20.01.2015 Amélie Guiot-Zimmermann - bulletins-electroniques.com
Avec ses 632 millions d'internautes, dont 242 millions d'utilisateurs du e-commerce, la Chine est une cible de choix pour les hackers et autres cyber mercenaires de plus en plus nombreux à sévir sur la toile. A l'heure du big data, de l'internet des objets ou des réseaux sociaux, les failles se multiplient et la bataille se fait de plus en plus féroce dans le cyber espace. Une menace que le gouvernement chinois a décidé de placer au coeur de sa stratégie pour 2015, dans un contexte où le numérique occupe une place de plus en plus importante dans la conduite politique, économique ou militaire du pays.
Des hackers sur tous les fronts
Le formidable essor des technologies de l'information et de la communication que connaît la Chine ouvre de toutes nouvelles perspectives aux pirates modernes. Leur nouvelle cible favorite : les smartphones sous système Android, avec 295.000 nouveaux programmes malveillants découverts entre le 1er novembre 2013 et le 31 octobre 2014. La Chine est particulièrement affectée avec 45,7% des utilisateurs de terminaux mobiles piratés au cours de cette période.
Avec un chiffre d'affaire de 300 milliards de dollars et un taux de pénétration de 6,3% (contre 5% aux Etats-Unis), le e-commerce représente le deuxième terrain de prédilection des hackers. Fin 2012, près d'un tiers des 200 millions d'acheteurs en ligne chinois avaient été victimes d'escroqueries ou de transactions frauduleuses sur des sites de vente en ligne. Plus globalement, le Norton Report 2013 classe la Chine deuxième dans la liste des pays les plus touchés par la cyber criminalité, avec 77% de ses internautes victimes de cyber agressions et une perte nette évaluée à près de 37 milliards de dollars.
Une cyber répression de plus en plus stricte
Ces chiffres ont justifié la mise en place par le gouvernement chinois de cellules de cyber défense actives sur tout le territoire. Cependant et contrairement au reste du monde, leur action se focalise au moins autant sur la circulation des informations à l'échelle nationale que sur les grandes opérations de hacking internationales. Car les internautes chinois sont nombreux à tenter de contourner la "Grande Muraille électronique" mise en place par les autorités depuis le début des années 2000. En réponse, les campagnes et opérations gouvernementales se multiplient, à l'image de "Brise de Printemps" en 2012 qui a débouché sur l'arrestation de plus de 1.000 suspects.
A son arrivée au pouvoir en 2013, le président chinois Xi Jinping fait de la cyber sécurité l'un de ses principaux chevaux de bataille : "Des efforts concertés doivent être déployés afin de contrôler Internet en matière de technologie, de contenu, de sécurité et de criminalité" a-t-il indiqué lors du 18e Comité Central du Parti Communiste Chinois. Discours immédiatement suivi par le lancement d'une une vaste campagne de "nettoyage" d'internet en avril 2013 et l'arrestation de près de 30.000 personnes pour pornographie et paris clandestins.
Loin d'oublier ses bonnes résolutions, le président compte accélérer le rythme des réformes en 2015 pour faire de la Chine une "cyber puissance internationale" (voir le discours du président à l'occasion de la 1ere session du groupe de travail sur la sécurité sur Internet et l'informatisation).
La cybersécurité : une source de tension dans les relations internationales
Les cyber tensions de plus en plus nombreuses sur la scène internationale risquent cependant de la freiner dans ses ambitions. En effet, la Chine est soupçonnée d'être impliquée dans plusieurs attaques de grande ampleur au cours des dernières années, et considérée comme une menace grandissante par les autres acteurs du cyber espace. Sérieusement écornée par la parution du rapport Mendiant * en 2010, accusant l'armée chinoise de cyberespionnage à l'encontre d'entreprises américaines, sa réputation a encore souffert de nouvelles accusations de piratage fin 2014 : piratage de l'i-Cloud d'Apple, attaques contre l'exploitant des centrales nucléaires sud-coréennes, et tout récemment, complicité dans le hacking des studios Sony Pictures.
En 2015, la Chine devra donc principalement jouer la carte de l'apaisement pour obtenir le soutien et la collaboration internationale dont elle a besoin pour renforcer son influence dans le cyber espace.
Sources :
- http://redirectix.bulletins-electroniques.com/qhiEI
- http://redirectix.bulletins-electroniques.com/K95Yq
- http://redirectix.bulletins-electroniques.com/v9FWT