Au lendemain de la prise de Tombouctou, les armées
française, malienne et africaine stabilisent la zone
(Photo: EMA/ECPAD)
29/01/2013 par
Gaëtan Barralon - 45enord.ca
Libérée de la menace islamiste, ce lundi, par l’armée française et malienne, la ville de Tombouctou a été l’objet de nombreuses scènes de pillages par la population malienne, ce mardi.
Dans le même temps, une conférence de donateurs à Addis-Abeba, en Ethiopie, a permis de débloquer 455 millions $ pour venir en aide au Mali. Le président Traoré en a profité pour assurer qu’il
souhaitait mettre en place des élections avant le 31 juillet prochain.
La liesse populaire continue d’envahir Tombouctou. Au lendemain de l’entrée des forces françaises, maliennes et africaines, la population de la ville remercie encore l’intervention de François
Hollande.
Mais, au cœur de la cité, de nombreuses scènes de pillage ont émaillé la journée de mardi. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi attaqué des enseignes tenues, selon elles, par des «Arabes»,
des «Algériens», des «Mauritaniens», assimilés à des islamistes.
Une patrouille de l’armée malienne a, par ailleurs, du intervenir au cours de la matinée pour interrompre le pillage éclair de la population. «On ne va pas laisser les gens piller. Mais il est
vrai que des munitions ont été trouvées dans certains magasins», a déclaré un officier malien.
Le risque de tension et d’exaction est actuellement très fort dans la région.
«Des risques élevés de tensions interethniques»
Dès lundi, Human Rights Watch (HRW) avait demandé aux autorités maliennes de prendre «des mesures immédiates» pour «protéger tous les Maliens de représailles», évoquant «des risques élevés de
tensions interethniques» dans le Nord.
De son côté, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a tenu à tempérer ces risques d’exaction, assurant «que le Comité international de la Croix-Rouge n’a confirmé à ce jour aucun des
faits qui ont été rapportés sur ce sujet par certaines organisations non gouvernementales». À l’issue d’une réunion sur le Mali avec les parlementaires, le chef du gouvernement français a
également ajouté que «le gouvernement français est néanmoins favorable au déploiement rapide d’observateurs internationaux qui veilleront au respect des droits de l’Homme».
Dans le même temps, plus de cinquante pays et organisations internationales se sont réunies à Addis-Abeba lors d’une conférence de donateurs. 455 millions $ ont ainsi été promis par l’ensemble
des membres présents dans la capitale éthiopienne. Toutefois, les besoins financiers pour prendre en charge la crise au Mali ont été réévalués à plus de 950 millions $.
Des élections avant le 31 juillet prochain
En marge de cette conférence, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a assuré vouloir convoquer des élections au Mali avant le 31 juillet prochain.
«Je voudrais réitérer notre engagement à conduire la transition en cours au Mali avec un seul agenda: le recouvrement des territoires occupés (par les insurgés islamistes) du Nord, mais aussi et
surtout le retour du Mali à une situation constitutionnelle normale», a-t-il ajouté devant les membres de la conférence.
8 000 soldats africains attendus pour composer la MISMA
Sur le terrain, ce sont près de 8 000 soldats africains qui sont désormais attendus pour renforcer la MISMA. L’armée française précise, par ailleurs, que «les contingents africains atteignent
désormais l’effectif de 2 900 hommes avec notamment 1 400 Tchadiens, plus de 500 Nigériens, près de 400 Togolais, près de 200 Nigérians, plus de 150 Burkinabés, une centaine de Béninois et une
cinquantaine de Sénégalais».
Alors que les forces nigériennes ont pris place dans la ville d’Ansongo, au sud-est de Gao, des soldats de l’armée tchadienne ont quitté leur base de Menaka pour rejoindre progressivement le nord
du pays et soutenir leurs homologues maliens.
Le Royaume-Uni pourrait envoyer des formateurs au Mali
A Londres, un porte-parole du premier ministre britannique David Cameron a déclaré que le Royaume-Uni serait prêt à envoyer 40 formateurs militaires au Mali et environ 200 autres dans les pays
contribuant à la MISMA. «Nous faisons ce que le Premier ministre a expliqué, c’est-à-dire que nous faisons notre possible pour apporter notre soutien à l’intervention française», a-t-il ajouté.
Le général François Lecointre, responsable de la mission de conseil et de formation (EUTM) que s’apprête à lancer l’Union Européenne au Mali, a évoqué le «délabrement avancé» de l’armée malienne,
rendant «plus nécessaire que jamais» cette opération.
«On nous reproche parfois d’être lents, mais c’est en réalité une mission qui est rapidement mise en place», a-t-il affirmé, ce mardi, à Bruxelles.