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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 19:35

Sénat RF

 

12/12/2011 Par Jean Guisnel Le Point.fr

 

Dassault, associé aux Israéliens, a convaincu le gouvernement de lui acheter des drones. Le Sénat lance l'offensive contre cette décision, proposant l'achat d'engins américains.

 

La guerre est cette fois bel et bien déclarée entre les sénateurs partisans du drone-tueur MQ-9 Reaper, proposé à l'armée française par les Américains de General Atomics, et ceux du Heron-TP. Ce dernier engin est produit par Israel Aircraft Industries et a été retenu en juillet 2011 par le ministre de la Défense Gérard Longuet. Le montage de ce programme - dont le premier contrat n'est toujours pas signé à ce jour - est porté par Dassault Aviation, soutenu par le gouvernement et l'Élysée, mais n'est pas le choix des armées. Pour remplacer le drone Harfang, actuellement en service mais qui devrait être retiré dans deux ans après seulement cinq années de vie opérationnelle, les militaires avaient clairement - mais avec un tout petit filet de voix pratiquement inaudible - exprimé leur préférence pour le Reaper. C'était même pour l'état-major des armées le "plan A", quand le Heron TP était qualifié de "plan B" et la modernisation du Harfang de "plan C".

Guerre ouverte

La guerre est désormais ouverte et ce sont les sénateurs qui pilonnent la décision gouvernementale, de même qu'ils s'en prennent à Dassault. Lors des récentes discussions budgétaires, ils ont tiré à boulets rouges contre le choix d'une arme israélienne, conçue pour les besoins très particuliers de ce pays, et ne répondant que très partiellement au cahier des charges de l'armée française. La fronde sénatoriale s'amplifie encore aujourd'hui avec la parution d'un point de vue incendiaire dans les pages débat du Monde, titré "Drones : le mauvaix choix, le gouvernement a tort" et signé par le président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, le socialiste Jean-Louis Carrère. L'article est cosigné par trois vice-présidents : le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Jacques Gautier, qui est l'un des plus ardents pourfendeurs de Dassault ; et Xavier Pintat, son collègue UMP de la Gironde, qui s'est rangé du même bord dans ce combat, en compagnie du socialiste Daniel Reiner.

 

L'article éreinte le choix français, qualifié de "décision contraire à nos intérêts" et de "choix militairement inadéquat". Ses auteurs estiment dans des termes que ne renieraient pas les états-majors que "le retour d'expérience des Harfang en Afghanistan, conforté en Libye, montre que nous avons besoin de drones rapides et à long rayon d'action, capables de marauder longtemps avec des capacités d'observation permettant de bien identifier les cibles. Ces drones doivent pouvoir emporter un armement polyvalent afin de faire, le cas échéant, des tirs d'opportunité." Les arguments suivants tirent le Heron TP comme une bécasse : "Il est grand, lent et vulnérable face à des conditions météorologiques dégradées. Il a été conçu pour évoluer au-dessus du territoire israélien afin d'écouter et d'observer à ses frontières. Pour l'instant, il n'est pas armé et ne pourra jamais emporter un armement polyvalent en raison de son architecture. Enfin, il est produit à moins d'une dizaine d'exemplaires et n'est pas abouti. Achever sa conception, l'adapter à notre besoin opérationnel et le faire certifier par une autorité indépendante sera long et coûteux. Enfin, il ne sera disponible au mieux que fin 2015."

Plaquette publicitaire

Nos lecteurs le savent depuis 2009 : l'industriel américain General Atomics veut vendre à la France l'ultime version du drone-tueur Predator, le MQ-9 Reaper. Une chose au moins est certaine : cet engin a gagné les sénateurs à ses arguments. Car la prose des parlementaires français prend des allures de plaquette publicitaire : le Reaper est "produit à plus de 150 exemplaires. Il est donc interopérable avec nos alliés. C'est un drone conçu pour être armé, pour voler vite, pour marauder longtemps et qui donne satisfaction en Afghanistan depuis des années. Il est disponible dans des délais qui permettent d'éviter un trou capacitaire à nos forces armées, c'est-à-dire fin 2013. Sur la base d'une offre identique (sept drones, deux stations sol, pas de "francisation"), l'offre des sociétés IAI et Dassault atteint 318 millions d'euros, alors que celle de General Atomics est à 209 millions. La différence - 109 millions (+ 52 %) - n'est pas justifiée. Elle grève les finances publiques." Fermez le ban.

 

Dans une interview kilométrique publiée lundi dans Le Figaro, propriété de Serge Dassault, Charles Edelstenne, le P-DG de Dassault Aviation, estime que le gouvernement français a eu raison de faire le choix de Dassault/IAI, car c'est "le gage de notre indépendance nationale. (...) Ce choix va conforter toute une filière industrielle française cohérente autour de Dassault Aviation, dans l'optique de mettre l'équipe France en position de force pour aborder la coopération franco-britannique." Car à terme, tout le monde est d'accord pour que les Européens - dramatiquement en retard sur ce terrain - se dotent d'une capacité autonome à concevoir et fabriquer des drones. C'est notamment pour cette raison que les gouvernements français et britannique ont manifesté leur intérêt pour le projet de drone Telemos, que proposent Dassault Aviation et BAe Systems.

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