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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 17:40

http://www.actudefense.com/wp-content/uploads/2013/03/russie-ere-information-199x300.jpg

Pour les militaires russes aussi,

l’information devient une problématique

du quotidien.

 

10.03.2013 par:

 

L’entrée dans l’ère de la défense et de la sécurité informatique se fait pas après pas en Russie. Un texte stratégique, d’abord, une rénovation des structures organisationnelles et de l’industrie, peut-être, ensuite.

 

Si les services spéciaux russes étaient présents sur le terrain du monde cyber depuis plusieurs décennies, le monde militaire commence doucement à sortir de sa léthargie en ce domaine. Et si le document sur la stratégie cyber de mars 2012 est relativement lacunaire, il apparaît comme un coup de semonce pour réveiller et éveiller les esprits à un nouveau type de conflit faisant intervenir l’espace de l’information et de la communication. Par ailleurs ces insuffisances ne manqueront pas d’être comblées au fil du temps, une fois que la réforme et modernisation de l’armée seront en bonne voie et irréversibles.

 

Car les prochaines guerres ne se dérouleront pas uniquement sur terre, air, mer et l’espace mais aussi dans le cyberespace. Que l’on songe à la prochaine numérisation de l’espace du champ de bataille déjà en cours dans les armées modernes : elles s’appuient sur un réseau communicationnel en temps réel où la perturbation ou l’altération de données peut avoir des conséquences létales. L’on est en mesure d’aborder également l’emploi croissant d’appareils sans pilote qui ont un besoin vital d’agir ou de réagir en fonction des informations reçues et analysées. Tout comme progresse le danger d’une attaque électro-magnétique pouvant paralyser et aveugler les systèmes d’information et de communication. Cette numérisation va de pair avec la robotisation des conflits à venir, et la Russie n’échappera pas à la nécessité de réfléchir sur le sujet en augmentant ou amendant son approche informationnelle.


La guerre informationnelle déjà évoquée et définie dans le document de mars 2012 pourrait être intégrée de manière encore plus accentuée dans le processus de modernisation du complexe militaro-industriel dans un proche avenir. Elle dépend non seulement des propres attentes des officiels mais aussi de la découverte de nouveaux risques. Ainsi que de l’étude des méthodes et concepts mis en place en Occident pour répondre à cette nouvelle problématique.

Les russes ont fourni des théoriciens et des praticiens plus ou moins avisés dans l’art de la guerre : alors que l’ère informationnelle concerne tous les environnements en raison à la fois des opportunités et de la dépendance induite par les nouvelles technologies, il serait étonnant qu’une école de cyberstratégie n’émerge pas ces prochaines années, et qu’elle soit partie prenante des réflexions militaires à venir.

 

La Russie ne manque pas de ressources financières pour mettre en oeuvre une stratégie informationnelle de premier rang. En revanche elle doit faire face à des complications structurelles qu’analystes et officiels sont les premiers à dénoncer : corruption ; bureaucratie ; conservatisme ; vieillissement des cadres ; absence d’autonomie. Ces tares sont loin d’être inhérentes à la seule Russie mais qui cumulées pèsent énormément sur ses capacités à atteindre les objectifs et prévenir les atteintes potentielles. L’ire non feinte des dirigeants russes n’a d’égale que leurs attentes. Spectateurs du délabrement des années 1990, ils se veulent les acteurs du redressement des années 2000 tout en constatant qu’après avoir été désolidarisé de l’économie nationale, le complexe militaro-industriel doit redevenir une force productrice à la fois de revenus nationaux par ses exportations comme de catalyseur d’innovations nationales.

 

L’achat de matériel étranger ne doit à cet égard pas être perçu obligatoirement comme l’entérinement d’une déficience irréversible du secteur et son impossibilité à répondre à un cahier des charges précis et exigeant par les responsables. Ces derniers pourraient s’en servir à escient comme aiguillon, en favorisant la concurrence tout en rappelant que le complexe militaro-industriel ne saurait se reposer sur l’obligatoire marché domestique pour assurer l’écoulement de ses produits. Une stratégie prenant sans nul doute en considération la contrepartie du transfert total ou partiel technologique étranger, dégageant des ressources conséquentes en recherche et développement pour d’autres projets militaires.

 

Fort heureusement, en matière de stratégie informationnelle, il ne s’agit pas d’une course de vitesse mais d’endurance : une stratégie de départ juste mais figée peut se retrouver pénalisante et handicapante face à un adversaire qui aura assimilé et trouvé parade tout en ayant résorbé ses lacunes par un sursaut énergique et mobilisateur. Une vérité que ni le général romain Scipion l’Africain ni le maréchal soviétique Joukov n’auraient contredite…

 

Extrait de :

http://www.actudefense.com/wp-content/uploads/2013/03/cyberstrat%C3%A9gie-russe.jpg
La cyber stratégie russe
Yannick Harrel
Editions Nuvis
Février 2013
245 pages
25 €

 

Photo : US Air Force / Julianne Showalter

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