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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 15:55
Olivier de Maison Rouge et Jean-François Fiorina : dire le droit constitue un paramètre essentiel de la guerre économique, à prendre soigneusement en compte dans l'analyse géopolitique.

Olivier de Maison Rouge et Jean-François Fiorina : dire le droit constitue un paramètre essentiel de la guerre économique, à prendre soigneusement en compte dans l'analyse géopolitique.

 

22.09.2016 source notes-geopolitiques.com

 

Jean-François Fiorina s’entretient avec Olivier de Maison Rouge

 

Quel rôle joue le droit dans la guerre économique ?
Quels sont les liens et les différences entre le renseignement d’Etat et le renseignement économique ?
Existe-t-il un droit du renseignement ?…

Avocat d’affaires, docteur en droit, diplômé de Sciences-politiques, Olivier de Maison Rouge est connu pour être un spécialiste du droit de l’intelligence économique.

Son dernier ouvrage, Le droit du renseignement, renseignement d’Etat, renseignement économique (Lexis Nexis, 2016), fait suite à un autre ouvrage, Le droit de l’intelligence économique, patrimoine informationnel et secret d’affaires (Lamy, 2012).

Pour lui, celui qui définit les normes et les règles juridiques prend de fait un avantage majeur sur ses concurrents ou adversaires.

 

Suite de l'entretien : ICI

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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 17:20
« Canada is back! »

 

 

Le potentiel insoupçonné de « quelques arpents de neige »…

 

La victoire du Parti libéral aux dernières élections législatives ne sonne pas seulement le glas de dix ans de pouvoir conservateur à Ottawa. Elle annonce le « retour » du Canada sur la scène internationale, et un changement de cap sur un certain nombre de dossiers (arrêt des frappes aériennes contre l’Etat islamique, participation à la COP21 et plus généralement meilleure prise en compte des enjeux environnementaux…).

« Le Canada est de retour » a ainsi lancé le vainqueur, Justin Trudeau, dès le lendemain du scrutin, aux « amis (du Canada) à travers le monde » qui « se sont inquiétés du fait que le Canada avait perdu sa compassion et sa voix constructive dans le monde au cours des dix dernières années ».

Un réalignement sur la politique « internationaliste » que menait l’ancien Premier ministre Pierre-Eliott Trudeau, père de Justin Trudeau, est donc à prévoir. La situation incite à s’intéresser de nouveau au Canada, une puissance moyenne mais aux fondamentaux solides et à l’influence croissante.

La campagne électorale a semblé un temps se focaliser, via l’islam, la menace terroriste et surtout la question de l’accueil des réfugiés syriens, sur les problèmes du « multiculturalisme » qui caractérise à la fois la société et l’organisation politique canadiennes.

Mais il semble que le choix se soit opéré pour l’essentiel sur l’économie, socle sur lequel le premier ministre sortant a voulu capitaliser.

« Avec une récession sur les six premiers mois de l’année, en raison de la chute des prix du pétrole, Justin Trudeau a promis au prix de trois prochaines années en déficit budgétaire, de relancer l’activité avec un programme d’infrastructures et des emplois à la clé », relève Le Figaro (20/10/2015).

La production pétrolière ayant largement redéfini l’économie canadienne au cours des quinze dernières années, la baisse des cours de l’or noir a eu des effets directs sur la croissance, et finalement sur le moral du corps électoral.

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5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 07:35
photo GEM

photo GEM

 

28.05.2015 CLES : Notes d'Analyse Géopolitique

 

Jean-François Fiorina s’entretient avec René Cagnat *

 

Officier de carrière longtemps en poste dans les pays de l’Est et en Asie centrale, essayiste et écrivain, universitaire et chercheur, grand voyageur devant l’Eternel, René Cagnat est un personnage aux multiples facettes qui connait en finesse les subtilités du monde eurasiatique.

 

A ses yeux, la France a tort de se désengager de cette zone hautement stratégique où elle bénéficie d’un capital de sympathie, qu’elle dilapide en se mettant à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens. Conjuguant une approche universitaire à un sens aigu des réalités de terrain, René Cagnat nous convie à une balade envoûtante dans les steppes de l’Asie centrale.

 

Géopolitique des steppes

* René Cagnat voit le jour en juin 1942 à Tananarive (Madagascar).

En 1962, il intègre Saint-Cyr. Passionné de montagne, il choisit les chasseurs alpins.

Au cours de ses 37 années de service, René Cagnat va être affecté pendant plus de 15 ans en ambassade et à l’étranger, à Moscou puis Berlin- ouest, en Bulgarie, Roumanie, Ouzbékistan et Kirghizie.

Entre ces différents séjours, René Cagnat poursuit ses recherches en géopolitique.

Ainsi au Secrétariat général de la défense nationale (cabinet du Premier ministre) où il dirige, de 1975 à 1979, le bureau économie des pays de l’Est, puis, de 1988 à1989, auprès du Groupe permanent d’évaluation des situations (cabinet du ministre de la Défense), au Groupe de prospective et d’évaluation stratégique de 1982 à 1984, puis, en 1994, à la Délégation aux affaires stratégiques.

En 1999, il fait valoir ses droits à la retraite comme colonel pour rester en Asie centrale et résider en Kirghizie (consul honoraire de France, 2001-2002). Sa fine connaissance de l’Asie centrale lui permet de mener des missions de consulting au profit de groupes français voulant s’établir dans cette zone, de guider des journalistes et d’organiser des expéditions.

Tout au long de sa carrière, René Cagnat va approfondir ses connaissances géopolitiques. Il passe ainsi une maîtrise de russe (Sorbonne, 1979), se fait breveter de l’Ecole de guerre (1982), puis passe un doctorat en sciences politiques (Institut d’études politiques de Paris, 1983).

Il devient ensuite directeur de séminaire à l’IEP (1983-1985), professeur de français et de civilisation française à l’université américaine de Bichkek et à la chaire militaire kirghize, puis chercheur associé à l’IRIS, Institut de relations internationales et de stratégie (depuis 2010).

Outre les très nombreux articles qu’il signe dans toutes sortes de revues, en sus de ses apparitions dans des émissions et films sur des questions géopolitiques, René Cagnat a connu une carrière littéraire aux multiples facettes.

Voici quelques-uns des titres qui l’ont fait connaître : Le milieu des empires, entre Chine, URSS et Islam, le destin de l’Asie centrale (Robert Laffont, 1981, co-écrit avec Michel Jan, réédité en 1992 et traduit en turc), La rumeur des steppes (Payot 1999 ; Livre de poche, 2000 ; réédité en 2012), Asie centrale, vision d’un familier des steppes (Transboréal, 2001, puis 2003), En pays kirghize, visions d’un familier des monts Célestes ( Transboréal, 2006), Voyage au cœur des empires : Crimée, Caucase, Asie centrale (Editions nationales – Actes Sud, 2009), Afghanistan, les sept piliers de la bêtise (Editions du Rocher, 2012), Il était une France (Editions du Rocher, 2014)…

René Cagnat est Chevalier de la Légion d’Honneur et Officier dans l’Ordre national du Mérite.

Pour en savoir plus : www. rene-cagnat.com

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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 16:55
Géopolitique des systèmes d’information

 

29.01.2015 par Jean-François Fiorina - notes-geopolitiques.com

 

Polytechnicien, spécialiste de cryptographie, Guillaume Poupard est le directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), service interministériel redoutablement efficace rattaché au Premier ministre. 

Face aux multiples menaces cybernétiques, l’ANSSI défend non seulement nos intérêts vitaux, mais aide les entreprises françaises à relever les défis de la guerre économique. Car contrairement à certaines idées reçues, Internet et le monde informatique n’ont pas effacé les frontières.

Et c’est bien à une naissance d’une géopolitique du cyberespace, ancrée dans le réel, que nous assistons. Les récents et tragiques événements de ce mois de janvier le confirment.


 

Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivé à la tête de cette prestigieuse institution qu’est l’ANSSI ? Quelle est votre mission ?

Polytechnicien et ingénieur de l’armement option recherche, j’ai toujours été passionné par la cryptographie, au point d’avoir soutenu une thèse de doctorat en 2000 en ce domaine à l’École normale supérieure de Paris. J’ai tout naturellement commencé ma carrière comme expert puis chef de laboratoire de cryptographie à la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’information, l’ancêtre de l’actuelle Anssi, Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. En 2006, j’ai rejoint le ministère de la Défense, en me spécialisant dans la cyberdéfense, avant de rejoindre la Direction générale de l’armement (DGA) comme responsable du pôle « Sécurité des systèmes d’information ». En mars 2014, j’ai eu le plaisir de revenir à mes origines en étant nommé directeur général de l’ANSSI.

S’il est vrai que nous comptons beaucoup d’ingénieurs dans les rangs de l’ANSSI, nous nous efforçons cependant d’ouvrir nos rangs à des spécialistes venant d’autres horizons. Le domaine de la sécurité est certes marqué du sceau de la technique, mais l’on ne peut se cantonner à la seule logique du technicien. Il est au contraire souhaitable de bénéficier du savoir-faire et de l’expérience de spécialistes issus d’autres champs d’activités, comme les sciences humaines par exemple.

D’autant que la mission de l’ANSSI couvre de larges domaines. En effet, autorité nationale en matière de sécurité et défense des systèmes d’information, l’ANSSI est interministérielle, placée sous l’autorité du Premier ministre.

De la sorte, notre perception est globale et notre sphère d’activité s’étend bien au-delà des traditionnelles questions de défense et de sécurité. Nous travaillons ainsi en étroite collaboration avec différents ministères – comme Bercy ou les Affaires étrangères – qui ont les uns et les autres de plus en plus de choses à nous apporter.

Les menaces cybernétiques s’étendent désormais tous azimuts. Nos industries – qu’elles soient grandes ou petites – sont toutes concernées, car leur savoir-faire comme leur patrimoine peuvent être pillés.

La sécurité informatique est vitale. D’ailleurs, nous observons le développement d’une industrie dédiée à ces questions, non seulement en France mais également en Europe, à même d’apporter des réponses concrètes. Notre action vise donc tout à la fois à susciter une offre en ciblant la réalité des menaces et à répondre à la demande avec des produits et services appropriés. Enfin, nous pouvons être amenés à conduire nous-mêmes des opérations très concrètes. Raison pour laquelle, au-delà des fonctions de prévention et de conseil, nous avons ajouté une capacité opérationnelle à nos compétences.

 

Dans notre monde globalisé, les menaces sont nombreuses et en perpétuelle évolution, ce qui doit singulièrement compliquer votre tâche…

Les menaces évoluent sans relâche, à l’échelle planétaire. D’où la nécessité de les déceler au plus tôt, voire de les anticiper, pour que les usages soient sécurisés. Nous avons d’excellents experts, qui sont tout à la fois capables de gérer des dossiers confidentiels, voire classifiés, tout en gardant une très grande ouverture sur le monde extérieur.

C’est un positionnement quasiment schizophrénique pas toujours aisé à assumer j’en conviens, mais nos experts sont solides et recrutés sur des critères très précis. D’autant que nous les incitons simultanément

à consacrer une large part de leur temps à la recherche et à publier dans des revues académiques, ce qui nous permet de les maintenir à bon niveau. Voilà pour l’aspect expertise. Nous offrons aussi des prestations de conseil à toutes sortes d’interlocuteurs, ce qui nous oblige à moduler et adapter notre discours.

Les dirigeants, dans leur immense majorité, sont réceptifs à notre discours, ils savent que si leur entreprise a une valeur, c’est qu’elle détient de l’information, un savoir-faire, qu’il convient de protéger. Si l’entreprise est pillée ou attaquée, il y a un impact souvent capital pour sa survie.

Longtemps, le sujet de la sécurité a été cantonné aux seuls techniciens. La tendance s’est inversée. On observe une prise de conscience des dirigeants qui sentent bien que le monde a évolué. À nous de fournir la réponse adaptée à la taille et aux activités de l’entreprise. On n’agira donc pas sur le même mode pour une PME ou pour une entreprise d’envergure internationale œuvrant sur un créneau stratégique.

De même, nous notons un vrai intérêt de la part des parlementaires pour notre travail. Ils contribuent à faire évoluer la loi pour que nous puissions agir efficacement dans un cadre juridique approprié. La loi ne doit pas être un frein à la cyberdéfense, bien au contraire, démarche fort bien comprise par les parlementaires français.

Enfin, dans l’univers complexe de la sécurité des systèmes d’information, notre rôle est aussi d’orienter ces dirigeants sur des produits ou des prestataires de confiance.

Nous leur proposons des labels officiels, des qualifications. À cet égard, nous ne faisons preuve d’aucun manichéisme : certaines offres françaises sont refusées et d’autres, étrangères, sont validées. C’est la compétence et la confiance qui sont retenues comme critères-clés. Cette sélection se fait sous notre responsabilité.

 

Suite de l'entretien

 

 

Pour en savoir plus sur Guillaume Poupard

Depuis mars 2014, Guillaume Poupard est le directeur général de l’ Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information ( ANSSI).

Ancien élève de l’École polytechnique (promotion X92), ingénieur de l’armement (option recherche), il est titulaire d’une thèse de doctorat en cryptographie réalisée sous la direction de Jacques Stern à l’École normale supérieure de Paris, soutenue en 2000. Il est également diplômé de l’enseignement supérieur en psychologie.

Guillaume Poupard débute sa carrière comme expert puis chef du laboratoire de cryptographie de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’informa- tion (DCSSI), qui deviendra en 2009 l’ANSSI.

Il rejoint en 2006 le ministère de la Défense, toujours dans le domaine de la cryptographie gouvernementale puis de la cyberdéfense.

En novembre 2010, il devient responsable du pôle « sécurité des systèmes d’information » au sein de la direction technique de la Direction générale de l’armement (DGA), responsable de l’expertise et de la politique technique dans le domaine de la cybersécurité.

L’ ANSSI assure la mission d’autorité nationale en matière de sécurité des systèmes d’information. À ce titre elle propose les règles à appliquer pour la protection des systèmes d’information de l’État et de vérifier l’application des mesures adoptées.

Dans le domaine de la défense des systèmes d’information, elle assure un service de veille, de détection, d’alerte et de réaction aux attaques informatiques, notamment sur les réseaux de l’État.

Elle a notamment pour mission de : détecter et réagir au plus tôt en cas d’attaque informatique, grâce à un centre de détection chargé de la surveillance permanente des réseaux sensibles et de la mise en œuvre de mécanismes de défense adaptés aux attaques ; prévenir la menace, en contribuant au développement d’une offre de produits de très haute sécurité ainsi que de produits et services de confiance pour les administrations et les acteurs économiques ; jouer un rôle de conseil et de soutien aux administrations et aux opérateurs d’importance vitale ; informer régulièrement le public sur les menaces, notamment par le biais du site Internet gouvernemental de la sécurité informatique, lancé en 2008, qui a vocation à être le portail Internet de référence en matière de sécurité des systèmes d’informations.

S’agissant des produits et des réseaux de sécurité, elle est chargée : de développer et d’acquérir les produits essentiels à la protection des réseaux interministériels les plus sensibles de l’État ; de mettre en œuvre les moyens gouvernementaux de commandement et de liaison en matière de défense et de sécurité nationale, notamment le réseau Rimbaud et l’intranet Isis ; de délivrer des labels aux produits de sécurité.

 

 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 08:45
Le Sahel Africain - source Sénat r12-7201

Le Sahel Africain - source Sénat r12-7201

 

19.06.2014 par Jean-François Fiorina - notes-geopolitiques.com

 

 Mali, Tchad, RCA… Constitution d’un nouvel « arc de crises »

 

L’organisation d’Eurosatory 2014, le « salon mondial de la Défense et de la Sécurité terrestres et aéroterrestres », du 16 au 20 juin à Paris, fournit l’occasion de s’intéresser aux opérations militaires françaises du moment. Où il apparaît qu’entre Serval au Mali, depuis janvier 2013, et Sangaris en République centrafricaine, au mois de décembre de la même année, l’armée de Terre semble suivre la dynamique territoriale d’un « arc de crise » africain.

Si l’Afrique recèle un formidable potentiel de développement (cf. note CLES n°102, 28/03/2013), le continent reste déchiré par de profondes fractures géopolitiques. Fractures que l’africaniste Bernard Lugan trace à grands traits dans un récent numéro spécial de L’Afrique réelle : « De la zone nigéro-tchadienne jusqu’au Kivu, les deux principaux couloirs de communication de l’Afrique, – celui du Sahel qui met en contact le monde du désert avec celui des savanes et celui du rift africain -, sont menacés par une chaîne de conflits ».

Mali, Niger, Tchad, mais aussi Nigéria, Soudan du Sud, Centrafrique… les « points chauds » se multiplient, depuis les confins du Sahara et du Sahel jusqu’au coeur de l’Afrique centrale, au sein du vaste espace constitué par les 28 pays membres de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD).

S’intéresser à la déstabilisation de la zone comprise entre le Sahara et le Sahel suppose d’élargir la focale à un ensemble encore plus vaste. Comme le rappelle Bernard Lugan : « Après la région saharo-sahélienne, une nouvelle ligne de fracture s’est en effet ouverte en Afrique centrale. Elle court depuis le Nigeria à l’Ouest jusqu’à la région du Kivu à l’Est, touchant le nord du Cameroun, les deux Soudan et la RCA« .

 

Un espace de défaillance étatique

Le premier constat qui s’impose est celui d’une faillite de la construction étatique, illustrée par la dynamique des forces centrifuges qui conduisent à des sécessions de fait. En 2011, le Soudan du Sud obtient son indépendance après de nombreuses années de luttes. En 2012, le nord du Mali tombe aux mains de rebelles touaregs (MNLA) alliés à des mouvements islamistes armés (Aqmi, Ançar Dine, Mujao). Dans le nord du Nigéria, les différents États fédérés adoptent les uns après les autres la Charia, ce qui les soustrait en grande partie au droit commun de l’État central.

De nombreux espaces de l’Afrique saharo-sahélienne basculent également dans la catégorie des « zones grises ». Ainsi, toujours au nord du Nigéria, en va-til des espaces où la secte Boko Haram est la plus active, ou encore des espaces sahariens situés aux confins du Mali, du Niger et de l’Algérie. La liste des groupes armés actifs en ces lieux est longue : Ansar Dine, Al Qaida au Maghreb islamique… Avec pour point commun des modes d’action mixant terrorisme et grand banditisme, qui conduisent à la contestation de la réalité d’un État de droit : enlèvements et demandes de rançons, enrôlement de la population, trafics en tous genres…

Comment expliquer cette décomposition ? Le cas de la Centrafrique est particulièrement éclairant. D’après les auteurs de l’ouvrage Centrafrique, pourquoi la guerre ?, édité chez Lavauzelle avec le concours scientifique du Centre de Recherches des Ecoles de Coëtquidan, « l’histoire contemporaine de la RCA, de 1960 à 2012, est résumée dans l’alternance des cycles ethno-politiques qui donnèrent tour à tour le pouvoir à des populations originaires des trois grandes régions du pays« .

Comme à peu près partout en Afrique, les frontières issues de la colonisation ont été tracées sans tenir compte des peuples, biaisant à la racine la notion même de représentativité – et donc de légitimité – des instances politiques. De plus, certains espaces transfrontaliers sont des zones grises « naturelles », de déstabilisation chronique, comme le « triangle de la mort » entre Centrafrique, Cameroun et Tchad, où Thomas Flichy de la Neuville, qui a dirigé la publication de l’ouvrage précité, rappelle l’ancienneté des exactions des « coupeurs de routes« .

L’impact économique de cette défaillance étatique est considérable (cf. note CLES n°123, La « guerre civile » centrafricaine, 30/01/2014). Pour Flichy de la Neuville, « la guerre qui secoue actuellement la RCA empêche l’exploitation des ressources souterraines du pays » : or, diamants (13 % des emplois locaux), pétrole (dans les régions de Dobo Doseo et Salamat), uranium.

 

Une extension des affrontements ethno-religieux

La plupart des conflits du moment voient la prégnance des facteurs ethniques. Au Nigéria, Bernard Lugan estime que tout le nord du pays est devenu une immense zone grise en raison des apparentements ethniques transfrontaliers. Les peuples haoussas, fulanis et kanouris s’entraident ou s’opposent au mépris des frontières étatiques. Ces affrontements ethniques pourraient conduire, par emboîtement d’échelles, à une totale fragmentation de la région.

Lugan rappelle que c’est ce processus qui a été observé au Soudan : « A une guerre raciale entre ‘Arabes’ nordistes et ‘Noirs’ sudistes, succéda en effet une guerre ethnique entre les deux principales ethnies nilotiques du Soudan du Sud« , rendant ce nouvel État pratiquement ingouvernable.

Mais les conflits de la région sont également de plus en plus de nature religieuse. La religion ne contribue-t-elle pas à « sanctifier » d’anciennes lignes de fractures ? Bernard Lugan rappelle ainsi que toute la bande sahélienne est marquée depuis le XVIIIe siècle par une expansion de l’islam, venu du Nord, en direction du Sud, où résident des populations d’ethnies distinctes et de tradition animiste. Aux époques médiévale et moderne, les musulmans accomplissent régulièrement des razzias de bétail mais aussi d’esclaves au sud du Sahel.

À l’époque coloniale, ces populations du Sud se convertissent en masse à la religion de leurs « protecteurs » européens : le christianisme. Lugan souligne l’importance de ce prolongement de l’ethnique vers le religieux pour le Nigéria : « Les fondamentalistes musulmans qui contrôlent le nord du Nigéria cherchent à exacerber la fracture entre le Nord et le Sud ; et cela afin d’imposer l’indépendance du Nord qui deviendrait ainsi un État théocratique« . Les Fulanis n’appellent- ils pas à la résurgence du califat Sokoto ?

L’action de la Seleka en Centrafrique relève du même processus : « Le conflit ethnique de RCA est donc peu à peu devenu religieux, engerbant en quelque sorte les composantes ethniques régionales avec tous les risques internationaux qu’une telle évolution implique« . Ainsi, au départ simple « coalition de plusieurs tribus nordistes, dont les Gula et les Runga, le Seleka fut rejoint par des pillards venus tant du Tchad que du Soudan« .

 

L’apparition d’un nouvel « arc de crises »

Cet incendie parti de l’Afrique saharo-sahélienne et qui est en train d’embraser plus largement l’Afrique centrale est au coeur d’un nouvel arc de crises. Les logiques à l’oeuvre ne sont pas strictement locales. En effet, plusieurs acteurs extérieurs à la région contribuent à y accentuer les facteurs de tension. En premier lieu, on doit mentionner ce que les auteurs de Centrafrique, pourquoi la guerre ? appellent « la cannibalisation de l’islam national par l’islam transnational« .

En effet, on assiste à une pénétration sur les marges sud du Sahara de mouvements armés qui associent la pratique traditionnelle du pillage à une logique d’islamisation radicale plus récente. Comme l’écrit Didier Giorgini dans la revue de géopolitique Conflits (n°1), « certains islamistes considèrent la lutte contre les chrétiens en Afrique comme une sorte de conflit à échelle réduite de ce que serait à l’échelle du monde la lutte Islam-Occident, une sorte de ‘conflit périphérique’ ou de conflit limité à défaut d’avoir la possibilité d’étendre leur champ d’action à toute la planète« .

Les victimes sont donc essentiellement les populations chrétiennes, comme au Nigéria, ou encore les musulmans relevant de l’ »islam des terroirs » (Omar Saghi). En effet, l’islam sahélien conserve des pratiques traditionnelles jugées scandaleuses pour les rigoristes wahhabites et autres salafistes, chaque partie s’accusant mutuellement d’activisme prosélyte. C’est ce qui explique, notamment, la campagne de destruction des mausolées de Tombouctou, lors de son occupation par les islamistes en 2012-2013.

S’ajoutent enfin les interventions des puissances étrangères. Celles menées par les États occidentaux sous mandat de l’ONU se font certes au nom de grands principes, mais viennent souvent se briser sur l’écueil de la complexité ethnoreligieuse. Comme le rappelle Didier Giorgini s’agissant de la RCA, « l’intervention française après le 5 décembre 2013 est accusée sur le terrain d’être, au choix, favorable aux musulmans ou aux chrétiens » : en mécontentant tous les acteurs du conflit, elle contribue involontairement à ralentir sa résolution.

Une situation d’autant plus délicate que, selon Flichy de la Neuville, les « puissances occidentales et émergentes » sont « concurrentes en Centrafrique« , comme le Canada, le Maroc et bien sûr la Chine – qui y finance logements sociaux et hôpitaux. Tandis qu’ici comme ailleurs, certaines pétromonarchies du Golfe soutiennent en sous-main les milices musulmanes…

Ce qui se passe en Centrafrique peut-il être élargi aux autres pays de la région ? Bernard Lugan invite à s’intéresser tout particulièrement au Tchad. Le « verrou tchadien » est en effet à l’articulation de zones de déstabilisation qui affectent aujourd’hui le Niger, la Libye, le Soudan du sud, le Nigéria et la Centrafrique. Le cas de cette dernière n’est peut-être que l’annonce d’un nouveau paradigme, l’ensemble de la région étant soumis au risque d’un terrible effet de dominos.

Lugan prévient que, « désormais, la priorité est d’éviter que l’anarchie centrafricaine ne se traduise par une contagion régionale« . C’est tout le sens de l’engagement des forces françaises sur place. Un engagement qui exige certes des moyens et de la détermination, mais plus encore peut-être du doigté et une certaine forme d’humilité. Il ne faudrait pas en effet apparaître comme l’ancienne puissance coloniale au moment précis où la construction coloniale se dissout devant le retour des structures politiques spécifiquement africaines. Une dynamique que nous avons insuffisamment mesuré au Mali, et que nous serions peu fondés à combattre, alors même qu’ici aussi, les vieilles structures historiques ressurgissent derrière une construction européenne jugée trop artificielle…

 

Pour aller plus loin :

  • Les guerres d’Afrique : des origines à nos jours, par Bernard Lugan, éditions du Rocher, 403 p., 32 € ;
  • L’arc de crise de l’Afrique centrale, in L’Afrique réelle n°53, revue mensuelle par Internet, 05/2014, http://bernardlugan.blogspot.fr/ ;
  • Centrafrique, pourquoi la guerre ?, dirigé par Thomas Flichy de la Neuville, éditions Lavauzelle, 110 p., 12,80 € ; Géopolitique de l’Afrique, par Philippe Hugon, éditions Armand Colin, 128 p., 9,80 €.
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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 08:54
La prolifération nucléaire aujourd’hui

Dec. 5, 2013 par Jean-François Fiorina - notes-geopolitiques.com

 

Un enjeu éminemment géopolitique

 

Avec la conclusion du premier round de négociations sur le nucléaire iranien à Genève, ce sont les enjeux liés à la prolifération qui gagnent en visibilité. Délaissées depuis la fin de la guerre froide, les problématiques nucléaires militaires ne sont plus vraiment au centre des préoccupations stratégiques. « Pourtant un monde nucléaire inédit est en train d’émerger et, si nous n’y prenons garde, nous risquons de nous retrouver confrontés à un ordre nucléaire radicalement nouveau sans nous y être au moins intellectuellement préparés », prévient Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, dans la préface à l’ouvrage de Thérèse Delpech sur La dissuasion nucléaire au XXIe siècle (Prix Brienne du livre géopolitique 2013).

 

À l’heure où les premières puissances nucléaires s’interrogent sur le maintien de leurs arsenaux, du moins en Europe et aux États-Unis, il importe de resituer le débat sur la dissuasion dans le contexte mouvant de la géopolitique contemporaine.

L’arme nucléaire n’est pas un simple moyen de destruction. « Pour les uns, instrument de guerre, comme toutes les armes. Moyen de la non-guerre pour les autres, qui marquent ainsi la différence entre la paix naturelle imputable à la modération des politiques et la paix forcée due à la rétention de la violence par la peur de ses excès », analysait le général Lucien Poirier (Des stratégies nucléaires, 1977). Instrument politique autant que guerrier, la Bombe conserve des attraits incomparables. C’est ce qui explique la relance de la prolifération, qui peut être le fait de « primo accédants » souhaitant développer des programmes clandestins mais aussi des puissances nucléaires établies qui renforcent et améliorent leurs arsenaux.

 

La lutte contre la prolifération malmenée ?

Pour Bruno Tertrais, maître de recherche à la FRS, la prolifération est le fait des « pays qui sont restés à l’écart du TNP (Inde, Israël, Pakistan), qui s’en sont retirés (Corée du Nord), ou qui sont soupçonnés de le violer [Iran, Birmanie?]« . Depuis la fin de la guerre froide, l’effort de la communauté internationale privilégie la contre-prolifération horizontale, qui vise à « éviter qu’un État puisse maîtriser la technologie nucléaire militaire et être ainsi en mesure de bouleverser les équilibres régionaux garantis par les puissances nucléaires officielles (États-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Chine) » – cf. note CLES n°50, 12/01/2012. La lutte contre la prolifération verticale, c’est-à- dire le désarmement ou la limitation des arsenaux nucléaires déjà en service, est en revanche nettement moins volontariste. Et ce, en dépit de la prolifération active entreprise notamment par la Chine ou la Russie. Dans la stratégie militaire chinoise en effet, « les armes nucléaires jouent un rôle croissant. De nouveaux systèmes air, mer et terre commencent à être déployés [dans la région], dans la plus grande opacité, dénoncée par ses voisins. [...] Avec beaucoup moins de ressources financières, la Russie donne aussi la priorité à ses capacités nucléaires parce qu’elle estime que d’importants déséquilibres conventionnels existent avec l’OTAN et avec la Chine », constatait Thérèse Delpech, ex-directrice des affaires stratégiques du CEA, aujourd’hui décédée.

C’est par la diplomatie que s’organise principalement la contre-prolifération. Elle repose sur deux principaux outils: l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le traité de non-prolifération (TNP) de 1968. L’enjeu est de taille: « Le risque est grand [en cas d’échec] d’une prolifération en cascade », alerte Bruno Tertrais. Si, jusqu’à présent, ce système a bien fonctionné (les États s’étant engagés dans la voie des applications militaires sont rares et la majorité a renoncé à franchir le seuil nucléaire), il est permis de douter de son efficacité pour le siècle qui s’annonce. « L’ère nouvelle ne sera pas nécessairement soumise aux règles de l’ancienne », prévenait Thérèse Delpech, pour qui le XXIe siècle sera caractérisé par une forme de « piraterie stratégique », c’est-à-dire un « manque de respect croissant pour le droit international et les règles de comportement acceptées par tous ». Cette « piraterie » est le fait d’un nombre de plus en plus croissant d’acteurs étatiques, mais aussi non gouvernementaux, qui contestent l’ordre international mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par les puissances dominantes d’alors. Les Émergents, ainsi que les pays se percevant comme des leaders régionaux historiques, se contenteront- ils de cet ordre « qu’ils considèrent comme leur étant défavorable »? Probablement pas. Par le truchement de l’arme nucléaire, ils peuvent espérer le bousculer.

Pour anticiper les bouleversements en cours, la contre-prolifération devra davantage se concentrer sur les motivations des challengers d’un Occident perçu comme déclinant, et non sur les seules modalités techniques et scientifiques qui président à la réalisation ou à l’approfondissement d’un programme nucléaire. La question du « pourquoi? » ne devrait-elle pas être en effet au centre de la lutte contre les programmes nucléaires militaires clandestins et la prolifération verticale ?

 

Pourquoi un État choisit-il le nucléaire ?

La réponse la plus évidente est que les États qui cherchent à développer des armes nucléaires, ou à les améliorer, sont ceux qui sont confrontés à une menace militaire significative qu’ils estiment ne pas pouvoir contrer par d’autres moyens, plus conventionnels. En l’absence d’une telle menace, ils resteraient volontiers des États non nucléaires, ou à la capacité sommaire. C’est le « modèle de la sécurité » établi par Scott Sagan, professeur de sciences politiques à Stanford. L’évaluation des menaces restant un exercice à la fois subjectif et politique, c’est la perception qu’a un État de son environnement sécuritaire régional et international, davantage que la réalité objective de celui-ci, qui le pousse, ou non, à développer une capacité nucléaire militaire. La prolifération engendre donc la prolifération. Historiquement, l’Union soviétique a acquis des armes nucléaires pour parvenir à l’équilibre avec les États- Unis; la Grande-Bretagne et la France les ont acquises pour dissuader l’URSS; la Chine pour dissuader à la fois les États-Unis et les Soviétiques, etc. À l’inverse, l’Afrique du Sud, le Brésil ou encore l’Argentine ont abandonné leurs programmes dès lors que leur environnement sécuritaire ne les justifiait plus.

Pour Scott Sagan cependant, l’explication par l’analyse stratégique et sécuritaire ne suffit pas : « Les programmes d’armes nucléaires servent également d’autres objectifs, plus chauvins et moins évidents ». Il propose deux autres modèles complémentaires, dont chacun prétend dévoiler les autres motifs qui, au-delà de la recherche de sécurité, poussent des États à se doter d’armes nucléaires. Le « modèle de la politique intérieure » insiste sur l’importance des mécanismes d’acquisition propres à la culture administrative et politique d’un « État proliférant ». Le développement des armes nucléaires serait ici motivé par des rivalités entre administrations et responsables politiques. Les programmes nucléaires américains et français à leurs débuts illustrent ce jeu des luttes de pouvoir entre institutions. Plus près de nous, l’étude du cas iranien révèle un même jeu entre les divers acteurs du programme, au sein duquel chacun justifie son existence, indépendamment des considérations officielles sur l’intérêt national. Quant au « modèle de la norme », il fait référence à la volonté de prestige et d’affirmation de puissance. Ici, la représentation qu’a un État de lui- même sur la scène internationale est primordiale. Ce modèle peut être complémentaire du précédent. Ainsi, la vocation iranienne d’être la grande puissance régionale du Golfe explique en très grande partie la course à l’arme nucléaire. Outre la démonstration d’une excellence scientifique et technologique, la possession d’un arsenal nucléaire offre aux États un outil au service de leur politique étrangère. Elle est garante d’une autonomie stratégique.

En réalité, l’histoire de la prolifération conjugue les trois modèles (« sécurité », « politique intérieure », « norme »). L’explication des rapports de force internationaux n’est jamais monocausale. À la faveur de la recomposition géopolitique actuelle, caractérisée à la fois par l’évolution de la démographie globale et la mondialisation de l’économie, la prolifération semble donc avoir un bel avenir. En remettant en cause, dans ce domaine aussi, la domination occidentale.

 

La « bonne vieille dissuasion » a-t-elle encore un sens ?

« Il devient évident que l’Occident accorde aux armes nucléaires un rôle de plus en plus marginal et restreint » dans sa panoplie stratégique, constatait Thérèse Delpech, « au moment même où plane en Asie – de l’ Asie occidentale à l’ Asie orientale – une menace sur la préservation de la paix nucléaire ». Ce désintérêt se traduit aussi par un relâchement de la réflexion doctrinale. Autrement dit, les États-Unis, la France et la Grande- Bretagne disposent d’un arsenal dont le mode d’emploi n’a pas été sensiblement révisé depuis la fin de l’affrontement bipolaire. « La dissuasion a été (elle est toujours) le concept de base des doctrines nucléaires occidentales. » Répond-elle aux défis lancés par les nouvelles puissances asiatiques? La possession de la Bombe garantit-elle la sanctuarisation d’un territoire ? L’extension du parapluie nucléaire à des alliés hors de l’Europe est-elle souhaitable, voire crédible? Les mécanismes « classiques » de l’escalade nucléaire ont-ils encore cours vis-à-vis d’autres puissances que la défunte URSS ?

Pour répondre à ces questions, il faudrait connaître les intentions des adversaires potentiels. L’arme nucléaire sera-t-elle avant tout une arme d’emploi ? Aura-t-elle pour objectif premier de frapper des troupes militaires ou directement des agglomérations civiles ? Son emploi sera-t-il intégré à d’autres modes d’action ? Son usage fera-t-il l’objet d’avertissements selon des modalités connues de l’adversaire ? C’est à ce « nouvel effort intellectuel » qu’invite l’ouvrage posthume de Thérèse Delpech. S’intéresser à la prolifération nucléaire est une façon de se préparer aux profondes mutations géostratégiques de ce siècle naissant.

 

 

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