Enfin, un pas vers la mutualisation de équipements militaires. Ainsi, les Pays-Bas, la Pologne et la Norvège vont négocier avec Airbus en vue d'acquérir dans le cadre d'une commande groupée et via l'Agence d'armement européenne (OCCAR) quatre avions ravitailleurs A330 MRTT, ont déclaré vendredi des responsables européens. "Les Pays-Bas, la Pologne et la Norvège ont décidé de préparer des négociations avec Airbus Defence & Space en vue de l'acquisition d'une flotte d'avions A330 multirôles de transport et de ravitaillement en vol", a annoncé dans un communiqué l'Agence européenne de défense (AED). L'objectif est de parvenir à un contrat signé fin 2015.
Le ministère néerlandais de la Défense a précisé que le consortium envisageait d'acheter quatre appareils, qui seraient exploités en commun par les trois pays, ajoutant que d'autres nations pourraient rejoindre le projet par la suite. Peut-être la Belgique, voire l'Espagne, selon nos informations. Pour l'heure, les Belges souhaiteraient simplement acheter des heures de vol. Ce qui est possible, selon l'AED. En attendant de nouveaux entrants, une première capacité opérationnelle est attendue en 2019, a précisé l'AED.
Vers une flotte d'avions ravitailleurs européens mutualisés
Dix pays européens - Belgique, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal et Norvège - avaient signé en novembre 2012 un accord pour que l'Europe se dote d'ici à 2020 d'une capacité commune d'avions multirôle de ravitaillement en vol et de transport. "Ces dix pays signataires et d'autres futurs contributeurs feront l'acquisition ou utiliseront en commun une flotte d'aéronefs destinée à répondre au besoin de ravitaillement en vol des Européens en opérations, dans le même esprit que le Commandement du transport aérien européen (EATC)", avait alors souligné un communiqué du ministère de la Défense.
Inauguré en septembre 2010, l'EATC, dont le commandement est basé à Eindhoven (Pays-Bas), permet aux armées allemande, belge, française et néerlandaise de partager leurs moyens de transport aériens. Ce qui a été le cas avec succès pour l'opération Harmattan en Libye. "L'EATC a montré sa pertinence lors d'Harmattan", avait confirmé en octobre 2012 devant les députés le chef d'état- major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier. Pour autant, en matière de ravitaillement, "l'Europe ne dispose pas de capacités pouvant assurer son autonomie comme l'avait montré l'opération Harmattan menée en Libye en 2011 où 75 % du ravitaillement en vol avait été opéré par d'autres que les Européens", a précisé le communiqué.
Près de 10 milliards d'économies grâce à la mutualisation
La directrice exécutive de l'Agence européenne de défense (AED), Claude-France Arnould, avait quant à elle estimé en janvier 2013 devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, que "si nous nous mettions ensemble au niveau européen, nous pourrions faire 1,8 milliard d'euros d'économies dans le spatial, 5,5 milliards dans les programmes de véhicules blindés, et 2,3 milliards sur dix ans pour les frégates". Soit 9,6 milliards d'euros d'économies.
Le 13 décembre 2012, 26 pays membres de l'AED avaient indiqué qu'ils allaient systématiquement passer en revue leurs programmes en vue de favoriser dans le cadre d'un code de bonne conduite le "pooling and sharing" (union et partage) des capacité de défense dans leurs prochains achats. "Le code de conduite peut être un vrai tournant", avait assuré Claude-France Arnould. Sans aucun succès notoire jusqu'à la volonté exprimée récemment par les Pays-Bas, la Pologne et la Norvège d'acquérir quatre A330 MRTT.