C'est à une révolution en douceur, mais à une révolution tout de même, que se soumet le groupe familial Daher. Pour la première fois de son histoire, commencée en 1863 dans le négoce et le transport maritime, le groupe, qui fait partie des grands équipementiers de l'aéronautique et du nucléaire, sera dirigé par un patron n'appartenant pas à la dynastie familiale. À 65 ans, le PDG, Patrick Daher, a décidé de faire évoluer la gouvernance afin de confier la direction opérationnelle de cette belle ETI française de 1 milliard d'euros à Didier Kayat, son bras droit et homme de confiance, entré dans le groupe en 2007. Celui-ci a été nommé directeur général délégué et «a vocation à devenir le directeur général de Daher avant la fin de 2017. Dans l'intervalle, il devra construire le budget 2016 et organiser son équipe», précise Patrick Daher, qui conservera le poste de président non exécutif. «Cette décision a été prise en accord avec le holding patrimonial de Daher et son actionnaire Bpifrance», précise le PDG.
Après plusieurs années à bâtir, consolider et tester la robustesse de son «business model», l'ETI veut accélérer. Signal visible de cette volonté, l'ensemble des sociétés du groupe adopte la marque de la maison mère, Daher, tout en conservant leurs marques commerciales. «Daher veut devenir un équipementier de premier rang qui soit un acteur majeur et un référent dans le monde aéronautique et les technologies avancées, dont le nucléaire», résume Didier Kayat. Il s'agit d'être à la pointe de ce que les économistes appellent la «3e révolution industrielle» ou le basculement de l'industrie dans l'ère du 3.0. Cela, grâce aux travaux déjà engagés par le groupe sur l'«usine intelligente» qui consacre la convergence de l'industrie et des services, la maîtrise des données (big data) au sein d'une usine déployée à l'échelle mondiale ainsi que la coopération entre l'employé humain et les robots collaboratifs ou «cobots».
Plan de transformation
L'entreprise s'appuiera sur son ADN: «Daher est une société de services qui a appris l'industrie puis a introduit les méthodes et process industriels dans les services», développe Patrick Daher. Cela, dans deux métiers complexes technologiquement et à cycle long. «Notre objectif est de passer du statut d'ETI à celui de grande entreprise. Nous voulons devenir un grand équipementier mondial», insiste Patrick Daher, qui devra mettre en œuvre un plan de transformation afin que le groupe double de taille entre 2017 et 2025, qu'il diversifie ses recrutements et qu'il s'internationalise, avec, en première intention, les États-Unis, où il est peu présent. Daher continuera à réaliser des acquisitions. Et «si une opération structurante qui transforme la société se présente, la famille regardera. Mais dans tous les cas, nous voulons garder le contrôle familial et opérationnel», précise Patrick Daher.