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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 16:35

Rafale photo2 Sirpa Air

 

25 octobre 2012 Atlantico.fr

 

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a déclaré, dans un entretien au Parisien publié ce mercredi qu'il "n'est pas allé aux Emirats arabes unis (EAU) le week-end dernier pour "vendre des Rafale". Quelle est la politique de la France en terme de vente d'armes ?

 

Atlantico : Jean-Yves Le Drian a déclaré dans un entretien au Parisien publié ce mercredi qu’il « n'est pas allé aux Emirats arabes unis (EAU) le week-end dernier pour vendre des Rafale ». Le ministre de la Défense a assuré « s'adresser à des partenaires, pas à des clients ». Que dire de cela ?

 

Jean-Dominique Merchet : Cette déclaration est à la fois exacte et hypocrite. Elle est exacte dans la mesure où aujourd’hui on ne fait pas de contrat d’armement sans qu’il y ait derrière cela un vrai partenariat stratégique. La vente d’armes est également une affaire de politique. On a d’ailleurs déjà un partenariat stratégique avec les Emirats arabes unis. Nous avons un accord de défense et même une base permanente sur leur territoire.

 

Cependant, je trouve cette sortie hypocrite quand on sait que le ministre de la Défense, plus que personne, connait l’importance d’un contrat d’exportation de Rafale. Jean-Yves Le Drian rappelle que le rôle d'un membre du gouvernement est d'établir les conditions de la confiance avec les autres Etats. La confiance doit être réciproque. Jusqu’à présent nous avons créé ce partenariat mais on attend toujours que les Emirats arabes unis signent le contrat. C’est une réalité qui dure depuis maintenant plus de 4 ans. Ils nous faut attendre, abusent de notre patience. Si demain les Emirats arabes unis déclarent qu’ils ne prendront pas de Rafale nous pourrons alors clairement parler d’échec.

 

Cette déclaration ne s’explique-t-elle pas également par une certaine forme d’idéologie d’un ministre de gauche dont la formation a souvent fustigé les ventes d’armes de la France aux pays étrangers ?

 

Il y a effectivement une tradition socialiste en France dans ce sens-là. « Les ventes d’armes, ce n’est pas beau » est un discours qu’on retrouve souvent à gauche. Mais cela ne trompe personne, quand vous avez une balance commerciale déficitaire, on ne peut faire le coquet en refusant de vendre des armes aux pays étrangers. Le domaine de l’armement est un domaine sur lequel la France est très en pointe, il est normal qu’on essaye de vendre le plus d’armes possible.

 

Si Jean-Yves Le Drian ne crie pas sous tous les toits à chaque vente d’armes car les socialistes ont des alliés compliqués et une partie de leur militants fustige les ventes d’armes, il fait tout de même le boulot. Il va d’ailleurs bientôt aller en Inde, où la vente de nos armes est toujours un enjeu.

 

Paradoxalement, cette hypocrisie était toujours présente du temps de Jacques Chirac. Cela n’intéressait pas beaucoup l’ex président, il ne voulait pas se mêler de cela. Comme beaucoup d’autres choses, cela avait été un peu plus assumé sous l’ère Sarkozy.

 

La France a-t-elle un objectif en termes de vente d’armes ?

 

L’objectif stratégique défini par l’équipe gouvernementale précédente, et qui reste selon  moi d’actualité, était qu’on équilibre l’activité industrielle française dans le domaine à hauteur de 50% sur le marché intérieur et 50 % à l’exportation. Les achats d’armement sur le marché intérieur (par l’armée française) atteignent les 10 milliards d’euros. L’objectif est donc de vendre tous les ans 10 milliards sur le marché intérieur ou de compenser les baisses d’achats d’armement sur le marché intérieur par des ventes à l’exportation.

 

C’est d’ailleurs tout le problème du Rafale. L’histoire du Rafale est très simple : il existe une chaine de fabrication qui, quand elle fonctionne au minimum, sort 1 avion par mois sauf pendant les vacances, soit 11 avions par an. Avant le changement du gouvernement, il avait été décidé que ce quota de 11 avions par an était intouchable mais que, si jamais il y avait des exportations, on utiliserait ces 11 avions de manière à soulager les dépenses françaises car on arrêterait d’acheter nous-mêmes des rafales pour faire tourner la chaîne. L’objectif stratégique est donc de maintenir les carnets de commande en profitant des marchés d’exportation tout en réduisant les dépenses.

 

Cette année, nous n’y sommes pas du tout. Nous allons atteindre les 5 milliards et non les dix milliards. Nous allons vendre à l’exportation 5 milliards d’euros de matériel militaire alors que nous dépensons sur le marché intérieur 10 milliards…L’équilibre est donc loin d’être réalisé.

 

Pour Jean-Yves Le Drian, « si la France n’a pas vendu de Rafale, c'est qu'on a peut-être confondu les rôles » (NDRL : entre le rôle du "vendeur" et celui du "partenaire"). Est-ce aussi votre sentiment ?

 

Cette phrase est clairement de nature politique. Le gouvernement précédent a fait exactement la même chose. Ils établissaient déjà des partenariats en amont. La preuve, nous avons créé une base permanente sur leur territoire sous Sarkozy. Cela fait partie du lot, nous n’avons pas ouvert une base pour nous faire plaisir, nous n’en avions pas particulièrement besoin sur le plan géostratégique.

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