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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 12:50

F35

 

Avr 12, 2012 Mieszko Dusautoy (BRUXELLES2)

 

Ce n’est pas nouveau, les avions de combat nouvelle génération coûtent chers. C’est particulièrement le cas pour le futur F 35 Lightning II, ou JSF (Joint Strike Fighter), venant remplacer les chasseurs de nombreuses armées euro-atlantiques dans les prochaines décennies. Le projet n’est pas nouveau, ses fluctuations et autres estimations erronées non plus (voir l’article d’il y a un an déjà: JSF / F35 : un prix qui s’envole, un rapport canadien qui décoiffe).

 

Deux rapports officiels viennent, coup sur coup, de le confirmer : le programme JSF coûte plus cher qu’annoncé initialement tandis que des lacunes techniques persistent, ce qui entraîne en plus des retards dans la production. Les deux rapports proviennent respectivement du Vérificateur Général pour le Canada et du Government Accountability Office pour les Etats-Unis, deux organes d’audit rattachés aux parlements et indépendants politiquement.

 

Ces deux rapports se montrent assez critiques vis-à-vis d’un programme qui paraissait alléchant suivant l’annonce qui en avait été faite : « Produire l’avion le plus polyvalent et le plus avancé au niveau technologique, tout en étant le moins cher ». S’il présente un intérêt indéniable en théorie, ce programme n’est pas si « abordable » que ça. Démonstration…

 

Un programme pour le moins ambitieux !


Le F 35: un avion unique adapté aux 3 armées


L’idée derrière le projet JSF est simple mais extrêmement ambitieuse: produire un avion de combat multi-rôle qui puisse remplacer les avions de chasse de nombreuses armées nationales, que ce soit dans leur composantes Air, Terre ou Mer. Ainsi, trois variantes du F 35 sont (étaient) prévues avec une double optique de rationalisation des coûts (encore et toujours…) et d’optimisation de l’efficacité (notamment en termes d’inter-opérabilité), c’est bien un seul modèle de base, adapté aux besoins spécifiques des 3 composantes, qui doit être construit.

 

Un avion construit en coopération … très dirigée

 

Entamé à la fin des années 1990, ce projet est « Le plus important programme de développement et d’approvisionnement de l’histoire du département de la Défense des Etats-Unis« , reconnaît le rapport canadien. Comprenant la conception, le développement, la fabrication et le maintien en service jusqu’en 2051, il est dirigé par les Etats-Unis avec la participation de huit autres partenaires: Australie, Canada, Danemark, Italie, Pays-Bas, Norvège, Turquie et Royaume-Uni. Il vise à produire plus de 3000 avions, dont l’écrasante majorité est destinée aux Etats-Unis (environ 2400), qui sont d’ailleurs les seuls à avoir commandé les trois modèles.

 

Prix qui augmentent, lacunes techniques et retards de production: un triptyque qui passe mal


Un coût réel sous-estimé


Le coût de sortie d’usine du F 35 a été largement sous-évalué au départ et a été régulièrement revu à la hausse depuis. Il a quasiment doublé en moins de 10 ans : passant de 49,9 millions de $ US en octobre 2001 à 84,9 millions $ en décembre 2009. Et cela devrait continuer ainsi, selon les rapports américain et canadien, quoiqu’avec une hausse moins forte dans les années à venir, grâce à des restructurations du programme à court terme. 


Plus important, c’est le coût réel – c’est-à-dire celui qui comprend le cycle de vie complet de l’avion -, qui a été sous-estimé. Selon le rapport canadien, qui rappelle que le calcul de ce coût est « une tâche complexe« , plusieurs facteurs « n’ont pas été pris en compte« : les avions de remplacement (l’armée doit en effet s’attendre à perdre certains de ses aéronefs), les mises à niveau futurs des logiciels mais aussi les armements… Facteurs auxquels viennent s’ajouter toutes les incertitudes liées à tout pronostic (prix du kérosène, taux de changes, etc.). Enfin, last but not least, la Défense nationale (ministère de la défense du Canada) a basé ses estimations sur un cycle de vie de 20 ans alors que celui du F 35 est estimé à 36 ans (ou 8000 heures de vol)…


Tous ces surcoûts pourraient obliger les ministères de la défense des pays partenaires de faire des coupes dans d’autres domaines, « provenant d’autres portions de ses budgets d’équipement ou de ses budgets opérationnels« .

Les « décisions prises jusqu’à présent, et celles à venir, auront des répercussions qui se feront sentir au cours des 40 prochaines années » précise le rapport canadien. Des « erreurs » assez grossières… commises sciemment, apparemment. Le vérificateur canadien affirme ainsi que « les représentants [de la Défense nationale] savaient que les coûts étaient susceptibles d’augmenter mais ils n’en ont pas informé les parlementaires ». Les retombées industrielles de ce programme sont, en réalité, le facteur prépondérant pour le gouvernement canadien (et probablement les autres). Et la Défense nationale n’a pas voulu « montrer » un programme trop coûteux.


Des problèmes techniques plus importants que prévu, qui entraînent des retards de livraison


Les deux rapports font mention de problèmes techniques qui retardent l’avancée du programme JSF. La phase de test a ainsi été prolongée jusqu’à 2018 (au lieu de 2012 comme annoncé initialement), date à laquelle seulement pourra débuter la phase de production « à plein régime ». L’échéancier a été repoussé à trois reprises déjà (en 2003, 2007, 2010). Parmi les problèmes techniques, le rapport américain précise que ce sont particulièrement les volets « logiciel », « communication » et autres systèmes logistiques qui sont plus complexes et plus longs à tester que prévu. Selon ce même rapport, le programme JSF est caractérisé par un degré de concurrence trop élevé, ce qui entraîne un processus plus compliqué et surtout, des chevauchements et du double travail entre les phases de développement, test et production. Par ailleurs, il rejoint le rapport canadien sur un autre point: commencer à fabriquer les avions avant que la phase de test soit entièrement terminée présente à la fois des risques techniques et des coûts additionnels, puisqu’il faut ensuite les modifier selon les résultats des tests. En réaction à ces différents problèmes, les gouvernements des pays partenaires ont considérablement réduit leurs commandes, au moins à court terme. Par exemple, les Etats-Unis ont diminué leurs commandes de 400, passant de 2866 à 2457 avions.

 

Télécharger les rapports dans Docs de B2 (*)

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