L'armée française poursuit la réhabilitation de la piste
d'atterrissage de l'aéroport de Tombouctou
(Photo: O.Debes/SIRPA)
31/01/2013 à 19:00
par Gaëtan Barralon - 45enord.ca
Alors qu’une tempête de sable frappe le Mali depuis deux jours, l’armée française poursuit tant bien que mal ses opérations au nord du pays. Après avoir pris le contrôle de l’aéroport de
Kidal, les troupes de l’opération Serval ont effectué des frappes aériennes sur des sites des groupes islamistes dans la région d’Aghelhok, 100 km plus au nord.
Le colonel Thierry Burkhard avoue volontiers que les avancées sont délicates, ces derniers jours, au Mali. «Les opérations continuent, mais elles sont contraintes par les conditions météo. En ce
qui concerne l’emploi des moyens aériens c’est très contraignant, un peu moins pour les moyens terrestres», a-t-il assuré ce jeudi.
Pour autant, l’armée française a effectué, ces derniers jours, des frappes aériennes dans la région d’Aghelhok, au nord-est du pays, comme l’a précisé le ministère français de la défense, ce
jeudi. «Les objectifs visés étaient des centres de commandement, des dépôts logistiques, des centres d’entraînement», a ajouté le colonel Burkhard.
Cette région d’Aghelhok, situé dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, représente «assez logiquement une zone de repli des groupes terroristes qui sont en train de remonter vers le nord.»
Les sept otages français retenus dans le Sahel se trouveraient dans la région
«Il y a eu des frappes très nombreuses qui ont touché du matériel et des hommes», a ajouté le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian sur les antennes de France Inter. «Donc,
les jihadistes se sont dispersés, parce que certains étaient venus là pour un moment d’aventure militaire et sont rentrés chez eux, ou alors ils essayent de passer les frontières, ce qui leur
sera de plus en plus difficile. Ou alors ils se replient dans l’Adrar des Ifoghas (nord-est) et il y a là un repli tactique qui ne doit pas nous leurrer.»
Par ailleurs, les sept otages français actuellement retenus au Sahel pourraient se trouver dans cette région. «Nous ne perdons jamais de vue, ni d’esprit, ni de sensibilité, le fait qu’il y a des
otages français dans ce territoire», a déclaré Jean-Yves Le Drian.
«Autour de 50 millions d’euros» dépensés par la France en trois semaines d’intervention
S’il a jugé «un peu trop tôt» pour évaluer le coût de l’intervention française, le ministre français a néanmoins donné une estimation.
«Aujourd’hui, on peut considérer que le montant» tourne «autour de 50 millions d’euros, essentiellement liés à des questions de logistique» avant d’ajouter que «dans le budget de l’Etat, le
budget de la défense, tous les ans il y a une ligne budgétaire, qui s’appelle la ligne Opex, qui est de 630 millions d’euros, et qui permet d’engager des forces dans de telles circonstances.»
Les troupes africaines en progression
Installées depuis mercredi sur l’aéroport de Kidal, les troupes françaises poursuivent la sécurisation du site. Le porte-parole de l’armée malienne, le colonel Souleymane Maïga, a par ailleurs
affirmé, ce jeudi à Bamako, que des militaires maliens ont rejoint leurs homologues français dans la journée à Kidal.
Dans le même temps, les soldats de la MISMA poursuivent leur déploiement à travers le pays.
Le ministère de la défense française précise ainsi que «deux bataillons Nigérien et Malien ont rejoint ce jour la ville de Gao» alors que «les forces armées nationales tchadiennes continuent leur
reconnaissance offensive vers le nord pour faire la jonction avec les éléments sur Kidal.»
Deux soldats maliens tués par une mine
Par ailleurs, au moins deux soldats maliens ont été tués lors de l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule, ce jeudi, entre les villes de Douentza et Hombori, au nord du pays, comme le
rapporte l’AFP, citant une source malienne de sécurité.
«On soupçonne fortement les islamistes d’avoir posé cette mine. C’est arrivé dans une zone qu’ils contrôlaient. Mais on ne sait pas encore si elle avait été posée avant leur départ ou s’ils sont
revenus depuis pour la poser», a-t-elle déclaré.
La communauté internationale s’inquiète des vengeances maliennes
Dans le même temps, l’inquiétude internationale s’intensifie à propos des exactions et vengeances du peuple malien à l’égard des populations arabes et islamistes.
Human Right Watch (HRW) a demandé l’envoi d’observateurs internationaux, suite aux différents témoignages rapportés de «meurtres et disparitions à titre de représailles» dont se serait rendue
coupable l’armée malienne à l’encontre des islamistes.
De son côté, l’Union Européenne «se tient prête à fournir un appui approprié pour lutter contre ces abus», comme l’ont affirmé les ministres européens des affaires étrangères, réunis ce jeudi, à
Bruxelles. Ils se sont également déclarés «alarmés» par les «allégations de violations des droits de l’homme» dans le pays, demandant aux autorités maliennes d’«enquêter immédiatement.»