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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 06:48

Nato summit may 2012

 

Mai 21, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2 à Chicago)

 

C’est fait. Les Alliés ont pu déclarer à Chicago la capacité « intérimaire » pour le bouclier anti-missiles déployé sur le territoire européen. Un bon succès pour Barack Obama sur son sol. Un important travail en amont avait été engagé au niveau des experts, des ambassadeurs et des Ministres pour avoir un premier accord sur l’aspect financier du dispositif comme sur une partie de l’aspect opérationnel, notamment les règles d’engagement. Mais il n’a pas été possible d’aller plus loin. Et les discussions vont continuer pour arriver au second stade, la capacité « initiale ».

 

Un instrument complémentaire, défensif, non dirigé contre la Russie


Il est bien précisé, selon la déclaration publiée dimanche (20 mai) à l’issue de la réunion des Chefs d’Etat et de gouvernement que la défense antimissile peut venir « compléter le rôle des armes nucléaires dans la dissuasion mais elle ne peut pas s’y substituer ». Cette capacité est « purement défensive et est mise en place à la lumière des menaces provenant de l’extérieur » de la région euro‑atlantique. Les capacités de défense antimissile de l’OTAN devraient « compliquer les plans d’un adversaire et limiter les dégâts ». Une défense antimissile efficace pourrait « aussi offrir un instrument utile à la décision en période de crise ». À l’instar des autres systèmes d’armes, les capacités de défense antimissile « ne peuvent garantir une efficacité totale et pérenne ». Mais, « de pair avec des forces nucléaires et conventionnelles efficaces », elle montre la « détermination (de l’Alliance) à assurer la dissuasion et la défense contre toute menace pour la sécurité et la sûreté de nos populations ».
 Précision ultime : « La défense antimissile de l’OTAN n’est pas dirigée contre la Russie ; elle n’a pas non plus la capacité de porter atteinte à la dissuasion stratégique russe. » Et l’Alliance de répéter « dans un esprit de réciprocité, de transparence maximale et de confiance mutuelle, » vouloir chercher « activement à coopérer avec la Russie dans le domaine de la défense antimissile » comme avec les pays tiers « déterminés au cas par cas ».

 

Financement en commun


Ce qui semble acquis aujourd’hui, c’est que les Alliés ne financeront en commun qu’une seule chose : le surcoût pour passer du C2 (le système de commandement et de contrôle) du dispositif antimissiles de théâtre (qui a déjà été agréé au sommet de Prague) à un C2 antimissiles de territoire. Le dispositif total coûtait environ 928 millions d’euros, dont un peu moins de 800 millions ont déjà été sinon financés, du moins engagés (au titre de la défense de théâtre). Soit un surcoût de 157 millions d’euros (200 millions $) à répartir entre les alliés selon les règles habituelles de financement sur une dizaine d’années. Si on prend en compte la clé de répartition fixée pour 2011, cela devrait faire environ 22 millions d’euros pour la France, soit environ 2 millions d’euros par an.

 

Et moyens en nature


C’est une « infime » partie du coût global de l’ensemble. Le bouclier tout compris « pèse » au moins quelque milliards de $, supportés en grande partie par les Américains — mise à disposition de navires – fregate Aegis, présence d’un radar américain d’alerte en Turquie… — et par quelques pays qui fournissent des moyens « en nature ». La France devrait ainsi fournir ou mettre à disposition des moyens d’alerte avancée qui n’ont pas été spécialement développé pour la défense anti-missiles mais pour la dissuasion ou le renseignement : un radar transhorizon, terrestre, encore en développement (à l’Onera) et des moyens satellitaires sur la base du démonstrateur Spirale (entre 2009-2011). Les Pays-Bas et l’Allemagne devraient aussi participer en nature, avec la fourniture de moyens d’interception type Patriot, des radars. D’autres pays n’envisagent pas, en revanche, d’y participer. Il en est ainsi de la Belgique. « Nous ne participerons pas directement au bouclier anti-missiles, autrement que par le financement en commun » a ainsi précisé Didier Reynders lors d’une conférence de presse, ajoutant ironiquement « je n’ai pas senti de menace particulière suscitant la convocation d’un kern », (un conseil des ministres restreint) .

 

Zone de couverture


La défense anti-missiles dans sa version « intérimaire » ne couvrira qu’une faible partie de l’Europe, la bordure sud-est : Turquie, Roumanie, Bulgarie, et une partie des Balkans. En gros, une capacité correspondant à la menace telle qu’elle est définie. C’est-à-dire celle de l’Iran, même si ce pays n’est à aucun moment désigné (mais c’est un secret de Polichinelle) qui ne dispose pas encore d’armes à longue portée pouvant menacer tout le territoire européen selon les experts. La capacité initiale (IOC) devrait être atteinte entre 2016 et 2018 et la capacité pleine (FOC) à l’horizon 2018-2020.

 

Règles d’engagement


Les règles d’engagement ont été agréées, avant le sommet de l’OTAN, entre ambassadeurs. « On ne peut pas se permettre de réunir un NAC (le conseil de l’Alliance Atlantique) et d’attendre une décision politique » a ainsi précisé à quelques journalistes (dont B2) un diplomate de l’Alliance. « En cas de tir d’un missile, il n’y a que quelques minutes pour réagir et intercepter celui-ci ». Il y a donc une « délégation d’autorité aux militaires, avec fixation d’un cadre strict sur la manière dont on délègue, précisant dans quels cas on tire, avec un degré de délégation variable selon la période de crise ». L’objectif est « que la marge d’appréciation des militaires soit aussi faible que possible, avec l’exécution de plans prédécidés ». Ensuite, « savoir qui appuie sur le bouton : la nationalité compte peu quand les règles sont prédécidées ».

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