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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 13:40

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source lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr

 

29/11/2011 Propos recueillis par André thomas – LesEchos.fr

 

Bernard Prézelin est l'un des meilleurs connaisseurs des marines dans le monde. Il explique comment l'érosion de leurs flottes réduit les ambitions occidentales tandis que l'extension de la puissance navale chinoise devrait susciter plus d'attention.

 

Les marines occidentales ne cessent de se réduire. L'émergence des crises régionales et les missions nouvelles assignées par les Etats occidentaux à leurs marines pour les résoudre n'auraient-elles pas dû infléchir la tendance ?

 

La réduction de ces flottes découle pour partie de la fin de la guerre froide, qui a entraîné dans les deux anciens blocs une baisse logique des forces sous-marines, vecteur majeur de la dissuasion nucléaire. Les navires de surface ont été drastiquement réduits, le combat en haute mer n'étant plus une éventualité. Les marines se sont réorientées pour l'action depuis la mer vers la terre, où se situent désormais les zones de tension. C'est très net, par exemple, pour les marines du nord de l'Europe, qui étaient formatées pour contrer la menace soviétique, notamment en Baltique, et qui désormais se déploient au loin. La marine allemande est ainsi intervenue dans la première guerre du Golfe, au Liban, en mer d'Arabie et dans la force Atalante.

 

L'intervention contre les forces du colonel Kadhafi, pourtant assez peu importantes, a mis à forte contribution les navires français. Que faut-il en penser ?

 

A l'exception de l'intervention initiale des Américains, qui ont lancé une centaine de missiles de croisière Tomahawks lors de la première nuit de combat, la majeure partie des forces navales a été fournie par la marine française et dans une bien moindre mesure par la Royal Navy. Pour des raisons diplomatiques ou financières, la plupart des autres Etats européens ont rechigné à s'engager aux côtés de leurs alliés. Pour ces raisons, et parce que les dommages collatéraux sont difficilement acceptables, il a été impératif de ne réaliser que des frappes très précises nécessitant beaucoup de missions aériennes de reconnaissance. Cela a démontré une nouvelle fois la pertinence du porte-avions, même si la localisation du conflit a permis aux avions des armées de l'air de pouvoir intervenir à partir de bases relativement proches du théâtre des opérations, en Corse, Sicile et Crète. La présence sur zone du seul porte-avions français, cependant, semble avoir été trop juste. En outre, il a été engagé durant les cinq mois de la crise libyenne alors qu'il rentrait de plus de trois mois au large du Pakistan pour le soutien des opérations en Afghanistan, avec à peine trois semaines de pause entre les deux missions. Il est évident que la résolution de la crise libyenne aurait été plus longue si le « Charles-de-Gaulle » avait été indisponible pour arrêt technique.

 

Le porte-avions démontre son utilité, mais la construction d'une deuxième unité semble bien compromise...

 

La classe politique a du mal à intégrer le fait qu'un porte-avions est une base aérienne qui peut, sans la moindre contrainte diplomatique, se déplacer de 1.000 kilomètres par jour. Durant la première guerre du Golfe, lorsqu'il s'est agi de libérer le Koweït envahi par l'Irak, une grande partie des missions aériennes a été réalisée depuis les quatre porte-avions déployés sur zone.

 

On parlait alors du « nouvel ordre mondial ». Les Etats qui veulent l'incarner ont-ils encore les moyens de le faire ?

 

L'objectif fixé par le président George Bush père après la fin de la guerre froide était que la marine américaine puisse faire face simultanément à deux conflits régionaux majeurs. Lors de la guerre du Golfe, les deux tiers des moyens militaires américains ont dû être engagés et il aurait été très difficile aux Etats-Unis de faire face à une deuxième crise concomitante. Durant la seconde guerre du Golfe, George Bush fils a dû retirer une grande partie des moyens déployés en Afghanistan pour les envoyer en Irak, ce qui a largement contribué à compliquer les opérations contre les talibans.

 

La Chine a aujourd'hui une flotte puissante, disposant de nombreuses bases dans l'océan Indien. Faut-il s'en effrayer ?

 

A terme, oui, même si l'empire du Milieu paraît bien loin de la métropole à nos politiques et si les échanges commerciaux constituent un facteur de régulation. La Chine a des besoins énormes en matières premières et donc tôt ou tard elle mettra tout en oeuvre pour satisfaire son appétit. Par ailleurs, elle ne cesse de s'implanter sur le continent africain ; en témoigne la livraison de petits bâtiments - patrouilleurs, amphibies -à plusieurs marines locales (Mauritanie, Ghana, Cameroun, Congo, Angola). La Chine s'est ainsi substituée de facto à l'URSS des années 1960 et 1970.

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