19.03.2013 Le Monde.fr avec AFP
Alors que Paris et Londres ont annoncé leur volonté d'armer l'opposition syrienne, les appels à la prudence en France se multiplient, à l'instar de celui de François Fillon. L'ancien premier ministre a estimé qu'il était dangereux d'approvisionner la rébellion en armes car on ne sait pas "ce qu'elles deviendront demain".
"Livrer des armes sophistiquées, c'est alimenter une guerre civile sans fin (...) Je pense que c'est dangereux", a estimé M. Fillon. "Si on veut empêcher les avions de M. Assad de bombarder les insurgés, alors il faut faire ce qui a été fait en Libye, faire une interdiction aérienne, abattre les avions de M. Assad", a t-il ajouté.
"Il faut obtenir un accord des Nations unies qu'on n'a jamais pu obtenir parce que les Russes ne le souhaitent pas. Je pense qu'on n'a pas tout tenté avec les Russes pour les convaincre de ne pas soutenir" le président syrien, a-t-il également affirmé à la veille d'une visite de cinq jours en Russie où il doit rencontrer le président Vladimir Poutine.
"POLITIQUE HASARDEUSE"
Dès vendredi, des voix inquiètes se sont élevées avec force dans la classe politique française, multipliant les questions et pointant les risques : fêlure au sein de l'UE sur la question de la levée de l'embargo sur les armes, dispersion d'armements dangereux dans une zone explosive, soutien malgré soi à des mouvements djihadistes. L'ancien ministre de la défense, Hervé Morin, a déploré une "politique hasardeuse" qui aboutirait à "déchirer le contrat européen".
Dimanche le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, s'est dit ouvert à un débat au Parlement sur d'éventuelles livraisons d'armes par la France à la résistance syrienne.
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