26 août 2013 Catherine Merrer avec Martine Troadec – LeTelegramme.fr
Mandatés pour récupérer des pièces du missile M51, à la suite de l'échec de son lancement, en mai, des côtiers du Guilvinec (29) ont participé aux recherches moyennant rémunération. Mais la pêche n'a pas été bonne pour tous.
Un vent de fronde souffle sur les quais du Guilvinec. En cause, selon certains, «l'inégalité de traitement» des patrons pêcheurs côtiers mandatés par la Marine nationale pour la récupération de pièces du missile M51, qui s'est abîmé en mer, le 5 mai, au large de Penmarc'h (29). Rappelons qu'à la suite de l'échec de ce lancement, une partie de la zone a été fermée à la pêche, puis progressivement rouverte totalement.
L'un des patrons pêcheurs concerné a poussé un coup de gueule, vendredi soir, à la débarque, devant «le manque de transparence de l'opération classée secret défense». Un pléonasme... À l'heure où les cours et les volumes de pêche sont en baisse, l'un d'eux, préférant garder l'anonymat, tonne : «On se sucre sur le dos des copains».
2.800 € par jour et par bateau
Durant deux semaines, sur la deuxième quinzaine de juillet, dix côtiers pour la première, quinze pour la seconde, auraient appuyé les recherches de la Royale, sous son contrôle, moyennant 2.800 € par jour et par bateau, 300 € par relief récupéré, au nom de dégâts probables sur les chaluts.
Cependant, les patrons pêcheurs concernés avaient aussi la possibilité de chaluter et de vendre la pêche tirée d'une zone restée protégée du fait de l'événement, également zone de langoustines. Donc bien riche du fait de l'interdiction de pêche durant plusieurs semaines, en pleine saison.
«Pour certains, belle pêche de ferraille et belle pêche de langoustines», livre notre témoin qui fait état de «privilèges». Et de s'interroger : «Pourquoi les bateaux n'ont-ils pas tous été informés, pourquoi certains ont-ils été évités, pourquoi tous les côtiers n'ont-ils pas été invités à la réunion sous criée avant le lancement de l'opération ?».
Préfecture maritime : des critères techniques
Des questions sans réponse pour ce témoin et une pilule qui semble difficile à avaler pour les côtiers écartés du dispositif. Pourtant, selon la préfecture maritime, «il n'y a eu aucune différence de traitement, tout a été fait du mieux qu'on a pu», évoquant, notamment, la réunion sous criée du mois de juin. Celle-ci a cependant apporté samedi une explication : «Au départ, il y avait 19 patrons pêcheurs volontaires, puis 26. Au final, 22 ont participé aux recherches. Les bateaux ont été choisis en fonction de leurs capacités techniques sur une zone spécifique de grands fonds. Nous avons donné nos desiderata, c'est le comité départemental des pêches qui a tranché».
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