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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 08:30
Mystère autour de camions chargés d'armes interceptés dans le sud de la Turquie

 

20 janvier 2014 Jérôme Bastion correspondant à Istanbul - RFI

 

Une nouvelle cargaison d’armes destinée à des groupes rebelles syriens a été interceptée dans le sud de la Turquie ce dimanche 19 janvier, suscitant une nouvelle crise entre magistrats et représentants de l’Etat. Car leur chargement n’a pu être inspecté et les camions ont pu reprendre leur route, ajoutant au mystère qui entoure le soutien apporté par le gouvernement turc aux combattants syriens, un soutien qui pourrait aller à des groupes islamistes radicaux. Les journalistes qui tentaient de prendre des images des véhicules suspects se sont vus confisquer leur matériel et ont été relâchés après une brève garde à vue. Et puis, gros plan sur ces Européens qui partent combattre en Syrie. Un phénomène qui semble s’accélérer.

 

C’est en deux mois la troisième fois que des semi-remorques en route vers la Syrie sont arrêtés avec des armes à leur bord. Et comme le 1er janvier 2014, la fouille ordonnée par un procureur, et menée par près de 300 gendarmes, a dû être abandonnée sur ordre du gouverneur de la province d’Adana. La raison : il s’agit d’une « mission de routine des services secrets », dont la voiture accompagnait le convoi.

Des armes mélangées à du matériel médical

La présence de ces agents empêche effectivement, selon la loi, toute inspection tant que le Premier ministre ne donne pas personnellement son feu vert. On ne saura donc jamais précisément quelles armes se trouvaient dans les six containers, mélangés à du matériel médical ; mais selon les premières constatations des gendarmes, il y avait des explosifs repérés par les chiens de détection, et apparemment aussi des lance-roquettes, des obus de mortier et toutes sortes de munitions.

 

Un procureur trop curieux

Mais rien de tout cela ne sera consigné dans la moindre main courante, pas plus que les destinataires de la cargaison. « C’est la politique de l’Etat, elle n’a pas à être exposée au public », a commenté l’ancien ministre et porte-parole du parti de gouvernement Hüseyin Çelik, ajoutant que c’est « le droit de la Turquie d’aider le peuple syrien dont son tyran a tué déjà au moins 200 000 personnes ». Et selon lui, le procureur a outrepassé ses prérogatives en tentant d’en savoir plus.
 


Gros plan sur ces Européens qui partent combattre en Syrie. Un phénomène qui s’accélère ?

L'afflux de jihadistes français vers la Syrie inquiète les autorités françaises. Le ministre français de l’Intérieur dit même y voir, « le plus grand danger de ces prochaines années ». Manuel Valls a recensé près de 700 jeunes plus ou moins impliqués dans le conflit en Syrie. Près de 250 Français y combattent, une centaine sont en transit en Turquie pour s'y rendre, 150 cherchent à y aller, 76 en sont revenus et 21 y sont morts. Enfin une douzaine de mineurs sont partis ou sont en transit pour rejoindre la Syrie.

Des familles à la recherche de leurs enfants

En Turquie, la presse se fait de plus en plus souvent l’écho de ces histoires de jihadistes européens qui transitent par la Turquie, surtout depuis l’été dernier. Il semble clair que l’accélération de ce phénomène est liée à la montée en puissance de l’Emirat islamique d’Irak et du Levant, ce groupe lié à al-Qaïda qui depuis l’année dernière a, petit à petit installé son autorité sur presque toutes les zones contrôlées par la rébellion, au nord du pays, donc à la frontière avec la Turquie. Ce groupe, extrêmement violent est connu pour être très largement constitué de combattants étrangers, il y a des arabes de diverses origines, des Libyens ou des Tunisiens par exemple, mais aussi des musulmans du Caucase ou du Pakistan, et donc, beaucoup d’Européens, d’origine maghrébine ou des convertis. La presse locale a beaucoup parlé en novembre dernier d’une famille allemande venue chercher leur fils de 16 ans, prénommé Pero, qui a été enlevé « à un groupe jihadiste dans un camp dont quasiment tous les hôtes étaient germanophones¨», a-t-il raconté. Ce week-end encore une mère de famille belge est venue en Turquie pour tenter de retrouver son fils mineur enrôlé dans une brigade islamiste.

Peu de collaboration de la part de la Turquie

Mais ces quelques histoires ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les autorités turques, n'apportent aucune réponse aux proches. Les familles contactent plutôt des personnes, par exemple des journalistes, parfois pour essayer de remonter les filières menant aux factions combattantes et à leurs enfants. Elles ne sollicitent guère la police turque, ou alors après que le jeune soit revenu en Turquie. Mais les services de renseignements européens, eux, demandent régulièrement à leurs homologues turcs des détails sur le séjour de leurs ressortissants au parcours suspect, sans grand succès jusque-là. Si les jeunes jihadistes n’ont pas enfreint la loi sur les conditions d’entrée ou de séjour en Turquie, ou s’ils n’ont participé de manière avérée à des actes répréhensibles au sein de groupes considérés comme terroristes, les Turcs s’en désintéressent tout simplement. Il faut croire que les services de sécurité turcs manquent de preuves du danger que ces jihadistes représentent en Europe pour mieux collaborer avec les services de renseignement occidentaux. Peut-être que la prise de conscience va s’accélérer après l’avertissement du ministre français de l’Intérieur. 

 

Les jihadistes Turcs

Mais les Turcs sont aussi suffisamment préoccupés par leurs propre sécurité, les infiltrations de rebelles en Turquie, les trafics d’armes, les jihadistes de Turquie. A ce sujet, la discrétion des autorités sur le nombre de jihadistes turques à combattre en Syrie traduit la gêne d’Ankara. Récemment la centrale nationale de renseignements turque évoquait le chiffre de 500 jihadistes turcs en Syrie, dont près de la moitié seraient déjà morts. C’est probablement un chiffre en deçà de la réalité, mais il y a un tabou sur ce sujet dans l’opinion publique qui est très divisée sur ce conflit. Certains secteurs de la société sont pro-rebelles mais d’autres défendent le régime de Bachar el-Assad ; et puis tout le monde a peur, peur que le conflit ne fasse tâche d’huile, alors on parle très peu de ces jihadistes.

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