Selon nos informations, les surcoûts de l'opération Sentinelle vont s'élever à 180 millions d'euros en 2015 pour le ministère de la Défense. Qui va les payer ces surcoûts liés aux opérations intérieures (OPINT) ? Vont-ils relever de la solidarité interministérielle ? Depuis la rentrée, les militaires sont inquiets sur cette incertitude qui plane sur leur budget. "C'est à la fois peu et à la fois beaucoup, cela peut par exemple neutraliser la montée en puissance des crédits pour le Maintien en condition opérationnelle", explique-t-on à La Tribune. En 2016, le ministère de la Défense avait prévu de doubler le budget du MCO, en souffrance avec la répétition des opérations extérieures (OPEX), de 250 à 500 millions d'euros (autorisation d'engagement).
Aujourd'hui encore 7.000 militaires (contre 3.000 militaires déployés au Sahel) sont mobilisés pour assurer la sécurité de 5.000 sites identifiés comme sensibles en France, selon le Premier ministre, manuel Valls, - des lieux touristiques, des gares et des aéroports, des bâtiments publics et bien sûr les sites religieux, notamment - en complément de l'opération Vigipirate conduite par les forces de sécurité du ministère de l'Intérieur. En janvier, trois jours après les attentats de janvier, l'armée à la demande du gouvernement avait déployé dans l'urgence 10.000 hommes de troupes. Soit un coût de 1 million d'euros.
"C'est un effort nouveau et considérable, à la hauteur, bien sûr, de la menace terroriste. (...) Nous assumons financièrement cet effort dans le cadre du budget pour 2016, comme dans ceux qui vont suivre parce que nous savons que c'est une priorité", avait expliqué le 1er juillet à l'Assemblée nationale le Premier ministre, Manuel Valls, sans pour autant préciser quels crédits seraient affectés à ces nouvelles dépenses.
Un job en deçà des capacités des militaires
Ce nouveau contrat opérationnel de protection fait de plus en plus grogner au sein des états-majors, qui restent prêts à remplir leur mission. "C'est un simple travail de vigile, regrette-t-on. C'est cher payé par rapport à la formation que nous avons donnée pendant six mois aux soldats". D'autant que certains soldats pourraient être mobilisés entre 24 et 30 semaines par l'opération Sentinelle en 2016, selon un chef de corps. Et la crainte est d'aller vers une armée à deux vitesses.
C'est d'ailleurs ce qu'expliquait déjà en juillet à l'Assemblée nationale le député UDI Philippe Folliot. "Nous pouvons nous interroger, sur le moyen terme, sur ce déploiement dans la durée des forces de l'armée de terre pour des missions qui sont peut-être plus du ressort de la police et de la gendarmerie, voire de sociétés privées", avait-il souligné.