26/10 Patrick de Jacquelot – LesEchos.fr
Les deux partenaires veulent fournir 56 Casa C-295 à l’armée indienne. En ligne de mire, une commande totale de 200 appareils.
Airbus a remis mercredi dernier aux autorités indiennes sa réponse à un appel d’offres portant sur le remplacement de 56 appareils de transport militaires Avro. Révélée dimanche par le « Times of India », cette initiative, dont « Les Echos » ont eu confirmation, repose sur une alliance avec Tata, le plus gros conglomérat indien.
L’appel d’offres, qui remonte à environ deux ans, prévoit qu’un groupe étranger doit être responsable de la fourniture des avions et qu’il lui faut choisir un partenaire indien pour en fabriquer une partie sur place. Dans ce cadre, c’est donc Airbus qui pilote l’opération. S’il remporte le contrat, le groupe européen fabriquera les 16 premiers appareils en Espagne - des Casa C-295, indique-t-on de source proche.
Tata novice dans l’aéronautique
Après avoir regardé différents partenaires possibles, Airbus a sélectionné Tata : à ce dernier de monter les 16 appareils suivants à partir de blocs exportés d’Europe et de fabriquer les 24 derniers localement. Dans le cadre de ce projet, aucune coentreprise entre Airbus et Tata n’est prévue. Compte tenu des nouvelles règles en jeu, un appel d’offres similaire lancé aujourd’hui confierait à l’inverse la responsabilité du projet à un groupe indien, à charge pour lui de s’associer avec un fournisseur étranger.
Avec Tata, Airbus s’allie au fleuron de l’industrie indienne, actif dans des secteurs comme l’automobile, la sidérurgie et les services informatiques, mais sans expérience dans l’aéronautique. Le seul groupe local qui peut se prévaloir d’une telle expérience, la société publique HAL, s’est vu interdire par le gouvernement de participer à cet appel d’offres, les autorités voulant stimuler l’apparition d’un nouvel acteur privé dans l’aéronautique.
Jusqu’à 200 appareils visés
L’alliance n’est pas sans risque. Pour Airbus, qui, en cas de victoire, devra assumer la responsabilité d’appareils montés par un « novice ». Mais aussi pour Tata, qui se lancera dans une activité nouvelle et complexe, et devra créer une chaîne d’assemblage pour un nombre relativement restreint d’appareils. La logique du projet, explique un professionnel, réside dans la perspective du remplacement ultérieur de l’ensemble des Avro et des Antonov de l’armée indienne, soit 200 appareils environ.
Le groupement Airbus-Tata estime avoir toutes ses chances. Ses principaux concurrents naturels sont l’italien Alenia et le russe Antonov. Le premier est a priori exclu puisque placé sur liste noire par les autorités indiennes à la suite de l’affaire de corruption dans laquelle est impliquée sa maison mère, Finmeccanica. Quant au second, il est handicapé par le fait que son appareil est largement fabriqué en Ukraine, dans des conditions très perturbées.