28 mars 2014 RTBF.be (Belga)
La Lituanie et la Lettonie envisagent de doubler leurs dépenses militaires d'ici à 2020, au milieu des inquiétudes que suscite dans ces anciennes républiques soviétiques, aujourd'hui membres l'Otan, le rattachement de la Crimée à la Russie
Avec l'Estonie voisine, ces trois pays baltes fêtent samedi les dix ans de leur appartenance à l'Alliance atlantique qu'ils considèrent comme le principal rempart contre leur ancienne puissance dominante.
Leurs relations avec Moscou demeurent tendues depuis leur retour à l'indépendance après la chute de l'Union soviétique il y a plus de vingt ans.
"L'agression de la Russie contre l'Ukraine a fait revenir certains politiciens à la réalité, leur faisant voir l'importance de financer la défense", a déclaré vendredi le ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas, à l'AFP.
Les partis politiques lituaniens signeront samedi un accord en vue de porter d'ici à 2020 le budget de la défense de 0,8% actuellement à 2,0% du PIB, a-t-il indiqué.
Dans un discours au parlement, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a appelé jeudi le gouvernement à plus que doubler le budget de la Défense en cinq ans, dans le contexte des tensions autour de l'Ukraine et de l'absorption de la Crimée par la Russie.
"Nous vivons tous ce qui se passe en Ukraine, et nous réalisons une fois de plus à quel point la liberté est fragile", a-t-elle déclaré.
La Lettonie a pris un engagement similaire. Son ministre de la Défense, Raimonds Vejonis, a réitéré devant une commission parlementaire jeudi la promesse de porter de 1% l'an dernier à 2% du PIB en 2020 les dépenses militaires du pays.
Mais les pays baltes ne se font pas d'illusion de pouvoir se défendre sans aide de l'Otan contre une menace russe.
"Il est important de contrebalancer les évolutions actuelles par des mesures de dissuasion suffisantes de l'Otan, en renforçant la présence de l'Otan et des forces alliées dans la région de la Baltique", a déclaré vendredi M. Vejonis à l'AFP.
"L'Otan est le garant de stabilité euro-atlantique. L'adhésion à l'Otan a été et demeure la pierre angulaire de la sécurité et de la défense de la Lettonie", a-t-il ajouté.
Seule l'Estonie figure parmi le peu de membres européens de l'Otan qui respectent la recommandation de l'Alliance de consacrer aux dépenses militaires 2% de leur PIB. "Il n'y a pas de projet d'augmenter ni de réduire ce budget", a indiqué vendredi le porte-parole du ministère estonien de la Défense, Peeter Kuimet.
Dans un discours mercredi à Bruxelles, le président américain Barack Obama avait appelé les Européens à prendre leurs responsabilités, se disant "préoccupé" par la baisse des dépenses militaires de certains pays de l'Otan. "La situation en Ukraine nous rappelle que la liberté a un prix", a-t-il dit.
Les trois pays baltes comptent ensemble 6,3 millions d'habitants et ont chacun une frontière avec la Russie. En Lettonie et en Estonie, la minorité russe représente près d'un quart de la population. En Lituanie, elle compte 6%.
L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont recouvré leur indépendance en 1991 après cinq décennies d'occupation soviétique, avant d'adhérer à l'Union européenne et à l'Otan en 2004.
Le vice-président américain Joe Biden avait déclaré la semaine dernière à Vilnius que Washington était prêt à envoyer des troupes dans les pays baltes, pour les rassurer dans le contexte de la crise ukrainienne. Il a aussi fermement réaffirmé que les engagements de la défense mutuelle définis dans l'article 5 de l'Otan étaient sûrs "comme du fer".
Les Etats-Unis ont déjà envoyé en Lituanie six avions F-15 pour renforcer la surveillance par l'Otan de l'espace aérien balte, une mission assurée fin 2013 par des F-16 belges. La France, le Danemark et la Grande-Bretagne ont aussi proposé leurs avions