Senkaku/Diaoyu: Tokyo a sous-estimé la réaction chinoise

28 janvier 2013 Romandie.com (AFP)

TOKYO - L'ancien ambassadeur japonais en poste à Pékin n'en démord pas: Tokyo a mal géré en septembre la nationalisation de l'archipel des Senkaku et exacerbé les tensions avec la Chine qui revendique fermement ces petites îles de mer de Chine orientale.

Je ne sais pas pourquoi une telle décision a été prise de façon précipitée et à un moment pareil, a déclaré Uichiro Niwa lundi lors d'une conférence de presse à Tokyo.

Poussé par l'intention affichée par le très nationaliste gouverneur de Tokyo de l'époque Shintaro Ishihara d'acheter ces îles, le Premier ministre d'alors, Yoshihiko Noda, avait annoncé en septembre l'acquisition à un propriétaire privé nippon de trois des cinq îles de cet archipel, au grand dam de Pékin qui les réclame sous le nom de Diaoyu.

Le gouvernement Noda avait eu beau affirmer que ce n'était qu'une modification administrative concernant ces îles, Pékin avait vu rouge et dès le lendemain des manifestations anti-japonaises, parfois violentes, démarraient un peu partout en Chine. Elles devaient durer une semaine.

Mais pour l'ancien diplomate japonais, la décision de Tokyo n'a pas tenu compte du fait que cela avait également un impact sur les eaux alentour, et c'est devenu un problème diplomatique.

Dès juin, M. Niwa, alors encore en poste à Pékin, s'était attiré de vives critiques à Tokyo, en déclarant que le rachat prévu par le gouverneur de Tokyo pourrait provoquer une crise extrêmement grave entre les deux principales puissances économiques asiatiques.

L'acquisition au niveau de l'Etat a de fait eu des répercussions encore plus graves, tant diplomatiques qu'économiques.

Je pense que le Japon aurait dû prendre cette affaire plus au sérieux et offrir une explication diplomatique à la Chine, a-t-il poursuivi, estimant même que le Japon avait carrément fait perdre la face au président chinois Hu Jintao, en annonçant la nationalisation quelques jours après que le dirigeant chinois ait averti le Premier ministre nippon des conséquences d'une telle décision.

Les deux dirigeants avaient eu des entretiens informels en marge d'un sommet Asie-Pacifique à Vladivostok (Russie).

La Chine attaque beaucoup d'importance au fait de sauver la face, ce que les Japonais ont d'une certaine façon sous-estimé, a encore déclaré l'ancien ambassadeur, qui avait démissionné de son poste en décembre dernier.

Depuis lors les relations Pékin-Tokyo sont au plus bas, et la Chine envoie régulièrement des navires gouvernementaux dans les eaux territoriales autour de cet archipel pour appuyer sa revendication. La Chine a même procédé à deux survols des îles par des avions officiels.

Vendredi toutefois, le nouveau chef du gouvernement conservateur japonais, Shinzo Abe, a envoyé à Pékin un émissaire avec une lettre de sa part au numéro un chinois Xi Jinping, pour tenter d'amorcer un réchauffement.

Dès son élection le 16 décembre, M. Abe a cependant indiqué clairement que la souveraineté japonaise sur l'archipel n'était pas négociable.