M. Robert Maloubier, prononcé par M. Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure, le 29 avril 2015 aux Invalides

 

source

 

Seul le prononcé fait foi

 

Monsieur le Sénateur,

Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers, officiers mariniers et militaires du rang,

Mesdames, Messieurs

 

C’est avec une vive émotion que je prends la parole devant vous, à l’ombre des gloires de notre pays, pour rendre au nom de la DGSE, mais plus largement encore au nom de notre pays, un dernier hommage à un homme qui croyait à la France, qui a contribué à lui redonner l’honneur qu’elle avait perdu en juin 1940 et qui a pris part à sa reconstruction.

Car c’est bien la France et l’idée qu’il s’en faisait qui ont guidé les pas de Bob Maloubier dans tous ses combats... Il les a menés avec éclat, avec une force physique et de caractère hors du commun.

Aujourd’hui, la DGSE est en deuil, elle pleure  Robert  Maloubier, celui que nous appelions tous affectueusement «Bob».

 

Bob, de là où vous êtes, vous devez nous observer avec votre inimitable regard amusé. En ce moment même, nous vous imaginons décrire ce que vous voyez sous vos yeux avec votre fine ironie, qui doit plaire aux camarades qui vous entourent.

J’ai eu le plaisir de vous recevoir une dernière fois, dans nos locaux, boulevard Mortier, à l’occasion de l’inauguration d’une exposition consacrée au SDECE en Indochine. C’était le 27 mars 2014. Vous aviez 91 ans.

Vous étiez venu au volant de votre propre voiture. Vous aviez cette prestance, cette élégance, cette vivacité d’esprit qui vous caractérisaient tant ! Je vois encore votre œil friser et vos 2 moustaches frémir à chaque trait d’humour que vous décochiez au cours de cette manifestation.

Il faut dire que vous étiez surpris et presque embarrassé. Vous ne vous attendiez pas à être reçu en invité d’honneur, entouré de l’admiration et de l’affection de vos successeurs à la DGSE. Avec votre talent habituel de conteur, vous avez su improviser un discours formidable, extrêmement bien charpenté, vivant, agrémenté d’humour de bon aloi, d’émotion et de souvenirs d’un ancien du SDECE en Asie du Sud-Est. En quelques secondes, nous étions avec vous, transportés sur les plateaux du Laos!

 

Bob Maloubier, votre vie est digne d’un roman d’aventure. C’est la vie d’un homme qui a trompé la mort à de multiples reprises –et vous avez su la tromper jusqu’à la semaine dernière.

Votre parcours est exceptionnel, votre destin est hors du commun.

Vous vous êtes mis en danger à de multiples reprises. Combien de fois avez-vous été blessé, recousu, réparé! Certains y verront une bonne fée, de la chance et surtout une condition physique exceptionnelle. Car dès le plus jeune âge, vous pratiquez le sport à haute dose.

Adolescent, vous vous rêviez pilote de chasse, certainement pas agent secret.

Pourtant vous en aviez déjà toutes les qualités: résistant, espiègle, ouvert au monde, patriote et polyglotte. Chez vous, l’on parlait six langues, dont l’anglais à la perfection.

Votre rêve de rejoindre l’armée de l’air se fracasse malheureusement en juin 1940. Comme Ulysse, votre odyssée connaît alors de nombreux rebondissements.

Vous rejoignez Bordeaux à bicyclette, où votre famille s’est repliée. Sous les bombardements des Stukas, vous assistez impuissant à la débâcle. Mais l’espoir renaît vite car vous entendez la voix du général de Gaulle qui appelle à continuer le combat depuis l’Angleterre.

C’est donc vers Londres que  se tournent vos yeux!

Dans une France occupée, le jeune lycéen que vous êtes cherche par tous les moyens à rejoindre les rangs de la France Libre. A Saint-Jean-de-Luz, vous tentez d’embarquer sous l’uniforme d’un soldat polonais. Un camarade, déguisé comme vous, le remarque et trahit votre identité. Vous voyez partir, depuis le quai, votre dernier espoir de gagner l’Angleterre, et décidez de rejoindre Marseille. Vous accumulez alors les déceptions, les échecs et les passages en prison, pour avoir traversé une fois de trop la ligne de démarcation.

En 1942, le gouvernement de Vichy forme l’armée d’armistice. Vous vous engagez dans l’aviation. Vous espérez pouvoir filer vers Malte ou Gibraltar dès votre premier vol. Mais cette armée d’armistice est sans avion et vous êtes affecté à la garde de l’aérodrome de Bizerte en Tunisie.

Vous espérerez le débarquement allié sur les côtes tunisiennes, et pourtant c’est à Alger, le 8 novembre, que les Alliés débarquent, tandis que l’Afrika Korps encercle la base de Bizerte.

Après avoir dérobé le vélo du colonel commandant la base, vous prenez la direction d’Alger. La fortune vous met rapidement au contact des services secrets britanniques. Vous êtes recruté par Jaques Vaillant de Guélisle dans le Special Detachment du SOE, à la section F. Vous y retrouvez un ami d’enfance, Fernand Bonnier de la Chapelle. Lorsque ce dernier assassine l’amiral Darlan, le 24 décembre 1942, les membres de la section F sont traqués. Vous quittez Alger et rejoignez Londres.

 

Au mois de janvier 1943, vous êtes détaché comme sous-lieutenant de l’armée britannique. Pendant huit mois, vous apprenez le métier d’agent au sein des nombreuses écoles du SOE. De l’école de démolition de Wanborough Manor, à celle de filature à New Forest, vous développez un savoir-faire remarquable: vous êtes formé au parachutisme, à la clandestinité et à toutes les techniques de sabotage. Vous êtes entraîné à la manipulation des armes, des explosifs et de la radio, au codage et à l’empoisonnement, aucune technique ne vous est étrangère.

Londres prépare le débarquement. Les agents du SOE ont pour mission d’affaiblir l’industrie de guerre de l’occupant et les fortifications du mur de l’Atlantique. Dans la nuit du 15 au 16 août 1943, vous êtes parachuté pour la première fois comme saboteur au sein du réseau Salesman.

Du Havre jusqu’à Fécamp, vous formez et menez une équipe de volontaires avec laquelle vous réalisez les plus grands coups du réseau. Vous participez au sabotage d’un ravitailleur de sous-marins allemand à Rouen. Vous détruisez l’usine Française des Métaux de Déville, fabriquant les trains d’atterrissage des chasseurs allemands, et mettez hors service la centrale électrique de Dieppedalle, privant de courant une bonne partie des industries rouennaises.

Vous avez à peine vingt ans, votre courage et votre détermination forcent déjà l’admiration.

En décembre 1943, filant dans la nuit sur l’Oiseau Bleu, la moto d’urgence du SOE, pour réceptionner un parachutage près d’Elbeuf, vous êtes arrêté par des Feldgendarmes mais vous parvenez à tromper la vigilance des Allemands et vous vous échappez. Les balles sifflent. Vous êtes touché. Traqué, dans un froid glacial, vous traversez un canal à la nage et parvenez à vous cacher. Au petit matin, enveloppé de givre, vous regagnez Rouen.

Récupéré par le SOE, qui voit en vous un agent d’exception, vous êtes à nouveau parachuté en France, au lendemain même du débarquement en Normandie.

L’Halifax, bombardier de la Royal Air Force qui vous transporte, survole le sillage des 7 000 navires alliés de l’opération Overlord.

Votre groupe doit fédérer la résistance du Limousin et l’armer pour ralentir la progression de la division Das Reich vers la Normandie. Les hommes de Georges Guingouin manquent d’armes. Le 25 juin 1944, vous coordonnez à Sussac, le plus important parachutage d’armes effectué en France. Le 21 août 1944, Limoges est libéré, la guerre se termine. Vous n’avez que 21 ans.

 

Vous rejoignez alors le BCRA à Londres au mois d’octobre 1944. Dès 1945, vous êtes affecté d’office à la DGER (direction générale des études et de la recherche), comme «capitaine, chargé de mission de 1ère classe».

En Extrême-Orient pourtant, la guerre se poursuit. Vous êtes naturellement volontaire et reprenez les armes. Vous intégrez la Force 136 du SOE. Et en parallèle, la France vous nomme gouverneur provisoire de la province de Trans Hoa dans le sud du Tonkin. Parachuté au Laos comme chef de mission, commandant de région et de compagnies de guérillas, vous êtes blessé et fait prisonnier par les Japonais. Lorsque le Japon capitule, la Force 136 est dissoute, la guerre d’Indochine commence.

Pour vous et vos hommes, c’est le début d’une lutte éprouvante et d’une longue errance. Encore une fois, vous échappez à la mort.

A votre retour à Saigon, vous êtes cité le 12 février 1946 à l’ordre du corps d’armée pour votre conduite exemplaire au cours des missions de renseignement périlleuses que vous avez effectuées.

Vous quittez alors l’armée britannique décoré du prestigieux Distinguish Service Order, avec le grade de capitaine. Par ailleurs, le 23 août 1947, vous êtes élevé par décret au grade de chevalier de la Légion d’honneur pour votre sang froid et votre remarquable dynamisme au Laos, où, bien que blessé, vous avez continué le combat.

Au terme de votre mandat dans la péninsule indochinoise, vous revenez en France le 18 août 1946.

Les conditions de votre retour sont bien différentes de celles qui vous avaient amenées en Extrême-Orient.  Vous montez à bord d’un confortable DC4 d’Air France qui relie alors Saigon à l’aéroport du Bourget en moins de trois jours, en passant par Rangoon, Karachi, Bassorah, Le Caire et Tunis...

 

Le SDECE qui succède à la DGER vous apparaît également très confortable. Et pour cause, puisqu’il occupe à cette époque un somptueux ensemble d’immeubles au carrefour de la Muette, et dont les façades sont encore couvertes de peinture marron, verte et noire, un camouflage choisi par la Kriegsmarine qui occupait ces bâtiments pendant l’occupation.

Jacques Morlane, créateur du service action du SDECE vous recrute immédiatement. Avec votre expérience incomparable, vous aurez pour mission de former les nouvelles recrues destinées à constituer le 11ème bataillon parachutiste de choc.

 

A Arzew en Algérie, aux côtés de Claude Riffaud, vous créez l’école des nageurs de combat. Pendant plusieurs années, vous travaillez au développement de cette section et vous vous attachez à la doter des capacités les plus modernes et les plus discrètes.

En 1953, l’école est transférée à Saint-Mandrier. En 1954, vous créez le groupement autonome des nageurs de combat du SDECE à Aspretto. Après bien des aventures - vous êtes à l’origine d’opérations secrètes de premier plan et la Nation ignore encore aujourd’hui ce que vos nageurs ont fait pour elle - vous quittez le SDECE en 1960.

Les nageurs, partis de rien disposent alors d’équipements de pointe allant du scaphandre de grande autonomie, aux propulseurs sous-marins ou encore à la mythique Fifty Fathoms, montre étanche que vous avez-vous-même dessinée, construite spécialement par l’horloger Blancpain et adoptée par les Navy Seals américains.

Vous devenez forestier au Gabon, où vous formez la garde personnelle du président Léon M’Ba, tout en travaillant auprès de Jacques Foccart, conseiller aux affaires africaines du général de Gaulle. Vous êtes ensuite recruté par la Shell puis par Elf  pour prospecter au Nigéria. Vous assistez alors à la rébellion du Biafra. Vous achevez votre carrière professionnelle au Moyen Orient en tant que Représentant des Français de l’étranger et Conseiller du commerce extérieur.

 

Mais vous restez un familier du Service. Vous êtes un membre des Bagheera, l’association des anciens du 11ème choc et ne manquez pratiquement aucune fête de la Saint-Michel à Aspretto, puis à Quelern, au centre parachutiste d’entraînement aux opérations maritimes.

Vous considérez vos camarades du Service Action comme votre famille. Vous les entourez de vos précieux conseils et ne manquez jamais de relater une anecdote pour détendre ces hommes et ces femmes d’exception, souvent sous tension et aujourd’hui très sollicités, comme vous pouvez vous en douter.

Le 23 juillet dernier, vous étiez revenu à Saint-Mandrier pour remettre à un jeune capitaine du CPEOM le 1000e brevet de nageur de combat.

Vous étiez heureux et fier de voir que la formidable aventure des nageurs se poursuit, de savoir que ces soldats d’élite continuent d’être aux avants postes de toutes les opérations clandestines du Service Action. Vous aviez vu dans le regard des huit nouveaux certifiés, marins et terriens, leur fierté d’inscrire leurs pas dans les vôtres, d’entrer dans une filiation de héros dont Claude Riffaud et vous êtes les pères fondateurs.

 

Aujourd’hui, Bob, collègue fidèle et compagnon des heures heureuses et moins heureuses de la DGSE, c’est vous qui nous quittez. Vous laissez à chacun d’entre nous une part de l’histoire de notre pays, que vous évoquez avec brio dans vos mémoires. A travers vos ouvrages, vous livrez en filigrane une histoire des services secrets français mais aussi une histoire du SOE,  longtemps ignorée en France.

Vous nous quittez aussi avec quelques secrets, les secrets des services de renseignement pour lesquels vous avez œuvré: SOE, BCRA, DGER, SDECE, DGSE...

 

Sans jamais vous renier, sans jamais oublier, vous êtes toujours resté fidèle à vous-même, au Service et à la France.

Vous avez été un homme de devoir et de convictions, d’enthousiasme et d’ironie, de force de caractère et de traits d’humour fulgurants

Vous avez été un camarade exceptionnel et êtes un héros pour les plus jeunes générations.

En juin 2014, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire du débarquement, Sa Majesté la Reine d’ Angleterre, qui n’oublie pas ses soldats, vous remet l’ordre de l’Empire britannique.

La France vous rend aujourd’hui un dernier hommage.

Cher Bob, je veux rassurer les membres de votre famille et leur dire qu’à la DGSE, nous ne vous oublierons jamais!

Vive la République!

Vive la France!

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 16:55
Bob Maloubier photo L. Bessodes -Marine Nationale

Bob Maloubier photo L. Bessodes -Marine Nationale

 
 

Ancien agent secret, résistant, parachutiste, créateur des nageurs de combat… Robert Maloubier, dit « Bob », a eu non pas une, mais plusieurs vies bien remplies. En hommage à cette figure exceptionnelle qui vient de nous quitter, retrouvez le portrait qui lui avait été consacré dans Armées d’Aujourd’hui (n°392, septembre 2014).

 

Au service de la Couronne britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, puis dans les services français, Robert Maloubier, dit Bob, a mis son expérience à profit pour créer les nageurs de combat. À 91 ans, il continue de prendre la plume pour raconter ses aventures.

  
Avec sa moustache de hussard, ses traits d’esprit so british et sa voix gutturale, Bob Maloubier fait les questions et les réponses. Rien d’étonnant pour cet ancien agent secret. Malgré sa démarche fatiguée et son souffle court, sa mise est soignée. Robert, dit « Bob », a fait de sa vie un roman. Et bien avant de prendre lui-même la plume pour publier ses mémoires de guerre, il est déjà le plus célèbre des espions français. Résistant, saboteur, parachutiste, nageur de combat : « J’ai été un peu tout ça à la suite, en fonction des circonstances », confirme-t-il sobrement.

D’abord au service de la couronne britannique au sein du fameux Special Operations Executive créé par Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale, puis au Sdece, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (devenu DGSE en 1982), ce « tonton flingueur » a bâti sa réputation d’intrépide : tantôt touché par une balle allemande en plein poumon, tantôt sautant en parachute vêtu d’un complet. « Un trompe-la-mort », « un gentleman », évoquent ses proches. On oscille entre légende assumée et réalité sublime. Cultivant les paradoxes et une certaine irrévérence, Bob Maloubier se flatte d’avoir connu la reine d’Angleterre, mais ne cache pas non plus ses amitiés avec un certain Bob Denard. À 91 ans, il collectionne autant les fausses identités que les décorations. Il est détenteur de la prestigieuse Distinguished Service Order qu’une poignée de Français seulement se sont vus remettre. Mais de toutes ses distinctions, c’est celle du brevet des nageurs de combat, qu'il a contribué à créer, dont Bob Maloubier est particulièrement fier. « L’idée m’est venue en 1949. J’écrivais des comptes rendus pour les services secrets sur des opérations de débarquement. À l’époque, nous n’avions pas de nageurs de combat, or l’expérience de la guerre a largement prouvé leur efficacité, notamment pour dégager les obstacles avant les manœuvres. J’ai donc écrit une lettre au président du Conseil, dont mon service dépendait, sans trop me faire d’illusion. » Et pourtant, il est entendu. C’est ainsi que le capitaine Maloubier est envoyé s’instruire l’année suivante à Portsmouth, au Special Boat Service. Il fera deux séjours chez les Royal Marines.

 

« Au début, nous n’avions ni combinaisons, ni palmes : nous nagions en survêtements. »

Puis la nouvelle école de formation française s’installe dans une commune algérienne proche d’Oran en 1952. Pour cette mission, Bob Maloubier est secondé par un jeune enseigne de vaisseau, Claude Riffaud. Bâtiment précaire, équipement sommaire, les débuts sont chaotiques : « Nous n’avions ni combinaisons, ni palmes. Nous nagions en survêtements, se souvient-il. La première promotion était composée de quatre commandos marine et de quatre sous-officiers du 11e Choc [bras armé du SDECE, NDLR]. Très vite, la source s’est tarie. Et l’armée française nous a envoyé tout ce qu’elle comptait de bancales, d’aveugles et de paralytiques. Pour les premières sélections, nous n’avons pas retenu une seule personne. » Dans L’Espion aux pieds palmés, publié en 2013, le premier des nageurs raconte : « Tout ce qu’il nous passe par la tête, nous le mettons à l’épreuve. Nous n’observons qu’une seule règle, mais inconditionnelle celle-là : nous n’exigeons de nos hommes rien que nous n’ayons expérimenté les premiers. »

Le cours est aujourd’hui l'une des formations les plus exigeantes du podium militaire. Et pour cause, le nageur de combat est le seul combattant formé à intervenir à partir de tous les vecteurs, qu’ils soient terrestres, aériens ou maritimes. À plus de 8 000 mètres d’altitude ou à 60 mètres sous l’eau, on les retrouve au service action de la DGSE ou chez les commandos marine Hubert. Soixante-deux ans après la création de cette unité d’élite, seuls 1 000 nageurs de combat ont obtenu l’insigne aux deux hippocampes ailés. Une histoire dont Bob Maloubier est l’un des illustres auteurs. Il semble d’ailleurs que le temps n’ait pas de prise sur cet homme : « Ce qui me maintient en forme ? Je ne connais pas de meilleure discipline sportive que la guerre. »       

 

Bob Maloubier en 7 dates

1923 : Naissance à Neuilly-sur-Seine

1943 : Recruté à Londres par le Special Operations Executive

1945 : Reçoit la Distinguished Service Order  britannique

1947 : Participe à la création du service action du Sdece (aujourd’hui DGSE)

1952 : Crée l’unité des nageurs de combat

2014 : Publie Les secrets du Jour J (éd. La Boétie)

2015 : Publie La Vie secrète de Sir Dansey, maître-espion (éd. Albin Michel

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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 21:55
Le gouvernement veut légaliser certaines techniques du renseignement français

 

17.03.2015 Par Matthieu Suc - lemonde.fr

 

Les services français de renseignement vont pouvoir travailler en toute légalité sur le territoire national. Le projet de loi sur le renseignement, présenté jeudi 19 mars en conseil des ministres, rend légales et encadre des pratiques jusqu’ici utilisées sous le manteau par les agents des six services de renseignement. En dehors de toute enquête judiciaire, donc sans être placés sous le contrôle d’un juge, les agents pourront désormais sonoriser des véhicules, des habitations, des bureaux, y placer des caméras, poser des balises de géolocalisation, consulter le contenu des ordinateurs et des messageries sur Internet.

En réalité, ces méthodes étaient déjà couramment utilisées, mais sans que cela soit prévu par la loi, au risque de fragiliser l’action des services. Anticipant des critiques sur de possibles atteintes à la vie privée et au secret des correspondances, le gouvernement met en avant le rôle d’une nouvelle autorité administrative indépendante, qui sera chargée de contrôler « la proportionnalité » des moyens employés au regard de la menace encourue.

Comme un symbole de la priorité donnée au renseignement depuis les attentats de janvier, le projet de loi sera présenté en conseil des ministres et défendu sur les bancs de l’Assemblée nationale par le premier ministre, Manuel Valls, lui-même, et non par le ministre de l’intérieur. Une première sous ce gouvernement.
 

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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 17:55
Quand on reparle des ALSR (avions légers de surveillance et de reconnaissance)


06.03.2015 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense
 

Selon la loi de finances 2015, "un avion léger de renseignement (ALSA2R), dit ISR (Intelligence, surveillance, reconnaissance) léger, sera commandé en 2015". La LPM prévoit, elle, la commande de trois ALSR (Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance).

Où en est-on de ce projet alors que nos armées continuent de louer les services d'au moins deux entreprises privées (Air Attack et CAE) qui leur fournissent des vecteurs ISR en Afrique?

Voilà ce que j'en disais le 9 octobre dernier:
- la commande porte sur deux avions (la LPM prévoit trois achats),
- le type d'avion n'est pas encore arrêté; mais on pariera qu'un King Air 350 (voir photo ci-dessus. Crédit: Beechcraft), comme ceux des Douanes, pourrait constituer une bonne plate-forme,
- la procédure sera patrimoniale,
- la commande sera finalisée "début 2015",
- la livraison interviendra "18/24 mois plus tard", le temps d'intégrer les équipements sur les appareils,
- les deux avions seront mis en œuvre par l'armée de l'air,
- ils seront mutualisés entre la DGSE et la DRM.

La procédure a enfin été lancée (donc, avec du retard) et les spécifications ont été diffusés aux industriels susceptibles de répondre.

Le marché porte sur 2+1 avions dont le type n'est pas spécifié mais qui seront du type Beechcraft 350ER. L'enveloppe serait de 50 millions d'euros pour l'achat (8/10 millions par appareil), les modifications et l'intégration des équipements (optique, équipement ROEM, trans). Une enveloppe à l'épaisseur modeste au vu des exigences techniques détaillées dans le cahier des charges.

La copie est à rendre à la DGA pour le 20 avril.

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7 mars 2015 6 07 /03 /mars /2015 12:55
Casper : le cyber-espion Made in France

 

06 mars 2015 par Stéphane Larcher - linformaticien.com

 

De plus en plus de détails apparaissent sur le cyber-arsenal de l’hexagone. Contrairement à ce que d’aucuns pouvaient croire, nos services de renseignement semblent très loin d’être dépassés par les événements.

 

Après Babar, voilà Casper, un autre programme d’espionnage qui aurait été créé par les services secrets français. Jusqu’à présent, il n’y en avait que pour la NSA et son homologue britannique le GCHQ. On parle également de la Russie, d’Israël ou encore de la Chine qui auraient des programmes gouvernementaux de surveillance informatique. Rien de tout cela chez nous, évidemment ? Il semble que la réalité soit nettement plus nuancée. Après Babar qui espionne les messageries instantanées, c’est au tour de Casper de faire son apparition, selon un article de Motherboard qui s’appuie sur des recherches menées par Kaspersky et ESET.

 

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