31/01/2013
Emmanuel Grynszpan, à Moscou – LaTribune.fr
En dépit des révolutions arabes et de l'absence d'innovations, la Russie, qui reste le premier fournisseur des pays émergents, a livré pour 15,16 milliards de dollars d'armements en 2012.
C'est un nouveau record post soviétique. La Russie se classe au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis.
15,16 milliards de dollars. C'est le montant des livraisons d'ames russes en 2012. C'est un record post soviétique pour la Russie, qui aurait même pu atteindre les 17,4 milliards de dollars si
elle avait réussit à livrer l'année dernière le porte avion "Vikramaditia" à l'Inde. Les difficultés des fabricants d'armes russes à livrer en temps et en heure un matériel de qualité restent
l'un des principaux freins aux exportations d'armements russes. Et risquent à terme de détourner des clients primordiaux comme l'Inde vers d'autres fournisseurs. Le patron du Service Fédéral de
Coopération Militaro-Technique, Alexandre Fomine, se félicite même d'avoir "dépassé le plan" de 12 %. Des propos qui fleurent bon l'ère soviétique. Les exportations continuent de croître
régulièrement, après deux bonnes années successives avec 10 milliards de dollars en 2010 et 13,2 milliards en 2011.
De nouveaux clients pour Moscou
Globalement, la Russie reste loin derrière le leader mondial américain, mais coiffe sur le poteau la France et la Grande Bretagne. En attendant, la Russie bat tout le monde, y compris les
Etats-Unis dans quatre catégories d'armements sur le marché des pays émergents. Il s'agit des avions de chasse, des systèmes de défense anti-aériens, les hélicoptères et les blindés. Moscou se
réjouit également d'avoir ajouté à la longue liste de ses clients des nouveaux venus comme le Ghana, le sultanat d'Oman, la Tanzanie et l'Afghanistan. Il est peu probable que la demande de ces
pays remplace toutefois les volumes de commandes d'anciens gros acheteurs comme la Libye ou la Syrie. En revanche, des négociations potentiellement très lucratives ont démarré l'année dernière
avec l'Azerbaïdjan, l'Irak et même les Etats-Unis, qui veulent acheter 70 hélicoptères Mi-15 pour l'armée afghane.
Absence de progrès technologiques
Les experts répètent chaque année que les records successifs vont fatalement faire place à une décroissance en raison de l'absence de progrès technologiques des fabricants russes. Les
commentateurs russes notent avec amertume le démarrage par la Chine de la production en série du J-16, qu'ils estiment être une copie intégrale du chasseur russe Su-30MK2, massivement acheté par
Pékin dans les années 2000. Les chinois produisent déjà des avions similaires aux Su-17 et aux Su-33. L'an dernier, RosOboronExport, l'agence d'Etat pour les exportations d'armes, a signé un
contrat pour la livraison de 52 hélicoptères de transport Mi-171E pour une valeur de 600 millions de dollars. Beaucoup estiment que ce contrat restera unique, puisque la Chine équipe déjà son
armée de copies d'hélicoptères européens et soviétiques.
Une meilleure coordination des exportations russes
Selon Igor Korotchenko, un expert en armement proche du Kremlin, la hausse des exportations s'explique par une meilleure coordination des différents organismes responsables de l'exportation
d'armes. A l'inverse, un autre expert met en doute le chiffre de 15 milliards de dollars. "Ils peuvent raconter ce qu'ils veulent, car il est impossible de contrôler quoi que ce soit. En outre,
quelle somme revient aux fabricants et quelle somme disparaît dans la poche des intermédiaires ? Lundi, Transparency International classait la Russie dans l'avant dernier groupe des pays les
moins protégés par des mécanismes anti-corruption dans la sphère militaro-industrielle.