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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 14:17
Ne soyez pas sourds car nous ne sommes pas muets !

 

Paris, le 25 octobre 2013 par Général de corps d'armée (2s) Dominique DELORT, Président de la Saint-Cyrienne

 

 « La grande muette » n’est plus mais ils ne veulent pas le savoir ! Ou « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre  » ! Selon une croyance très répandue l’Armée est devenue « la grande muette » après 1962 et l’est restée. Rien n’est plus faux, du moins depuis la fin de la guerre froide, mais cela arrange trop de monde de le croire.

 

Ceux qui parlent très régulièrement de « la grande muette » sont les médias et ce fut encore le cas en août sur la chaine LCP dans une émission spécifique. Est-ce par laxisme, paresse intellectuelle ou idéologie, il est difficile d’être péremptoire tant le groupe des journalistes est hétérogène. En effet les journalistes « spécialisés » de la presse écrite ou parlée ont des connaissances extrêmement variables des problèmes de défense et de ceux de l’armée. Certains suivent consciencieusement ces sujets complexes d’autres surfent, quand l’actualité s’y prête, lors du début d’une opération extérieure, du 14 juillet ou lors de cérémonies à la mémoire de morts au combat.

 

Le lieu commun, véritable poncif, de « la grande muette » est seriné aux auditeurs, aux lecteurs et aux hommes politiques et ces derniers trouvent, sans doute, la définition confortable et pourquoi pas normale. Confortable parce que cela évite de faire trop attention aux avertissements mesurés, pondérés et répétés de tel ou tel très haut responsable militaire venu leur décrire une situation des forces armées préoccupante au regard de la situation générale et des ambitions affichées par la France. Il n’y a qu’à se reporter, par exemple, aux interventions du CEMAT, le général Bertrand Ract-Madoux, devant les commissions des assemblées ces derniers mois. Normale pensent-ils car le militaire est aux ordres du Président élu par la nation. Ce principe est - évidemment - admis mais attention de ne pas tout confondre, car c’est oublier le devoir de tout chef militaire de haut niveau de réfléchir, de débattre, de s’exprimer et de donner son appréciation aux autorités gouvernementales comme à la représentation nationale. Les chefs d’état-major n’ont pas manqué de le faire et notamment à l’occasion de l’élaboration du dernier Livre Blanc comme de la réforme en cours au ministère de la défense. Il ne pourra pas être dit qu’ils se sont tus devant la situation des armées.

 

Depuis deux ou trois ans quelques généraux ou colonels, très peu nombreux, sont interviewés, certains de leurs articles sont repris dans une partie presse nationale et leurs livres édités. Le plus connu en cette période est un ancien directeur de l’Ecole de Guerre et maintenant professeur à Sciences-Po, Vincent Desportes. C’est beaucoup mieux que rien bien sûr, mais c’est trop peu au risque de conforter ce mythe de « la grande muette » car ces officiers, y compris un ancien CEMA, Henri Bentegeat, sont loin d’être des cas isolés comme on voudrait le faire croire à l’opinion.

 

Que dire en effet des multiples dossiers et articles du  groupe de réflexion du « G2S » de Jean-Marie Faugère, véritable « think tank » de 20 officiers généraux et qui a, en autres avantage, d’être composé de bénévoles et de réunir un groupe riche en expertises différentes. Les membres de ce groupe n’ont pour objectif que d’apporter leur contribution afin que les problèmes de défense soient mieux compris en particulier de ceux ayant des responsabilités publiques. Par leur formation, leur expérience, les responsabilités qu’ils ont exercées, ils sont plus fondés à s’exprimer que bien des civils appelés par les médias à répondre sur un sujet militaire. Pour parler médecine rien de tel qu’un médecin, pour discourir de philosophie rien de tel qu’un philosophe etc. ! Que dire des nombreux officiers, d’active ou non, qui écrivent des ouvrages qui sont autant d’études, de témoignages ou de réflexions d’une grande richesse. Encore faut-il faire l’effort de lire, de s’intéresser aux problèmes militaires ! Quel dommage que les journalistes-défense invités à la remise de prix littéraires les boudent... Que dire des nombreuses associations, en commençant par la Saint-Cyrienne, qui font connaître des points de vue, ouvrent des tribunes libres et soutiennent des débats ou des colloques. Ces associations ne sont pas des syndicats c’est peut être pour cela qu’on leur colle un bâillon virtuel. Pourtant il suffit de lire, notre revue en particulier le Casoar, pour être persuadé que « la grande muette » est bien morte. Mais ce serait rompre avec une des idées du « politiquement correct » dont souffre notre pays.

 

Il ne peut pas être dit qu’il existe « un trou noir » de l’expression chez les militaires. Il est facile de savoir que le moral n’est pas bon, il est facile de savoir que les inquiétudes sont grandes concernant l’outil de défense et la réforme en cours au ministère de la défense, comme il est facile de savoir que l’opération au Mali est vue comme un succès, de la décision à l’exécution. A ceux dont le métier est d’être le lien entre l’actualité et les Français je recommande plus d’attention et plus d’ouverture car décidément et définitivement « la grande muette » est bien morte ! Ce sera rendre aussi service aux hommes politiques contraints à mieux entendre ce qui leur est dit ou proposé de lire dans et hors de l’hémicycle. Le devoir de réserve, souvent mis en avant, ne touche avant tout que la sécurité de la France et celle des forces armées ainsi que le respect des institutions de notre pays.

 

A défaut d’être suffisamment entendus il appartient aux plus hauts responsables militaires d’élever raisonnablement la voix quitte, en leur âme et conscience, à choisir de partir car l’enjeu est grand. Nous sommes nombreux à ne pas baisser la garde, par devoir, car dans la cacophonie générale ou tous les sujets s’entrechoquent sans ordre d’importance ni mise en perspective c’est bien de la défense de la France dont il s’agit. Considérez les militaires pour ce qu’ils sont, des professionnels d’un art difficile, celui de la guerre.

 

Ne soyez pas sourds car nous ne sommes pas muets !

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 12:50

Europe Flag

 

07/02/2013 Par Rodolphe Baron - Le Point.fr

 

L'Europe de la défense accuse la panne sèche. La France hésite, la Grande-Bretagne renâcle et l'Allemagne est toujours paralysée dès qu'on parle d'armée.

 

C'est un serpent de mer. "L'Europe de la défense" est devenue un marronnier aussi bien politique que médiatique qui refait surface au gré des interventions militaires. Pendant la guerre en Libye de mars 2011 d'abord où la dynamique Cameron-Sarkozy a accéléré un processus militaire freiné par les fortes divergences entre des États membres. À l'occasion de l'intervention au nord du Mali ensuite où l'Europe s'est limitée à offrir un support logistique à la France, seul État européen à l'origine du déploiement de troupes sur le terrain "faute d'une préparation diplomatique suffisante", précisait il y a quelques jours l'ex-ministre de la Défense Hervé Morin sur Le Point.fr.

 

Malgré un soutien politique réaffirmé et sa proposition de former l'armée malienne, l'Europe n'a pas unanimement soutenu l'effort français. Pourtant, la création d'un sanctuaire terroriste dans la région du Sahel intéresse toute la communauté européenne, directement visée dans les nombreuses vidéos des groupes terroristes de la région. "Il est temps d'en finir avec la dispersion des initiatives", jugeait François Hollande lors de son passage devant le Parlement à Strasbourg, où il a plaidé pour une harmonisation des positions européennes dans les instances internationales, parce que "l'Europe doit parler d'une seule voix".

 

Une Europe qui fait du surplace

 

Plusieurs éléments peuvent expliquer l'engluement de "l'Europe de la défense". Le premier est économique. La crise a considérablement influé sur le montant des budgets de la défense des pays européens. À titre d'exemple, le budget du ministère de la Défense français a été amputé de près de 5 milliards d'euros sur la période 2009-2013. Une coupe malvenue au moment où l'armée française constate son retard en matière de robotique de guerre et tergiverse sur les solutions possibles, rapporte Slate.fr. Dans le même temps, plusieurs États membres ont plaidé pour une meilleure convergence des forces européennes, parmi lesquelles la France joue un rôle moteur, mais reste isolée dans sa conception.

 

La seconde raison du blocage est sans doute la plus importante : le manque de volonté politique. L'opinion européenne reste concentrée sur les effets néfastes de la mondialisation et fait peu de cas d'une avancée politique et militaire de l'Europe. L'autre partie du problème est également structurelle. Chaque tentative de relance de la France se heurte à l'Otan, plus développée et mieux considérée. Vingt et un États membres de l'UE en sont également membres. "L'existence de l'Otan a un effet direct sur les budgets militaires européens", rappelle le général Henri Bentégeat, ancien chef d'état-major des armées françaises, qui a dirigé le comité militaire de l'Union européenne entre 2006 et 2009. Dès lors, difficile de plaider pour un espace militaire resserré sur la seule Europe en dépit d'une domination américaine évidente sur l'Otan (50 % de l'apport financier et 75 % des ressources militaires). De toute manière, en l'état actuel, une "Europe de la défense" n'a, par définition, "pas vocation à la concurrencer", mais plutôt à la compléter. L'un des seuls partenaires pro-européens de la France dans ce domaine, c'est encore l'Allemagne. Problème, celle-ci fait preuve d'un comportement ambigu. Grosse contributrice de l'Otan, la première économie d'Europe se prononce en faveur d'une "Europe de la défense", mais limite son engagement dans les interventions extérieures. Allant même jusqu'à torpiller les rapprochements entre entrepreneurs militaires français et allemands, comme ce fut le cas avec l'arrêt de la fusion EADS-BAE en octobre dernier. "L'Allemagne a un tropisme otanien très fort", estime Arnaud Danjean, député européen et président de la sous-commission Sécurité et Défense (Sede) au Parlement européen. "Ils ont les contraintes constitutionnelles que l'on connaît", souligne-t-il, avant de rappeler que l'Allemagne reste "très présente en Bosnie et au Kosovo".

 

Désillusions et outils déjà en place

 

Quelques rapprochements bilatéraux entre États membres ont tout de même eu lieu. À commencer par les accords de Lancaster House en 2010 entre la France et la Grande-Bretagne (qui représentent à elles deux 50 % de la capacité militaire totale de l'Europe) pour lesquels le cadre européen n'était pas mentionné dans le texte, comme c'était le cas au sommet de Saint-Malo en 1998. La coopération franco-britannique en matière de défense en est ressortie renforcée, avant de connaître un premier couac dans le domaine naval en mai 2012. Les Anglais ayant préféré, pour des raisons de coûts, un porte-avions à tremplin sur lequel les avions français ne peuvent se poser... Par ailleurs, la Grande-Bretagne, qui s'interroge encore sur son avenir européen, a refusé que ces accords avec la France soient intégrés dans les mécanismes de défense de l'UE et verrouille depuis de nombreuses années la création d'un quartier général militaire européen.

 

Pourtant, on ne peut pas dire que rien n'est en place. Presque toute la chaîne décisionnelle - copiée sur le modèle otanien - est en activité. Certes, les Britanniques, encore eux, bloquent le budget de l'Agence européenne de défense qui est seulement de 30 millions d'euros et les groupes tactiques de l'UE - 1 500 hommes environ - n'ont encore jamais été déployés faute de sollicitations, mais le comité militaire et le comité politique et de sécurité de l'UE sont opérationnels. Tous ces efforts notés, le verdict reste sans appel : "L'Europe de la défense" est à l'arrêt depuis plus de dix ans, selon le rapport Védrine remis à François Hollande en novembre 2012 : "Aucune grande opération n'a eu lieu depuis la création d'EADS en 1999." Le même document note que rien de tout ce qui a été accompli "n'a pu déclencher jusqu'ici de vraie dynamique", malgré "une vraie capacité globale de traitement des crises : économique, civile et militaire". Pas la peine donc d'espérer une accélération du projet avant "au moins dix ans", pour les plus optimistes.

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 21:26

A Danjean

 

27 septembre 2012 creusot-infos.com

 

L’élu de la Bresse a abordé les questions de défense européenne.

 

Député européen, le Bressan Arnaud Danjean a été auditionné mercredi matin par la commission du Livre Blanc de la défense nationale, au titre de ses fonctions de président de la sous-commission Défense du Parlement Européen. Il a planché sur la politique de défense européenne avec le Général Bentegeat, ancien chef d'état major de l'armée française et Pierre Vimont n° 2 du Service d'action extérieure de l'Union Européenne.

 

La commission doit élaborer le nouveau livre blanc sur la Défense Nationale d'ici à la fin de l'année. Arnaud Danjean a défendu - à l'instar de ses 2 collègues intervenants - le maintien d'une ambition forte, mais pragmatique, pour la politique européenne de Défense de la part de la France. En regrettant d'ailleurs que la communication actuelle du Président de la république France Hollande et de son gouvernement, parlent trop souvent d'une "relance" de la politique européenne de défense, «comme si on repartait de zéro. Alors même que les rares avancées de cette politique européenne ces dernières années furent toutes d'initiatives françaises et portées par l'ancien gouvernement, je pense ainsi à la mission anti-piraterie en Somalie qui est un grand succès, ou à celle en Géorgie après la guerre russo-géorgienne».

 

Les trois intervenants ont souligné que la réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN, voulu par Sarkozy, a été «bénéfique vis-à-vis de nos partenaires européens, qui nous avaient toujours soupçonnés de bâtir l'Europe de la défense pour concurrencer l'OTAN, alors que c'est un rapport de complémentarité et de coopération qui doit prévaloir».

 

A l’issue des travaux, Arnaud Danjean a jugé les échanges intéressants. Il est vrai qu’à la commission siègent tous les chefs d'état major - marine, armée de terre, armée de l'air, chef d'état major des armées..., les haut cadres du ministère de la défense, les présidents des commissions parlementaires...

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