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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 11:55
SNLE dans la rade de L'ile Longue – photo  Alain Monot Marine nationale

SNLE dans la rade de L'ile Longue – photo Alain Monot Marine nationale

 

27/05/2014 Jean Guisnel - Défense ouverte / Le Point.fr

 

La technologie permettra bientôt de détecter les réacteurs nucléaires. Quand ? C'est toute la question, cruciale pour l'avenir de la dissuasion.


 

Le prochain débat sur les affaires militaires françaises concernera les forces nucléaires stratégiques. Les discussions sur leur modernisation ont déjà commencé en coulisse. Elles portent notamment sur la poursuite du programme de simulation des essais à l'aide du laser mégajoule et sur la modernisation du missile ASMP-A emporté par les Rafale dans leur mission nucléaire. La construction du premier sous-marin nucléaire lanceurs d'engins (SNLE) de troisième génération est envisagée à partir de 2020, et à la même époque, les actuels missiles M-51 seront rénovés pour emporter un troisième étage plus lourd, permettant une portée plus longue.

Un rapport sénatorial de juillet 2012 expliquait que "les options possibles pour les missiles des années 2050-2060 devraient donc être étudiées avant de figer l'architecture du SNLE de troisième génération (SNLE 3G) vers 2015". En décembre dernier, la loi de programmation militaire précisait que celle-ci serait le cadre "du lancement des travaux d'élaboration du sous-marin nucléaire lanceur d'engins de troisième génération et du lancement du développement de la future version du missile M 51 (M 51.3)". À ce jour, les vulnérabilités les plus connues des sous-marins concernent leur détection acoustique, que l'on "évite en rendant les sous-marins de plus en plus discrets".

 

Vulnérabilité de l'arme "ultime" ?

Or, le délégué général pour l'armement (DGA), l'ingénieur général Laurent Collet-Billon, a fait état le 30 avril, en termes sibyllins, d'une percée technologique qui pourrait changer la donne. Auditionné par la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, il a levé le voile sur un secret jusqu'alors bien gardé : "Les particules émises en nombre ridiculement faible par les réacteurs nucléaires embarqués seront peut-être un jour détectables dans les conditions tactiques." En d'autres termes, quand ils se trouvent dans les abysses, les SNLE ne jouiraient plus de cet avantage crucial de l'invisibilité, donc de l'invulnérabilité qui est leur meilleure protection. Une perspective d'autant plus inquiétante que la technostructure politico-militaire française envisage sérieusement de supprimer la composante aéroportée pour faire reposer la stratégie de dissuasion sur les seuls sous-marins. De la triade stratégique de naguère, qui comptait aussi les missiles du plateau d'Albion, la dissuasion passerait dans cette hypothèse à une composante unique : les sous-marins.

Sauf qu'il y a un problème, que Laurent Collet-Billon n'a pas évoqué par hasard. Il a choisi de lever, pour les députés, un coin du voile qui recouvre la possible détection de particules connues depuis les années 1930, les antineutrinos. Les réactions nucléaires dans un réacteur en produisent des milliards, la particularité de ces antineutrinos étant que rien ne peut les arrêter. Ni l'eau ni la roche, rien. Mais il était jusqu'à présent quasi impossible de les détecter. Or, des progrès récents permettent d'envisager ce repérage des antineutrinos, à tel point que l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) a lancé voilà dix ans des études visant à la mise au point de méthodes de détection à distance de l'activité d'un réacteur nucléaire. Et les travaux progressent vite, y compris en France. On mesure le progrès qu'une telle avancée permettrait, en rendant possible, par exemple, le contrôle d'une activité illicite. Ou des déplacements d'un sous-marin en plongée.

 

Pas de conséquence durant le siècle à venir

Pour étudier ces particules, le Commissariat à l'énergie atomique a lancé en 2009 l'expérience Double Chooz, installée à proximité de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes). Il s'agit d'un programme scientifique qui pèche par les dimensions énormes du détecteur, comparables à celles d'un petit immeuble. Les amateurs liront avec intérêt la thèse du chercheur Antoine Collin sur le sujet. En juillet 2013, une autre expérience de taille beaucoup plus modeste a donné ses premiers résultats. Installé à Saclay, dans la région parisienne, le détecteur Nucifer a été développé par le CEA, le CNRS et le Max Planck Institut für Kernphysik pour évaluer la pertinence d'un détecteur d'antineutrinos de petite taille et bon marché pour une application éventuelle à la non-prolifération. Pour cet expert en la matière que nous avons consulté : "Cet outil est conçu pour prendre les proliférants la main dans le sac." Et les sous-marins nucléaires en plongée ?

La question ne consiste plus aujourd'hui à savoir s'il sera possible de les détecter, mais quand. À la marine nationale, où le sujet est sous le boisseau, on estime que "cette question n'est pas d'actualité et n'aura pas de conséquence opérationnelle durant le siècle à venir". Mais les Français préparant aujourd'hui la force de dissuasion nucléaire qui sera en oeuvre dans une quarantaine d'années, cette interrogation sur la vulnérabilité de l'arme "ultime" de l'arsenal français est on ne peut plus légitime. Sur son site web, le labo APC de l'université Paris-Diderot/CNRS explique : "La détection des antineutrinos par les moyens développés par les physiciens ouvre des perspectives plus vastes. Ainsi, il est possible, en y mettant les moyens, de détecter des sous-marins (nucléaires s'entend) dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres autour de points sensibles. La forme du signal renseigne sur sa vitesse et sa distance."

 

Un détecteur de la taille d'un iceberg

Les réserves et les conditions mises par Laurent Collet-Billon au succès éventuel de tels moyens de détection ne sont pas des formules oratoires. À ce stade, il est encore bien tôt pour envisager - au moins en France - une détection des submersibles. Un bon connaisseur du dossier nous a expliqué que "détecter un sous-marin sera possible un jour si le détecteur se trouve à moins d'un kilomètre du navire. Et il faudra que ce détecteur contienne mille tonnes de matière sensible. Dans l'absolu, c'est possible. Dans l'immédiat, certainement pas !"

À l'état-major de la marine, on confirme n'avoir "aucune inquiétude sur la sécurité des sous-marins nucléaires, y compris ceux de l'avenir. Un détecteur pourrait éventuellement fonctionner avec une installation fixe, mais les réacteurs du sous-marin sont mobiles, beaucoup moins puissants que ceux d'une centrale à terre tout en n'utilisant qu'une petite partie de leur capacité. Nous estimons que le jour où l'on pourra remorquer sur la mer un détecteur de la taille d'un iceberg, il sera temps d'évoquer la question !"

Une chose est sûre : à ce stade, nous n'avons rencontré au cours de notre enquête que de très rares interlocuteurs connaissant et acceptant de discuter de ce sujet. Dans le monde politique, cette question n'a jamais été abordée dans un rapport parlementaire, et aucun membre de l'exécutif n'a jamais évoqué cette question pourtant cruciale pour l'avenir de la dissuasion.

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 18:55
Laurent Collet-Billon présente le bilan d'activités 2013 de la DGA à la presse

 

18/02/2014 DGA

 

Laurent Collet-Billon, délégué général pour l’armement, a présenté le bilan d’activités 2013 de la Direction générale de l’armement (DGA) ce jour à la presse. 2013 : un investissement soutenu pour préparer l’avenir.

 

Avec des paiements à l’industrie de 10,835 milliards d’euros pour les programmes et de 776 millions d’euros pour les études amont, la DGA trace la voie pour les années à venir : « plus que jamais nous devons savoir investir, savoir innover, savoir-faire pour gagner la bataille sur le terrain, la bataille de l’économie, de l’export et rester sur le podium international » a déclaré Laurent Collet-Billon en ouverture du bilan 2013. L’impératif d’innovation et l’impératif industriel pour préserver la souveraineté et l’avantage opérationnel ont été au cœur des discussions conduites dans le cadre du Livre Blanc de 2013 et de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019.

 

Le développement des compétences clés de l’industrie de défense a fait l’objet d’une priorité qui se traduira par un effort sur le budget recherche de plus de 4,4 milliards d’euros sur la durée de la LPM, confortant ainsi la France comme première nation européenne dans le domaine de la recherche et technologie (R&T) de défense. Cet effort de recherche, voulu par le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, s’appuie sur un tissu dynamique de PME françaises innovantes que la DGA accompagne notamment à travers le dispositif RAPID (régime d’appui pour l’innovation duale). Avec 64 projets sélectionnés en 2013 pour un total de 40 millions d’euros, RAPID rencontre un succès croissant. Son budget sera augmenté de 25% d’ici 2015 conformément aux dispositions du Pacte Défense PME.

 

Dans le domaine de l’équipement des forces, l’année 2013 a été marquée par la livraison des 2 premiers avions de transport militaire A400M et des premiers VBCI félinisés. De nouveaux programmes vont permettre de maintenir les capacités de nos forces au meilleur niveau et de développer notre industrie. Ainsi, la DGA a notifié le nouveau standard F3-R du Rafale, la rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique2, le missile moyenne portée (MMP) remplaçant du Milan. En 2014 de grands programmes emblématiques seront lancés : SCORPION pour le renouvellement des véhicules blindés, l’avion ravitailleur MRTT, ou encore la commande du 4ème sous-marin d’attaque BARRACUDA. De nouveaux programmes en coopération verront le jour : le missile antinavire léger (ANL), la phase de faisabilité du système de combat aérien du futur (SCAF) et le système de guerre des mines du futur MMCM.

 

Le suivi de tous ces programmes met en œuvre les compétences de la DGA –gestion de projets, achat, finances, expertise technique et essais-. En 2013 ce sont ainsi près de 6,5 millions d’heures d’essais qui ont été réalisés dans les centres de la DGA. Signe de l’excellence et de la maturité de l’offre française qui a fait ses preuves sur les derniers théâtres d’opérations, les prises de commande à l’export sont en hausse significative, comme l’a annoncé en janvier dernier le ministre de la défense : 6,3 milliards d’euros*, soit une progression de l’ordre de 31%. Avec un niveau d’investissement soutenu sur l’équipement des forces et une vingtaine de programmes nouveaux à lancer, les compétences de maîtrise d’ouvrage et d’expertise technique de la DGA seront une composante indispensable pour atteindre les objectifs de la LPM. La DGA poursuit sa mutation comme force d’ingénierie pour construire avec ses partenaires la défense de demain.

 

* Chiffre estimatif, le résultat final sera connu en mai prochain

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