Si l’Afghanistan nous était conté…

08/12/2011 Actus Air - Propos recueillis par le capitaine Virginie Gradella

Le lieutenant Charline Redin est journaliste pour le magazine « Air Actualités ». Certains de ses reportages l’ont emmenée en Afghanistan à plusieurs reprises. Bouleversée par ce qu’elle y a vu et entendu, elle a souhaité rendre hommage aux aviateurs qui y sont engagés en rassemblant leurs histoires dans un ouvrage qui sortira pour les fêtes de Noël. Interview.

Lieutenant Redin, qui êtes-vous ?

Je suis journaliste militaire. Je suis entrée dans l’armée de l’air en 2008 et j’en ai peu à peu découvert le fonctionnement et les engagements. Je suis passionnée par mon métier et j’aime me confronter à la réalité du terrain, particulièrement dans des lieux où l’opérationnel est intense tout autant qu’empreint d’humain. Il me tient à cœur de mettre des mots sur des émotions, de rencontrer des personnages et de raconter des vies qui marquent l’histoire, ne serait-ce que l’espace de quelques semaines. 

« Afghanistan : regards d’aviateurs » est donc bourré de cette émotion que vous recherchez ?

Effectivement. J’ai souhaité rendre humblement hommage à tous ces hommes et ces femmes qui se démènent à l’autre bout du monde, séparés des êtres chers, et dont on ne parle pas assez ou mal. J’ai voulu leur donner la parole à ma manière. Au cours de mes trois déplacements en Afghanistan, j’ai progressivement découvert l’ampleur de l’engagement français et les risques que prenaient les aviateurs dans leurs missions quotidiennes. Il était évident pour moi qu’ils soient écoutés et entendus.

Comment avez-vous travaillé pour concevoir cet ouvrage de 240 pages ?

C’est un projet qui mûrit depuis le printemps 2010. Au début, ce n’était que des réflexions dans ma tête, puis des idées griffonnées sur des bouts de papier pour ne pas oublier. Ensuite, quand cela a commencé à vraiment prendre forme, à devenir un objectif officiellement soutenu par l’institution, il m’a totalement habitée. On ne peut pas prendre ce genre de projets à la légère. Il s’agit d’envie et de créativité certes, mais c’est un travail qui demande également organisation, structure et cohérence. J’y pensais au bureau, dans le métro, la nuit, pendant mes autres reportages. Des idées me venaient de tout ce que je voyais, lisais, vivais. Et puis, un jour, je me suis assise et j’ai tout couché sur le papier pour construire les chapitres, leur enchaînement, découper les séquences afin d’englober tous les métiers et les acteurs de ce théâtre complexe dont on ne ressort pas indemne.  

Un message supplémentaire à transmettre ?

S’il se veut un hommage aux aviateurs français, cet ouvrage est également un moyen pour moi de montrer la beauté torturée d’un pays marqué par les guerres successives et surtout, de mettre en exergue la valeur, souvent méconnue, de nombreux Afghans de différentes générations. Leur volonté d’en finir avec l’adversité d’où qu’elle vienne et d’avancer, de progresser est impressionnante et mérite d’être connue et reconnue.

Afghanistan : regards d'aviateurs par armee-de-l_air