Le brésilien Embraer décroche son premier contrat militaire aux Etats-Unis

photo USAF

02/01/2012 par Thierry Ogier, à São Paolo– LesEchos.fr

L'avionneur brésilien va fournir 20 avions de reconnaissance Super Tucano à l'US Air Force, d'une valeur de 950 millions de dollars.

Au nez et à la barbe de l'américain Hawker Beechcraft, le brésilien Embraer vient de rafler un contrat militaire pour la livraison de 20 appareils du modèle Super Tucano à l'US Air Force. Une commande d'avions d'entraînement et de reconnaissance qui s'élève à 355 millions de dollars. Mais qui pourrait atteindre 950 millions de dollars, si elle était prolongée.

L'avionneur brésilien, qui souffre du ralentissement des ventes d'avions d'affaires, espère trouver ainsi un nouvel élan dans le domaine militaire, en tentant de prendre pied sur le premier marché mondial : les Etats-Unis.

Embraer dispose déjà d'une chaîne d'assemblage de jets d'affaires en Floride, mais n'est jamais parvenu à s'y implanter militairement, en dépit de plusieurs tentatives. En 2004, l'avionneur s'était ainsi associé au géant américain Lockheed Martin pour répondre à un appel d'offres du Pentagone pour des avions de surveillance électronique, conçus sur la base de son avion régional ERJ-145. Bien que sélectionné, le projet avait finalement capoté, victime de réductions budgétaires.

Pour l'emporter, Embraer a dû, cette fois encore, s'allier avec un partenaire américain, Sierra Nevada Corporation. Le patron du pôle défense d'Embraer, Luiz Carlos Aguiar, assure en outre vouloir « poursuivre sa stratégie d'investir aux Etats-Unis ». Les ventes du pôle défense pourraient constituer un quart du chiffre du groupe d'ici à 2020, contre moins de 15 % l'an dernier (pour un chiffre d'affaires estimé à 5,6 milliards de dollars).

Un contrat controversé

Toutefois, le résultat de cet appel d'offres, annoncé peu avant le jour de l'An, est loin de faire l'unanimité aux Etats-Unis, où des membres du Congrès, encouragés par Hawker Beechcraft, s'élèvent déjà contre l'attribution de ce contrat militaire à une entreprise « étrangère ».

En outre, l'avionneur de São José dos Campos fait déjà l'objet d'une enquête de la Comissão de Valores Mobiliários (CVM), la COB locale, dans le cadre d'une affaire de corruption présumée lors de la vente d'avions à la compagnie aérienne argentine Aerolíneas Argentinas.

Du côté d'Embraer, on se montre toutefois serein, dans la mesure où le pole défense, Embraer Defesa e Segurança, constitue depuis peu une entité autonome.