Le groupe BAE Systems contraint de réduire la voilure

 

Eurofighter Typhoon - photo Alvaro Muñoz Aycuens

26 septembre 2011 par Hassan Meddah et Guillaume Lecompte-Boinet- L’USINE NOUVELLE

Le groupe britannique d'armement commence à souffrir de la baisse des budgets militaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ses deux principaux débouchés.

Si Dassault Aviation a du mal vendre son Rafale, BAE Systems peine avec ses avions militaires, l'Eurofighter-Typhoon et le Hawk. Et les conséquences commencent à se faire sentir pour le champion britannique des équipements de défense. Pour s'adapter, BAE Systems a annoncé qu'il ralentirait le rythme de production de ses appareils, ces deux programmes étant matures.

Mais selon la presse locale, BAE devrait aller encore plus loin et dévoiler sous peu la suppression de 3000 postes. Les sites qui en pâtiraient sont identifiés: l'usine de Warton (Lancashire) qui assure l'assemblage final du Typhoon et celle de Brough (Yorkshire), pour le Hawk.

Le Typhoon, développé avec ses partenaires européens, le groupe EADS et l'italien FinMeccanica, a été au total commandé à 550 exemplaires par les pays participant au projet, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et Espagne. Au total, 271 ont été livrés auprès de ces pays, ainsi qu'à l'Autriche.

En outre, le consortium a décroché en 2007 un contrat auprès de l'Arabie Saoudite pour l'achat de 72 appareils, dont 22 ont déjà été livrés. Tout comme le Rafale, le Typhoon a été déployé durant la guerre de Libye. Les deux avions sont en short-list pour décrocher le contrat indien portant sur l'acquisition de 126 chasseurs, soit une commande potentielle de 11 milliards de dollars.

Mais en attendant de décrocher cette hypothétique commande, le Typhoon ne représente pas des cadences industrielles très élevées. Le seul programme capable de prendre un jour le relais est le JSF-F 35 de Lockheed Martin, dont BAE réalise des éléments structuraux.

Des prochains mois difficiles

Manque de chance pour le Britannique, le JSF a bien du mal à émerger d'une longue phase de développement. Le programme a pris beaucoup de retards et subit les foudres des pouvoirs publics, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni pour ses dépassements de coûts.

La nouvelle, que devrait confirmer BAE cette semaine, est vécue comme un choc. Le groupe revendique être en effet à l'origine de 125 000 emplois à haute valeur ajoutée au Royaume-Unis aussi bien en direct qu'auprès de ses 9000 fournisseurs locaux.

BAE s'attend également à des prochains mois difficiles avec la réduction des budgets de défense notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Sur ces deux pays, il a réalisé respectivement 43% et 27% de ses ventes lors du dernier semestre fiscal.

Ainsi lors des  résultats semestriels de juillet dernier où il a affiché un chiffre d'affaires de 9,2 milliards de livres, le groupe a précisé qu'il engagerait des mesures de réduction de coûts, et de révision de son calendrier de livraison de ses appareils. BAE a déjà supprimé 15 000 emplois ces deux dernières années. Sans oublier que l'aéronautique n'est pas la seule division du groupe à souffrir. La branche terrestre (chars, véhicules blindés, systèmes) a vu ses prises de commandes chuter au premier semestre 2011.

Les livraisons de l’Eurofighter-Typhoon (en nombre d’appareils)

- Royaume-Uni : 98

 -Allemagne : 68

- Italie : 53

- Espagne : 37

- Autriche : 15