Les nouveaux fusils d'assaut de l'armée française seront livrés à partir de 2017 - photo Sirpa Terre
Ce qui devait arriver… est bien arrivé. Et ce ne n'est pas la première fois (Nexter au Danemark notamment), ni la dernière. Car ce qu'a dénoncé mercredi le député Philippe Meunier (UMP) lors des questions d'actualité - un appel d'offre européen portant sur l'achat des futurs fusils d'assaut de l'armée française - est la simple conséquence d'un vote de la majorité 2007-2012 (gouvernement Fillon). De quoi parle-t-on exactement ? A travers le décret du 14 septembre 2011, la France a transposé la directive européenne de 2009 qui modifiait certains articles du code des marchés publics, notamment des marchés de défense.
Un vote d'ailleurs sans aucune contrepartie. Car lors de l'élaboration de cette directive, la France préconisait la préférence communautaire. Or, une telle clause aurait impliqué d'acheter parfois un produit plus cher à un État membre. Un argument qui a été inacceptable pour des États mal dotés en industrie de l'armement et surtout pour le Royaume-Uni qui y a vu de l'anti-américanisme pur.
Éviter les marchés de gré à gré
Cette directive établit des règles communautaires pour l'acquisition d'armes, munitions et matériaux de guerre à des fins militaires. Elle clarifie également les conditions d'utilisation de l'article 346 du TFUE (traité sur le fonctionnement de l'UE) qui permet aux Etats de ne pas appliquer les règles communautaires si cela est nécessaire à la protection de leurs intérêts essentiels de sécurité.
Cette transposition est le résultat d'une longue réflexion de la commission européenne en vue de contraindre les Etats de conclure des contrats selon des procédures bien établies, et d'éviter le plus possible les marchés de gré à gré en profitant de l'exemption de l'article 346 du TFUE. Les Etats invoquaient beaucoup trop, au goût de la commission, cette exception des "intérêts essentiels de la sécurité".
Achat sur étagère pour le successeur du FAMAS ?
Trois ans plus tard, le député Philippe Meunier UMP, député entre 2007-2012, se réveille en posant une question au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, portant sur le successeur du FAMAS, fusil d'assaut de l'armée française, qui sera bientôt remplacé.
« Deux options sont envisageables, a-t-il expliqué sous les applaudissement des députés du groupe UMP : l'achat sur étagère d'un fusil d'assaut étranger ou la production en France de cette arme si importante pour nos fantassins (…). Aujourd'hui comme hier, l'industrie française est capable de produire ce type d'arme, notamment en Rhône-Alpes, dans le bassin industriel de Saint-Étienne, réputé pour la qualité de sa production. Malheureusement, tel qu'il est rédigé, l'appel à candidatures portant sur la fourniture d'armes individuelles publié en mai 2014 exclut de fait toute entreprise française. C'est la raison pour laquelle je vous demande instamment de revoir les deux clauses de cet appel à candidatures, qui, si elles n'étaient pas modifiées, empêcheraient nos armées de se voir doter d'un fusil d'assaut de qualité produit en France. En cette année de centenaire, rappelant le sacrifice de nos soldats armés de leurs fusils Lebel, ne soyez pas le ministre de la défense qui, pour la première fois de notre histoire, prendrait la décision d'équiper nos fantassins d'un fusil étranger ».
Livraison des fusils d'assaut en 2017
Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a répondu qu'il était tenu de "lancer un appel d'offres européen conformément à la réglementation". Et de préciser que le remplacement du "fameux FAMAS" est inscrit dans la loi de programmation militaire et devrait intervenir en 2016 pour des premières livraisons en 2017. Il porte sur un total de 21.000 armes individuelles du futur (AIF).De plus, le ministre a rappelé que "les entreprises françaises capables de produire directement ce type d'armement il y a une quinzaine d'années ne le font plus ou ont été fermées (manufacture d'armes de Saint-Étienne et à l'atelier munitionnaire du Mans de GIAT-Industries). Il n'y a plus en France ce type d'activités".
En revanche, a-t-il expliqué, "je suis très ouvert à ce que des entreprises françaises répondent d'une manière ou d'une autre à cet appel d'offres, et je les incite fortement à le faire".