Sur les 36 hélicoptères, 32 sont disponibles tous les matins pour les élèves de l'EALAT et 100% des moyens demandés par l'école ont été fournis", explique à La Tribune le PDG de DCI, Jean-Michel Palagos - photo DCI
14/10/2015 Par Michel Cabirol – LaTribune.fr
HeliDax a fêté le franchissement de la barre des 100.000 heures de vol en cinq ans d'exploitation. Sa flotte de 36 hélicoptères Colibri (H120) est dédiée à la formation de base des pilotes des trois armées et de la gendarmerie.
Et si HeliDax était un cas d'école. Dans le maquis des Partenariats publics-privés (PPP) qui plombent le budget de l'État, la filiale à 50-50 entre DCI (Défense Conseil International) et INAER Helicopter France, est l'arbre qui cache la forêt. Implanté sur le site de l'école de l'aviation légère de l'armée de Terre (EALAT) à Dax, HeliDax a d'ailleurs fêté mardi le franchissement de la barre des 100.000 heures de vol en cinq ans d'exploitation. Sa flotte de 36 hélicoptères Colibri (H120) est dédiée à la formation de base des pilotes des trois armées et de la gendarmerie.
D'une durée de 22 ans, ce PPP est le premier contrat de ce type, qui avait été signé en 2008 par le ministère de la Défense. Selon un rapport de la Cour des comptes, publié en 2011, des loyers annuels d'un montant maximal d'environ 24 millions à partir de 2012 seront versés par l'État pendant vingt ans. La formation reste, en revanche, assurée par des instructeurs de l'armée. Selon DCI, HeliDax enregistre un chiffre d'affaires annuel de 23 millions d'euros.
Un succès gagnant-gagnant
Pourquoi HeliDax est-il est un succès ? "Sur les 36 hélicoptères, 32 sont disponibles tous les matins pour les élèves de l'EALAT et 100% des moyens demandés par l'école ont été fournis", explique à La Tribune le PDG de DCI, Jean-Michel Palagos. Il précise également que la flotte d'HeliDax a un taux de disponibilité de 90% pour environ 20.000 heures de vols par an. "C'est un très beau succès", assure-t-il. "Notre flotte d'hélicoptères, avec poste de pilotage numérique, permet aux élèves de se préparer aux interfaces des hélicoptères modernes (Tigre, NH 90 Caïman)", rappelle-t-il. Ainsi depuis mai 2010, les appareils d'HeliDax ont participé à la formation de plus de 500 élèves pilotes et moniteurs issus des trois armées.
Selon le commandant de la base école de l'ALAT, le colonel Benoit Cirée, cité dans le premier communiqué du groupe DCI publié mardi, "l'externalisation des heures de vol et de la maintenance associée à la formation par les moniteurs militaires, cœur de métier de l'EALAT est bien un modèle de performance. Cette combinaison est un atout majeur pour préparer les pilotes de combat de demain aux hélicoptères de nouvelles générations. Je suis ravi du succès de ce partenariat que beaucoup considèrent avec intérêt".
En outre, HeliDax met à disposition lors des heures de substitution, notamment en été, les Colibri pour des missions de sécurité (feu de forêts...). Grâce à ses infrastructures, la société de services fournit entre autre des prestations de maintenance d'hélicoptères (moteur, avionique et structure) ainsi qu'une assistance à l'achat d'appareils. Ce qui lui procure des revenus tiers que HeliDax et l'État se partagent, précise Jean-Michel Palagos. En 2015, le nombre d'heures de vol de substitution devrait s'élever à 3.500 heures en 2015 et il est prévu 4.200 heures en 2016.
HeliDax parie sur les revenus tiers
Jean-Michel Palagos parie de plus en plus sur les revenus tiers en misant sur la formation de pilotes étranger. HeliDax a déjà commencé à former des pilotes belges et nigériens. Dans ce contexte de croissance, DCI a annoncé mardi l'acquisition de trois premiers hélicoptères pour son Centre International de Formation Hélicoptère (CIF-H), basé sur les sites de l'EALAT à Dax et au Luc-en-Provence et créé en février 2015. Le premier appareil devrait être en ligne de vol dès la fin 2015 et les deux autres au cours du premier semestre 2016. Ces trois hélicoptères voleront sous les couleurs de DCI.
"Cette acquisition répond à la très forte demande de pays amis de la France dans le domaine de la formation initiale technique et tactique des pilotes d'hélicoptère. Les besoins du CIF-H s'élèvent pour la seule année 2016 à environ 3.000 heures de vol", a expliqué un deuxième communiqué de DCI.
En 2015, le CIF-H devrait former 14 pilotes koweïtiens, puis 14 autres en 2016, précise à La Tribune Jean-Michel Palagos, qui croit au "potentiel" de cette école. Le Brésil et le Gabon seraient par ailleurs intéressés par la création d'une école, à l'image de celle du Qatar. Cet émirat a lancé en 2011 avec DCI une école de formation de pilotes d'hélicoptères militaires à Doha, dont le soutien des hélicoptères est fondé sur le modèle d'HeliDax.
Un outil plus efficient
Selon DCI, le prix à l'heure de vol se situe en 2015 autour de 1.100 euros, contre environ 2.300 euros avant le contrat de PPP HeliDax. Des chiffres à prendre avec précaution en raison des différences entre comptabilité publique et comptabilité privée. "Cette différence de prix, du simple au double, s'explique essentiellement pour deux raisons, explique-t-on chez DCI : non seulement les nouveaux appareils consomment un tiers de carburant en moins mais en plus, ils nécessitent trois fois moins de maintenance que le parc antérieur". Et Jean-Michel Palagos de conclure, "nous rendons le même service avec 36 appareils qu'avec plus de 50 auparavant. HeliDax est plus efficient grâce à une organisation de la maintenance plus pertinente notamment".
Auparavant, l'EALAT de Dax qui assurait la formation initiale de 130 pilotes et 60 instructeurs par an, disposait d'une flotte de 53 hélicoptères Gazelle dont l'entretien et la mise en œuvre étaient assurés par un effectif de 175 personnes. Aujourd'hui HeliDax fonctionne avec plus de 50 personnes dédiées au management ainsi qu'à la logistique, la maintenance et à la navigabilité des appareils. Selon la Cour des comptes, le recours au PPP semble surtout se justifier par la possibilité offerte de disposer rapidement d'une flotte renouvelée, payée en 22 loyers annuels, ce qui était difficile en cas d'acquisition patrimoniale