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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 07:55
photo Préfecture de Police

photo Préfecture de Police

 

15.10.2017 par Alain Establier – n° 180 lettre « SECURITY DEFENSE Business Review ».

 

SDBR : En ce mois européen de la cybersécurité, pouvez-vous nous décrire l’action de la Préfecture de Police de Paris (PPP) dans le Cybermonde ?

Michel Delpuech : La préfecture de Police est pleinement engagée et mobilisée à travers son organisation dans la lutte contre la cybercriminalité et notamment les infractions commises contre les systèmes d’information ou l’usage frauduleux de leurs données (escroqueries, discriminations, haine raciale sur Internet, contenus pédopornographiques, atteintes à la propriété intellectuelle : téléchargement illégaux, musique, films, données). La brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information (BEFTI) de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) - précédemment appelée SEFTI lors de sa création le 7 février 1994 - est en charge d’enquêter sur cette thématique. Pour répondre à l’évolution de cette délinquance, des « groupes Internet » ont été créés dans d’autres brigades centrales de la DRPJ, à l’instar de la brigade de protection des mineurs (lutte contre la pédopornographie), de la brigade des fraudes aux moyens de paiements (escroqueries à la carte bancaire, faux ordres de virement) et à la brigade de répression de la délinquance astucieuse (faux sites Internet, escroqueries qui y sont liées). Depuis mars 2015, un conseiller technique spécial en charge des questions liées à la cybercriminalité est rattaché au cabinet du préfet de Police.

 

Quelles actions de sensibilisation aux cyber-risques menez-vous, tant à l’interne qu’à l’externe ?

Les agents de la BEFTI ou de la BFMP (Brigade des fraudes aux moyens de paiement) interviennent régulièrement, à la demande des chambres des métiers ou du commerce et de l’industrie, afin d’organiser des conférences permettant de sensibiliser les personnels des différentes organisations professionnelles. Ces conférences sont également l’occasion d’alerter les entreprises sur de nouvelles formes de délinquance, d’arnaques et d’escroqueries, comme les faux ordres de virements internationaux, l’utilisation frauduleuse de moyens de communication (exemple : le « phreaking », technique permettant l’utilisation des standards téléphoniques des sociétés pour effectuer des appels à l’étranger vers des sites qui rémunèrent au passage le hacker). La préfecture de Police s’investit également dans la sensibilisation de ses agents (configuration des postes de travail, formation à la vigilance pour que chacun soit responsable de sa sécurité informatique et de sa navigation sur Internet) afin de renforcer la sécurité collective de ses réseaux.

Le site internet de la préfecture de Police dispose d’un espace cyber sécurité avec de la documentation à destination du public (conseils de prévention, vidéos pédagogiques) et des professionnels (conseils tutoriaux en ligne, démarches pour les dépôts de plainte en ligne par exemple).

 

Pas un seul jour sans que le risque terroriste ne se rappelle à la population. Quelle est la place de la préfecture de Police dans la lutte contre le terrorisme ?

Le risque terroriste demeure, aujourd'hui, à un niveau très élevé. En dépit de ses revers militaires importants dans la zone irako-syrienne, Daech reste déterminé à frapper notre territoire et, notamment, Paris et son agglomération. Certes, grâce à l'action de l'Etat, le phénomène des départs vers les théâtres d'opérations djihadistes au Sahel et au Moyen-Orient s'est tari. Néanmoins, environ 700 Français ou résidents habituels en France y sont actuellement présents, parmi lesquels environ un tiers de femmes. Environ 260 y ont trouvé la mort. Un peu plus de 200 individus sont d'ores et déjà revenus sur le territoire national. Enfin, un peu moins de 500 mineurs se trouvent sur zone. Notre vigilance est donc totale, de même que notre détermination à lutter contre la menace et protéger nos concitoyens. C'est là un objectif absolument majeur des services de la Préfecture de Police pour ce qui concerne Paris et son agglomération. Nous sommes d'autant plus vigilants que les groupes djihadistes encouragent également, dans le cadre d'un appel global au djihad, le passage à l'acte d'individus qui ne sont pas passés par le Moyen-Orient ou le Sahel, comme en témoignent les derniers attentats commis en France, à Paris, mais aussi à Barcelone.

 

Avez-vous changé votre approche du risque terroriste devant cette mutation de la menace ?

Cette seconde forme de menace, endogène, est aujourd'hui la plus prégnante. Ces individus radicalisés ne présentent pas de profil spécifique et agissent avec des moyens parfois rudimentaires, tels que des armes blanches ou des armes à destination, comme les véhicules béliers. L'attentat commis au marteau, le 6 juin dernier, contre un policier sur le parvis de Notre-Dame en est une parfaite illustration. Près d'un tiers des individus identifiés comme radicalisés - soit environ 6000 individus - se trouvent en Ile-de-France et dans l'agglomération parisienne ; ils représentent plutôt le haut du spectre de la menace. Paris concentre le plus grand nombre de ces signalements, avec un peu plus de 1000 cas.

Bien évidemment, ils font l'objet d'une attention et d'un suivi fins de la part des services concernés de la préfecture de Police. D'une manière générale, nos services de police sont puissamment mobilisés pour prévenir et lutter contre toute tentative de passage à l'acte. L'ensemble des maillons de la chaîne travaillent dans un souci de coopération constant, qu'il s'agisse du renseignement avec la DRPP (la direction du Renseignement de la préfecture de police de Paris qui travaille en étroite liaison avec les services du premier cercle tels que la DGSI), de l'investigation judiciaire avec la brigade criminelle de la PJ, de la sécurité et de la surveillance sur la voie publique avec les effectifs de la DSPAP (direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne), ou encore de l'intervention spécialisée avec la BRI (brigade de recherche et d'intervention). Telle est d'ailleurs la principale caractéristique de la préfecture de Police : une organisation intégrée qui permet d'assurer un continuum serré entre les actions de sécurité intérieure et de sécurité territoriale. La fluidité des échanges de renseignements entre services, la détection des signaux faibles de radicalisation, l'articulation des moyens judiciaires et administratifs, sont absolument nécessaires contre la menace terroriste diffuse à laquelle nous sommes confrontés.

 

Paris va donc organiser les JO en 2024. Comment envisagez-vous de préparer les équipes de la PPP à faire face à cette occasion à ces deux menaces majeures que sont le risque cyber et le risque terroriste ?

En lien avec le futur coordinateur national pour la sécurité des Jeux (CNSJ), le modèle intégré de la préfecture de Police et le rôle prépondérant du préfet de Police, à la fois dans la coordination des dispositifs de secours et de sécurité à l’échelle de la région Ile-de-France, comme dans les phases successives de planification et de gestion opérationnelle de la sécurité des Jeux, sont le ciment des projets tels le centre de commandement et d’information et de communication unique et le centre de coordination de la sécurité des transports. Permettre la résilience de tous les moyens pour assurer les missions est la première préoccupation sur laquelle le travail est entrepris. Le coût du numérique sera non négligeable pour être au niveau attendu par les politiques de sécurité nationale et les directives qui en sont issues. Mais la planification permettra de budgétiser les efforts afin de permettre d’atteindre le but de réussite des JO. La cellule de cyber-crise de la préfecture de Police sera prête à être activée à l’instar de ce qui a été fait durant la COP 21 en 2015 ou l’EURO FOOT 2016, avec à sa tête l’autorité qualifiée en sécurité des systèmes d’information de la préfecture de Police, le préfet secrétaire général pour l’administration de la préfecture de Police, lequel est assisté du responsable zonal de sécurité des systèmes d’information et du chargé de missions aux questions liées à la cybercriminalité. L’organisation de cette cellule fait appel à tous les services habituels en matière de gestion de crise de la préfecture de Police. La planification d’anticipation et les exercices dans ce domaine sont traités exactement comme les autres risques en raison de leurs incidences possibles sur la vie de la Nation dans les secteurs d’activité d’importance vitale. Le pilotage de la gestion de crise par le préfet de Police s’effectue en lien avec le Préfet, secrétaire général de la zone de défense chargé de la planification et des exercices de crise.

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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:55
Equipement de passage en neige - photo GAM Armée de Terre

Equipement de passage en neige - photo GAM Armée de Terre

 

07.02.2016 source 27e BIM

 

Le lundi 13 février 2017 se déroulera un entraînement conjoint entre le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et le groupement d’aguerrissement montagne (GAM) de Modane dans le secteur des Rochilles (au-dessus de Valloire).

 

Cet exercice, mené par le peloton de gendarmerie de haute montagne, appuyé par le groupement d’aguerrissement montagne de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM), vise à renforcer le lien déjà existant entre la gendarmerie et l’armée de terre dans l’organisation et la conduite des secours médicalisés en avalanche avec multi-victimes.

 

Cet entraînement, réalisé dans des conditions faites pour coller au plus près de la réalité, vise notamment à entretenir les savoir-faire propres au secours en avalanche mais également la coopération et la complémentarité des moyens humains et matériels lors d’un incident en montagne.

 

Lieu : Zone de Valloire (73) – Les Rochilles

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 11:55
Externalisation de la Défense et de la Sécurité en France ? - 15 Décembre



Le Comité directeur de l'ANAJ-IHEDN a le plaisir de vous inviter à la conférence :

Vers une externalisation de la Défense et de la Sécurité en France ?
Guillaume FARDE
Maître de conférences à Sciences Po Paris, auteur de Externaliser la sécurité et la défense en France, Editions Hermann

Julia MARIS
Directrice Générale de Défense Conseil International (DCI)

Jeudi 15 décembre 2016
19h30 à 21h00

École militaire
(Le nom de l'amphithéâtre sera précisé dans le mail de confirmation)

____

En France, le souvenir de la bataille de Valmy, couplé à l’instauration d’une conscription maintenue jusqu’en 1996, fonde l’attachement indéfectible du citoyen au caractère essentiellement public des forces de sécurité de la Nation. Il y a là l’origine d’une césure entre les activités mercantiles d’une part, et la sécurité publique d’autre part. Cette conception étatiste des services publics régaliens a conduit à privilégier, de façon systématique, le mode de gestion en régie. Depuis le début des années 1990 cependant, ce paradigme classique où l’armée et les forces de polices évoluent de façon autonome pour assurer l’ensemble de leurs missions, est battu en brèche. L’externalisation au profit d’opérateurs privés s’impose comme le modèle managérial privilégié en France.

Quelle conséquence pour les services publics régaliens ? Quels nouveaux risques découlent de ce modèle ? Quel bilan tirer du recours au partenariat public-privé dans les domaines de la sécurité et de la défense ?

>> INSCRIPTION OBLIGATOIRE <<


À propos des intervenants :

Guillaume FARDE, directeur associé au sein du cabinet
Althing, Sécurité & Intelligence économique, est spécialiste de l’économie de la sécurité et de la défense. Docteur en sciences de gestion, il est maître de conférences à Sciences Po Paris. Il est l’auteur d’un ouvrage récent sur l’externalisation des missions de sécurité et de défense en France.

Julia MARIS est Directeur Général de
Défense Conseil International (DCI), l’opérateur de référence du ministère de la Défense pour le transfert du savoir-faire militaire français à l’international, au profit des forces armées de pays amis de la France. Diplômée de l’ENA et auditrice de l’IHEDN, elle est l’auteur de l’essai Diriger en ère de rupture, paru en 2016. Julia MARIS nous parlera notamment du contrat HéliDax, le premier partenariat public privé conclu par le Ministère de la défense.

En espérant vous voir nombreux,

Ingrid LAMRI
Présidente de l’ANAJ-IHEDN
Séminaire Grande Ecole 2013

president@anaj-ihedn.org

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2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 11:55
[Teaser] La médecine de guerre au plus près des combats


31 oct. 2016 Ministère de la Défense

 

#JDEF - Depuis les attentats en France, les équipes du SAMU civil et les urgentistes s’inspirent du retour d’expérience des médecins et des chirurgiens militaires. Depuis un an, les soignants civils sont formés par le service de santé des armées à la prise en charge de blessures balistiques mais aussi aux procédures de « triage » des victimes d’un attentat.

Pour comprendre pourquoi l’armée détient ce savoir-faire unique, l’équipe du Journal de la Défense (
#JDEF) s’est rendue au Sahel où 3.500 soldats sont engagés dans l’opération Barkhane. Dans cette zone qui s’étend sur près de 4000 km, des infirmiers, des médecins et des chirurgiens militaires œuvrent chaque jour pour soigner et sauver des vies.

Grille de diffusion sur LCP-An
-Samedi 05 novembre à
10:00
-Dimanche 06 novembre à 16:30https://www.youtube.com/watch?v=I2CjtkZ1S-g
-Samedi 19 novembre à 10:00
-Dimanche 20 novembre à 16:30
-Mardi 27 novembre à 07:20
-Samedi 10 décembre à 10:00
-Dimanche 11 décembre à 07:05 et à 16:30
-Jeudi 22 décembre à 10:20

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27 octobre 2016 4 27 /10 /octobre /2016 07:55
Le général d'armée Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale -  Photo Gendarmerie nationale

Le général d'armée Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale - Photo Gendarmerie nationale

 

18 octobre 2016 Commission de la défense nationale et des forces armées Compte rendu n° 11

 

Présidence de Mme Patricia Adam, présidente

 

La séance est ouverte à dix-sept heures.

 

Mme la présidente Patricia Adam. Nous poursuivons nos auditions sur le projet de loi de finances pour 2017. Général, c’est la première fois que vous venez devant notre commission puisque vous n’avez pris vos fonctions que le 1er septembre dernier. Le budget que vous allez nous présenter va dans le bon sens, avec des embauches et des crédits en progression. Vous nous parlerez certainement aussi de la réserve opérationnelle et de la garde nationale, qui ont été évoquées lors des précédentes auditions.

 

Général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale. Je suis ravi d’être parmi vous pour un tour d’horizon qui portera d’abord sur le bilan de l’action engagée au cours des derniers mois et des dernières années, ensuite et surtout sur la manière dont j’envisage de faire évoluer la maison gendarmerie à l’avenir.

 

Je suis aujourd’hui à la tête d’une gendarmerie en mouvement et engagée. Engagée au quotidien, sur le terrain, par l’intermédiaire des brigades territoriales ; engagée dans tous les grands événements ; engagée aussi dans une profonde rénovation au titre de la feuille de route, qui va être prolongée car elle contribue à une démarche de modernisation et de simplification permanentes. La participation de la totalité des personnels à cette entreprise est essentielle : dans cette démarche bottom-up (ascendante), les propositions des personnels sont agrégées au niveau central, puis diffusées dans l’ensemble de la maison.

 

Cette gendarmerie, également dynamique, bénéficie depuis maintenant deux ans d’importants moyens dans le cadre du plan de lutte antiterroriste, du plan de lutte contre l’immigration clandestine et du pacte de sécurité. L’année 2016, en particulier, a été exceptionnelle à tous égards : les effectifs de la gendarmerie ont augmenté de plus de 2 300 postes ; cela a permis de créer un escadron de gendarmerie mobile à Rosny-sous-Bois, récemment inauguré par le ministre de l’Intérieur, ainsi qu’un cinquième peloton dans vingt-deux escadrons de gendarmerie mobile, ce qui accroît notre capacité opérationnelle.

 

En matière d’intervention, nous avons également créé trois antennes supplémentaires du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) en métropole, ce qui porte leur nombre à six, et une à Mayotte, ce qui en fait sept outre-mer.

 

En matière d’intervention intermédiaire, nous avons créé des pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) renforcés, dits PSIG Sabre, dotés de moyens de protection supplémentaires – casques et boucliers balistiques –, d’un armement – le fusil HK G36 – qui développe leur capacité offensive, et d’une grande mobilité grâce aux véhicules Sharan.

 

Concernant les modes d’action, en coopération avec la police nationale, nous avons mis en place, sous la houlette du ministre de l’Intérieur, le schéma national d’intervention, qui marque une évolution majeure dans la conception de l’action des forces de sécurité : en cas d’attentat ou de tuerie de masse, c’est désormais l’unité la plus proche qui intervient. C’est une nouveauté : jusqu’à présent, la compétence territoriale l’emportait sur la proximité, et non l’inverse.

 

Une autre évolution s’est concrétisée par l’exercice Minerve que nous avons conduit avec l’armée de terre dans le cadre de l’opération Sentinelle. Il nous a permis de valider plusieurs coopérations et moyens de coordination. Nous sommes aujourd’hui parvenus à un bon équilibre avec nos camarades des armées, engagés dans des missions plus dynamiques qu’auparavant et qui contribuent, en lien avec nous, à la sécurité des Français.

 

L’adaptation de la gendarmerie concerne aussi les brigades territoriales. Celles-ci ont été étoffées par l’affectation de 583 personnels, notamment dans les zones frontalières ou dans celles par lesquelles passent d’importants flux de population. Ici aussi, le renforcement des moyens permet de gagner en dynamisme et en capacité opérationnelle.

 

S’agissant du renseignement, nous avons également accru nos capacités, en créant 25 antennes territoriales auxquelles d’autres s’ajouteront en 2017 – je vais y revenir. Elles dépendent du service central du renseignement territorial (SCRT) et sont constituées chacune d’un binôme de gendarmes installé dans une brigade de gendarmerie, mais qui a pour vocation de capter, dans les profondeurs du territoire, des signaux faibles qu’il est ensuite chargé d’analyser et d’exploiter avant de les transmettre aux services spécialisés.

 

Nous avons en outre créé 29 cellules d’observation et de surveillance, chargées de contribuer à la recherche du renseignement au quotidien et composées de personnels aguerris qui agissent en civil dans le cadre des enquêtes judiciaires ou administratives.

 

Dans ce domaine, la loi du 24 juillet 2015 nous a conféré plusieurs capacités nouvelles. Nous sommes désormais inscrits dans le deuxième cercle du renseignement. Dans ce cadre, nous pouvons effectuer des investigations grâce aux IMSI-catchers et à des moyens d’intrusion électroniques. Les nouvelles techniques du renseignement nous sont officiellement ouvertes. La sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO), qui fait partie des services prescripteurs, le GIGN et les sections de recherches contribuent à cette quête du renseignement.

 

D’une manière générale, en matière de renseignement, le décloisonnement des services a fait de grands progrès.

 

S’agissant du recrutement, nous avons ouvert en 2016 une nouvelle école à Dijon, sur l’emprise de l’ancienne base aérienne qui nous a été cédée à titre onéreux par le ministère de la Défense. La première compagnie d’élèves gendarmes, composée de 124 élèves, a intégré l’école hier. Il convient de noter l’excellente coopération entre l’armée de l’air, pour la défense, et la gendarmerie, pour l’intérieur, qui a permis la mise en œuvre en moins d’un an de la décision d’installation à Dijon.

 

En outre, en 2016, nous avons revu la formation pour absorber nos effectifs supplémentaires. Jusqu’en 2015, l’année de formation des élèves gendarmes se répartissait entre neuf mois de présence en école et trois mois de stage en unité. Cette année, pour accélérer la mise à l’emploi de nos personnels, nous avons réduit la formation en école à six mois pour les anciens militaires et huit mois pour les personnes venues du civil. Ce changement densifie la formation en école et devrait nous permettre d’atteindre le schéma d’emploi en fin d’année, avec la totalité des effectifs prévus : c’était un défi.

 

En matière de fonctionnement, grâce aux crédits qui nous ont été alloués, nous avons pu commander 3 000 véhicules cette année, ce qui correspond au renouvellement à terme de notre parc. C’est la première fois depuis six ans que nous atteignons ce chiffre. La tendance est la même pour 2017.

 

S’agissant de l’immobilier, élément important du fonctionnement de la gendarmerie nationale, le plan d’urgence lancé il y a deux ans nous a permis de consacrer 70 millions d’euros de crédits en autorisations d’engagement à des travaux destinés principalement à la mise aux normes des infrastructures immobilières, mais également à la réfection de logements – 5 000 en 2016, 4 000 prévus en 2017 – qui sont répartis sur l’ensemble du territoire : c’est un signe, envoyé au plus grand nombre possible d’unités, de l’effort que nous consentons pour les gendarmes et leurs familles.

 

L’année 2016 nous a ainsi permis de progresser dans de nombreux domaines. En 2017, nous pourrons aller encore plus loin grâce aux moyens qui nous sont alloués. Dans ce cadre, je vise trois objectifs principaux.

 

Premièrement, poursuivre l’adaptation de la gendarmerie aux évolutions de la menace ; c’est bien le moins. Deuxièmement, remettre l’accent sur les brigades territoriales, chevilles ouvrières de la maison gendarmerie, pour qu’elles puissent aller davantage à la rencontre de la population grâce à une proximité rénovée. Troisièmement, prolonger la modernisation de la gendarmerie dans le cadre ministériel, notamment à travers la feuille de route.

 

Sur le premier point, le budget 2017 est en hausse de 342 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 293 millions en crédits de paiement, ce qui va nous permettre de créer 255 postes supplémentaires, dont 200 au titre de l’engagement présidentiel du début du quinquennat, qui viendront renforcer les unités territoriales, pierre angulaire de la sécurité, et 55 qui seront affectés aux antennes du renseignement territorial (ART). En ce dernier domaine, nous poursuivons nos efforts, en lien avec le SCRT.

 

Les 144 effectifs supplémentaires qui apparaissent sur les différents documents budgétaires sont destinés à renforcer les PSPG (pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie) et sont financés par EDF. Leur mention ne correspond donc qu’à une régularisation : il y a bien 255 créations nettes de postes.

 

L’année 2017 sera également marquée par une montée en puissance de la réserve opérationnelle, qui est l’un des éléments de la garde nationale – vous y avez fait allusion, Madame la présidente. La garde nationale est un label et repose sur deux piliers : la défense et l’intérieur, puisqu’elle associe les réserves militaires et celles de la gendarmerie et de la police nationales. Le système, tel qu’il a été élaboré de manière conjointe, me paraît efficient, car il conserve à chaque pilier son efficacité propre : chaque élément peut poursuivre sa dynamique spécifique et, s’agissant des réserves de la gendarmerie, sa montée en puissance.

 

Nous avons aujourd’hui 28 500 réservistes ; l’objectif est de parvenir à 40 000 d’ici à 2019. Cela nécessitera un effort budgétaire, mais aussi et surtout une procédure de recrutement et de fidélisation des réservistes, afin de les engager durablement au service de la sécurité publique générale. Les candidats sont très nombreux : ils étaient plusieurs milliers cet été, ce qui nous a conduits à porter la limite d’âge de 30 à 40 ans à partir du mois de juillet ; nous recrutons également des personnes plus âgées, au cas par cas, en fonction de leurs compétences et de leur aptitude physique. Ces recrutements nous permettront, je l’espère, d’atteindre fin 2018 une empreinte au sol de 4 000 réservistes par jour, soit deux fois plus qu’il y a moins d’un an.

 

Cette montée en puissance de la réserve passe par une chaîne fonctionnelle rénovée : nous allons installer des cellules « réserve » dans chaque groupement, c’est-à-dire dans chaque département. Elles existent déjà en gestion ; nous allons les créer en organisation pour les reconnaître réellement. Nous allons également créer, dès le 1er novembre prochain, un commandement des réserves de la gendarmerie, par transformation de la délégation aux réserves, pour signifier que cette fonction fait partie intégrante de la capacité opérationnelle de la gendarmerie et joue un rôle déterminant dans son efficacité.

 

Le budget 2017 nous permettra également de reconnaître l’engagement des gendarmes dans le cadre des mesures dites catégorielles. Le protocole signé le 11 avril comporte plusieurs avancées : d’abord la transcription pour les gendarmes du PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations), mais aussi d’autres mesures qui concernent toutes les catégories de personnels, du gendarme adjoint volontaire au sous-officier et à l’officier. Ce plan de valorisation a été élaboré en lien avec les commissions de concertation ; il a fait l’objet d’une saisine de l’ensemble des commissions de participation, lesquelles ont émis un avis et formulé des propositions qui ont été étudiées au niveau central, traduites en propositions au Gouvernement et validées pour nombre d’entre elles. D’une manière générale, le dialogue social est un axe majeur au sein de la gendarmerie. J’y reviendrai. Ici comme dans d’autres domaines, on voit à l’œuvre une concertation qui fonctionne, qui s’appuie sur des représentants et des présidents de catégorie animés d’un esprit très constructif et qui apporte une contribution tout à fait positive à l’évolution de la maison.

 

S’agissant des crédits de fonctionnement, les crédits hors titre 2 sont d’abord alloués à la poursuite des actions entreprises dans le cadre du pacte de sécurité, pour 73,4 millions d’euros : ils permettront de continuer à mettre en œuvre les PSIG Sabre, à fournir les équipements des antennes du GIGN et ceux destinés à renforcer la protection des personnels. Mon objectif est de tous les doter d’un gilet pare-balles individuel, y compris l’ensemble des réservistes ; ce n’est pas encore fait, mais cela me paraît essentiel : il est de notre devoir de les protéger sur le terrain.

 

Les crédits hors titre 2 nous permettront ensuite de poursuivre la mise en œuvre du plan d’urgence immobilier : je l’ai dit, 4 000 logements seront refaits auxquels s’ajoutent d’autres infrastructures, notamment de sécurité.

 

Nous reconduisons aussi la commande de véhicules neufs – 3 000, je l’ai également indiqué, pour un total de 65 millions d’euros. C’est essentiel : le véhicule est l’élément clé de la capacité d’intervention d’une brigade, dont la surface est souvent équivalente, voire supérieure, à la superficie de Paris mais qui peut ne compter que six gendarmes.

 

Je m’attarde un instant sur les outre-mer, théâtre d’une violence endogène et croissante vis-à-vis des forces de l’ordre, qui se manifeste par des agressions de militaires de la gendarmerie, ainsi que de policiers. Les Antilles-Guyane, Mayotte et la Nouvelle-Calédonie suscitent particulièrement l’inquiétude. Le ministre a engagé un plan de renforcement des effectifs comme des moyens dont il importe qu’il soit mis en œuvre au cours des années à venir.

 

Mon deuxième objectif est de renforcer et rénover la relation de proximité, notamment à travers les brigades territoriales. La brigade territoriale est la brique de base : c’est le brigadier qui intervient au plus près de la population, qui a le premier contact avec elle. Il faut donc lui redonner les moyens – les moyens matériels que j’ai déjà évoqués –, mais aussi le temps de travailler. Nous avons déjà entrepris de moderniser et de simplifier son travail ; nous allons maintenant entamer une réflexion sur le contact. Les unités de six gendarmes ou moins, en particulier, ne peuvent plus agir sur la totalité du spectre, faute de temps et de personnels : nous allons donc revoir leur contrat opérationnel afin qu’elles se consacrent entièrement au contact. À l’avenir, elles ne s’occuperont plus ni d’écritures diverses, ni de soit-transmis du parquet, ni de police de la route dans le cadre d’opérations coordonnées, mais seront en permanence dehors, sur le terrain, au contact de la population et des élus. En 2017, je souhaite conceptualiser plus précisément ce changement et m’engager pour rendre présence et visibilité à la gendarmerie nationale, en particulier aux petites brigades. C’est essentiel, car nous avons pu perdre le contact ici ou là, à la faveur des évolutions successives et de la « rationalisation » auxquelles nous avons procédé. Je ne veux pas dire par là que celle-ci n’était pas une bonne chose, simplement que nous devons maintenant nous interroger sur l’évolution à venir.

 

Nous y sommes d’ailleurs contraints par l’obligation qui nous incombe de transposer la directive européenne sur le temps de travail. Nous sommes actuellement en phase de précontentieux, l’Union européenne nous ayant signifié que nous ne respections pas la directive. Nous avons donc entrepris la transposition, en lien avec la défense, dans le cadre d’une approche statutaire.

 

Depuis le 1er septembre, nous appliquons dans toutes les unités la modalité des onze heures de repos physiologique journalier par tranche de vingt-quatre heures. C’est, je ne vous le cache pas, d’une difficulté sans nom. Ainsi, on repart de zéro lorsque le temps de repos est interrompu, sauf au bout de neuf heures de repos, seuil qui requiert un nouveau calcul et un report ; de telles complexités administratives ne facilitent pas la tâche des commandants de brigade. Mais nous n’avons pas le choix. Il en résulte par ailleurs une baisse de notre capacité opérationnelle. Le changement est récent, mais nous évaluons la dégradation à 3 à 5 % de temps de service en moins. Ce n’est pas grand-chose, me direz-vous ; mais, pour 100 000 hommes, cela représente tout de même 3 000 à 5 000 équivalents temps plein (ETP).

 

Il s’agit là de dispositions transitoires : il nous reste à transposer définitivement la directive, toujours en lien avec la défense, en appliquant également les 48 heures maximales de travail hebdomadaire par agent. Cela nous pose un problème : cette mesure signifie que, quand on assure une garde à vue de 96 heures, on a quinze jours de repos ensuite ! Ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons aujourd’hui. Nous allons donc devoir trouver un système adapté. Nous en discutons avec l’Union européenne.

 

Je tenais à appeler votre attention sur ce point, car cette directive est un peu à contre-courant au moment où nous devons tous nous mobiliser contre le terrorisme. Nous allons nous y plier – nous n’avons pas le choix –, mais ce ne sera pas sans quelques difficultés.

 

Pour en revenir à la brigade, l’idée est de redonner sens à son travail non seulement par le contact, mais aussi par la formation des personnels. S’il n’est ni candidat à l’avancement ni engagé dans un cursus de formation adapté, et s’il se sent bien dans sa brigade, un gendarme peut y passer la totalité de sa carrière sans jamais revenir en école. Or l’évolution actuelle du contexte, des textes réglementaires, la complexification juridique croissante rendent essentielle une formation continue régulière. Voilà pourquoi je souhaite créer un centre de formation à la sécurité publique qui permettrait à chaque gendarme de passer tous les cinq ans une semaine dans une structure d’école, non pour être évalué mais pour être formé et informé. Nous y travaillons. Les brigadiers pourraient ainsi confronter leurs expériences, ce qui devrait améliorer in fine la qualité du service.

 

Garantir la sécurité de nos concitoyens, c’est s’interroger sur la proximité non seulement physique, mais aussi numérique, compte tenu de la société dans laquelle nous vivons. Puisqu’une partie croissante de nos concitoyens effectuent leurs démarches sur les sites internet des divers services publics, notre idée est de nous placer sur le flux numérique qu’ils utilisent afin de leur permettre d’accéder à une brigade virtuelle. L’outil est conçu comme une plateforme d’échange permettant aux citoyens de s’adresser directement à un gendarme pour obtenir un renseignement, être guidé dans leurs démarches ou signaler tel ou tel fait. Nous pourrons certainement y intégrer la pré-plainte en ligne, qui existe déjà, mais aussi, plus généralement, y proposer un accès permanent à tous les services publics de sécurité de la gendarmerie nationale. Il s’agit d’un projet récent sur lequel nous aurons encore à travailler et qu’il me paraît important de développer.

 

À propos du numérique, nous avons instauré à titre expérimental, dans le Pas-de-Calais et en région Bourgogne, le dispositif NEOGEND : une tablette numérique, affectée à chaque gendarme, contient toute la documentation, les bases de données professionnelles, les bases métier, les fichiers, la messagerie interpersonnelle et plusieurs applications facilitant son travail, bref lui tient lieu de bureau portable. Cet outil permet de diviser par quatre le temps de contrôle des personnes. Par exemple, il devient possible de contrôler en moins de trois quarts d’heure un bus entier de quarante-cinq places, ou, en scannant la bande MRZ qui identifie une pièce d’identité, d’interroger automatiquement la totalité des fichiers ouverts. C’est une vraie facilité, une vraie modernisation, et les agents sont fiers de pouvoir utiliser ce matériel très efficace.

 

En 2017, le dispositif sera étendu à toute la gendarmerie départementale. Nous avons commandé 50 000 tablettes dans le cadre d’un marché commun à la police et à la gendarmerie. En effet, la police est engagée dans la même démarche : c’est le service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure (ST(SI)²), service commun, qui a conçu et développé le matériel.

 

C’est une autre étape importante de la modernisation de la maison. Elle devrait permettre de revoir les modes d’action, faciliter le travail du gendarme sur le terrain et lui faire gagner un temps qu’il pourra consacrer à discuter avec les personnes.

 

La modernisation en général est notre troisième objectif. Nous allons poursuivre la feuille de route, instaurée il y a trois ans par mon prédécesseur, le général Denis Favier. Dans ce cadre, l’ensemble des personnels de la gendarmerie a proposé plus de 3 900 mesures simples, quotidiennes, concrètes ; après les avoir analysées au niveau central, nous en avons sélectionné 360. Cette démarche innovante permet aux commandants et aux gendarmes de la brigade d’envoyer directement au niveau national, par l’intermédiaire d’une hotline dédiée, une proposition qui est ensuite analysée et qui, si elle est pertinente, est retenue puis généralisée.

 

Les résultats sont intéressants. Ainsi, le nombre d’états à fournir, auparavant très élevé – nous fournissions même en permanence des « états néant » –, a diminué de 70 %. Cela confirme qu’il y a dans notre administration, comme dans les autres, une grosse part d’autoconsommation, dont le meilleur juge est en définitive celui qui est en bas de l’échelle, celui qui, in fine, produit le travail. C’est donc à lui de formuler des propositions : c’est cela, l’esprit « feuille de route ».

 

La démarche de modernisation va aussi se poursuivre en lien avec la police nationale et nos structures communes. Ainsi, le service de l’achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI), après une période de rodage, est maintenant efficace : la totalité des marchés passés pour la police et la gendarmerie est partagé, ce qui nous permet d’échanger de bonnes pratiques dans différents domaines. Quant au ST(SI)², l’ensemble des logiciels et programmes informatiques sont désormais nativement partagés. Tout cela facilite le travail des gendarmes au quotidien.

 

À côté de notre flotte d’hélicoptères, nous avons développé – et nous continuons – une composante drones. Nous avons acquis un certain nombre d’appareils pour assurer différentes fonctions : police judiciaire, recherche du renseignement, constatations et prises de vue de l’institut de recherche criminelle lors d’accidents aériens, opérations de maintien de l’ordre grâce à la capacité d’observation en amont que les drones offrent à un escadron sur un terrain difficile ou dangereux.

 

Nous travaillons aussi sur la dimension prédictive en matière de délinquance, qui fait actuellement l’objet d’une expérimentation en Aquitaine. Il s’agit d’utiliser le big data pour agréger autant d’éléments que possible sur la délinquance, les données socio-économiques, etc., afin de déterminer à quel moment une zone risque plus ou moins d’être exposée à la délinquance – bref, de prévoir en quelque sorte la météo de la délinquance. Pas plus que la météo, ce n’est une science exacte, mais cela guide la réflexion de nos commandants d’unité, qui oriente à son tour les services. Nous en escomptons des résultats intéressants.

 

Cette modernisation est facilitée par la qualité de nos personnels, qui participent au projet d’entreprise commun. Mon ambition est de continuer à les valoriser et à les associer à la marche de la maison. J’ai déjà parlé de concertation ; les 75 membres de notre nouveau CFMG (conseil de la fonction militaire de la gendarmerie), élu il y a quinze jours, sont tous déjà des conseillers concertation locaux. Je les ai rencontrés la semaine dernière, et je puis vous assurer que la qualité de leur réflexion est impressionnante et leur esprit constructif remarquable. Nous devrions bien progresser grâce à cette structure, dont une partie prendra ensuite part, bien entendu, au CSFM (conseil supérieur de la fonction militaire) et à l’ensemble des travaux de concertation menés avec la défense.

 

Ce CFMG renouvelé voit arriver avec quelque inquiétude les APNM (associations professionnelles nationales de militaires), dont trois prétendent représenter les gendarmes. Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire, et leurs responsables n’ont pas encore dépassé la phase de rébellion pour entrer dans une phase adulte de construction. Mais il est normal qu’ils aspirent à exister et à capter des adhérents. S’ils ont un peu de mal à « décoller », ils n’en représentent pas moins un élément essentiel qu’il faudra intégrer au dialogue social. Les uns et les autres ont simplement besoin d’un peu de temps avant de pouvoir discuter ensemble.

 

PSIG Sabre - photo Gendarmerie Nationale

PSIG Sabre - photo Gendarmerie Nationale

M. Daniel Boisserie, rapporteur pour avis des crédits de la gendarmerie nationale. Vous avez été très complet, Mon général, mais je ne doute pas que mes collègues auraient encore des centaines de questions à vous poser !

 

Avec ce budget, on a l’impression de respirer ; on ne pouvait pas en dire autant lors de la fin de gestion du budget 2013. Dans l’intervalle, la commission de la Défense avait œuvré pour vous, à vos côtés comme aux côtés de votre prédécesseur, le général Favier ; nous ne pouvons que nous féliciter du résultat. Aujourd’hui, la gendarmerie est sur les rails, elle se modernise et s’adapte ; c’est ce que nous attendions.

 

C’est donc un grand millésime, marqué par une hausse de 3,5 % des crédits, même s’il y a encore beaucoup à faire, notamment dans l’immobilier. Je ne doute pas que nos collègues de l’opposition soient prêts à poursuivre notre œuvre – à laquelle ils ont d’ailleurs participé, il faut le leur reconnaître. Quoi qu’il en soit, le travail remarquable accompli par la direction générale de la gendarmerie doit être souligné : quand les choses vont bien, nous devons aussi le dire !

 

En matière de dégel des crédits, beaucoup a été fait en 2014. Où en êtes-vous pour 2016 ? Le dégel est-il achevé, est-il en cours ? Que faut-il que nous fassions en cette matière ?

 

Le Gouvernement a décidé de conforter l’indemnité journalière d’absence temporaire (IJAT), qui bénéficiera donc bien de l’exonération fiscale ; cela devrait vous satisfaire. Pourriez-vous nous en dire un mot ?

 

Quant au schéma national d’intervention, le plan PSIG Sabre est une excellente initiative, même si elle n’a pas encore été menée à son terme. Le primat donné à l’unité la plus proche est une très bonne idée, qui devrait souvent favoriser la gendarmerie, plus rapide que d’autres.

 

L’évolution de la protection balistique, tant individuelle que des véhicules, est bienvenue. Nous le savons pour nous être rendus à Saint-Astier. Il y a beaucoup à faire, et j’espère que vous aurez une bonne part de ce que vous demandez.

 

Où en est-on concernant les antennes du GIGN ? La montée en puissance de celles de Reims, de Nantes et de Tours est-elle achevée ? J’ai à cet instant une pensée particulière pour l’adjudant Alain Nicolas, gendarme du GIGN d’Orange tué il y a quelques mois par un forcené.

 

Qu’en est-il de la protection des centrales nucléaires ? EDF a-t-il vraiment joué le jeu ? Le constat en matière de protection des centrales est parfois préoccupant.

 

Outre-mer, qu’est-ce qui a changé avec la transformation des groupes de pelotons d’intervention en antennes du GIGN ?

 

Enfin, la question qui dérange : quels sont vos rapports avec la justice ? (Sourires.)

 

Général Richard Lizurey. S’agissant du dégel, la mise en réserve des crédits 2016 hors titre 2 était destinée aux loyers. Le ministre a souhaité qu’elle soit levée et que les crédits encore gelés – 112 millions d’euros en autorisations d’engagement, 99 millions en crédits de paiement – soient dégelés d’ici à la fin de l’année. S’ils ne le sont pas, nous ne serons plus en mesure de payer les loyers à partir de novembre, ce qui serait évidemment préjudiciable à nos bailleurs. Mais nous avons bon espoir que ce dégel ait lieu. L’affectation aux dépenses obligatoires des crédits mis en réserve nous a en tout cas permis de lancer dès le début de l’année des commandes de matériel, de sorte que nos unités voient arriver dès à présent des véhicules neufs.

 

La fiscalisation de l’IJAT a en effet été en question. Cette indemnité, qui fait l’objet d’un plan d’augmentation tous les six mois, a par ailleurs été revalorisée. Le Gouvernement s’est engagé à fonder sa défiscalisation sur une base légale, laquelle faisait jusqu’à présent défaut. Un texte de régularisation va donc être proposé, afin de sécuriser durablement l’IJAT.

 

Qu’est-ce qu’un PSIG Sabre ? C’est une unité qui inclut davantage de professionnels qu’un PSIG classique, soit environ deux tiers, pour un tiers de gendarmes adjoints volontaires ; qui bénéficie de formations adaptées sous l’égide d’un moniteur d’intervention professionnelle présent au sein de l’unité ; qui possède des moyens de déplacement également adaptés puisque nous avons acheté pour chaque unité, dans le cadre d’un marché public, des véhicules Volkswagen Sharan qui sont déjà en fonction ; qui est dotée de moyens de protection – casques et boucliers balistiques, à raison de six équipements par unité – et de moyens offensifs avec les HK G36, en sus des Flash-Ball ou des pistolets à impulsion électrique (PIE) utilisés par l’ensemble des PSIG.

 

Nous avons lancé un plan triennal de création de 150 PSIG Sabre, ce qui représente un tiers de la totalité des PSIG : nous en avons déjà créé 50 et nous allons en créer autant en 2017, puis à nouveau en 2018. À mon avis, la persistance de la menace et des violences exercées contre nos personnels nous conduira à poursuivre ce plan au-delà des 150 premières unités ; mais nous n’en sommes pas là.

 

Le schéma national d’intervention vise à permettre de réagir à des attentats. Dans le cadre normal, chacun intervient dans sa zone. En revanche, en cas de tuerie de masse, c’est l’unité la plus proche qui intervient. Ce peut être la police nationale en zone de gendarmerie, ou la gendarmerie en zone de police nationale. Ce schéma a été conçu au cours de l’année sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur ; il n’a pas encore été mis en œuvre dans la réalité. Il a toutefois été appliqué, pour ce qui concerne la diffusion de l’information, à la faveur de la fausse alerte des Halles, et a alors fait la preuve de son efficacité : j’ai été prévenu dans les cinq minutes par la préfecture de police, nous avons immédiatement mis en alerte le GIGN et le peloton d’intervention de la garde républicaine s’est transporté sur les lieux en renfort de la brigade de recherche et d’intervention (BRI). Le schéma national d’intervention est donc plus qu’un concept : c’est une réalité. Il s’agit d’une avancée majeure. Face à une menace qui va durer, nous devons nous organiser de manière à réagir le plus vite possible à toute agression.

 

Les antennes du GIGN s’inscrivent dans cette perspective. Nous avions trois PI2G (peloton d’intervention interrégional de gendarmerie) ; nous en avons créé trois autres. Ils sont aujourd’hui tous opérationnels. Nous avons recruté durant l’été des personnels complémentaires ; les unités ne sont pas encore toutes à l’effectif complet, mais elles bénéficient de la présence de personnels du GIGN « central » qui leur ont été affectés et ont été armées par des personnels d’active expérimentés, qui ont suivi des stages de recrutement et des tests de sélection. Les antennes interviennent d’ailleurs déjà dans le cadre d’opérations quotidiennes contre la délinquance.

 

Outre-mer, la transformation des groupes de pelotons d’intervention en antennes du GIGN modifie la conception du service : ces unités resteront engagées dans les opérations adaptées à leur territoire, mais seront désormais placées sous le contrôle opérationnel du GIGN, dont le personnel se rendra sur place pour s’efforcer de normaliser les équipements, contribuer à la formation là où le besoin s’en fait sentir et dégager une doctrine d’intervention partagée, aussi standardisée que possible. L’antenne du GIGN de Mayotte, elle, est nouvelle.

 

Cette évolution des antennes du GIGN est un élément important du dispositif opérationnel d’intervention.

 

Quant aux PSPG, ils sont consacrés à la sécurité des centrales nucléaires, non à leur sûreté. Ils sont armés et formés en vue de la lutte antiterroriste, ce qui a créé une asymétrie lorsqu’ils ont été confrontés à Greenpeace il y a quelques années : on ne va pas tirer sur un militant de Greenpeace qui s’introduit dans une centrale ! C’est un problème d’adaptation que nous n’avons pas résolu : aujourd’hui, lors d’intrusions à caractère non terroriste, on en revient au modèle habituel de maintien de l’ordre à l’aide de grenades lacrymogènes – nous en avons équipé nos personnels – et d’autres moyens classiques. Ce qui compte alors, c’est le renfort que peut apporter la gendarmerie départementale qui se trouve aux alentours de la centrale.

 

C’est dans ce contexte que nous avons récemment créé le commandement spécialisé pour la sécurité du nucléaire (COSSEN), chargé de procéder au criblage des personnes qui entrent dans les centrales, mais aussi de concevoir le dispositif de sécurité de celles-ci. Il y a encore du travail.

 

EDF joue le jeu, en prenant entièrement en charge les gendarmes mis à sa disposition. Nous allons certainement, en lien avec lui, adapter le contrat opérationnel de manière à pouvoir faire face aux différents types de menace, y compris celles de basse intensité.

 

La protection balistique est assurée par des équipements individuels. Nous travaillons actuellement, en lien avec le SAELSI, sur le véhicule de patrouille du futur : quel type de véhicule, et quelle protection ? Aujourd’hui, nous achetons des véhicules de la gamme commerciale, mais l’agression de nos camarades de la police nationale à Viry-Châtillon a montré qu’ils ne résistent pas à ce type de violences. Sans aller jusqu’à patrouiller en véhicule blindé comme en Nouvelle-Calédonie, nous devons mieux protéger nos véhicules pour assurer la sécurité de nos personnels.

 

Quant à nos rapports avec la justice, ils sont excellents, et méritent bien entendu d’être encore améliorés. (Sourires.)

 

Mme la présidente Patricia Adam. Vous êtes diplomate, général !

 

M. Jean-Michel Villaumé. Ma question concerne l’application de la directive européenne 2003/88 sur l’organisation du temps de travail. À l’origine, des dérogations étaient prévues pour la gendarmerie mais, à la suite d’un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne, l’essentiel de ces dérogations a été supprimé et vous devez à présent appliquer la règle des vingt-quatre heures de poste et des onze heures de repos. Comment, avec toutes les difficultés que cela représente, appliquez-vous ces règles ?

 

M. Philippe Vitel. Je vous renouvelle, Mon général, mon admiration pour la gendarmerie, corps d’élite qui, dans les moments difficiles que nous traversons, a de nouveau apporté la preuve de ses grandes capacités.

 

Les moyens sont en augmentation mais comment pourraient-ils ne pas l’être, compte tenu d’un contexte qui ne fait que se dégrader, en termes d’insécurité, de délinquance, de terrorisme ? Ces moyens, même s’ils augmentent, sont-ils en adéquation avec l’explosion des menaces ?

 

Chaque année, je pose la question des véhicules. Des efforts énormes ont été déployés en termes d’immobilier et de logement ; j’ai le bonheur d’avoir dans ma circonscription la nouvelle direction départementale, à La Valette dans le Var, avec des logements très sympathiques, mais ce n’est pas le cas partout, et il faut poursuivre l’effort. Vous avez indiqué avoir pu acheter 3 000 véhicules, ce qui redescend l’espérance de vie des véhicules à dix ans. Votre prédécesseur me disait que les véhicules avaient en moyenne 150 000 kilomètres au compteur. Je pense que nous ne sommes pas en adéquation avec les risques avérés.

 

La même obsolescence est-elle constatée pour les hélicoptères ? Quel est le format des moyens en hélicoptères dont vous disposez, leur type, leur âge ? Avez-vous été fournis en appareils neufs ?

 

Combien d’hommes de la gendarmerie sont-ils positionnés en OPEX ?

 

Enfin, vous avez évoqué une mise en réserve sur les moyens dédiés aux loyers, alors que je croyais que les mises en réserve ne concernaient que des investissements en matériel – c’est d’ailleurs pourquoi votre prédécesseur nous avait indiqué, l’an dernier ou il y a deux ans, qu’il n’avait pu commander des véhicules que le 4 octobre, au moment de la levée de réserve. Comment se fait-il que soient mis en réserve des moyens en fonctionnement parfaitement prévisibles dès le premier jour de l’année ?

 

M. Michel Voisin. Vous procédez aujourd’hui à des regroupements de brigades au sein de communautés de brigades. Dans le monde rural, l’efficacité de ces dernières m’a été maintes fois démontrée par le commandant départemental mais les nouvelles distances laissent à penser aux populations qu’elles sont désavantagées. Ces regroupements ont-ils permis des économies d’échelle ?

 

Ma deuxième question, que je pose tous les ans, concerne les rapports avec les élus locaux. Ces relations semblent se resserrer un peu, après un relâchement. Le confirmez-vous ?

 

Enfin, la gendarmerie loue des véhicules, notamment pour des recherches et du renseignement. Avez-vous réfléchi à un système semblable à celui des services fiscaux, avec des véhicules propres à la gendarmerie et des plaques qui seraient changées à chaque intervention pour ne pas être repérées ?

 

Général Richard Lizurey. En ce qui concerne la directive « temps de travail », je n’ai pas connaissance de dérogations introduites au moment de la ratification du texte par la France, s’agissant de la gendarmerie ou de quelque autre service que ce soit. Cela dit, la directive ne nous posait pas problème dans la mesure où nous ne l’appliquions pas. Il se trouve qu’une instance a été introduite par l’un de nos personnels, qui a appelé l’attention de l’Union européenne sur la non-transposition de la directive en droit français, et nous sommes donc en phase de pré-contentieux.

 

Nous remplissons déjà certaines exigences de la directive. Alors qu’elle prévoit vingt-quatre jours de vacances par an, nous sommes à quarante-cinq jours de permission. Alors qu’elle prévoit vingt-quatre heures de repos par semaine, nous sommes à quarante-huit heures. En revanche, nous ne sommes pas en conformité sur les onze heures de repos physiologique journalier et les quarante-huit heures de travail maximal hebdomadaire.

 

Nous avons commencé par mettre en place les onze heures de repos physiologique journalier car, parallèlement à l’instance devant la Cour européenne, une association a introduit en janvier 2016 un recours devant le Conseil d’État attaquant notre précédente instruction sur le temps de travail. Nous avons demandé au Conseil d’État s’il était possible d’attendre la transposition définitive, en 2017, pour régler le problème. Il nous a expliqué qu’il serait obligé de nous condamner si nous maintenions notre texte, ce qui nous a contraints, en mars 2016, à retirer l’instruction et à engager un travail de concertation avec le CFMG pour rédiger un nouveau texte, lequel est entré en vigueur le 1er septembre.

 

Ce nouveau texte complexifie la manœuvre car chaque gendarme doit désormais avoir onze heures de repos journalier par tranche de vingt-quatre heures. À défaut, il a un droit à un temps de récupération, appelé repos physiologique compensateur, qui donne lieu à des calculs assez complexes. Si un gendarme est rappelé au bout de huit heures de repos, on lui doit les onze heures précédentes. Si, en revanche, il a passé la barre des neuf heures, on lui calcule la différence entre onze heures et le moment où il a été rappelé. Cette comptabilité se fait par le biais du logiciel Pulsar GD.

 

Les premiers retours des unités font état d’une dégradation du service. Nous ferons un premier RETEX avec les personnels fin novembre et un deuxième début 2017 afin de voir comment aménager ces dispositions, mais la mesure est en tout état de cause définitive. Nous travaillons parallèlement à la transposition complète de la directive, avec les quarante-huit heures maximales de travail hebdomadaire.

 

S’agissant des moyens, je serais tenté de dire qu’ils sont en adéquation avec la menace mais que, si nous en avions plus, ce serait encore mieux. Pour la première fois depuis longtemps, 3 000 véhicules neufs arrivent : c’est exceptionnel. Il faut que l’effort s’inscrive bien sûr dans la durée afin que nous puissions renouveler le parc de véhicules. Aujourd’hui, sur quelque 30 000 véhicules, 3 800 devraient normalement être réformés et sont maintenus en service faute de véhicules pour les remplacer. L’effort va se poursuivre en 2017 à hauteur de 65 millions d’euros, et je pense qu’une telle trajectoire nous permettra de résorber notre stock de véhicules en instance de réforme.

 

Notre flotte d’hélicoptères est de cinquante-six appareils – moins un à cause d’un accident survenu à Tarbes récemment : quatorze EC145, quinze EC135 et vingt-six Écureuils. Ces derniers sont des appareils anciens mais, complètement rétrofités, ils sont parfaitement adaptés à la mission. Une partie de ces moyens est mise à la disposition de la police nationale dans le cadre d’une convention : la police nationale a un droit de tirage de mille heures de vol, qu’elle paye.

 

La mise en réserve de crédits pour des dépenses obligatoires a été une surprise ; cela étant, c’est pour nous une vraie opportunité de réaliser les effectifs dans l’année. C’est un choix gouvernemental que je considère comme positif car cela nous permet de recevoir dans les unités en septembre des matériels commandés en début d’année.

 

Nous avons peu de personnel en OPEX aujourd’hui. La dernière grande opération a été l’Afghanistan, de même quelques gendarmes ont été engagés en Côte d’Ivoire. Sous le commandement opérationnel du CEMA, nous avons actuellement 109 personnels engagés sur onze théâtres – beaucoup de prévôts, quelques COMGEND. Nous sommes dans une phase extrêmement basse de participation aux OPEX.

 

En ce qui concerne les communautés de brigades, je partage, Monsieur Voisin, votre analyse sur l’éloignement du gendarme de la population. Le sentiment que les gens nous renvoient, c’est qu’ils ne voient plus le gendarme. C’est l’une des raisons qui me conduisent à réfléchir à la rénovation du travail de contact, avec peut-être la création de brigades de contact, c’est-à-dire de personnels dont la seule vocation serait d’aller à la rencontre de la population, d’être sur le terrain. Pour cela, il faut que je revoie leur contrat opérationnel. Aujourd’hui, n’importe quelle brigade a la totalité du spectre missionnel à effectuer. L’objectif est de confier pour seule mission à ces brigades d’aller à la rencontre de la population et des élus.

 

La relation avec les élus est en effet déterminante. Nous allons doter l’ensemble des gendarmes d’un téléphone de service individuel afin qu’ils puissent communiquer leur numéro aux élus et être joignables en permanence. Cela me paraît essentiel au renouvellement de cette relation de proximité.

 

Deux types de véhicules sortent de la flotte classique par achat : d’une part, ceux qui font l’objet d’un marché de location, essentiellement pour les unités de recherche, et, d’autre part, les véhicules banalisés, dont nous disposons dans la durée et qui ont une immatriculation militaire administrative mais des plaques civiles enregistrées dans le système d’immatriculation des véhicules (SIV). Ce dernier est ouvert à certains professionnels et il leur est donc possible, à la faveur d’une consultation du SIV, d’obtenir la liste des véhicules de l’administration. C’est là une faille ; nos véhicules banalisés ne sont pas toujours si banalisés que cela.

 

Nous disposons également de 663 véhicules récupérés par le biais de la saisie des avoirs criminels. C’est là une piste très intéressante. En moins d’un mois, il est désormais possible de saisir le véhicule et de l’affecter à une unité.

 

M. Philippe Nauche. S’agissant du renseignement, la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO) a-t-elle bénéficié d’effectifs supplémentaires ? Où en est la mise en œuvre des apports techniques et des modalités administratives, avec notamment le contrôle de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement (CNCTR), de la loi sur le renseignement ? Enfin, quelle est la part des gendarmes adjoints volontaires tant dans les recrutements classiques que dans la réserve ?

 

Mme Marie Récalde. L’instruction provisoire sur le temps de travail s’applique à la gendarmerie départementale, mais qu’en est-il de la gendarmerie mobile, qui n’a pas tout à fait le même mode opératoire ?

 

Je ne vois pas très bien ce que serait la différence des brigades de terrain avec les brigades existantes. L’idée de rapprocher les gendarmes de la population est louable, et c’est d’ailleurs quelque chose qui est demandé, mais cela signifie-t-il que vous souhaitez décharger ces brigades d’une partie du travail administratif – qui est énorme – et éventuellement externaliser ce travail ?

 

Enfin, où en êtes-vous de la lutte contre la cybercriminalité ?

 

M. Olivier Audibert Troin. Mes deux questions ont pour point commun le soleil car elles concernent l’une Mayotte et l’autre le Var.

 

Je rentre de Mayotte, où j’ai été accueilli pendant six jours en stage d’immersion au groupement de gendarmes commandé par le colonel Philippe Leclerc. J’ai visité notamment l’antenne du GIGN récemment établie et montant actuellement en puissance. La situation à Mayotte est particulièrement explosive. On parle beaucoup des migrants de l’île de Lampedusa : nous ferions bien de parler aussi des migrants sur l’île de Mayotte car nous compterons cette année quelque 22 000 reconduites aux grandes Comores, sans compter tous ceux qui passent à travers les mailles du filet. C’est ainsi qu’un département officiellement recensé à 212 000 habitants en compte en réalité 350 000, ce qui provoque des tensions extrêmement fortes.

 

Je sais que des renforts sont prévus, notamment des pelotons de gendarmes mobiles dans les jours à venir. Cependant, il existe un véritable problème avec l’équipement. Le seul hélicoptère de l’île, celui de la gendarmerie, sert à tout et, même s’il a été reconfiguré, l’appareil est très vieux. De même, sur les deux intercepteurs chargés de récupérer les migrants, un est aujourd’hui hors service : la brigade tourne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, 365 jours par an, avec un seul intercepteur ! Est-il prévu, au budget 2017, de renouveler le second intercepteur ?

 

En ce qui concerne le Var, nous avons évoqué ici à de nombreuses reprises, concernant l’opération Sentinelle et la lutte contre le terrorisme, la nécessité d’un véritable maillage territorial et de la présence de nos forces armées sur la totalité du territoire national. Il semble que le maillon faible en matière de lutte contre l’insécurité et en particulier le terrorisme soit la ruralité. Comment pouvons-nous expliquer à nos populations qu’au nom des sacro-saintes économies de dépenses publiques et des mutualisations, on ferme régulièrement des brigades territoriales ? Cette politique est à rebours de l’aménagement du territoire tel qu’il devrait être pratiqué. Envisagez-vous, dès lors, un redéploiement de nos brigades territoriales ?

 

Général Richard Lizurey. La SDAO a reçu quatre effectifs supplémentaires dans le cadre du plan de renforcement. C’est un service qui compte soixante-sept personnels au total, dont une grande partie au centre de renseignement opérationnel. En tout et pour tout, vingt-six personnels sont dans la fonction de renseignement proprement dite. En comparaison, le service central du renseignement territorial compte 300 personnes.

 

Dans le cadre de la loi « renseignement », la SDAO est un service prescripteur pour les différentes techniques, intrusives ou de surveillance, à l’instar du GIGN et des sections de recherches. Le dispositif me paraît pour l’instant correspondre à nos besoins. Si demain avait lieu une explosion de signalements, nous serions sans doute conduits à revoir le nombre de lignes d’interceptions de sécurité.

 

Nous avons formé ceux de nos personnels qui ont connaissance de ces techniques dans les sections de recherches et au GIGN, de manière qu’ils s’inscrivent dans cette dynamique, contrôlée, vous l’avez dit, par la CNCTR. L’ensemble du dispositif d’autorisation remonte au niveau central, est traité par la SDAO et signé personnellement par le directeur général : je vois ainsi passer la totalité des demandes à la fois d’interceptions de sécurité et de techniques particulières avant qu’elles soient transmises au Premier ministre et à la CNCTR.

 

M. Philippe Nauche. Mon inquiétude porte sur la fluidité du système.

 

Général Richard Lizurey. C’est effectivement un peu procédurier mais je trouve que le dispositif est assez réactif. Nous pouvons monter une écoute en moins de vingt-quatre heures.

 

Environ 7 000 gendarmes adjoints volontaires sont recrutés. Parmi les sous-officiers recrutés 48,8 % sont des gendarmes adjoints volontaires, ce qui est une bonne chose puisque cela nous permet d’avoir des personnels qui, au moment où ils entrent en école, ont déjà une bonne base de formation, que nous avons pu tester. Quand ils quittent le service actif pour rejoindre la vie civile, nous leur proposons un contrat d’engagement dans la réserve ; je n’ai pas en tête la proportion d’entre eux qui signent un « engagement à servir dans la réserve », ESR, mais ils sont nombreux.

 

Le schéma normal d’une candidature à la gendarmerie est plutôt d’abord la réserve avant une candidature soit comme gendarme adjoint volontaire soit comme sous-officier. Si la personne ne peut devenir tout de suite sous-officier, elle peut passer par le statut de gendarme adjoint volontaire pour devenir sous-officier ensuite. Nous avons beaucoup de jeunes réservistes, y compris de moins de dix-huit ans : nous ne pouvons employer ces derniers mais nous les formons.

 

L’instruction provisoire sur le temps de travail s’applique aussi à la gendarmerie mobile. La directive européenne précise que, lorsque les personnels ne sont pas employés mais en alerte au cantonnement pendant onze heures, le contrat est rempli. Paradoxalement, donc, la GM respecte davantage la directive – à 95 % – que ne le fait la gendarmerie départementale. Les 5 % restants sont liés à des contextes particuliers de violences ou d’activité importante : les récupérations sont alors cumulées et données à la fin. Il existe un cas particulier pour les déplacements en outre-mer puisque le texte considère que dans l’avion les personnels ne sont pas en repos physiologique mais en temps de travail ; aussi, quand ils se rendent en Nouvelle-Calédonie, par exemple, nous leur donnons une journée de repos à leur arrivée, de même qu’à leur retour.

 

Une brigade classique aujourd’hui a la totalité du spectre missionnel : police de la route, police judiciaire, police administrative…, ainsi que toutes les charges administratives liées au fonctionnement d’une brigade. L’idée serait de retirer toutes ces missions, ou une grande partie, à certaines brigades pour leur donner du temps. Tout ce qui consomme du temps à la caserne a vocation soit à ne plus être fait soit à être fait par quelqu’un d’autre, une unité spécialisée comme une unité de recherche pour la PJ, une unité motorisée pour la sécurité routière… L’objectif est que les gendarmes de ces unités n’aient d’autre mission que le contact avec la population et les élus, sans travail de nuit qui implique des récupérations ni déplacements au chef-lieu de communauté qui prennent du temps. Nous expérimenterons le concept ici et là pour voir si c’est, tout d’abord, réalisable et, ensuite, efficace.

 

La cybercriminalité va se développer. Nous avons au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale un centre de lutte contre la cybercriminalité travaillant en liaison avec la sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité de la police nationale. En outre, des gendarmes sont présents au sein de la plateforme Pharos, une plateforme de signalement sur internet. Nous développons des capacités de surveillance, avec des cyberpatrouilles. Ce dispositif a été créé il y a de nombreuses années dans le cadre de la lutte contre la pédopornographie et se développe aujourd’hui dans d’autres domaines. Nous allons également créer cette année un nouveau dispositif de recueil des plaintes d’escroquerie sur internet au niveau national. La difficulté est de trouver le parquet compétent. Nous sommes en discussion avec la chancellerie pour qu’elle désigne celui-ci ; nous aimerions que ce soit Pontoise.

 

Dans chaque section de recherches a été mis en place un groupe dédié au contentieux de la cybercriminalité. Ce groupe s’appuie sur les enquêteurs NTECH, spécialistes des nouvelles technologies. L’objectif est d’établir une chaîne fonctionnelle qui permette de traiter le contentieux, local mais aussi national, en liaison soit avec les parquets locaux, soit avec les juridictions inter-régionales spécialisées (JIRS), soit au niveau national. Le dispositif évolue en parfaite synergie avec celui de la police nationale.

 

Je suis inquiet au sujet de Mayotte. Les événements qui se sont produits il y a trois ou quatre ans risquent malheureusement de se reproduire, et nous nous y préparons. C’est pourquoi nous avons injecté des renforts : l’antenne du GIGN mais aussi des gendarmes mobiles, voire territoriaux. Nous planifions même des renforts massifs en vue d’événements majeurs. Il n’y pas beaucoup d’équipements sur place pour stationner des unités sur le long terme ; à l’époque, certains escadrons étaient restés trois mois sur place et nourris avec des rations de combat. Mayotte est le premier département d’outre-mer que j’irai visiter car c’est là que le risque est maximal. L’immigration dans ce département est massive. Elle provoque des réactions parmi la population, notamment des « décasages », c’est-à-dire des opérations coordonnées de Mahorais en vue de déloger les migrants comoriens, avec force violences et agressions.

 

Un intercepteur coûte 300 000 euros. Je suis prêt à acheter une vedette à 70 000 ou 80 000 euros mais on m’explique qu’il faut que j’achète la même chose que les autres. La brigade nautique locale a une activité extrêmement forte, avec un taux d’interpellation d’étrangers en situation irrégulière très élevé. Ils travaillent de jour comme de nuit dans des conditions difficiles, et j’admire leur engagement. C’est, je pense, le département où le travail de la gendarmerie est le plus difficile, mais aussi le plus ingrat car on n’en entend pas parler. Nous n’avons pas les moyens d’acquérir un intercepteur pour l’instant mais nous sommes clairement dans une logique d’achat à court terme.

 

S’agissant du maillage territorial, nous réfléchissons à une évolution. En quinze ans, cinq cents brigades ont été dissoutes, leur nombre passant de 3 600 à 3 100. C’était une rationalisation nécessaire ; le rassemblement sur des emprises plus importantes offre des capacités supplémentaires d’intervention. Le temps d’intervention moyen est actuellement de douze minutes. Le problème, c’est que nous nous sommes éloignés de la population. C’est quelque chose que j’entends et sur lequel nous devons travailler.

 

Il faut que nous poursuivions cette action-là où c’est justifié. À mes yeux, les brigades se trouvant en zone de police nationale n’ont pas vocation à perdurer ; c’est le bon sens même que de ramener les gendarmes dans leur zone de compétence. J’envisage également de poursuivre la suppression des groupes de commandement des compagnies dont les effectifs sont inférieurs à cinquante, et nous poursuivrons, je pense, les dissolutions là où l’immobilier est vétuste et défaillant ; plutôt que de reconstruire et de mettre à contribution les collectivités locales, il me paraît plus intéressant de dissoudre la brigade et de la regrouper sous le chef-lieu de communauté de brigades. En revanche, partout ailleurs, l’idée est de développer des unités de contact ayant vocation à afficher la présence de l’État et à rechercher du renseignement dans la profondeur du territoire, car cela me paraît déterminant dans le contexte actuel. Ce n’est pas le moment de créer des déserts de sécurité.

 

M. David Comet. Accession au deuxième cercle du renseignement, nouveau schéma national d’intervention, création de PSIG Sabre supplémentaires, bon équilibre des missions Sentinelle en lien avec les militaires de l’armée de terre dans un sens plus dynamique, renforcement des personnels et commande de 3 000 véhicules : que pensez-vous qu’il faudrait faire de plus ou de mieux pour lutter plus efficacement contre le terrorisme, étant entendu que les victoires à venir dans nos OPEX risquent de créer les conditions du retour des djihadistes en France ?

 

La commission d’enquête Fenech-Pietrasanta de lutte contre le terrorisme préconise notamment d’augmenter – c’est la proposition numéro un – le nombre de cartouches tirées chaque année par les personnels des unités élémentaires de police et de gendarmerie dans le cadre des séances d’entraînement ; de détacher en permanence – proposition numéro treize – des officiers de gendarmerie au sein de la DGSI ; et de fusionner – proposition numéro quatorze – le SCRT et la SDAO dans une nouvelle direction du renseignement territorial rattachée directement au ministre de l’Intérieur. Que pensez-vous de ces propositions ?

 

M. Philippe Meunier. Vous nous avez appris une information importante : l’utilisation par la gendarmerie de véhicules saisis. Lors d’un stage d’immersion au GIGN, on m’avait expliqué que ce n’était pas possible pour des raisons d’entretien de ces véhicules. Pouvez-vous nous dire quels types de véhicules sont affectés dans vos services, dans quels services ils sont affectés, et comment vous avez résolu la question de l’entretien de ces véhicules hors gamme classique de dotation ?

 

Général Richard Lizurey. On peut toujours faire mieux en matière de renseignement. Pour cela, il faut aujourd’hui développer un état d’esprit particulier consistant à passer du besoin d’en connaître au devoir de partager. Je ne dis pas que tout doit être mis sur la table mais il faut changer de culture dans le renseignement : le service localement compétent doit savoir quelles menaces sont présentes chez lui, alors que ce n’est pas toujours le cas actuellement. Il arrive en effet que des services découvrent, après un événement ou une opération, que des personnes dangereuses étaient présentes dans leur secteur.

 

C’est aussi une affaire de moyens juridiques. Nous disposons d’un certain nombre de bases de données et de fichiers qui comportent beaucoup de renseignements. Face à la menace exceptionnelle, à cet état de guerre cité par le Premier ministre, il faut se poser la question de leur interconnexion. Il ne s’agit pas, bien sûr, de faire n’importe quoi ; le système doit être contrôlé, vérifié, pour ne pas être détourné de sa finalité, mais cela permettrait de faire progresser, à moyens constants, la lutte contre le terrorisme.

 

S’agissant du nombre de cartouches disponibles pour l’entraînement, nous avons tiré les enseignements de la commission d’enquête puisque nous avons multiplié ce nombre par deux, passant de trente à soixante dans le cadre des séances d’instruction. Nous travaillons aussi à la mise en place complémentaire de moyens de simulation en matière de tir ; des expérimentations ont été réalisées avec des industriels. Nous avons d’ailleurs augmenté la dotation de cartouches dans le service courant, passant de vingt-cinq à trente, nous alignant ainsi sur la police nationale. Nous travaillons également sur un suivi longitudinal des gendarmes, actuellement expérimenté au GIGN, avec un carnet de formation individuel.

 

Oui, il faut détacher des officiers de gendarmerie à la DGSI mais la question est de savoir pour quoi faire. Cela peut avoir du sens si les personnels ont une compétence qui apporte quelque chose à la DGSI. Nous candidaterons sur des profils de poste où c’est possible. Je pense que nous arrivons dans une période où ce sera accepté. C’est le début de l’histoire. Pour en avoir discuté avec Patrick Calvar, je sais qu’il a des besoins sur un certain nombre de compétences.

 

Comme je l’ai dit, le SCRT compte 300 personnels, contre vingt-six, pour la partie renseignement, à la SDAO. Je ne suis donc pas sûr qu’un regroupement des deux s’avère beaucoup plus efficace. En outre, le regroupement me poserait problème car, en tant que chef opérationnel, j’ai besoin d’une capacité de renseignement dans le cadre de mes propres opérations, à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs, et ces vingt-six y suffisent à peine. Il faut tout de même noter que l’adjoint de la SDAO est un commissaire de police et qu’un adjoint du patron du SCRT est un gendarme. La vision intégratrice n’est pas toujours opérante ; en l’espèce, cela ne me paraît pas être le cas.

 

Au tout début, il fallait, pour l’emploi des véhicules saisis, une condamnation définitive. Dans un deuxième temps, permission a été accordée de les utiliser en cours d’instruction, mais une expertise était obligatoire ; il fallait que quelqu’un la paye, et nous ne le souhaitions pas. Tout cela a été réglé car il suffit désormais d’une évaluation par l’enquêteur lui-même. Nous conservons des véhicules dans la gamme classique, que nous pouvons entretenir dans nos ateliers autos. L’ensemble des unités est éligible à ce type de saisie. Ce n’est pas forcément l’unité qui saisit un véhicule qui s’en servira. Il s’agit de véhicules banalisés, de toutes marques.

 

Mme la présidente Patricia Adam. Merci, général.

 

La séance est levée à dix-neuf heures.

 

*

* *

 

Membres présents ou excusés

 

Présents. - Mme Patricia Adam, Mme Sylvie Andrieux, M. Olivier Audibert Troin, M. Daniel Boisserie, M. Guy Chambefort, M. Jean-David Ciot, M. David Comet, Mme Geneviève Fioraso, M. Philippe Folliot, Mme Geneviève Gosselin-Fleury, M. Gilbert Le Bris, Mme Lucette Lousteau, M. Alain Marleix, M. Alain Marty, M. Philippe Meunier, M. Philippe Nauche, Mme Marie Récalde, M. Jean-Michel Villaumé, M. Philippe Vitel, M. Michel Voisin

 

Excusés. - Mme Danielle Auroi, M. Claude Bartolone, M. Philippe Briand, M. Jean-Jacques Candelier, Mme Catherine Coutelle, M. Bernard Deflesselles, M. Guy Delcourt, Mme Carole Delga, M. Nicolas Dhuicq, M. Yves Foulon, M. Serge Grouard, M. Francis Hillmeyer, M. Éric Jalton, M. Jean-Yves Le Déaut, M. Frédéric Lefebvre, M. Bruno Le Roux, M. Damien Meslot, M. François de Rugy

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 12:55
EXERCICE « CHOUCAS » : 300 réservistes de la 27e BIM mobilisés

 

source 27e BIM - Armée de Terre

 

L’opération Sentinelle est déployée par l’Armée française sur le territoire national au lendemain des attentats de janvier 2015 pour faire face à la menace terroriste et protéger les points sensibles. Elle est renforcée lors des attaques du 13 novembre 2015 en Île-de-France. 10 000 soldats par jour sont désormais mobilisés.

 

Pour maintenir cet objectif sans désengager l’Armée de ses missions actuelles, notamment sur le territoire extérieur, plusieurs dispositions ont été prises, parmi lesquelles la montée en puissance de la réserve opérationnelle.

 

Pour remplir cette mission et dans le cadre de sa préparation opérationnelle, la 27e brigade d’infanterie de montagne (BIM) organise un exercice d’envergure (« Choucas ») pour ses réservistes. Un volume inédit sera engagé : un état-major et trois compagnies de réservistes, soit un total de 300 personnes sur les 850 que compte la brigade déployées dans la vallée du Grésivaudan en Isère.

 

Le but de cette manœuvre : entraîner les unités de réserve et mettre en œuvre leur savoir-faire avant leur déploiement sur les missions Vigipirate. « Choucas » n’est pas seulement un exercice tactique de contrôle avant engagement. Il permet également de valider les circuits de décision entre les autorités civiles et militaires. Il comprend donc une coopération entre l’armée (27e BIM, Délégué militaire départemental de l’Isère (DMD 38), gendarmerie), la sécurité civile et la Préfecture de l’Isère.

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 08:55
Message du Général Bertrand Soubelet

Chers amis

Certains d'entre vous le savent depuis un certain temps mais il me fallait préserver une certaine confidentialité malgré une bévue mi janvier de la société de distribution.

Le 24 mars prochain sera publié chez Plon un livre qui à la lumière de mon expérience et des responsabilités que j'ai exercées au sein de la gendarmerie dresse un constat sur l'état dans lequel se trouve notre pays avec quelques clefs de lecture et des pistes de réflexion.

Ce bilan ne se limite pas à la sécurité et à la justice et concerne plus généralement le fonctionnement de notre société et de nos institutions.

L'objectif de cet ouvrage est, dans le même esprit que celui qui m'animait lors de mon intervention devant les députés à l'Assemblée Nationale en décembre 2013 de dire les choses telles qu'elles sont et de sortir de la duplicité dans laquelle est plongé notre pays depuis bien longtemps.

Le constat est sans concession et probablement les réactions de celles et ceux qui se sentiront concernés provoqueront une certaine agitation.

C'est la raison pour laquelle j'ai besoin de votre soutien et je vous demande au titre de nos relations amicales de relayer, par vos réseaux, l'information de cette publication autour de vous.

Ma meilleure garantie et je risque d'en avoir besoin c'est la diffusion maximale de ce livre que je prépare depuis plus de deux ans.

Merci de m'accompagner sur ce chemin en espérant que son contenu trouvera un écho en chacune et chacun d'entre vous.

"Tout ce qu'il ne faut pas dire" aux éditions Plon en pré-commande sur internet depuis quelques jours et dans les librairies le 24 mars

Avec toute mon amitié reconnaissante.

Bertrand Soubelet

 

Message du Général Bertrand Soubelet
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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 08:55
Alsetex décroche un contrat de 5,5 millions d'euros

 

01.02.2015 Ouest-France

 

L'entreprise de Précigné (Sarthe) vient de recevoir une grosse commande de la gendarmerie, la police et de l'administration pénitentiaire.

 

C'est un beau contrat qui arrive dans l'escarcelle d'Alsetex. L'entreprise de Précigné, leader européen des produits de maintien de l'ordre (plus de 40 % de son chiffre d'affaires), notamment gaz lacrymogènes, a remporté un appel d'offres de taille. Il porte sur la fabrication et la vente de munitions de défense à courte portée de calibre 40 mm (appelées Mdcp) pour les forces de gendarmerie, de police et l'administration pénitentiaire. Montant du marché : 5,57 millions d'euros.
 

Flash balls en question

Ce contrat arrive à point nommé pour l'entreprise qui emploie entre 140 et 180 personnes sur un site de plus de 350 hectares. À l'été 2014, un accident avait coûté la vie à une salariée, et toute une chaîne de production avait été immobilisée pendant l'enquête.

C'est le service de l'achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI), créé en janvier 2014, qui a piloté l'appel d'offre : ce service gère l'achat des moyens nécessaires à l'exercice des missions de la sécurité civile, de la gendarmerie et de la police.

Depuis plusieurs années, l'Inspection générale de la police nationale avait préconisé un abandon total des flashs balls, à la suite d'incidents, pour privilégier le développement de l'usage des munitions de défense à courte distance.

Il a aussi été question, voie qui semble avoir été retenue, d'adapter des munitions de défense à courte portée (MDCP) sur les lanceurs de balles de défense de 40 mm (LBD 40) afin qu'ils soient utilisables sans trop de risques.

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4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 11:55
Des enquêteurs de la Gendarmerie des transports aériens, derrière un système de micro-drones avec son container de transport et ses accessoires. Photo Fabrice Balsamo DGGN

Des enquêteurs de la Gendarmerie des transports aériens, derrière un système de micro-drones avec son container de transport et ses accessoires. Photo Fabrice Balsamo DGGN

 

04/02/2016 Par Christophe Cornevin – LeFigaro.fr

 

INFO LE FIGARO - Maintien de l'ordre, police judiciaire, sécurité routière... la gendarmerie nationale va mettre en service dès le mois prochain une flotte de microdrones susceptibles de remplir un large éventail de missions.

 

Les gendarmes investissent dans la troisième dimension. Après un an et demi de tests, ils vont déployer d'ici à 2017 une flotte de microdrones susceptibles de remplir de multiples missions. Selon nos informations, les premiers appareils, plutôt sophistiqués pour un poids d'à peine deux kilos et facturés 50.000 euros pièce avec leur système de télépilotage, seront livrés fin février pour une mise en service dès le mois prochain.

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 20:55
Mise au point du Ministère de la Défense (article France 3 Midi-Pyrénées)

 

25/01/2016 Ministère de la Défense

 

Le ministère de la Défense dément formellement les informations mises en ligne par la rédaction de France 3 Midi Pyrénées, le 21 janvier dernier. Informations sur des sites soit disant sensibles provenant d'un  "document militaire" qu'ils se seraient procuré. Il s'agissait en fait d'un document totalement fictif de travail, non protégé par le secret défense et destiné à la formation de jeunes élèves d'une école d'officiers.

 

Note RP Defense: voir article France 3

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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 08:55
photo Florent Le Bihan Marine nationale

photo Florent Le Bihan Marine nationale


21/01/2016 par Marine nationale

 

Dès qu’un coup de vent est annoncé à plus de 25 nœuds, le Remorqueur d’Intervention, d’Assistance et de Sauvetage (RIAS) Abeille Bourbon appareille de Brest et se rapproche du rail d’Ouessant pour soutenir plus rapidement d’éventuels navires en difficulté. Suivant l’orientation et la force du vent, le remorqueur rejoint ses zones de mouillage temporaires situées à quelques encablures de la vigie du Stiff à Ouessant, en baie de Camaret ou à l’ouvert du goulet de Brest dans l’anse de Bertheaume.
365 jours par an, 24h sur 24, l’Abeille Bourbon est prête à agir en moins de quarante minutes.
En 2015, trois bâtiments de commerce en avarie de propulsion ont été pris en remorque par l’Abeille Bourbon au large de la Bretagne et quatre autres ont été escortés suite à des inquiétudes sur leur capacité à naviguer en toute sécurité.

 

L’Abeille Bourbon
L’Abeille Bourbon appartient à la société «Les Abeilles International», filiale de Bourbon. Elle est affrétée par la Marine Nationale. Sa mission est de prévenir les échouements, assister et sauver les navires en détresse, combattre les risques de pollution dans des zones maritimes à fort trafic.

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 17:55
photo Marine nationale

photo Marine nationale


21/01/2016 Sources : Marine nationale

 

Le 28 janvier 2016, un exercice national  de sécurité nucléaire se déroulera sur le port militaire de Cherbourg et dans la commune de Cherbourg-en-Cotentin. Le scénario, tenu secret, vise à tester le fonctionnement de l’ensemble de la chaine de décision des pouvoirs publics et de l’exploitant face à un événement à caractère radiologique, afin d’assurer la protection des personnes, des biens et de l’environnement. Il permettra également d’entrainer les équipes d’intervention amenées à intervenir sur un incident de ce type sur la base navale de Cherbourg. 34 établissements scolaires publics et privés, de la maternelle à l’IUT, seront sensibilisés et impliqués le 28 janvier. 

Plus généralement, cet exercice à dominante sécurité civile a pour objectif d’informer et de sensibiliser la population sur les mesures réflexes de. Dans ce cadre, une réunion publique d’information et d’échanges, présidée par le directeur de cabinet de la préfecture de la Manche et par l’adjoint territorial du commandant de la Marine à Cherbourg, s’est déroulée lundi 18 janvier dans la salle des fêtes de Cherbourg.

Au total, plus de 70 personnes (directeurs d’établissements scolaires ou d’entreprises, riverains ...) se sont déplacées pour s’informer et poser leurs questions aux autorités présentes. Jeudi 28 janvier, dès le retentissement de l’alarme spécifique du plan particulier d’intervention (PPI)(3 coups de sirène d’1 minute 41 secondes chacune entrecoupées d’une pause de 5 secondes), la population de Cherbourg-en-Cotentin sera invitée à jouer le jeu en se mettant à l’abri puis en écoutant les informations délivrées par la préfecture de la Manchesur les radios France Bleu Cotentin et Tendance Ouest. 

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 17:50
Attentats de Paris : deux nouvelles interpellations à Molenbeek

(archives) source photo CGSU

 

21/01/2016 Le Point.fr (AFP)

 

En Belgique, dix hommes ont été inculpés dans le cadre de l'enquête qui a permis de démanteler une partie du réseau qui a aidé Salah Abdeslam, en fuite.

 

La justice belge a annoncé que deux hommes avaient été interpellés dans la commune bruxelloise de Molenbeek lors de perquisitions menées mercredi et jeudi matin dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris. "Ces deux personnes ont été interpellées en raison de leurs liens présumés avec différentes personnes citées dans le dossier", a expliqué dans un communiqué le parquet fédéral. "Ni arme ni explosif n'ont été découverts" lors de ces deux perquisitions.

Le juge d'instruction chargé du dossier décidera dans le courant de la journée de leur inculpation et de leur placement en détention provisoire éventuelles, selon la même source. La première perquisition a eu lieu mercredi après-midi chaussée de Gand, l'une des principales artères de Molenbeek. "Une personne a été privée de liberté. Il s'agit de Zakaria J., né en 1986, de nationalité belge", selon le communiqué.

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 17:25
photo EMA / Amée de Terre

photo EMA / Amée de Terre

 

21/01/2016 Sources : État-major des armées

 

Depuis le 9 janvier 2016, la seconde édition de l’opération Korbo est conduite par la section du 2e régiment étranger du génie au cœur de la forêt amazonienne. L’objectif visé par les Forces armées en Guyane (FAG) est de détruire tous les puits primaires aurifères illégaux de Dorlin.

 

Avec l’appui des Puma de la base aérienne 367, indispensables dans l’opération Harpie, 1 000 kilos d’explosifs Hexal ont été préalablement acheminés par les airs. Après plusieurs heures de préparation, les containers d’explosifs ont été descendus les uns après les autres au fond des trois premiers puits, parfois profonds de 40 mètres, sous le contrôle du capitaine Pierre, directeur de la mise en œuvre. Pour un maximum d’efficacité et de sécurité pour les opérateurs du génie, chaque charge a été disposée selon un plan très précis. L’objectif était la destruction totale des puits d’orpaillage primaire*.

 

Pendant que les militaires du génie se concentraient sur la mise en place des charges, plusieurs patrouilles, intégrant des éléments de la gendarmerie, surveillaient les abords des sites pour dissuader les orpailleurs illégaux de s’en approcher.

 

Au total, en quatre jours, 18 puits et tunnels ont été détruits. Afin de poursuivre dans la durée la lutte contre les orpailleurs illégaux, l’opération Harpie se poursuit. Celle-ci perdurera, jusqu’à la destruction de l’ensemble des sites d’orpaillage illégal.

 

Harpieest une des deux opérations permanentes conduites par les FAG. Lancée officiellement par le Président de la République en février 2008, Harpie est une opération interministérielle de grande envergure. Elle est menée conjointement par les forces de l’ordre (police aux frontières, gendarmerie) et les FAG. Placée sous l'autorité du préfet et du procureur de la République pour la partie judiciaire, elle vise à éradiquer les zones d'orpaillage clandestin.

 

À 7 000 km de la métropole, les FAG garantissent la protection du territoire national et de ses ressources. Fréquemment engagées en appui de l’action de l’État dans des missions au caractère interministériel, les FAG agissent sur un territoire rendu exigeant par son étendue (1 100 km de frontières terrestres), son littoral difficile et sa forêt équatoriale.

 

*Extraction primaire : extraction de roches aurifères depuis des mines en sous-sol et concassage.

photo EMA / Amée de Terrephoto EMA / Amée de Terre
photo EMA / Amée de Terrephoto EMA / Amée de Terre
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photo EMA / Amée de Terre

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 12:55
Mutuelle référencée par le ministère de la Défense, Unéo comptait en 2014 près de 1,2 million de personnes protégées pour 578 millions d’euros de cotisations

Mutuelle référencée par le ministère de la Défense, Unéo comptait en 2014 près de 1,2 million de personnes protégées pour 578 millions d’euros de cotisations

 

20/01 Laurent Thevenin / Journaliste - lesechos.fr

 

Unéo, la mutuelle des forces armées référencée par le ministère de la Défense, entre en négociations exclusives avec Covéa (GMF, MAAF, MMA). Les deux groupes veulent construire un pôle mutualiste de protection sociale « Défense et sécurité ».

 

C’était le grand dossier de ce début d’année dans un monde mutualiste en recomposition permanente. A la recherche d’un partenariat stratégique, la mutuelle Unéo a annoncé mercredi qu’elle entrait en négociation exclusive avec le groupe d’assurances Covéa (GMF, MMA et MAAF). L’objectif affiché est de créer « un pôle mutualiste de protection sociale défense et sécurité ». La mutuelle des militaires référencée par le ministère de la Défense ne donne aucune indication sur le calendrier envisagé.

Unéo s’était laissé le choix entre trois partenaires possibles : Covéa, AG2R La Mondiale et Allianz. Le 11 janvier, son conseil d’administration s’était prononcé en faveur du premier. L’assemblée générale réunie mercredi a entériné ce choix et « donné délégation au président du conseil d’administration » pour engager des discussions exclusives avec Covéa.

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 11:55
 Le général Soubelet publie un livre en mars

 

20.01.2016 source lessor.org

 

Le 24 mars, le général de corps d’armée Bertrand Soubelet publiera, chez Plon, un ouvrage intitulé "Tout ce qu’il ne faut pas dire". Si le titre annonce la couleur, le sous-titre est encore plus clair: "Insécurité, justice, un général de Gendarmerie ose la vérité".

Nous n’avons pu prendre connaissance du contenu de ce livre, mais il doit être sensible, surtout si l’on se rappelle que le franc-parler du général lui avait valu, le 1er septembre 2014, de perdre sa place de Directeur des opérations et de l’emploi, c’est à dire de numéro 3 de la Gendarmerie.

D'autant qu'il est extrêmement rare, en France, de voir des généraux en activité s'exprimer sur des sujets d'actualité.

Cette publication aurait dû rester secrète jusqu’au dernier moment. Mais, suite à une maladresse de la société de distribution de Plon, la parution a brièvement été annoncée en ligne. Vite retirée, l’information n’a pourtant pas échappé à la veille du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale de la Gendarmerie, où les esprits sont désormais en ébullition en attendant de savoir ce qu’a pu écrire le "général Courage", comme il avait été surnommé lors de son éviction.

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 11:50
photo EMA / Armée de Terre

photo EMA / Armée de Terre


 21/01/2016 Sources : État-major des armées

 

Du 30 décembre au 20 janvier 2016, 60 militaires français affectés au Corps de réaction rapide européen, mieux connu sous le nom d’ « Eurocorps », ont rejoint l’opération Sentinelle pour renforcer le dispositif déployé en Île-de-France.

 

Ce module a été projeté sur proposition du commandant du quartier général de l’Eurocorps, le général de corps d'Armée espagnol Alfredo Ramirez, en signe de la solidarité des nations de l’Eurocorps vis-à-vis de la France suite aux attentats du 13 novembre. Le 30 décembre, une unité de protection terrestre a ainsi rejoint le site de Fontainebleau afin d’être engagée le jour même dans des missions de surveillance mobile sur l’ensemble de la zone de défense Paris/Île-de-France.

Un second module français de l’Eurocorps sera déployé à compter du 10 février en Ile de France pour une durée de six semaines.

Depuis le 19 novembre 2015, la force Sentinelle est constituée de 10 000 soldats dont 6 500 en Île-de-France, 3 000 en province et 500 mobilisés. En appui des forces de sécurité intérieure, la force Sentinelle opère sur l’ensemble du territoire, sur les sept zones de défense. La force protège et surveille plus de 800 sites et lieux sur l’ensemble du territoire. La force patrouille à pied et en véhicule, de façon dynamique ou statique.

 

photo EMA / Armée de Terre

photo EMA / Armée de Terre

L’Eurocorps ou Corps de réaction rapide européen

 

Créé en 1992 et déclaré opérationnel en 1995, l’ Eurocorps est constitué de militaires provenant d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne, de France et du Luxembourg.

Fort de 1 050 militaires, cet état-major multinational est né de la volonté de ces pays européens de doter l’Europe de la Défense d’un outil opérationnel pouvant être engagé au profit de l’Union européenne, de l’OTAN ou d’une coalition. Depuis sa création, le corps européen a été projeté au Kosovo et en Afghanistan au profit de l’OTAN et, à l’été dernier, au Mali dans le cadre de la mission européenne de formation des armées malienne, EUTM Mali.

Son quartier général est situé à Strasbourg. L’état-major de l’Eurocorps peut commander une force terrestre de près de 60 000 hommes.

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:56
Général d’armée Pierre de Villiers - photo EMA

Général d’armée Pierre de Villiers - photo EMA

 

16/01/2016 Sources : Etat-major armées,

 

Allocution du général d’armée Pierre de Villiers en conclusion du « séminaire de la communauté militaire des opérations ».

 

Balard, 12 janvier 2016

 

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs les officiers,

 

Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous, à l’occasion de ce deuxième séminaire de « la communauté́ militaire des opérations ». Il est toujours particulièrement utile et fructueux de réfléchir ensemble, surtout lorsqu’il s’agit de sujets aussi importants que ceux liés aux orientations stratégiques et aux hypothèses d’emploi de nos armées. Je suis convaincu que ce séminaire aura contribué à décloisonner les travaux des uns et des autres, et aura ainsi fait progresser la réflexion de chacun au profit de tous. Je remercie pour cela le vice-amiral de Bonnaventure et son équipe de la division emploi de l’EMA.

Les travaux prospectifs conduits dans nos armées couvrent différentes échelles de temps, globalement de 2 à 20 ans ; ils ont tous une même finalité opérationnelle. Ces travaux sont ceux des groupes d’anticipation stratégique – le GAS –, d’orientation de la stratégie militaire – le GOSM –, ainsi et que ceux – auxquels vous participez tous, de façon directe ou indirecte – sur l’environnement opérationnel à l’horizon 2035. Sans oublier les rendez-vous importants de 2017 avec sans aucun doute un nouveau Livre Blanc et quoi qu’il arrive la préparation de la prochaine Loi de Programmation Militaire.

En éclairant les tendances probables et en imaginant leurs inflexions, ces différents travaux nourrissent et orientent les stratégies opérationnelle, capacitaire, et celle des moyens concourants, en particulier la politique des ressources humaines. Leur puissance collective tient à leur bonne articulation et à leur cohérence. Cette cohérence d’ensemble – fondamentale – doit être, pour chacun et chacune d’entre vous, un point d’attention permanent.

Tous ces travaux de prospective sont d’une grande importance pour les armées : les travaux d’hier font les succès d’aujourd’hui ; les travaux d’aujourd’hui feront les succès de demain et nous donnent une guerre et surtout une paix d’avance.

Ces travaux me sont également indispensables, car ils me fournissent des instruments me permettant à tout moment de proposer au chef des armées, le Président de la République, des orientations stratégiques, dans le domaine opérationnel, mais aussi capacitaire et organique. La réflexion sur le temps long est une expertise qui est reconnue aux armées, d’autant plus à notre époque marquée par la tyrannie du temps court. Elle constitue un atout fondamental pour le chef militaire dans ses relations politico-militaire ; elle permet de peser dans les décisions. Je le mesure pleinement dans mes responsabilités de conseiller du Gouvernement, de commandant des opérations militaires et au titre de mes responsabilités capacitaires.

 

Après ce court propos introductif sur l’importance de la démarche prospective et sur la qualité de vos travaux, je voudrais, pour conclure votre séminaire, vous livrer quelques réflexions d’ordre général.

 

Pour cela, je m’appuierai sur les trois parties de la question qui vous a servi de thème : « comment, avec qui et où combattre demain ». Trois parties donc, volontairement synthétiques et qui n’ont pas vocation à épuiser le sujet.

 

***

 

Première partie donc : comment combattre ?

 

Pour commencer et pour planter le décor, deux constats sur l’évolution des formes de la violence :

 

Premièrement : les Etats semblent désormais éviter tout affrontement direct, c’est-à- dire toute guerre, au sens le plus rigoureux du terme. Notre époque serait donc celle d’une raréfaction des conflits internationaux. Mais, nous observons dans le même temps une augmentation de l’utilisation et de l’instrumentation de « proxies », pour des affrontements indirects. Il en résulte une grande porosité entre conflits internationaux et conflits non-internationaux. L’une des conséquences de ce phénomène est qu’il est de plus en plus difficile de définir le cadre juridique des interventions armées. Nous sommes confrontés à la fois à la difficulté de caractériser notre ennemi et à circonscrire nos zones d’opérations. Nos repères se brouillent, alors que nous nous référons à un système de droit qui distingue traditionnellement état de paix et état de guerre, droit pénal et droit de la guerre, combattants et non combattants. Cela ne fait que compliquer l’un des grands défis que nous devons surmonter : l’enjeu de la légitimité de l’action militaire, qui se superpose à celui de la légalité.

 

Par ailleurs, deuxième constat, le terrorisme s’impose comme une menace centrale et une forme majeure de la violence. Face à cette multiplication des actions terroristes, nous devons nous garder de tomber dans un mimétisme où nous perdrions, là encore, notre légitimité, et, plus encore, notre âme. Ce risque de dévoiement de la force par la violence renvoie à l’importance de la dimension morale et éthique du métier militaire ; qui doit rester un cadre pour l’action militaire.

 

Les armées sont l’expression régalienne de la force légitime d’un Etat de droit qui se reconnaît lui-même dans les obligations du droit international. L’action de nos armées en opération, notre façon de combattre, s’inscrit donc dans une stricte conformité au droit ; sans cette conformité, pas de légitimité ni de succès possible. Lorsque le droit se montre inadapté à une situation inédite, l’éthique doit guider nos actions. Droit et éthique se complètent ; ce sont deux éléments constitutifs d’une même boussole qui guide l’action militaire.

 

Les menaces du non droit progressent. Pour autant, celles de la force et de la faiblesse sont toujours présentes. Nous avons en quelque sorte, une double extension de la conflictualité : vers le bas, avec le terrorisme et les techno-guérillas et vers le haut du spectre avec les menaces de conflits de haute intensité. Je pense aux stratégies du « fait accompli » que l’on observe en Géorgie, en Ukraine, ou en mer de Chine. Pour affronter ces menaces, je vois trois impératifs principaux à respecter :

 

Le premier impératif consiste à conserver un juste équilibre entre les fonctions stratégiques, telles que décrites dans le Livre Blanc : dissuasion, intervention, connaissance- anticipation, protection, prévention. La déclinaison de cet impératif est dans le caractère complet de notre armée. Ce nécessaire équilibre permet de nous prémunir contre une brusque évolution des menaces. Méfions-nous des effets de mode. La lecture de l’histoire nous enseigne que les guerres n’obéissent pas à des règles rationnelles ; leur caractère imprévisible impose la prudence dans la prédiction. C’est pour cela que notre modèle d’armée «à large spectre» doit être maintenu, notamment notre dissuasion nucléaire à deux composantes, pour nous préserver de toutes formes de menaces.

 

Deuxième impératif, après cet équilibre entre les fonctions stratégiques, c’est à mes yeux une constante intemporelle : pratiquer l’art de la guerre.

Les principes de la guerre édictés par Foch – « l’économie des moyens », « la concentration des efforts » et « la liberté d’action » – restent une matrice pour penser la manière de conduire la guerre. Mais à ces principes, je crois qu’il faut ajouter la surprise. Non celle que l’on subit, mais celle que l’on impose. Dans les affrontements armés, c’est cette surprise, cette incertitude, qu’il faut rechercher, car l’adversaire fuira le plus souvent le combat, sauf s’il est acculé. Le recours aux modes d’actions terroristes est d’ailleurs une façon pour lui de nous combattre sans nous affronter.

Pour mettre en œuvre cette surprise que l’on impose à l’adversaire, il faut disposer d’une mobilité suffisante, d’une allonge pour projeter notre puissance et le frapper dans la profondeur avant qu’il ne vienne jusqu’à nous. Nos armées doivent également maîtriser la boucle formée par le triptyque : renseignement / capacité de suivi / capacité de frappe ; cela en continu, 24 heures sur 24, pour frapper et détruire les centres de décision et les flux logistiques ennemis, dans le cadre d’un ciblage large spectre. L’apport de la technologie ne doit pas nous faire oublier l’art de la guerre.

 

Troisième impératif : gérer la notion du temps dans toutes ses dimensions : durée, distance, délais, degrés d’intensité des combats, communication, influence et perception. Nos actions dans ces différentes dimensions doivent en effet nous permettre de retrouver une certaine maîtrise du temps.

 

Vous le savez, notre ère de l’information instantanée et continue nous met tous sous pression : c’est une accélération du temps qui s’impose à notre société de façon quasi-irrationnelle. Or, ce phénomène sert la violence qui sait choisir son moment pour frapper, alors que la force a besoin de temps pour produire ses effets. Il y a donc un effet ciseau avec lequel nous devons de plus en plus composer : il s’agit d’intégrer la demande d’effets immédiats et visibles, sans pour autant subir la tyrannie de l’urgence. C’est pourquoi nous devons agir dans toutes les dimensions que j’ai citées, pour préserver notre liberté d’action et une meilleure maîtrise du tempo de nos opérations militaires. Nous devons reprendre l’initiative sur nos ennemis qui, par des actions offensives dans le champ des perceptions et de l’influence, savent jouer de l’émotion et de la versatilité de nos opinions publiques pour nous mettre en « déséquilibre avant ».

 

Pour respecter ces trois impératifs – équilibre des fonctions stratégique, art de la guerre, gestion du temps –, nos armées doivent disposer de capacités militaires agiles, modulables et robustes ; aptes à s’adapter aux nouvelles formes de la violence. Et tout cela n’est possible qu’en maintenant un très haut niveau de préparation opérationnelle, indispensable à la mise en œuvre des capacités militaires et à l’adaptation à la plus grande diversité d’hypothèses d’engagement. Ce point est directement lié à l’importance de la qualité humaine de nos armées, ce qui me conduit naturellement à ma deuxième partie.

 

***

 

Avec qui combattre ?

 

D’abord avec nous-même ! C’est-à-dire avec du personnel militaire compétent et efficace. Quelles que soient les évolutions technologiques à venir, la guerre restera une confrontation des volontés. Le rapport de force ne s’évalue pas seulement à l’aune du «nombre de divisions » ou à celle de la technologie des équipements possédés ; il s’évalue aussi en fonction de la qualité du personnel et surtout de ses forces morales qui sont au cœur de la capacité de vaincre d’une armée. Cette dimension devient même centrale dès lors que les modes d’action de nos adversaires cherchent à contourner notre puissance liée à la technologie – emploi d’engins explosifs improvisés, attaques suicides – et que leur motivation combine jusqu’au-boutisme et compétition pour le martyre.

On combat autant avec son intelligence qu’avec ses tripes. Les forces morales sont le ressort de la résilience de nos armées ; les cultiver est une obligation opérationnelle !

 

Combattre avec nous-même c’est aussi combattre en nous nos propres faiblesses ; c’est porter sur nos organisations, nos schémas intellectuels et nos mode d’action, un esprit critique dans le bon sens du terme. C’est la culture du RETEX et de l’évaluation en continu qu’il faut continuer à entretenir. Nous ne devons jamais nous mentir à nous-même sur nos capacités réelles. Souvenons-nous des leçons tirés par Marc Bloch dans l’étrange défaite ! Cette responsabilité d’analyse et de remise en question permanente doit guider nos travaux d’état- major. Je sais que c’est une attention permanente de la communauté des opérations, sachons l’entretenir. Faisons preuve d’imagination, de novation, d’initiative, de caractère, surtout dans la situation dans laquelle nous nous trouvons à l’extérieur et à l’intérieur du territoire national.

 

Mais nous ne pouvons pas combattre seuls, nous devons également le faire en partenariat avec d’autres armées alliées :

C’est non seulement une question de légitimité pour nos opérations extérieures, mais aussi la nécessité d’un plus grand partage du fardeau sécuritaire, alors que nos moyens sont comptés, que nos forces sont sous tension, et que les foyers de crise se multiplient.

 

Il faut donc continuer à développer notre capacité à agir en coalition, que ce soit dans le cadre du CJEF avec les Britanniques, de l’OTAN avec le VJTF, ou d’une coalition ad-hoc. Pour cela, nous devons continuer d’augmenter notre interopérabilité et poursuivre les coopérations avec les armées avec lesquelles nous pouvons effectivement être engagés. Ces armées sont en réalité peu nombreuses. Ce sont celles des pays qui conjuguent la volonté, les moyens et l’acceptation du risques de pertes ; ces trois critères déterminent la capacité d’un pays à être nation cadre pour un engagement militaire.

 

Pour prendre en compte la difficulté de circonscrire une crise au territoire qui l’a vu naître, nous devons également poursuivre nos actions de prévention en renforçant les pays riverains et en périphérie des foyers de crises ; leurs armées sont déjà nos partenaires dans les inévitables actions transfrontalières qui doivent être menées. Notre coordination avec le G5 Sahel en BSS, s’inscrit dans cette logique. Ce que j’ai vu la semaine dernière au Cameroun est également un bel exemple concret d’une armée qui se transforme avec des troupes de défilé en une armée d’emploi et de combat contre Boko-Haram. Notre dispositif au Sénégal et au Gabon répond exactement à cette logique de renforcement des capacités opérationnelles des différentes armées africaines locales.

 

Pour les combats de demain, il faut enfin intégrer une coordination accrue entre les acteurs de la sécurité intérieure et ceux de la sécurité extérieure.

C’est une conséquence du caractère transfrontalier des menaces qui sonne la fin de la sécurité des sociétés à l’intérieur des frontières étatiques. Avec notre engagement sur le TN, le nombre d’acteurs avec lesquels il faudra travailler de façon coordonnée, et parfois imbriquée, augmente.

 

D’un point de vue général, nous devons mieux coordonner la défense de l’avant et la sécurité arrière dans une logique interministérielle de continuum entre les théâtres d’opérations extérieures et le théâtre national. La prise en compte de ce lien de plus en plus fort entre sécurité extérieure et intérieure nécessitera des évolutions dans de nombreux domaines, y compris celui de la doctrine. Les travaux, en cours de finalisation par le SGDSN, relatifs à l’engagement des armées sur le territoire national, devraient apporter de premiers éléments de réponses à ces problématiques, sachant qu’il ne faut pas entretenir un quelconque malentendu : c’est bien le ministre de l’intérieur qui est pleinement responsable de la sécurité sur le territoire national.

 

Cette approche davantage interministérielle est par ailleurs nécessaire pour agir sur l’ensemble des racines des crises. Vous le savez, l’action militaire n’est qu’une partie de la réponse aux crises ; elle est opérante, mais pas suffisante. C’est ce que j’exprime par la formule : « gagner la guerre ne suffit pas à gagner la paix ». La force militaire n’agit pas sur les racines des crises qui s’ancrent, le plus souvent, dans des problèmes d’identité, de culture, d’éducation... Intégrer une approche globale ab initio dans la réflexion de résolution d’une crise est une nécessité que nous défendons depuis de nombreuses années. Ceci nous évitera la victoire militaire suivie d’une défaite politique. La Libye et l’Irak sont deux exemples récents à méditer sur ce plan.

 

Dernier élément s’agissant des nouveaux acteurs des crises : je suis convaincu que nous devrons composer avec une implication accrue du monde économique dans les affaires de sécurité. En effet, par le phénomène de la mondialisation, les entreprises privées sont aujourd’hui tout aussi concernées que les Etats par les problèmes du monde et par le sens donné, par leurs Etats, à la politique internationale.

 

***

 

J’aborde maintenant ma troisième et dernière partie : où combattre ?

 

L’évolution récente de la situation sécuritaire – et sa dégradation – montre que les menaces émergentes ne se substituent pas aux anciennes : chaque nouvelle menace s’ajoute aux précédentes. Chaque nouveau théâtre s’ajoute aux précédents et maintenant le territoire national fait partie intégrante de ce paysage.

 

Ainsi, sans préjuger des décisions politiques, nous devrons sans aucun doute continuer à nous engager dans les zones de nos actuels théâtres d’opération, en Méditerranée, en Afrique, au Proche et Moyen Orient. Pour toute crise et pour agir sur les foyers de la violence, trois actions sont nécessaires :

 

Premièrement, conserver un maillage permanent des zones de crises permettant d’agir dès les signaux avant-coureurs d’une crise, avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Notre dispositif de forces pré-positionnées offre cette liberté d’action politique.

 

Deuxième action nécessaire : intervenir sur les foyers de crises avant que l’incendie ne devienne incontrôlable. Cela n’est possible que si nous conservons à la fois : une capacité d’appréciation de situation, au niveau stratégique et tactique ; une capacité de projection ; et aussi une capacité de planification et de commandement d’une opération nationale, en y intégrant, et très vite, des soutiens fournis par d’autres nations.

 

Sur ces théâtres d’opérations, une troisième action est nécessaire : cloisonner les foyers de crise par des actions en périphérie et sur les flux. C’est l’un des enjeux actuel de notre combat contre le djihadisme islamiste: empêcher une connexion opérationnelle, voire géographique, des différents groupes : au Moyen Orient, au Sahel et dans la corne de l’Afrique.

 

Mais à ces zones géographiques traditionnelles, nous devons désormais ajouter deux nouveaux théâtres d’engagement :

C’est d’abord le territoire national. Faisant suite aux attentats de l’année dernière, notre engagement massif sur le TN est un changement majeur pour nos armées qui peut être assimilé à une rupture stratégique.

 

Cet engagement contre des terroristes, à l’intérieur de nos frontières, est d’une nature nouvelle par rapport à ce que nous faisions avec Vigipirate : les armées n’agissent plus dans une logique d’appoint ponctuel, mais de celle d’une contribution importante à la protection du TN face à une menace terroriste, durable, militarisée et manœuvrière.

 

Nous découvrons progressivement les différentes dimensions de cette nouvelle mission et nous devons encore trouver un emploi de nos armées réellement complémentaire de celui des forces de sécurité intérieure, c’est-à-dire qui valorise pleinement les capacités intrinsèques des unités militaires déployées. C’est tout l’enjeu de la réflexion doctrinale menée sous la direction du SGDSN, que j’ai déjà évoquée, et dont les conclusions seront prochainement officiellement rendues. Outre celles conduites dans le cadre de Sentinelle, nos actions sur le TN comprennent évidemment celles que nous menons sur les approches aériennes et maritimes de notre pays. Il s’agit d’assurer la protection et la sauvegarde de nos approches, en métropole et outre-mer, face au terrorisme et aux autres problématiques, comme celles des flux migratoires, avec le risque d’infiltration de combattants terroristes, lié à la problématique des « foreign fighters » et de leur retour.

 

Le deuxième nouveau champ d’action est celui de l’influence et des perceptions. De façon plus large, c’est l’ensemble des domaines – dont le cyber espace – qui permet de porter la guerre pour, par et contre l’information. Ce champ de bataille, qui n’est pas lié à une géographie physique, offre de nouvelles possibilités pour la connaissance et l’anticipation, ainsi qu’un champ d’action pour modifier la perception et la volonté de l’adversaire. Il permet par ailleurs de s’attaquer à la disponibilité et à l’intégrité de tous les systèmes et réseaux de fonctionnement des Etats et de leurs armées. Je note sur ce point que la « surface d’attaque », c’est-à-dire les possibilités offertes à l’attaquant, ne font qu’augmenter avec la place croissante prise par l’outil informatique dans tous les systèmes, civils et militaires.

 

N’oublions pas qu’une partie importante des combattants étrangers se recrute sur les réseaux sociaux. Ce fait, ainsi que l’influence des médias sur les opinions publiques, doit nous inciter à mener cette bataille des perceptions. Nous sommes présents sur ces deux fronts de la défense de l’information et de la cyberguerre.

 

***

 

Voilà pour les quelques éléments que je souhaitais développer devant vous pour la question : « comment, avec qui et où combattre demain ?». Pour conclure, je dirai que les défis qui sont devant nous, ceux d’un contexte sécuritaire qui se dégrade, marqué par une complexité croissante, nous invitent à changer d’époque ; ils renforcent aussi l’importance de vos travaux et de façon plus large, celle de nos responsabilités d’officiers. Dans les situations de chaos et de doute, quels que soient les nouveaux paradigmes de la violence, c’est toujours vers ses armées que la nation se tournera.

 

Nos armées – auxquelles j’associe bien évidemment les directions et services, sans l’action desquelles aucune action ne serait possible – devront continuer d’être au rendez-vous et nos systèmes de forces devront être capables de produire de l’efficacité en matière de sécurité, et surtout d’être capable de défendre et de protéger la France et les Français. Notre engagement sur le territoire national, qui a été décidé dans l’urgence et qui s’inscrit désormais dans la durée, relève de cette logique.

 

Vous pouvez compter sur l’équipe que nous formons, moi et le major général des armées, avec les chefs d’état-major des armées, pour veiller à la cohérence entre les menaces, les missions et les moyens. C’est tout le sens des décisions prises sur le plan budgétaire par le Président de la République. Oui, nous pouvons compter sur de belles armées. Nos succès opérationnels actuels en sont une preuve tangible. Je compte sur vous – la communauté militaire des opérations – pour continuer à développer, entretenir et modeler nos capacités d’action et nos capacités à l’intégration, à la réversibilité, à l’anticipation, à l’agilité, et in fine à l’action, pour le succès des armes de la France.

 

Je vous remercie.

 

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:55
Renforcer la sécurité des transports terrestres face à la menace terroriste

 

13 janvier 2016 n° 291 (2015-2016) – Senat.fr

 

Rapport d'information de MM. Alain FOUCHÉ et François BONHOMME, fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable et de la commission des lois

 

La tentative d'attentat du Thalys du 21 août 2015 illustre l'actualité et la gravité de la menace terroriste, dramatiquement confirmée depuis par les attentats du 13 novembre dernier. Dans ce contexte, la vulnérabilité structurelle des gares et des stations de métro est évidente : ces lieux ouverts et accessibles par de multiples moyens de transport concentrent des flux importants de personnes. Ces deux caractéristiques en font des cibles privilégiées pour les terroristes, tout comme elles rendent leur protection difficile. L'étendue des réseaux ferrés et guidés rend par ailleurs compliquée la protection de toutes les installations et ouvrages d'art sensibles qui s'y trouvent.

Après avoir entendu de nombreux acteurs intervenant dans ce domaine (forces de l'ordre, services internes de sécurité, opérateurs de transport, experts étrangers, etc.), les rapporteurs Alain Fouché et François Bonhomme ont dressé un bilan des dispositifs permettant la protection de ces espaces, qui fait apparaître plusieurs pistes d'amélioration. À partir de ce constat, ils formulent 15 propositions concrètes pour renforcer effectivement la sécurité des transports terrestres, à un coût raisonnable et dans le respect de l'économie de ces modes de transport, caractérisés par leur grande accessibilité et des flux importants de voyageurs.

 

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 17:55
Parmi les 40.000 réservistes que François Hollande souhaite voir mobilisés pour la protection des personnes sur le territoire, 1.000 devraient l'être en permanence. - photo Armée de Terre

Parmi les 40.000 réservistes que François Hollande souhaite voir mobilisés pour la protection des personnes sur le territoire, 1.000 devraient l'être en permanence. - photo Armée de Terre

 

14/01/2016 Par latribune.fr (avec AFP)

 

Lors de ses vœux aux armées, le président de la République a réitéré sa proposition, formulée au lendemain des attentats de Paris, de créer une "garde nationale" composée de réservistes. L'objectif serait d'atteindre un total de 1.000 réservistes mobilisés en permanence pour assurer la "protection de nos concitoyens".



 

L'idée d'une garde nationale, déjà évoquée par François Hollande lors de son discours du 16 novembre, au lendemain des attentats de Paris, se précise. François Hollande a annoncé jeudi, lors de ses vœux aux armées, qu'il avait demandé au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian de faire passer le nombre de réservistes de l'armée de 28.000 à 40.000.

"J'ai demandé à Jean-Yves Le Drian que le nombre de réservistes passe à 40.000, contre 28.000 aujourd'hui. L'objectif, c'est de déployer mille réservistes en permanence, pour la protection de nos concitoyens", a affirmé le président de la République lors de ses vœux aux armées prononcés devant les élèves des Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, à Guer (Morbihan).

Une réserve "au plus près de la population"?

"L'enjeu c'est d'améliorer le maillage territorial de la réserve pour qu'elle soit au plus près des populations et puisse devenir à terme une véritable Garde nationale", a ajouté le chef de l'Etat qui avait annoncé l'idée de cette Garde nationale le 16 novembre devant le Parlement réuni en Congrès, trois jours après la série d'attentats djihadistes à Paris et Saint-Denis.

Lire Pourquoi la France n'a plus de garde nationale

François Hollande a fait valoir "l'importance du rôle des réservistes" dans "le lien entre l'armée et la Nation", soulignant que cette "réserve opérationnelle assure des déploiements permanents et renforce l'armée d'active face aux menaces les plus fortes".

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 12:55
Formez-vous aux gestes de premiers secours avec la BSPP !

 

14/01/2016 Armée de Terre

 

Alerter, masser, défibriller, poser un garrot… connaissez-vous les gestes de premiers secours ? Deux mois après les attentats du 13 novembre, beaucoup de citoyens souhaitent les apprendre. C’est désormais chose possible grâce à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), unité militaire de l’armée de Terre, qui propose une initiation gratuite chaque samedi à partir du 16 janvier.

 

Avoir les bons réflexes peut parfois sauver une vie. Mais comment agir quand on ne connaît pas la procédure ? Avec la BSPP, formez-vous aux gestes de premiers secours, pour mieux anticiper l'urgence, et savoir réagir. Elle vous accueille dans six de ses casernes (liste disponible en suivant le lien ci-dessous) pour une formation de deux heures.

 

Pour répondre à la demande de nombreux citoyens de mieux se préparer aux situations de crise, en étant notamment formés aux premiers secours, le ministre de l’Intérieur a souhaité la mise en place de la formation #lesgestesquisauvent visant à permettre à chacun d’être acteur en situation de crise, sans pour autant se substituer aux services de secours d’urgence ou aux forces de l’ordre.

 

Distincte de la formation aux Premiers secours civiques de niveau 1 (PSC1), cette initiation non diplômante se compose de deux modules :

 

- un premier consacré aux gestes dans une situation d’exception : dégagement en urgence d’une victime, mise en position d’attente pour les victimes qui le nécessitent, pose d’un garrot ou compression sur une plaie… ;

- un second nommé « alerter – masser – défibriller » dédié à une situation du quotidien : l’arrêt cardiaque. Apprentissage et restitution du geste au cours d’un atelier de pratique dirigée.

 

Vous apprendrez également à donner les bonnes informations aux pompiers, à trier les victimes selon la gravité de leur état… tout ceci au cours d’une formation allant à l’essentiel et mettant les apprentis en situation, comme par exemple le scénario connu le 13 novembre.

 

Inscrivez-vous dès maintenant sur le site de la préfecture de Police de Paris. Les formations sont ouvertes à toute personne majeure.

Formez-vous aux gestes de premiers secours avec la BSPP !
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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 08:55
photo Armée de Terre

photo Armée de Terre

 

12/01/2016 Armée de Terre

 

Protéger, dissuader, rassurer. Les réservistes remplissent les mêmes missions que les militaires d’active et viennent renforcer leurs camarades, notamment en opérations intérieures.

 

Vivez 24h en immersion avec la 5e batterie de réserve du 61e régiment d'artillerie (61e RA) de Chaumont, déployée en mission SENTINELLE à Versailles durant les fêtes de fin d'année.Qu'ils soient étudiants, salariés ou autres, le même sens de l'engagement les anime : être au service de la France.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 20:55
François Hollande à Coëtquidan: entre voeux et vieux effets d'annonce


14.01.2016 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense
 

J'ai dû manquer quelque chose... Pourtant la sono était bonne et j'étais bien réveillé dans le fond du gymnase des écoles de Coetquidan où avaient lieu, ce jeudi, les vœux aux armées.

Pourquoi mes excellents confrères des agences, des radios et même de l'encore plus excellent desk Internet d'Ouest-France ont-ils fait leurs choux gras de la phrase présidentielle suivante: "J'ai demandé à Jean-Yves Le Drian que le nombre de réservistes passe à 40 000, contre 28 000 aujourd'hui. L'objectif, c'est de déployer mille réservistes en permanence, pour la protection de nos concitoyens"?

On lit la même chose dans une déclaration de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, sur l'actualisation de la loi de programmation militaire, à l'Assemblée nationale le 4 juin 2015: "La loi fixe un objectif pour le nombre de réservistes, passant de 28 000 à 40 000, en favorisant un élargissement des recrutements vers la société civile. Cette ambition est forte, tout en demeurant réaliste. Elle en tout cas nécessaire aujourd'hui et les chefs d'état-major y sont résolus."

En fait, tout le discours présidentiel était à l'avenant. Rien de nouveau, pas d'annonce (certes, on ne peut pas faire du neuf, tous les jours, avec du vieux). Mais ça manquait singulièrement de coffre, ces vœux. Dommage...

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 20:55
Conseil national du renseignement

 

14 Janvier 2016 par  Elysee.fr

 

Le président de la République a convoqué, mercredi 13 janvier, au Palais de l’Elysée, un Conseil national du renseignement.

 

La sécurisation du territoire national face au risque terroriste est plus que jamais la première priorité assignée aux services de renseignements français.

 

Au cours de ce Conseil, il a été décidé d’approfondir l’intégration de l’action intérieure et extérieure des services de renseignement qui concourent à la prévention et à la lutte contre le terrorisme, aussi bien en France qu’à l’étranger, tout particulièrement à partir des zones de transit et des sanctuaires où se regroupent les terroristes qui veulent commettre des actes terroristes sur notre sol.

 

Il a également été décidé de renforcer la mutualisation des moyens dont ils disposent, tout particulièrement grâce aux lois sur le renseignement des 24 juillet et 30 novembre 2015, dont un premier bilan de l’application a été dressé.

 

Le pilotage opérationnel quotidien de la stratégie de lutte contre le terrorisme visant le territoire national est placé sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur, avec le concours de l’ensemble de la communauté française du renseignement.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 08:55
Frédéric Renaudeau confirmé à la tête de la DPID

 

13.01.2016 par Wassinia Zirar
 

Directeur de projet, chargé de diriger et constituer la structure de préfiguration de la future direction de la protection des installations, moyens et activités de la défense (DPID), placé auprès du secrétaire général pour l’administration (SGA) du ministère de la Défense depuis janvier 2015, le contre-amiral Frédéric Renaudeau a été nommé chef de service, directeur de cette nouvelle direction.

 

Cette direction d’administration placé sous l’autorité du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est chargé d’élaborer et de coordonner la politique de protection qui couvre les actes malveillants ou hostiles, les atteintes au secret de la défense nationale et la cybermenace, que ce soit en temps de paix, de crise, de conflit armé ou de guerre.

 

Frédéric Renaudeau occupe également la fonction de haut fonctionnaire adjoint auprès du haut fonctionnaire correspondant de défense et de sécurité (HFDS) du ministère de la Défense, depuis janvier 2015. Auparavant, cet ancien élève de l’Ecole navale a servi sur bâtiments de surface en qualité de chef du service Missiles artillerie de l’aviso Commandant L’Herminier, puis de commandant en second du bâtiment hydrographique La Pérouse (1987-1990).

 

De 1991 à 1993, Frédéric Renaudeau est affecté sur le sous-marin La Praya comme chef du service Lutte sous la mer, puis officier en troisième chargé des opérations. Il rejoint le SNLE L’Indomptable en 1993, à bord duquel il effectue 4 patrouilles opérationnelles. Il prend ensuite le commandement, en 1995, du groupe des bâtiments-écoles et du bâtiment-école Léopard, puis celui du SNA Emeraude en 1999.

 

Frédéric Renaudeau rejoint le centre de planification et de conduite des opérations de l’état-major des armées de 2002 à 2004, comme officier traitant chargé des aspects politico-militaires des engagements de l’Union européenne et de l’Otan dans les Balkans. De 2004 à 2005, il est chef de la division Plans/doctrine/relations internationales de l’état-major des forces sous-marines et il prend le commandement du SNLE Le Triomphant à l’été 2006.

 

De 2010 à 2011, Frédéric Renaudeau est auditeur de la 60e session du Centre des Hautes Etudes Militaires et de la 63e session de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense nationale. Jusqu’à l’été 2014, Frédéric Renaudeau est chef de projet Manoeuvre RH du ministère de la Défense et adjoint de la sous-direction Pilotage des ressources humaines civiles et militaires à la direction des ressources humaines du ministère de la Défense.

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