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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 20:41

En 1997, des soldats de l’Ecomog devant des avions

de combat à l’aéroport de Bamako, au Mali.

 

26 déc, 2012 by La rédaction - ActuDéfense

 

L’intervention au Mali se précise. Des forces africaines devraient se mobiliser au premier semestre 2013. Emmanuel Dupuy, président de l’Institut  prospective et sécurité en Europe (IPSE) et responsable de la commission Défense du think tank « Atelier de la République », fait le point sur la faisabilité de cette opération (Partie 1/2).

 

Lire la seconde partie : Mali, une intervention qui n’a d’Européen que le nom.

  • ActuDéfense - Jean-Yves Le Drian promet une intervention militaire au premier semestre 2013. De quoi parle-t-on exactement ici ?

Emmanuel Dupuy - Suivant le vote au sein du Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2085, votée jeudi dernier à l’unanimité et à l’initiative de la France, le ministre de la Défense français a, en effet, « promis » que le déploiement d’une force africaine baptisée Afisma (African Led International Support Mission in Africa) serait effectif d’ici la fin du premier semestre de l’année 2013. Cette dernière, composée de forces africaines venant de pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) serait déployée pour une période initiale d’une année et pourrait compter jusqu’à 3300 hommes.


Sa mission consisterait à permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, perdue à la suite de la conquête – dans la foulée du coup d’Etat du 22 mars dernier à Bamako – des trois régions du Nord du pays (Gao, Tombouctou, Kidal). Il est utile de rappeler qu’il n’aura fallu que quelques jours pour le mouvement rebelle touareg – sous la bannière du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) – doublé de mouvements fondamentalistes – communément rangés sous l’appellation « générique » de narco-terroristes (Al-Qaeda au Maghreb Islamique – AQMI, Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest – MUJOA, Ansar Dine) de conquérir près de la moitié du pays. Ces mouvements terroristes ne peuvent néanmoins réunir plus d’un petit millier d’hommes.


En parallèle, un contingent européen de 400 militaires principalement français – dont potentiellement des forces spéciales françaises opérant déjà sur place dans le cadre de l’opération Sabre du Commandement des Opérations Spéciales (COS) - sera placé sous le commandement du général français des troupes de marine, François Lecointre. Cette mission européenne de formation des troupes maliennes – European Union Training Mission (EUTM-Mali) viserait à aider le déploiement de l’Afisma (génération de force, entrainement, transport, renseignement).

Néanmoins le déploiement de l’Afisma et de l’EUTM-Mali autorisé sur le papier, n’en est pas moins effectif, loin de là, à l’instant précis.

 

Plusieurs écueils à son déploiement sur le terrain sont, en effet, encore à dépasser : d’ordre politiques tout d’abord, eu égard à l’instabilité gouvernementale chronique à Bamako ; diplomatiques, compte-tenu des médiations actuellement en cours tant à Ouagadougou qu’à Alger ; financiers, eu égard au coût d’une telle mission (approximativement 600 millions d’euros) ; opérationnels, en prenant en compte que la saison estivale est peu propice à une telle opération et ce jusqu’à la fin de la saison sèche, soit en septembre prochain.

  • Les pays de la Cédéao qui ont promis des troupes sont-ils en mesure de fournir les effectifs en question dans les délais évoqués par Le Drian ? Quelles sont les capacités des troupes en question ?

Comme indiqué précédemment, les 15 Etats membres de la Cédéao, dont les pays limitrophes du Mali (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina-Faso, Niger) et les « Etats pivots » régionaux que sont le Bénin et le Nigéria, disposent – depuis sa création en 1990 – de l’Economic Community of West African States Cease-Fire Monitoring Group (ECOMOG), groupe militaire d’intervention – au niveau d’une brigade (7000-8000 hommes) devenu permanent en 1999. Ces troupes sont souvent appelées « Casques Blancs » en référence aux « Casques Bleus » de l’ONU. Cependant, depuis son déploiement dans plusieurs conflits armés d’Afrique de l’Ouest (Libéria, Sierra Leone, Guinée-Bissau) et compte-tenu du « poids » militaire du Nigéria, qui y a souvent fourni la majorité de ses hommes, sa capacité opérationnelle est souvent remise en cause.


Pour faire face à cette relative « faiblesse » militaire, qui n’est, du reste, pas le seul apanage de l’Ouest africain, a été pensée une nouvelle « Architecture de paix et de sécurité ». Cette dernière, née du Sommet de l’UA tenu à Durban en 2002, vit la mise en place du concept de « Forces Africaines en Attente » (FAA) réparties en quatre forces régionales pré-positionnées et mobilisables en cas de crise régionale (Forces en attente de la Cédéao, de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale – CEEAC, de la Communauté de développement de l’Afrique australe – SADC, et l’East African Standby Force – EASF, opérationnelle seulement depuis 2007).

 

Dès lors, les forces qui devraient être mobilisées proviendraient de cette brigade ouest-africaine en attente.

Néanmoins, dire que cette force existe n’est que pure spéculation.

 

Premièrement, certains des Etats ouest-africains qui ont indiqué leur disponibilité pour fournir des troupes n’en n’ont pas forcement la capacité – à l’instar de la Côte d’Ivoire dont les forces armées ne sont que l’amalgame très fragile des « Com-zones » des Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire avec des troupes régulières affaiblies par cinq années de lutte avec ses même forces, et dont l’approvisionnement en armes a été perturbé par l’embargo européen imposé à partir de 2004 sur l’achat de matériel militaire. Par ailleurs, certaines des troupes proposées, telles que celles que le président béninois, Yayi Boni propose de mettre à disposition n’ont que très peu d’expérience du combat en zone désertique !


Le Nigéria, échaudé par ses expériences du maintien de la paix au Libéria et en Sierra Leone, a d’ores et déjà dit qu’il ne paierait pas pour les autres. Abuja a, en outre, exprimé ses réserves quant à l’efficacité d’une telle force, et ce au regard de ses propres opérations dans le Nord du pays contre les mouvements fondamentalistes et djihadistes Boko Aram et Ansaru

 

A ces difficultés s’ajoute le fait que l’Afisma ne serait pas constituée des troupes les plus adaptées et aguerries pour aller faire le coup de feu contre des mouvements terroristes qu’elles combattent sur leurs propres territoires, à l’instar de la Mauritanie et de l’Algérie, voire du Tchad, dont le président Idriss Deby a pourtant dit, à l’occasion de sa récente visite au président François Hollande, sa volonté de proposer son expertise militaire et sahélienne.

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