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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 09:55
photo EMA

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source

 

J’assume les responsabilités de chef d’état-major des armées depuis trois ans et demi. Je suis pleinement conscient de l’honneur qui m’est fait, de la confiance qui m’a été accordée et des devoirs qui sont attachés à cette fonction.

 

J’ai toujours veillé, depuis ma nomination, à maintenir un modèle d’armée qui garantisse la cohérence entre les menaces qui pèsent sur la France et sur l’Europe, les missions de nos armées qui ne cessent d’augmenter et les moyens capacitaires et budgétaires nécessaires pour les remplir.

 

Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n’a jamais cessé d’être le fondement de ma relation avec l’autorité politique et la représentation nationale, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité.

 

Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée.

 

J’éprouve une vraie reconnaissance envers nos soldats, nos marins et nos aviateurs avec lesquels j’ai partagé ma vie, pendant quarante-trois années, au service de la nation, en toute sincérité. Je sais pour les connaître qu’ils continueront à assurer la mission aux ordres de mon successeur avec autant de détermination et de fidélité.

 

Je reste indéfectiblement attaché à mon pays et à ses armées. Ce qui m’importera, jusqu’à mon dernier souffle, c’est le succès des armes de la France.

 

Général d’armée Pierre de Villiers

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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 11:55
photo Armée de l'Air

photo Armée de l'Air


29/01/2016  Armée de l'air

 

Le 28 janvier 2016, les obsèques du général Douin ont été célébrées dans la cour d'honneur des Invalides.

 

Un hommage solennel a été rendu au général Jean-Philippe Douin, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air (1994-1995), chef d'état-major des armées (1995-1998) et grand chancelier de l'ordre de la Légion d'honneur (1998-2004), décédé le 19 janvier dernier. La cérémonie était présidée par le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, en présence du chef d'état-major de l'armée de l'air, le général André Lanata. L'éloge funèbre a été prononcé par le général Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de la Légion d'honneur. Il sera inhumé dans l'intimité familiale au cimetière du Mur-de-Sologne. 

 

Obsèques du général Douin aux Invalides
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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 17:20
photo EMA / ECPAD

photo EMA / ECPAD

 

25/01/2016 Sources : Etat-major des armées

 

Le 22 janvier 2016, le général Pierre de Villiers a reçu à Paris son homologue américain, le général Joseph F. Dunford Jr. (Chairman of the Joint Chiefs of Staff). Les deux chefs d’état-major se sont entretenus de la coopération militaire bilatérale entre la France et les États-Unis, en particulier dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes au Levant et au Sahel. Cette rencontre constituait une occasion supplémentaire de renforcer le dialogue déjà étroit entre les deux chefs militaires.

 

Au lendemain de rendez-vous politico-militaires majeurs (rencontre entre MM. Carter et Le Drian / réunion ministérielle de sept des membres de la coalition au Levant), cette rencontre visait à faire le point sur les engagements opérationnels dans l’objectif d’intensifier la lutte contre la menace terroriste.

 

Lors d’un point de situation qui s’est tenu au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) à Balard, le général de Villiers et le général Dunford ont partagé leur perception des menaces et de la stratégie militaire mise en œuvre pour contrer les groupes armés terroristes.

Leurs réflexions se sont concentrées sur deux théâtres d’opérations principaux : la bande sahélo-saharienne avec l’opération Barkhane, pour laquelle la France agit en qualité de « leader » et où les forces américaines apportent leur soutien ; l’action conduite par la coalition menée par les Américains en Irak et en Syrie, où la France intervient en qualité « d’équipier » dans le cadre de l’opération Chammal.

photo EMA / ECPADphoto EMA / ECPAD

photo EMA / ECPAD

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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 11:50
photo NATO

photo NATO

 

22/01/2016 Sources : Etat-major des armées

 

Le 21 janvier 2016, le général d’armée Pierre de Villiers a assisté au comité militaire de l’OTAN (MCCS - Military Committee in Chiefs of Staff Session) qui réunit trois fois par an à Bruxelles les chefs d’état-major des pays membres de l’Alliance atlantique.

 

A moins de six mois du sommet de Varsovie, l’objet de ce comité militaire était de faire le point sur les grands projets de la feuille de route établie à Newport deux ans plus tôt. Le  « plan d’action pour la réactivité » (Readiness action plan – RAP) et l’adaptation de l’Alliance à l’évolution des menaces sur les flancs Est et Sud de l’Europe ont ainsi été au cœur des discussions.

 

Lors de son intervention, le général de Villiers a fait le point sur le niveau d’engagement inégalé des forces françaises au Sahel, au Levant et sur le territoire national en soulignant les risques liés à la menace terroriste sur la sécurité internationale. Il a notamment pu développer ce point lors de ses entretiens bilatéraux avec ses partenaires, notamment italiens, australiens et lettons. Lors du MCCS, le CEMA a salué les avancées réalisées au titre du « plan d’action pour la réactivité » (RAP) avant de rappeler que l’ensemble des projets de Newport, déterminant pour l’adaptation de l’OTAN, devait être atteint en optimisant les ressources de l’alliance.

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 20:55
La mort du général Jean-Philippe Douin, ancien chef d’état-major des armées

 

21 Janvier 2016 Jean-Dominique Merchet

 

Un communiqué de l’Elysée nous apprend le décès du général  Jean-Philippe Douin, 75 ans, qui fut chef d’état-major des Armées (CEMA) de septembre 1995 à avril 1998. Il avait ensuite été nommé Grand Chancelier de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

Issue d’une famille militaire, Jean-Philippe Douin était un aviateur : entré à l’Ecole de l’Air en 1961, il devint pilote de chasse, essentiellement sur Mirage. Commandant de la base de Dijon-Longvic, il fut brièvement chef d’état-major de l’armée de l’air, avant d’être nommé Cema par Jacques Chirac, à la suite de l’amiral Lanxade.

Il eut à lancer la professionnalisation des armées, décidée en 1996, ainsi que le reformatage de la dissuassion nucléaire (fin des essais à Mururoa, fermeture du plateau d’Albion...). Au plan des Opex, son « mandat » de Cema fut essentiellement marqué par la guerre en Bosnie. 

Grand, mince, peu démonstratif, sans doute mal à l’aise dans ce poste de cema trop politique pour lui, le général Douin était animé d’une profonde foi catholique. Après avoir quitté la grande chancellerie en 2004, il avait, pour ainsi dire, disparu des écrans-radar de la communauté de défense. 

Il est, à ce jour, le dernier aviateur a avoir occupé le poste de chef d’état-major des armées.

source Elysée:

Entré à l’Ecole de l’Air en 1961, Jean-Philippe DOUIN avait choisi de devenir pilote de chasse. Aviateur d’exception, il a joué un grand rôle dans la modernisation de l’Armée de l’air. Son apport fut essentiel dans la mise au point du système d’armes du Mirage 2000 puis comme pilote d’essai du Mirage F1.

Commandant de la base aérienne 102 « Capitaine Guynemer » de Dijon en 1985, Jean-Philippe DOUIN occupe ensuite divers postes de haut niveau à dominante interarmées, avant d’accéder aux responsabilités militaires les plus hautes : chef d’état-major de l’armée de l’air, puis chef d’état-major des armées en 1995.

C’est ce parcours exceptionnel qui a conduit le Président de la République Jacques CHIRAC à le nommer en 1998 à la tête des deux ordres les plus prestigieux de notre République, en le faisant Grand Chancelier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, Chancelier de l’Ordre national du mérite, fonctions qu’il a exercées jusqu’en 2004.

 

source  Association Nationale des Membres de l'Ordre National du Mérite :

Le général Jean-Philippe Douin est le premier aviateur auquel furent confiées les hautes responsabilité de Chancelier des deux grands Ordres nationaux, jusqu’alors confiées à des officiers généraux de terre ou, plus récemment, de mer. Petit-fils d’officier de marine, et fils d’officier d’infanterie, c’est l’arme aérienne que devait choisir ce dernier rejeton d’une lignée de soldats. Né le 8 avril 1940 à Saint Florentin, dans le département de l’Indre, Jean-Philippe Douin fut élève de l’Ecole de l’Air de 1961 à 1964. Les stages qu’il suivit à l’issue de sa scolarité, successivement à l’Ecole de chasse, à la 8° escadre de Cazaux et à la 7° de Nancy précédèrent son affectation à l’Escadron de chasse Lafayette de Luxeuil, puis, en 1966, à l’Escadron de chasse des Cigognes, à Dijon, sur Mirage IIIC.

Commandant de la SPA 103 en 1970, il reçut quelque temps plus tard la médaille de l’Aéronautique en témoignage des recherches personnelles qu’il poursuivait et qui devaient aboutir, en 1980, à la mise au point du Système d’armes Mirage 2000 . En raison de ses capacités techniques aussi bien que tactiques, il fut chargé du pilotage d’essais du nouveau Mirage F 1 C, prévu comme appareil de défense aérienne, et reçut la mission de récréer l’escadron de chasse Comtat Venaissin, sur Mirage F 1 B. C’est alors qu’il suivit un an de stage à l’Ecole supérieure de guerre aérienne, et fut affecté à l’Etat major de la Force aérienne tactique et de la première région aérienne de Metz. Durant trois années il étudiera les possibilités d’un rapprochement interarmées entre les Alliés en considérant les diverses spécificités de l’armée de terre et de la marine.

Commandant de la Base aérienne Guynemer à Dijon, en 1985, il fut affecté, en 1987, au Centre des Hautes Etudes de la Défense nationale, puis, en juillet 1988, promu commandant du Centre d’opérations de gestion de la guerre du Golfe. Entre 1991 et 1994, élevé au grade de major général de l’Etat major des armées, il élabora la mise au point des diverses organisations interarmes, ce qui lui valut, le 1° juillet 1994, de parvenir au rang de général d’armée aérienne et de chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air. Totalisant six mille heures de vol, le général Douin fut nommé Grand Chancelier de l’Ordre de la Légion d’honneur, Chancelier de l’Ordre national du Mérite, par décret présidentiel du 4 juin 1998. Grand-Croix des deux Ordres nationaux, il est également titulaire de nombreuses décorations étrangères parmi les plus prestigieuses.

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 16:56
Général d’armée Pierre de Villiers - photo EMA

Général d’armée Pierre de Villiers - photo EMA

 

16/01/2016 Sources : Etat-major armées,

 

Allocution du général d’armée Pierre de Villiers en conclusion du « séminaire de la communauté militaire des opérations ».

 

Balard, 12 janvier 2016

 

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs les officiers,

 

Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous, à l’occasion de ce deuxième séminaire de « la communauté́ militaire des opérations ». Il est toujours particulièrement utile et fructueux de réfléchir ensemble, surtout lorsqu’il s’agit de sujets aussi importants que ceux liés aux orientations stratégiques et aux hypothèses d’emploi de nos armées. Je suis convaincu que ce séminaire aura contribué à décloisonner les travaux des uns et des autres, et aura ainsi fait progresser la réflexion de chacun au profit de tous. Je remercie pour cela le vice-amiral de Bonnaventure et son équipe de la division emploi de l’EMA.

Les travaux prospectifs conduits dans nos armées couvrent différentes échelles de temps, globalement de 2 à 20 ans ; ils ont tous une même finalité opérationnelle. Ces travaux sont ceux des groupes d’anticipation stratégique – le GAS –, d’orientation de la stratégie militaire – le GOSM –, ainsi et que ceux – auxquels vous participez tous, de façon directe ou indirecte – sur l’environnement opérationnel à l’horizon 2035. Sans oublier les rendez-vous importants de 2017 avec sans aucun doute un nouveau Livre Blanc et quoi qu’il arrive la préparation de la prochaine Loi de Programmation Militaire.

En éclairant les tendances probables et en imaginant leurs inflexions, ces différents travaux nourrissent et orientent les stratégies opérationnelle, capacitaire, et celle des moyens concourants, en particulier la politique des ressources humaines. Leur puissance collective tient à leur bonne articulation et à leur cohérence. Cette cohérence d’ensemble – fondamentale – doit être, pour chacun et chacune d’entre vous, un point d’attention permanent.

Tous ces travaux de prospective sont d’une grande importance pour les armées : les travaux d’hier font les succès d’aujourd’hui ; les travaux d’aujourd’hui feront les succès de demain et nous donnent une guerre et surtout une paix d’avance.

Ces travaux me sont également indispensables, car ils me fournissent des instruments me permettant à tout moment de proposer au chef des armées, le Président de la République, des orientations stratégiques, dans le domaine opérationnel, mais aussi capacitaire et organique. La réflexion sur le temps long est une expertise qui est reconnue aux armées, d’autant plus à notre époque marquée par la tyrannie du temps court. Elle constitue un atout fondamental pour le chef militaire dans ses relations politico-militaire ; elle permet de peser dans les décisions. Je le mesure pleinement dans mes responsabilités de conseiller du Gouvernement, de commandant des opérations militaires et au titre de mes responsabilités capacitaires.

 

Après ce court propos introductif sur l’importance de la démarche prospective et sur la qualité de vos travaux, je voudrais, pour conclure votre séminaire, vous livrer quelques réflexions d’ordre général.

 

Pour cela, je m’appuierai sur les trois parties de la question qui vous a servi de thème : « comment, avec qui et où combattre demain ». Trois parties donc, volontairement synthétiques et qui n’ont pas vocation à épuiser le sujet.

 

***

 

Première partie donc : comment combattre ?

 

Pour commencer et pour planter le décor, deux constats sur l’évolution des formes de la violence :

 

Premièrement : les Etats semblent désormais éviter tout affrontement direct, c’est-à- dire toute guerre, au sens le plus rigoureux du terme. Notre époque serait donc celle d’une raréfaction des conflits internationaux. Mais, nous observons dans le même temps une augmentation de l’utilisation et de l’instrumentation de « proxies », pour des affrontements indirects. Il en résulte une grande porosité entre conflits internationaux et conflits non-internationaux. L’une des conséquences de ce phénomène est qu’il est de plus en plus difficile de définir le cadre juridique des interventions armées. Nous sommes confrontés à la fois à la difficulté de caractériser notre ennemi et à circonscrire nos zones d’opérations. Nos repères se brouillent, alors que nous nous référons à un système de droit qui distingue traditionnellement état de paix et état de guerre, droit pénal et droit de la guerre, combattants et non combattants. Cela ne fait que compliquer l’un des grands défis que nous devons surmonter : l’enjeu de la légitimité de l’action militaire, qui se superpose à celui de la légalité.

 

Par ailleurs, deuxième constat, le terrorisme s’impose comme une menace centrale et une forme majeure de la violence. Face à cette multiplication des actions terroristes, nous devons nous garder de tomber dans un mimétisme où nous perdrions, là encore, notre légitimité, et, plus encore, notre âme. Ce risque de dévoiement de la force par la violence renvoie à l’importance de la dimension morale et éthique du métier militaire ; qui doit rester un cadre pour l’action militaire.

 

Les armées sont l’expression régalienne de la force légitime d’un Etat de droit qui se reconnaît lui-même dans les obligations du droit international. L’action de nos armées en opération, notre façon de combattre, s’inscrit donc dans une stricte conformité au droit ; sans cette conformité, pas de légitimité ni de succès possible. Lorsque le droit se montre inadapté à une situation inédite, l’éthique doit guider nos actions. Droit et éthique se complètent ; ce sont deux éléments constitutifs d’une même boussole qui guide l’action militaire.

 

Les menaces du non droit progressent. Pour autant, celles de la force et de la faiblesse sont toujours présentes. Nous avons en quelque sorte, une double extension de la conflictualité : vers le bas, avec le terrorisme et les techno-guérillas et vers le haut du spectre avec les menaces de conflits de haute intensité. Je pense aux stratégies du « fait accompli » que l’on observe en Géorgie, en Ukraine, ou en mer de Chine. Pour affronter ces menaces, je vois trois impératifs principaux à respecter :

 

Le premier impératif consiste à conserver un juste équilibre entre les fonctions stratégiques, telles que décrites dans le Livre Blanc : dissuasion, intervention, connaissance- anticipation, protection, prévention. La déclinaison de cet impératif est dans le caractère complet de notre armée. Ce nécessaire équilibre permet de nous prémunir contre une brusque évolution des menaces. Méfions-nous des effets de mode. La lecture de l’histoire nous enseigne que les guerres n’obéissent pas à des règles rationnelles ; leur caractère imprévisible impose la prudence dans la prédiction. C’est pour cela que notre modèle d’armée «à large spectre» doit être maintenu, notamment notre dissuasion nucléaire à deux composantes, pour nous préserver de toutes formes de menaces.

 

Deuxième impératif, après cet équilibre entre les fonctions stratégiques, c’est à mes yeux une constante intemporelle : pratiquer l’art de la guerre.

Les principes de la guerre édictés par Foch – « l’économie des moyens », « la concentration des efforts » et « la liberté d’action » – restent une matrice pour penser la manière de conduire la guerre. Mais à ces principes, je crois qu’il faut ajouter la surprise. Non celle que l’on subit, mais celle que l’on impose. Dans les affrontements armés, c’est cette surprise, cette incertitude, qu’il faut rechercher, car l’adversaire fuira le plus souvent le combat, sauf s’il est acculé. Le recours aux modes d’actions terroristes est d’ailleurs une façon pour lui de nous combattre sans nous affronter.

Pour mettre en œuvre cette surprise que l’on impose à l’adversaire, il faut disposer d’une mobilité suffisante, d’une allonge pour projeter notre puissance et le frapper dans la profondeur avant qu’il ne vienne jusqu’à nous. Nos armées doivent également maîtriser la boucle formée par le triptyque : renseignement / capacité de suivi / capacité de frappe ; cela en continu, 24 heures sur 24, pour frapper et détruire les centres de décision et les flux logistiques ennemis, dans le cadre d’un ciblage large spectre. L’apport de la technologie ne doit pas nous faire oublier l’art de la guerre.

 

Troisième impératif : gérer la notion du temps dans toutes ses dimensions : durée, distance, délais, degrés d’intensité des combats, communication, influence et perception. Nos actions dans ces différentes dimensions doivent en effet nous permettre de retrouver une certaine maîtrise du temps.

 

Vous le savez, notre ère de l’information instantanée et continue nous met tous sous pression : c’est une accélération du temps qui s’impose à notre société de façon quasi-irrationnelle. Or, ce phénomène sert la violence qui sait choisir son moment pour frapper, alors que la force a besoin de temps pour produire ses effets. Il y a donc un effet ciseau avec lequel nous devons de plus en plus composer : il s’agit d’intégrer la demande d’effets immédiats et visibles, sans pour autant subir la tyrannie de l’urgence. C’est pourquoi nous devons agir dans toutes les dimensions que j’ai citées, pour préserver notre liberté d’action et une meilleure maîtrise du tempo de nos opérations militaires. Nous devons reprendre l’initiative sur nos ennemis qui, par des actions offensives dans le champ des perceptions et de l’influence, savent jouer de l’émotion et de la versatilité de nos opinions publiques pour nous mettre en « déséquilibre avant ».

 

Pour respecter ces trois impératifs – équilibre des fonctions stratégique, art de la guerre, gestion du temps –, nos armées doivent disposer de capacités militaires agiles, modulables et robustes ; aptes à s’adapter aux nouvelles formes de la violence. Et tout cela n’est possible qu’en maintenant un très haut niveau de préparation opérationnelle, indispensable à la mise en œuvre des capacités militaires et à l’adaptation à la plus grande diversité d’hypothèses d’engagement. Ce point est directement lié à l’importance de la qualité humaine de nos armées, ce qui me conduit naturellement à ma deuxième partie.

 

***

 

Avec qui combattre ?

 

D’abord avec nous-même ! C’est-à-dire avec du personnel militaire compétent et efficace. Quelles que soient les évolutions technologiques à venir, la guerre restera une confrontation des volontés. Le rapport de force ne s’évalue pas seulement à l’aune du «nombre de divisions » ou à celle de la technologie des équipements possédés ; il s’évalue aussi en fonction de la qualité du personnel et surtout de ses forces morales qui sont au cœur de la capacité de vaincre d’une armée. Cette dimension devient même centrale dès lors que les modes d’action de nos adversaires cherchent à contourner notre puissance liée à la technologie – emploi d’engins explosifs improvisés, attaques suicides – et que leur motivation combine jusqu’au-boutisme et compétition pour le martyre.

On combat autant avec son intelligence qu’avec ses tripes. Les forces morales sont le ressort de la résilience de nos armées ; les cultiver est une obligation opérationnelle !

 

Combattre avec nous-même c’est aussi combattre en nous nos propres faiblesses ; c’est porter sur nos organisations, nos schémas intellectuels et nos mode d’action, un esprit critique dans le bon sens du terme. C’est la culture du RETEX et de l’évaluation en continu qu’il faut continuer à entretenir. Nous ne devons jamais nous mentir à nous-même sur nos capacités réelles. Souvenons-nous des leçons tirés par Marc Bloch dans l’étrange défaite ! Cette responsabilité d’analyse et de remise en question permanente doit guider nos travaux d’état- major. Je sais que c’est une attention permanente de la communauté des opérations, sachons l’entretenir. Faisons preuve d’imagination, de novation, d’initiative, de caractère, surtout dans la situation dans laquelle nous nous trouvons à l’extérieur et à l’intérieur du territoire national.

 

Mais nous ne pouvons pas combattre seuls, nous devons également le faire en partenariat avec d’autres armées alliées :

C’est non seulement une question de légitimité pour nos opérations extérieures, mais aussi la nécessité d’un plus grand partage du fardeau sécuritaire, alors que nos moyens sont comptés, que nos forces sont sous tension, et que les foyers de crise se multiplient.

 

Il faut donc continuer à développer notre capacité à agir en coalition, que ce soit dans le cadre du CJEF avec les Britanniques, de l’OTAN avec le VJTF, ou d’une coalition ad-hoc. Pour cela, nous devons continuer d’augmenter notre interopérabilité et poursuivre les coopérations avec les armées avec lesquelles nous pouvons effectivement être engagés. Ces armées sont en réalité peu nombreuses. Ce sont celles des pays qui conjuguent la volonté, les moyens et l’acceptation du risques de pertes ; ces trois critères déterminent la capacité d’un pays à être nation cadre pour un engagement militaire.

 

Pour prendre en compte la difficulté de circonscrire une crise au territoire qui l’a vu naître, nous devons également poursuivre nos actions de prévention en renforçant les pays riverains et en périphérie des foyers de crises ; leurs armées sont déjà nos partenaires dans les inévitables actions transfrontalières qui doivent être menées. Notre coordination avec le G5 Sahel en BSS, s’inscrit dans cette logique. Ce que j’ai vu la semaine dernière au Cameroun est également un bel exemple concret d’une armée qui se transforme avec des troupes de défilé en une armée d’emploi et de combat contre Boko-Haram. Notre dispositif au Sénégal et au Gabon répond exactement à cette logique de renforcement des capacités opérationnelles des différentes armées africaines locales.

 

Pour les combats de demain, il faut enfin intégrer une coordination accrue entre les acteurs de la sécurité intérieure et ceux de la sécurité extérieure.

C’est une conséquence du caractère transfrontalier des menaces qui sonne la fin de la sécurité des sociétés à l’intérieur des frontières étatiques. Avec notre engagement sur le TN, le nombre d’acteurs avec lesquels il faudra travailler de façon coordonnée, et parfois imbriquée, augmente.

 

D’un point de vue général, nous devons mieux coordonner la défense de l’avant et la sécurité arrière dans une logique interministérielle de continuum entre les théâtres d’opérations extérieures et le théâtre national. La prise en compte de ce lien de plus en plus fort entre sécurité extérieure et intérieure nécessitera des évolutions dans de nombreux domaines, y compris celui de la doctrine. Les travaux, en cours de finalisation par le SGDSN, relatifs à l’engagement des armées sur le territoire national, devraient apporter de premiers éléments de réponses à ces problématiques, sachant qu’il ne faut pas entretenir un quelconque malentendu : c’est bien le ministre de l’intérieur qui est pleinement responsable de la sécurité sur le territoire national.

 

Cette approche davantage interministérielle est par ailleurs nécessaire pour agir sur l’ensemble des racines des crises. Vous le savez, l’action militaire n’est qu’une partie de la réponse aux crises ; elle est opérante, mais pas suffisante. C’est ce que j’exprime par la formule : « gagner la guerre ne suffit pas à gagner la paix ». La force militaire n’agit pas sur les racines des crises qui s’ancrent, le plus souvent, dans des problèmes d’identité, de culture, d’éducation... Intégrer une approche globale ab initio dans la réflexion de résolution d’une crise est une nécessité que nous défendons depuis de nombreuses années. Ceci nous évitera la victoire militaire suivie d’une défaite politique. La Libye et l’Irak sont deux exemples récents à méditer sur ce plan.

 

Dernier élément s’agissant des nouveaux acteurs des crises : je suis convaincu que nous devrons composer avec une implication accrue du monde économique dans les affaires de sécurité. En effet, par le phénomène de la mondialisation, les entreprises privées sont aujourd’hui tout aussi concernées que les Etats par les problèmes du monde et par le sens donné, par leurs Etats, à la politique internationale.

 

***

 

J’aborde maintenant ma troisième et dernière partie : où combattre ?

 

L’évolution récente de la situation sécuritaire – et sa dégradation – montre que les menaces émergentes ne se substituent pas aux anciennes : chaque nouvelle menace s’ajoute aux précédentes. Chaque nouveau théâtre s’ajoute aux précédents et maintenant le territoire national fait partie intégrante de ce paysage.

 

Ainsi, sans préjuger des décisions politiques, nous devrons sans aucun doute continuer à nous engager dans les zones de nos actuels théâtres d’opération, en Méditerranée, en Afrique, au Proche et Moyen Orient. Pour toute crise et pour agir sur les foyers de la violence, trois actions sont nécessaires :

 

Premièrement, conserver un maillage permanent des zones de crises permettant d’agir dès les signaux avant-coureurs d’une crise, avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Notre dispositif de forces pré-positionnées offre cette liberté d’action politique.

 

Deuxième action nécessaire : intervenir sur les foyers de crises avant que l’incendie ne devienne incontrôlable. Cela n’est possible que si nous conservons à la fois : une capacité d’appréciation de situation, au niveau stratégique et tactique ; une capacité de projection ; et aussi une capacité de planification et de commandement d’une opération nationale, en y intégrant, et très vite, des soutiens fournis par d’autres nations.

 

Sur ces théâtres d’opérations, une troisième action est nécessaire : cloisonner les foyers de crise par des actions en périphérie et sur les flux. C’est l’un des enjeux actuel de notre combat contre le djihadisme islamiste: empêcher une connexion opérationnelle, voire géographique, des différents groupes : au Moyen Orient, au Sahel et dans la corne de l’Afrique.

 

Mais à ces zones géographiques traditionnelles, nous devons désormais ajouter deux nouveaux théâtres d’engagement :

C’est d’abord le territoire national. Faisant suite aux attentats de l’année dernière, notre engagement massif sur le TN est un changement majeur pour nos armées qui peut être assimilé à une rupture stratégique.

 

Cet engagement contre des terroristes, à l’intérieur de nos frontières, est d’une nature nouvelle par rapport à ce que nous faisions avec Vigipirate : les armées n’agissent plus dans une logique d’appoint ponctuel, mais de celle d’une contribution importante à la protection du TN face à une menace terroriste, durable, militarisée et manœuvrière.

 

Nous découvrons progressivement les différentes dimensions de cette nouvelle mission et nous devons encore trouver un emploi de nos armées réellement complémentaire de celui des forces de sécurité intérieure, c’est-à-dire qui valorise pleinement les capacités intrinsèques des unités militaires déployées. C’est tout l’enjeu de la réflexion doctrinale menée sous la direction du SGDSN, que j’ai déjà évoquée, et dont les conclusions seront prochainement officiellement rendues. Outre celles conduites dans le cadre de Sentinelle, nos actions sur le TN comprennent évidemment celles que nous menons sur les approches aériennes et maritimes de notre pays. Il s’agit d’assurer la protection et la sauvegarde de nos approches, en métropole et outre-mer, face au terrorisme et aux autres problématiques, comme celles des flux migratoires, avec le risque d’infiltration de combattants terroristes, lié à la problématique des « foreign fighters » et de leur retour.

 

Le deuxième nouveau champ d’action est celui de l’influence et des perceptions. De façon plus large, c’est l’ensemble des domaines – dont le cyber espace – qui permet de porter la guerre pour, par et contre l’information. Ce champ de bataille, qui n’est pas lié à une géographie physique, offre de nouvelles possibilités pour la connaissance et l’anticipation, ainsi qu’un champ d’action pour modifier la perception et la volonté de l’adversaire. Il permet par ailleurs de s’attaquer à la disponibilité et à l’intégrité de tous les systèmes et réseaux de fonctionnement des Etats et de leurs armées. Je note sur ce point que la « surface d’attaque », c’est-à-dire les possibilités offertes à l’attaquant, ne font qu’augmenter avec la place croissante prise par l’outil informatique dans tous les systèmes, civils et militaires.

 

N’oublions pas qu’une partie importante des combattants étrangers se recrute sur les réseaux sociaux. Ce fait, ainsi que l’influence des médias sur les opinions publiques, doit nous inciter à mener cette bataille des perceptions. Nous sommes présents sur ces deux fronts de la défense de l’information et de la cyberguerre.

 

***

 

Voilà pour les quelques éléments que je souhaitais développer devant vous pour la question : « comment, avec qui et où combattre demain ?». Pour conclure, je dirai que les défis qui sont devant nous, ceux d’un contexte sécuritaire qui se dégrade, marqué par une complexité croissante, nous invitent à changer d’époque ; ils renforcent aussi l’importance de vos travaux et de façon plus large, celle de nos responsabilités d’officiers. Dans les situations de chaos et de doute, quels que soient les nouveaux paradigmes de la violence, c’est toujours vers ses armées que la nation se tournera.

 

Nos armées – auxquelles j’associe bien évidemment les directions et services, sans l’action desquelles aucune action ne serait possible – devront continuer d’être au rendez-vous et nos systèmes de forces devront être capables de produire de l’efficacité en matière de sécurité, et surtout d’être capable de défendre et de protéger la France et les Français. Notre engagement sur le territoire national, qui a été décidé dans l’urgence et qui s’inscrit désormais dans la durée, relève de cette logique.

 

Vous pouvez compter sur l’équipe que nous formons, moi et le major général des armées, avec les chefs d’état-major des armées, pour veiller à la cohérence entre les menaces, les missions et les moyens. C’est tout le sens des décisions prises sur le plan budgétaire par le Président de la République. Oui, nous pouvons compter sur de belles armées. Nos succès opérationnels actuels en sont une preuve tangible. Je compte sur vous – la communauté militaire des opérations – pour continuer à développer, entretenir et modeler nos capacités d’action et nos capacités à l’intégration, à la réversibilité, à l’anticipation, à l’agilité, et in fine à l’action, pour le succès des armes de la France.

 

Je vous remercie.

 

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 12:30
photo EMA / Marine Nationale

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24/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le CEMA a entamé le 22 décembre 2015 une visite aux forces engagées en opérations. Après s'être rendu auprès de l’armée de Terre dans le cadre de l'opération Sentinelle, le général de Villiers a rejoint le Courbet au large de la Syrie.

 

Le CEMA  a poursuivi son déplacement au cœur des forces en embarquant quelques heures sur la frégate Courbet, engagée dans l'opération Chammal en Méditerranée orientale depuis le 26 novembre 2015.

 

C’est à leur côté qu’il a adressé toute la reconnaissance de la nation aux marins qui participent , loin de nos côtes, à la protection des Français. En 2015, 4 700 d’entre eux étaient en moyenne déployés quotidiennement à la mer ou en opérations. Sur le territoire national, ils sont 1 500 à participer à la protection directe de la population H24/7J dans le cadre de la sauvegarde des approches maritimes de la France.

 

 

Repère

Le Courbet a appareillé de Toulon le 30 septembre 2015. Il a intégré pendant sept semaines, d’octobre à fin novembre 2015 la force Sophia, l’opération européenne de lutte contre le trafic de migrants lancée le 22 juin 2015. Depuis le 26 novembre, son équipage a pour mission de suivre l’évolution de la situation au profit de la coalition dans la zone d’opération Chammal. Le Courbet et ses 160 membres d’équipage comptent parmi les 3436 marins et 12 bâtiments qui seront engagés directement aux opérations extérieures et intérieures de la France le soir de Noël.

photo EMA / Marine Nationale

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 12:30
photo EMA

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25/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le général d'armée Pierre de Villiers a passé la veillée de Noël avec les aviateurs de l’opération Chammal sur la base aérienne projetée en Jordanie.

 

Lors de cette dernière étape de son déplacement au cœur des forces à Noël, le CEMA a voulu témoigner de sa fierté pour l'engagement sans faille des aviateurs, que se soit au combat, dans les opérations extérieures, dans leur mission quotidienne de surveillance de l'espace aérien national, ou encore dans les missions d'appui ou d’évacuations conduites au profit des Outre Mer.

 

Par sa présence en Jordanie, il voulait aussi rendre un hommage appuyé au rôle déterminant tenu par les pilotes, les mécaniciens, les logisticiens et tous les spécialistes de l’armée de l’air qui contribuent, sur cette base comme aux Émirats arabes unis, au succès de l'opération Chammal.

 

Bien évidemment, il associait dans cet hommages les pilotes de chasses, de drones, d'avions de transport ou d'hélicoptères qui, dans la bande sahélo-saharienne ou en Centrafrique, tiennent une place tout aussi déterminante dans les engagements opérationnels de l'armée française.

 

Les aviateurs de l’armée de l’air sont présents partout dans le monde où les armées sont engagées. En ce jour de Noël 2015, près de 2 500 d'entre eux sont engagés en opérations ou en posture opérationnelle, assurant directement la protection des Français.

photo EMAphoto EMA

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 16:40
Le général Pierre de Villiers rencontre son homologue russe

 

23/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, rencontre mercredi 23 décembre 2015 à Moscou son homologue de la Fédération de Russie, le général Valéri Guérassimov.

 

Cette visite intervient deux jours après la rencontre à Moscou du ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, avec son homologue, M. Sergueï Choïgou.

 

C’est la première fois que les deux chefs d’état-major des armées français et russe se retrouvent depuis la prise de fonction du général de Villiers, le 15 février 2014.

 

Préalablement à cette rencontre, les deux officiers généraux avaient eu l’occasion de s’entretenir par téléphone, le 19 novembre et le 2 décembre 2015, pour faire un point de la lutte contre Daech en Syrie et aborder les questions liées à la déconfliction des zones de navigation aux larges des côtes syriennes, à l’occasion de l’engagement du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée orientale.

 

Cette rencontre doit leur permettre d’échanger leur vision de la stratégie de lutte contre Daech.

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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 12:55
photo EMA

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18/12/2015 Sources : État-major des armées

 

Le général d’armée Pierre de Villiers intervenait ce matin à Balard devant une centaine d’attachés de défense, les conseillers militaires des ambassadeurs étrangers en poste à Paris.

 

Un mois après les attentats qui ont frappé la France, il leur a fait part de son analyse de la menace, insistant auprès de ces experts militaires sur la nécessité de « partager un fardeau sécuritaire » qui ne cesse de s’alourdir. Persuadé que seule la force peut faire reculer la violence, il les a invités à multiplier les échanges entre armées étrangères, afin de faire face ensemble à l’émergence des nouvelles menaces.

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18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 17:55
Philippe Errera, directeur général des relations internationales et de la stratégie, a remercié tous les participants en se félicitant du caractère transverse et ouvert de la journée - R. Senoussi/DICOD

Philippe Errera, directeur général des relations internationales et de la stratégie, a remercié tous les participants en se félicitant du caractère transverse et ouvert de la journée - R. Senoussi/DICOD

 

18/12/2015 DICOD

 

Le mercredi 16 décembre 2015 au sein de l’Hexagone Balard s’est déroulée la traditionnelle journée d’information Défense au profit des attachés de défense étrangers accrédités en France, laquelle était organisée pour la première fois par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Au-delà d’une présentation sur le regroupement des états-majors et services sur le site de Balard, cette journée a permis à une centaine d’attachés de défense étrangers de se faire présenter les positions de la France sur les grandes thématiques d’actualité.

 

100 uniformes pour 60 nations, c’est l’assistance qu’avaient en face d’eux les nombreux intervenants de cette journée, conviés par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) pour dresser un état des lieux, dans leur domaine respectif, du contexte stratégique, des opérations militaires, de la politique industrielle et d’exportation, et des perspectives désormais offertes par le regroupement des états-majors et services sur le site unique de Balard. La variété des différents exposés visait à donner aux attachés de défense étrangers des clefs de compréhension permettant de mieux décrypter les événements dont ils sont témoins, pour en faire des relais plus efficaces de et vers leur pays. Cette rencontre avait aussi pour but de leur permettre d’identifier leurs différents points de contact au sein du ministère et de créer ou entretenir des liens humains.

Aux interventions du vice-amiral du Ché, directeur adjoint de la DGRIS, de Jean-Paul Bodin, secrétaire général pour l’administration, se sont succédé celles de Pierre Bayle, porte-parole du ministère de la Défense et directeur de la Délégation à l’information et à la communication de la Défense, et de l’IGA Vincent Thomassier, sous-directeur Europe occidentale – Amérique du Nord de la Direction générale de l’armement. Le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, a conclu cette série de présentations en rappelant que « l’union fait aussi la force : ensemble, nous pouvons faire reculer la violence » et que « [les] coopérations ont toutes en commun un triple objectif d’efficacité, de partage des coûts et de légitimité dans l’engagement ». Philippe Errera, directeur général des relations internationales et de la stratégie, a enfin remercié tous les participants en se félicitant du caractère transverse et ouvert de la journée.

 

Le général de Villiers, chef d'état-major des armées, est intervenu lors de cette matinée - R. Senoussi/DICOD

Le général de Villiers, chef d'état-major des armées, est intervenu lors de cette matinée - R. Senoussi/DICOD

 

Comme l’a souligné le général Jean-François Corminboeuf, attaché de défense de la Suisse, qui quitte ses fonctions en tant que doyen de l’association des attachés de défense étrangers avec pour successeur le général Gaudin, ces interventions ont notamment permis aux attachés étrangers de « comprendre la philosophie et le fonctionnement de l’Hexagone Balard ». Comme lui, nombreux sont ceux qui ont loué « cette réunion de grande qualité, [qui] apporte beaucoup de nouvelles informations, en particulier cette année ».

 

Forts de ce grand moment d’échanges, tous les participants se sont donné rendez-vous à l’automne prochain.

 

Rôle des attachés de défense

Sous l’autorité de l’ambassadeur de son pays, l’attaché de défense étranger accrédité en France a pour mission de :

-  soutenir et faire connaître la politique de défense de la France, mettre en valeur les capacités de ses forces, leurs activités et leurs équipements ;

-   remplir auprès de l’ambassadeur le rôle de conseiller et d’expert des questions de défense, apporter son concours aux actions de prévention ou de gestion des crises ;

-   promouvoir et animer les relations militaires bilatérales ou conduites dans un cadre multinational et piloter les actions de coopération ou d’assistance militaires, apprécier leur efficacité et leur adéquation aux besoins locaux ;

-   concourir à la promotion de l’industrie française de défense, au développement et à l’animation de la coopération en matière d’armement.

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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 17:55
photo DCSSA

photo DCSSA

 

16/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 11 décembre le général d’armée Pierre de Villiers était à l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Percy pour retrouver les militaires blessés dans l’exercice de leurs missions. Comme à chaque fois, il s’est longuement entretenu avec eux, leur témoignant de son soutien, mais surtout de son admiration face à leur combativité.

 

Accueilli par le directeur central adjoint du service de santé des armées (SSA), le médecin général Patrick Godart, le CEMA a également profité de cette visite pour rencontrer le personnel hospitalier, en visitant l’unité psychiatrique, de neurochirurgie, de médecine physique et de réadaptation. Marqué par les nombreux témoignages qu’il a reçu, il a salué l’engagement de tous ceux qui s’investissent aux côtés des blessés, équipes médicales comme cellules d’aide aux blessés.

 

REPERES

 

SSA 2020

En cohérence avec le projet des armées Cap 2020, la transformation  du Service de Santé des Armées permet de garantir la qualité du soutien médical opérationnel des forces engagées en opération et l’utilisation des capacités du Service au profit de la résilience de la Nation. Le projet de service SSA 2020 comporte notamment la réorganisation de la médecine des forces et un nouveau modèle hospitalier.  Ce  modèle  s’articule autour de  huit hôpitaux,  différenciés  selon  leur  contribution  au contrat  opérationnel  et  insérés  dans  le  service  public  de  santé  en cohérence avec  leurs missions respectives.

 

HIA

Les HIA accueillent le personnel militaire. Ils participent également au service public hospitalier. Les blessés des récents attentats à Paris pris en charge à Percy bénéficient de la totalité de l’expertise et des moyens de l’HIA pour leur parcours de soins.

Le HIA Percy a récemment inauguré la maison des blessés et des familles et ouvrira, d’ici 2017, un nouveau centre de traitement des brûlés.

photo DCSSA

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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 17:50
photo EMA

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15/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le général d’armée Pierre de Villiers a reçu le général britannique Adrian Bradshaw, commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe (DSACEUR).

 

Au cours de cette rencontre, le CEMA a évoqué trois grands sujets d’actualité : la menace terroriste, la réactivité de l’Alliance et la préparation du sommet de l’OTAN qui aura lieu en juillet prochain à Varsovie.

 

A l’heure où les armées françaises sont fortement sollicitées, aussi bien en opérations extérieures que sur le territoire national, le CEMA a insisté sur la nécessité de répondre aux nouveaux défis stratégiques et de sécurité auxquels les pays de l’Alliance sont confrontés.

 

Repère :

Le DSACEUR est plus particulièrement chargé de recenser les capacités requises pour les opérations de l’Alliance et d’organiser la génération de force auprès des pays membres. Il est également le commandant stratégique des opérations de l’Union européenne menées dans le cadre de l’arrangement de « Berlin + », à savoir l’opération ALTHEA dont le mandat exécutif a été renouvelé en novembre 2015.

 

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 08:30
photo EMA / ECPAD

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10/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 1er décembre 2015, le général d’armée Pierre de Villiers a reçu le général de corps d’armée Ahmed Al-Nabhani, chef d’état-major du Sultanat d’Oman, pour faire le point sur la coopération militaire entre nos deux pays.

 

Partenaire de nos relations internationales militaires au proche et au moyen Orient, Oman est acteur important de la stabilité régionale. Leur entretien a d’ailleurs porté sur la situation sécuritaire au Yémen, ainsi que sur le positionnement stratégique de l’Iran. Ils ont aussi échangé leur appréciation de la situation dans le contexte de la lutte engagée contre le groupe terroriste Daech. Les deux CEMA ont finalement fait le point sur la sécurité maritime et la lutte contre la piraterie, qui constituent des sujets d’intérêt commun.

 

photo EMA / ECPAD

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 08:55
photo Marine Nationale

photo Marine Nationale

 

09/12/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Quatre jours après avoir accueilli le président de la République sur le porte-avions Charles de Gaulle, le général d’armée Pierre de Villiers était à Brest pour prendre le poult, à terre, de cadres de la marine nationale, ainsi que des jeunes marins en formation.

 

Accueilli par le vice-amiral d’escadre de Oliveira, commandant en chef de la zone Atlantique (CECLANT), il a d’abord « plongé » au cœur des opérations en se rendant au centre opérationnel de la marine, avant de rencontrer les fusiliers marins en charge de la protection du site.

 

Le CEMA a ensuite consacré sa visite aux élèves du centre d’instruction naval de Brest. Qu’ils soient majeurs ou mineurs, ces élèves de l’Ecole navale, de l’Ecole de Maistrance ou encore de l’Ecole des mousses, constituent aux yeux du CEMA l’avenir de la marine. Très attaché à leur formation et marqué par leur sens de l’engagement, il leur a demandé de bâtir dès aujourd’hui leurs forces morales et de développer l’esprit d’équipage qui devra les animer tout au long de leur carrière. Il les a enfin confortés dans leur choix d’entrer dans une marine à vocation mondiale, disposant de tout le spectre des moyens nécessaires à la défense de la France et de ses intérêts dans le monde.

photo Marine Nationalephoto Marine Nationale

photo Marine Nationale

REPERES

 

L’Ecole des mousses(EDMo)

L’EDMo est une des écoles de formation initiale du personnel équipage de la marine. Environ 10% des matelots qui entrent chaque année dans la Marine passent par cette école. L’école est ouverte à des jeunes de 16 et 17 ans sans condition de diplôme, en sortie de troisième ou en seconde. La sélection s’effectue d’abord sur leur motivation et sur leurs qualités intrinsèques et ensuite sur les acquis scolaires. A leur entrée, les mousses signent un contrat d’une durée d’ 1 an et obtiennent le statut militaire. La formation permet l’apprentissage d’un métier de marin et la consolidation d’acquis scolaires, en vue d’un engagement dans la marine. L’accent est également mis sur les exigences comportementales attendues. A l’issue de l’Ecole des mousses et avant d’embarquer, les mousses ayant réussi leur scolarité rejoignent une école de spécialité pour acquérir une formation technique dans l'un des métiers de la Marine. L’Ecole des mousses a été créée en 1856. Fermée en 2008, elle a rouvert ses portes en 2009.

 

L’Ecole de maistrance (EDM)

Créée en 1923, l’EDM est l’unique école de formation initiale des sous-officiers de la Marine pour le personnel recruté par voie externe. Au cœur des équipages dont ils assument les premières responsabilités, entre les officiers et les matelots, les « officiers mariniers » constituent l’ossature de la Marine. Les missions de l’EDM sont de former des militaires et des marins, de préparer l’école de spécialité en vue de délivrer aux forces des officiers mariniers capables d'assumer des postes de technicien et de cadre. Maistrance tient son nom du vieux français et désigne l’ensemble des officiers mariniers d’un navire. L’EDM contribue au recrutement d’un officier marinier sur deux.

 

L’Ecole navale (EN)

Depuis 1830, l’EN forme l’ensemble des officiers de la marine. Engagée depuis près de quinze ans dans les grandes évolutions de l’enseignement supérieur national et européen, l’EN délivre pour les officiers de marine une formation qui repose sur trois piliers :

- la formation aux métiers de marin, à la fois théorique et pratique ;

- la formation scientifique délivre les connaissances techniques nécessaires à la conduite et à la compréhension des systèmes complexes équipant les bâtiments de nouvelle génération ;

- la formation humaine et militaire développe les qualités et le savoir-être de chef militaire, sa culture générale et maritime, ainsi que sa compréhension des enjeux internationaux. Cet enseignement est complété d’une réflexion éthique sur le métier des armes.

L’EN assure aussi la formation initiale des officiers spécialisés de la marine et pour certains leur formation maritime.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 08:55
Le CEMA en visite sur la base aérienne projetée (BAP) constituée pour sécuriser la COP21 - photo EMA / Armée de l'Air

Le CEMA en visite sur la base aérienne projetée (BAP) constituée pour sécuriser la COP21 - photo EMA / Armée de l'Air

 

03/12/2015 Ltn A. Lesur-Tambuté – Armée de l’Air

 

Le 1er décembre 2015, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), est venu à la rencontre des militaires déployés sur une base aérienne projetée (BAP) en protection de la conférence de Paris sur le climat (COP 21), organisée au Bourget. Il était accompagné du général André Lanata, chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA).

 

Un dispositif humain et matériel conséquent

À la mesure de cet événement d’ampleur internationale, un dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA) a été déployé. Son objectif ? Assurer la protection de l’espace aérien au-dessus et aux alentours du lieu de réunion de la COP21. Présenté au CEMA, « ce dispositif a été testé et adapté en fonction des éventuelles menaces », a expliqué le général Jean-Jacques Borel, commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes et responsable du dispositif. Pour garantir ce DPSA, plus de 600 militaires, majoritairement des aviateurs, sont mobilisés pendant trois semaines sur la BAP constituée pour l’occasion et colocalisée avec le site du Bourget. 

 

Échanger en toute franchise avec le personnel

Cette courte présentation du DPSA achevée, le CEMA et le CEMAA ont privilégié les échanges avec les militaires. Autour d’un déjeuner dans un premier temps. Dans le mess où sont servis 500 repas chaque midi et soir. Le maréchal-des-logis-chef Hervé, adjoint gérant restauration, est ravi de cette rencontre : « Le général de Villiers m’a demandé comment cela se passait, d’où je venais et si le travail avec mes camarades se passait bien. » Le CEMA a également pris le temps de regarder les conditions de logement du personnel. Ensuite, direction la zone opérationnelle de la BAP, à la rencontre des spécialistes sol-air, des « SIC Men » (spécialistes des systèmes d’information et de communications) d’Évreux, ou encore du groupement aérien d'appui aux opérations de Mérignac. « On ne les remercie jamais assez », a souligné le CEMA comme preuve de son soutien. Vérifier le moral des troupes, déceler les éventuelles difficultés rencontrées par le personnel, ou encore simplement échanger avec les militaires… tels étaient les objectifs de cette visite pour les deux autorités.

Conscients de l’importance de l’engagement des militaires, en opérations extérieures ou lors d’évènements tels que celui-ci, le général de Villiers et le général Lanata ont conclu cette visite en saluant l’implication et le dévouement du personnel mobilisé.

 

Le CEMA et le COMDAOA sur la base aérienne projetée à la rencontre des aviateurs - photo EMA / Armée de l'Air

Le CEMA et le COMDAOA sur la base aérienne projetée à la rencontre des aviateurs - photo EMA / Armée de l'Air

COP 21 : Le CDAOA, acteur majeur de la protection (Asp C. Armella, CDAOA)

 

L’armée de l’air, à travers le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), est mobilisée pour assurer la protection de la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP 21), organisée au Bourget.

Sur demande du cabinet du Premier ministre, le CDAOA a la responsabilité de mettre en œuvre un dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA), afin de parer à toute menace aérienne d’origine terroriste, militaire ou contestataire, pilotée ou non pilotée. Au cœur de cet important dispositif : des avions de chasse, des hélicoptères et avions légers mais aussi des unités sol-air type Crotale et Mamba, ou encore des guets à vue.

Alors que l’activité aérienne a été maintenue autour du parc des expositions du Bourget, des règles spécifiques ont été établies pendant toute la durée de la COP21. Deux zones ont ainsi été définies. Une zone réglementée temporaire (ZRT) dont l’accès est contrôlé et une zone interdite de survol (ZIT).

Afin d’informer les usagers civils sur ces restrictions temporaires, des personnels de la division DPSA du CDAOA ont fait le déplacement auprès des représentants des aérodromes et aéro-clubs pouvant être impactés par le dispositif.

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 19:55
photo EMA / Ministère de la Défense

photo EMA / Ministère de la Défense

 

25.11.2015 Commission de la défense nationale et des forces armées Compte rendu n° 21

 

Note RP Defense: mise en gras du texte par mes soins.

 

Mme la présidente Patricia Adam. Nous accueillons aujourd’hui le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, que je remercie d’être parmi nous, malgré un emploi du temps très chargé. La dernière fois que vous êtes venu devant nous, général, le 15 octobre dernier, vous avez dit que nous étions dans une phase de rupture stratégique. Malheureusement, les événements ne vous ont pas démenti.

 

Général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées. Dans les circonstances difficiles auxquelles notre pays fait face, vous avez souhaité m’entendre sur la participation des armées à la protection du territoire national et les actions militaires menées au Levant contre Daech.

 

Je vais essayer de vous répondre le plus clairement possible et sans langue de bois. Je vous parlerai en chef militaire : en partant de l’analyse de la menace, puis, en vous disant comment la stratégie militaire générale répond et s’adapte à cette situation sécuritaire. Enfin, je terminerai avec mes points d’attention.

 

Pour commencer, donc : quelle est la menace ?

 

Lors de son intervention du 16 novembre devant le Congrès rassemblé à Versailles, le président de la République a clairement désigné notre ennemi : Daech.

 

Qui est-il ? C’est un réseau d’individus sectaires, djihadistes islamistes radicaux, qui poursuit un projet global de subversion politique et religieuse. Ce projet est parfaitement raisonné ; il a été théorisé depuis les années 2004-2005 dans un texte d’Abu Bakr Naji qui a été traduit en français en 2007 sous un titre parfaitement clair : « Gestion de la sauvagerie ».

 

Il cherche l’implosion des sociétés, l’installation d’un chaos propice à l’émergence d’un néocalifat. Voilà son but ! Le terrorisme n’est pour lui qu’un moyen parmi d’autres d’arriver à ses fins. Nous ne faisons pas la guerre à un procédé, ni à un terrorisme désincarné, mais à ces groupes djihadistes.

 

Quelle est leur stratégie ? Elle passe d’abord par un enracinement territorial, qui ignore totalement les frontières des États. Mais les territoires que contrôle Daech au Levant lui procurent soutiens et ressources à une échelle qui n’a pas de précédent : finances, mais aussi exécutants. Je rappelle qu’environ 10 millions de personnes vivent sous son contrôle direct.

 

Cette assise territoriale est son centre de gravité. C’est à partir de ce fief qu’il planifie, prépare, télécommande ses attaques, et à partir de ses bases qu’il embrigade, fanatise, entraîne ses candidats au djihad.

 

Mais ne nous leurrons pas : si Daech tire sa puissance de ce pseudo « état islamique », plus ou moins géographiquement circonscrit, sa stratégie est bien une stratégie d’expansion et de subversion qui utilise les moyens modernes de communication et de transport pour s’affranchir des frontières. Il essaime dans la bande sahélo-saharienne, au Sinaï, au Yémen, en Libye. Le djihadisme islamiste vise une connexion opérationnelle, voire géographique, de différents groupes au Moyen Orient, au Sahel et dans la corne de l’Afrique.

 

Peu importe l’étiquette ou le nom revendiqué – Daech, AQMI, AQPA, al-Nosra, qui ne sont que des masques –, ils possèdent tous la même matrice. N’oublions pas qu’Al-Qaïda avait trouvé une base chez les talibans en Afghanistan, qu’au Sahel, AQMI voulait installer un califat et que Boko Haram et les Shebab prétendent eux aussi administrer des territoires.

 

C’est pourquoi je voudrais vous livrer trois éléments caractéristiques de ces groupes.

 

Premier élément : le pouvoir d’attraction. La force de Daech ne réside pas uniquement dans le nombre de ses recrues et ses capacités de financement tirées du pétrole, des trafics et des razzias ; elle tient surtout à l’attraction, voire à la fascination qu’elle exerce.

Daech met en avant une caricature religieuse et spirituelle qui donne de l’épaisseur à la motivation de ses recrues. C’est parce qu’il fournit une identité de substitution, à travers l’évocation d’un passé idéalisé et d’un futur fantasmé, que cet idéal dévoyé a une résonance chez certains – plutôt jeunes – désespérés, exclus, affamés, humiliés – réels ou estimés.

Pour autant, il n’y a pas de déterminisme simple du candidat au djihad. Il n’y a pas de profil type, aisément identifiable, ce qui rend notre ennemi protéiforme et insaisissable.

 

Deuxième élément : les modes d’action utilisés. Ils visent à contourner la puissance des pays occidentaux. Ils sont redoutablement variés : ce sont les cyberattaques, les engins explosifs improvisés, les snipers, les attaques suicides. Ces capacités sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont peu coûteuses, aisément accessibles, et qu’elles se combinent facilement à l’idéal de mort et au fanatisme des djihadistes.

L’emploi de ce mode d’action au cœur de Paris est une rupture, non seulement d’échelle, mais aussi de nature. Ce sont des actes de guerre. Ils révèlent, dans l’horreur, le lien étroit qui existe entre la sécurité extérieure et la sécurité intérieure. Je vous en ai parlé à de nombreuses reprises : cette fois-ci, nous y sommes !

À ces modes d’actions, il faut ajouter les attaques continues et efficaces dans le champ de l’influence et des perceptions. Elles véhiculent, par internet et les réseaux sociaux, une propagande agressive, réactive et de grande qualité technique, qui cherche à discréditer nos valeurs et notre modèle de société.

Cette propagande, cette idéologie incarnée par une théâtralisation de l’horreur, nourrit la violence en lui donnant une résonance sans précédent. Elle est au bilan efficace : elle crée un appel d’air de candidats djihadistes et agit sur une partie de notre propre population. Ils utilisent parfaitement l’ambivalence de nos moyens de communication et de notre société de l’information immédiate et continue, ainsi que la mondialisation et le rétrécissement de l’espace. En cela, cette propagande menace notre société et fait surgir la violence au cœur de nos démocraties.

 

Cela me conduit naturellement au troisième élément, que je veux détailler : le jusqu’au-boutisme. Il s’exprime dans les modes d’action que je viens de décrire, mais je veux l’évoquer en tant que tel, car il conditionne la dimension psychologique du combat que nous engageons. Dans sa fuite en avant, Daech recherche la rupture par une surenchère de la terreur. Il s’appuie en cela sur le mépris de la mort de ses djihadistes. Cette terreur, mise en scène, vise un effet de sidération chez la victime et alimente les forces, que j’appellerai « immorales », des terroristes. Aujourd’hui, parmi les membres des katibas – quel que soit l’âge de ces hommes ou de ces femmes –, la seule compétition qui soit est souvent celle du martyre. Les exactions d’une cruauté sans nom commises en Syrie, en Irak ou en Libye sont la cause d’une totale désinhibition de la violence chez les djihadistes : viols, décapitations, tortures les plus abjectes, crucifixions publiques, esclavage des femmes. Tout cela à moins de quatre heures de vol de Paris.

Face à cet adversaire, à cette idéologie et à cette situation sécuritaire, nous devons inscrire nos actions dans le temps long. Vaincre demandera des années d’endurance, de constance et de persévérance.

Mais, pour vaincre ce phénomène, nous devons le comprendre et lutter contre toutes ses dimensions. Je vous propose maintenant de vous dire quelle est la part de la réponse militaire. Face aux groupes armés terroristes, quelle stratégie militaire ?

 

Vis-à-vis de cette violence, la force est indispensable. Pour la mettre en mouvement, les leviers résident toujours dans la conjonction et la combinaison de trois éléments : la volonté, les moyens et l’engagement. Vouloir, pouvoir, agir : trois dimensions qui structurent ma stratégie militaire générale. Je voudrais détailler successivement comment ces trois dimensions permettent de répondre militairement à la situation sécuritaire que nous affrontons.

 

Première dimension : la volonté. C’est le « vouloir » de l’engagement militaire. Cette volonté est d’abord politique : c’est celle du président de la République, chef des armées, sur proposition du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Elle s’exprime à travers la chaîne de commandement de notre pays, qui est extrêmement efficace et permet que les décisions prises au sommet de l’État produisent des effets sur le terrain en quelques heures. Les actions que j’ai proposées immédiatement après les derniers attentats l’ont montré : elles ont été mises en œuvre sans délai.

Le dispositif Sentinelle a été renforcé : plus 1 500 soldats dans la nuit même du vendredi 13 au samedi 14 novembre ; 1 000 hommes supplémentaires dès le dimanche soir, puis 2 000 autres dans les deux jours qui ont suivi. Au total, ce sont donc à nouveau 10 000 soldats qui arment la seule opération Sentinelle moins de quatre jours après les attentats – je rappelle que le contrat fixé en janvier dernier prévoyait un délai de sept jours.

Pour la défense de l’avant, notre aviation de combat a détruit six objectifs importants de Daech : pour l’essentiel, des centres de commandement et des centres d’entraînement terroristes situés à Raqqa en Syrie. Des actions terroristes étaient planifiées et préparées à partir de chacun de ces centres. Ces six raids massifs, dont le premier a eu lieu dans la nuit du 15 au 16 novembre, ont donné lieu à des frappes robustes – entre 15 et 20 bombes chaque soir – et permis d’obtenir des résultats probants. On leur a fait mal – cela n’est pas une simple formule.

Notre porte-avions a appareillé mercredi matin 18 novembre de Toulon. Il nous procure en Méditerranée orientale, puis, le moment venu, dans le golfe arabo-persique, une capacité supplémentaire de frappe et une plateforme de renseignement totalement interopérable avec nos alliés américains. Nous avons mené avant-hier nos premières frappes en Irak et en Syrie. J’étais sur le porte-avions et je suis fier du groupe aéronaval, qui fait honneur à la France.

Je souligne le fait que toutes ces actions ont été menées en maintenant, au prix d’un véritable effort, toutes nos autres missions : dissuasion nucléaire, protection des approches maritimes et aériennes du territoire, opérations extérieures (OPEX).

Vous le voyez : par l’action des armées, la réactivité et le professionnalisme de nos soldats, marins, aviateurs, la volonté s’ancre dans l’action ; elle se concrétise sur le terrain. Cette remarquable capacité de réaction, en moins de cinq jours, a été possible parce que notre modèle d’armée a conservé des capacités militaires robustes et polyvalentes. Soyez-en remerciés, car je sais l’action déterminante que vous avez menée pour ce faire. Il faut le dire, à temps et à contre temps, notamment pour préparer l’avenir.

 

Deuxième dimension : les moyens en tant que tels, c’est-à-dire « pouvoir ». La capacité de « pouvoir », si je puis m’exprimer ainsi, suppose que soient réunis trois impératifs. Le premier est la nécessité d’une capacité autonome d’appréciation de situation, au niveau stratégique et tactique. Il s’agit dans le cas présent de connaître et de comprendre le fonctionnement de Daech et celui des filières des combattants étrangers.

 

Le deuxième impératif est l’aptitude de nos armées à agir en « autonome ». C’est-à-dire à planifier et à conduire une opération dans l’urgence, sur le territoire national comme au loin, dans des situations dégradées ou de chaos.

 

Le troisième impératif est l’aptitude à garder l’initiative. Cela suppose de pouvoir frapper notre adversaire au plus loin, de lui imposer notre rythme. Dans les affrontements armés d’aujourd’hui, c’est cette surprise, cette incertitude, cette « foudroyance », cette reprise de l’initiative tactique qu’il faut rechercher.

 

Ces trois impératifs n’en forment en réalité qu’un seul : préserver un modèle d’armée complet. Parce que les menaces sont multiples, qu’elles ne peuvent hélas se réduire à Daech et qu’elles se présentent chaque jour sous une forme différente, nous devons entretenir une palette de moyens à « large spectre ». Il faut, pour défendre notre pays, s’adapter à la menace, au plus près comme au plus loin, dans toutes ses dimensions capacitaires. C’était tout l’enjeu de l’actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) : maintien du modèle complet d’armée, qui procure aux armées françaises des moyens à la hauteur des ambitions affichées. C’est aussi la traduction concrète du triptyque menaces-missions-moyens, qui doit en permanence être cohérent pour éviter le grain de sable.

 

Troisième dimension : l’engagement ; c’est la capacité à « agir ». La volonté et les moyens n’ont de sens que s’ils sont employés au service de l’action.

Face à une multiplicité des lignes de front, il faut une défense dans la profondeur, toujours plus efficace qu’une défense linéaire.

Cette défense passe d’abord par la dissuasion nucléaire, qui garantit la survie de la Nation en sanctuarisant ses intérêts vitaux. C’est la première de nos missions et notre ultime assurance. Gardons-nous des effets de mode !

Au plus loin, ce sont ensuite les OPEX. Seules les armées ont l’organisation, les capacités et les savoir-faire pour mener les opérations de guerre de nos actuels théâtres d’opérations extérieures.

En périphérie de notre territoire, c’est la protection des approches de notre pays, avec la posture permanente de sûreté et ses composantes aérienne et maritime. Là encore, les armées sont aux avant-postes de la sécurité des Français.

Au plus près, enfin, sur le sol national, les armées agissent en appui des forces de sécurité intérieure. Leur emploi sur le territoire national n’est pas nouveau, mais cette mission de lutte contre le terrorisme est d’une nature nouvelle : Sentinelle ne doit pas être l’excroissance de Vigipirate ! Autre contexte, autre ennemi, autre doctrine, autre dispositif.

 

Parce que nos moyens sont comptés, ils doivent être valorisés au mieux. Au vu du besoin de protection de nos concitoyens – que je ressens et qui s’inscrit dans le temps long –, nous ne pouvons pas nous permettre de sous-employer ni de « surconsommer » nos soldats. Notre déploiement actuel de 10 000 hommes – qui est considérable, sans compter les 3 000 pour la défense aérienne et la protection des côtes – doit être exploité au mieux. Ne pas le faire, c’est nous affaiblir face à un adversaire qui cherche justement à réduire nos capacités de réaction et à nous rendre prévisibles dans des dispositifs statiques et visibles. Il faut reprendre l’initiative tactique, dissuader les adversaires et rassurer les Français.

 

Les attaques commises sur notre sol, d’une immense violence, perpétrées par des kamikazes, montrent de façon dramatique et odieuse que les terroristes du Stade de France, du Bataclan ou de Saint Denis sont semblables à ceux que nous avons combattus en Afghanistan. Ce sont les mêmes que nous combattons en ce moment au Mali. Nos armées ont une expérience à proposer, acquise sur ces théâtres d’opération. Elles possèdent des savoir-faire et des moyens d’observation, de surveillance, de contrôle de zone, ou d’intervention qu’elles sont parfois les seules à mettre en œuvre et, par l’expérience en OPEX, à maîtriser.

 

En d’autres termes, les forces armées n’ont pas vocation à agir « à la place », mais bien en complémentarité des forces de sécurité intérieure. Face à des groupes armés qui utilisent des modes d’action guerriers, mettons à profit nos capacités militaires en termes de planification, d’autonomie, de réactivité, au service de la sécurité des Français, sous la responsabilité, bien sûr, du ministère de l’Intérieur, responsable de la sécurité intérieure. Le dialogue excellent entre les préfets et les officiers généraux de zone de défense mérite d’ailleurs d’être souligné.

 

Opérations extérieures, missions intérieures, surveillance et contrôle de l’espace aérien et des approches maritimes, renseignement, cyberdéfense : ce sont toutes ces actions que nous devons combiner pour agir dans la profondeur de l’adversaire.

 

En définitive, je crois que nous avons dans ces trois dimensions l’ensemble des facteurs de succès pour réussir. À la condition d’être attentifs à différents éléments importants.

 

Mes points d’attention sont au nombre de quatre.

 

Premier point : pour répondre aux menaces, l’adéquation entre les moyens qui sont donnés aux armées et les missions qui leur sont confiées. C’est en quelque sorte l’effort de guerre à consentir. La volonté de combattre l’adversaire doit prendre corps dans les moyens d’action ; elle doit se traduire par un effort financier, qui doit lui aussi s’inscrire dans le temps et être à la hauteur des enjeux.

D’abord, le temps court, qui est celui du projet de loi de finances (PLF) 2016, qui devra intégrer les dernières décisions du chef de l’État. L’adéquation missions-moyens, qui a présidé à l’actualisation de la LPM, doit continuer à guider ce nouveau PLF, en intégrant notamment les dépenses supplémentaires liées à cette guerre. Les discussions sont en cours et l’arbitrage est imminent au sommet de l’État.

Puis le temps long, qui est celui de l’objectif, rappelé lors du sommet de Newport, des 2 % du PIB consacrés à notre défense à horizon de 2025, contre 1,7 % aujourd’hui. Je rappelle que les Français dépensent plus de 45 milliards d’euros chaque année pour leurs assurances – ce qui est presque 50 % de plus que le budget de la Défense, qui est pourtant la meilleure assurance de la Nation.

 

Deuxième point d’attention : l’approche globale. Vous ne serez pas surpris : j’évoque ce point à chacune de mes auditions. Gagner la guerre ne suffit pas, il faut gagner la paix ; seule une telle approche le permet. La force seule n’est pas en soi une solution ; elle est un levier, un moyen au service de la défense et de la sécurité collective. Gagner la paix nécessite aussi des succès sur les plans de la justice, de l’éducation, de la gouvernance et du développement. Avant tout engagement militaire, il faut une stratégie et des objectifs clairs. Si la complexité des racines du terrorisme rend souvent difficile l’établissement d’une stratégie globale, il faut nécessairement penser au-delà des seuls effets militaires. D’autant qu’il n’y a pas de victoire militaire possible à court terme au Levant.

 

Troisième point d’attention : le respect du droit et de l’éthique. Face au terrorisme, plus que jamais, nous devons brandir la force pour nous opposer à la violence, la violence la plus extrême. Mais nous devons nous garder de tomber dans un mimétisme où nous perdrions notre légitimité. Céder à la violence, à la discrimination, à la non-distinction des moyens, c’est l’échec de la mission. Plus encore, c’est l’échec de la conscience collective. N’oublions pas que les terroristes savent très bien se nourrir de ce qu’ils présentent comme une répression aveugle. Une victime innocente crée mécaniquement plusieurs nouveaux combattants avec la rage au ventre.

Cette responsabilité est en particulier celle du chef militaire et de la chaîne de commandement, qui est le ciment de nos armées. De sa solidité et de son épaisseur, technique, tactique, mais surtout éthique, dépend la véritable efficacité de la force. C’est pourquoi j’attache la plus grande importance à la formation éthique des hommes et des femmes de nos armées. Cette formation est continue tout au long du service sous l’uniforme ; elle s’ancre dans l’exemple de notre style de commandement, qui place en son centre la dimension humaine. L’éthique est le pendant de la détermination.

 

Quatrième point d’attention : l’esprit de défense. L’armée est l’émanation de la Nation ; elle en est son bras armé. L’esprit de défense est une valeur collective – je peux vous dire, à l’aune des témoignages que j’ai reçus ces derniers jours, qu’il est bien vivant. La Nation entière est derrière son armée et ses forces de sécurité intérieure, auxquelles je veux d’ailleurs – devant vous – rendre un hommage appuyé.

Cet esprit de défense me rend confiant et renforce ma détermination à accélérer la rénovation de notre système de réserve. Les réserves font partie intégrante de notre modèle d’armée professionnelle. Vivier de multiples compétences, professionnels à temps partiel, pivot du lien armée-Nation, les réservistes peuvent davantage aider à la protection du territoire national. Qui connaît mieux son canton, sa ville, son département, que celui qui y vit et y travaille ?

Je crois que la situation actuelle doit aider à faire sauter certaines réticences des entreprises ou de la fonction publique et à faire disparaître les barrières administratives qui contraignent actuellement l’emploi des réserves. Qui oserait dire le contraire ?

Cet esprit de défense, source d’espérance, s’appuie sur les valeurs qui ont fait notre pays. Face au discours de haine de nos adversaires qui veut diviser les Français, je crois que l’exemple de nos armées peut apporter un « contre narratif », comme on dit aujourd’hui, solide et concret.

En tant que chef militaire, praticien de la jeunesse, qui la côtoie au quotidien sur les théâtres d’opérations, dans les casernes, les ports ou les bases aériennes, je peux vous garantir que nous avons une belle jeunesse. Elle est généreuse, a le goût de l’effort et du dépassement de soi et fait preuve de courage, qui peut aller jusqu’à l’héroïsme. Nos jeunes militaires, qui sont issus de la société civile dans toute sa diversité, nous le prouvent au quotidien, au service de la Nation.

Nos militaires défendent avec foi les valeurs de la France : la liberté, ils combattent pour elle ; l’égalité, ils la vivent sous l’uniforme ; la fraternité, qui est leur quotidien.

 

En conclusion, le niveau de menace est inédit et durable. Le choc profond, auquel nous assistons, remet en cause, d’une manière qui semble imparable, l’un des traits fondamentaux de l’ordre westphalien, la sécurité des sociétés à l’intérieur des frontières étatiques. C’est une rupture stratégique.

 

Haussons la garde à la hauteur de l’adversaire. Avec calme et détermination, restons debout et fiers des valeurs que nous défendons. Restons vigilants quant aux moyens qui sont donnés à nos armées. Restons unis derrière les hommes et les femmes qui risquent leur vie, sous l’uniforme, pour défendre la France et les Français.

Vous pouvez compter sur ma totale loyauté et mon engagement sans faille et je sais compter sur votre plein soutien.

 

(Applaudissements de la commission)

 

Mme la présidente Patricia Adam. Général, je vous remercie au nom de la commission pour votre témoignage, qui est important. Vous avez cité plusieurs propositions, notamment sur le budget, vos moyens et la question des réservistes, sur laquelle nous avons beaucoup travaillé.

Nous rendons évidemment un hommage appuyé à tous vos soldats. Nous connaissons le travail qu’ils effectuent aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, leur professionnalisme, leur engagement – en particulier de notre jeunesse qui, avec le sentiment d’appartenance à la Nation et à la défense qui l’anime, est capable d’aller très loin. Comme vous le savez, nous les accompagnons tous les jours en leur rendant visite.

 

M. Jean-Jacques Candelier. Je salue le courage et le professionnalisme de nos militaires.

Notre matériel vieillit et est soumis à rude épreuve : quel est son état et sa disponibilité opérationnelle, notamment celui restant dans les unités ? Quel est son âge moyen et qu’en est-il du taux de renouvellement de celui arrivant en fin de vie ?

Est-il exact que les drones achetés aux Américains ne nous permettent pas d’accéder à toutes les données de fonctionnement et d’exploitation ?

S’agissant des frappes, la France a-t-elle ses propres moyens de reconnaissance et de renseignement pour établir des cibles en Syrie ?

 

M. Damien Meslot. Je m’associe à mes collègues pour remercier nos forces armées pour ce qu’elles font à l’intérieur de notre territoire comme à l’extérieur.

S’agissant de Sentinelle, le chef d’état-major de l’armée de terre nous disait son souhait d’avoir davantage d’équipes mobiles : avez-vous l’intention de faire évoluer le dispositif dans ce sens ?

Pouvez-vous nous faire le point de l’évolution des positions de Daech en Syrie et en Irak après les bombardements que nous avons effectués, certaines informations dans la presse nous laissant penser que cette organisation reculerait ?

 

M. Daniel Boisserie. J’ai rarement vu un invité être applaudi comme vous l’avez été ce matin – je crois que c’est la première fois !

Certains pays européens sont enfin en train de se soucier de la sécurité et peut-être de s’engager sur certains théâtres d’opérations, comme l’Irlande : qu’en pensez-vous ?

S’agissant de la réserve, comment comptez-vous l’organiser, territorialement notamment ?

Enfin, vous avez ouvert un compte Twitter : pouvez-vous nous en parler ?

 

M. François de Rugy. Je souhaiterais saluer votre intervention et, à travers vous, l’engagement des soldats français.

Concernant Sentinelle, qui est sans doute une opération durable, qu’en est-il de la doctrine retenue ?

Enfin, quelles précisions pouvez-vous nous apporter s’agissant de l’intervention en Syrie ? L’engagement de troupes au sol est-il envisagé et envisageable au regard de nos engagements dans d’autres opérations extérieures ?

 

Général Pierre de Villiers. Concernant l’âge des équipements, nos ravitailleurs ont plus de cinquante ans, nos véhicules de l’avant blindés (VAB) trente ans en moyenne et certains de nos bateaux vingt-cinq à trente ans. Il est temps de les renouveler : c’est tout l’enjeu de la LPM et de son actualisation. Je souhaiterais bien sûr que cela aille plus vite, surtout compte tenu de la dureté de nos engagements. Mais les dernières décisions budgétaires que vous avez votées constituent un effort important : budgétisation de l’ensemble des ressources exceptionnelles ; non-déflation de 18 750 effectifs (à laquelle s’ajoute la récente décision du président de la République). Ce qui m’importe, plutôt qu’un débat stérile sur la demande de moyens supplémentaires, est d’avoir les moyens permettant d’accomplir les missions qui me sont confiées. La débrouillardise à la française a en effet atteint ses limites. Si on me donne une mission supplémentaire, je demande les moyens correspondants ou bien j’en annule une autre.

 

S’agissant des cibles en Syrie, nous avons bien nos propres moyens de renseignement, satellites et vols de reconnaissance ISR – Intelligence Surveillance and Reconnaissance. C’était en effet l’objectif de la décision du président de la République en septembre d’effectuer ces vols au-dessus de ce pays pour pouvoir préparer de manière autonome des dossiers d’objectifs, ce que nous avons fait au bon moment. Nous avons par ailleurs pu travailler de manière accélérée avec les Américains depuis le 13 novembre. Cette capacité autonome est fondamentale.

 

Quant à Sentinelle, elle donne lieu à une rupture stratégique. On peut discuter de l’emploi des armées sur le territoire national, mais non de ce qui constitue un postulat : les Français veulent être protégés, là où ils se trouvent, et il est de la mission des militaires d’y contribuer.

Par ailleurs, raisonner avec un dispositif ancien dans une situation nouvelle est une erreur. Sentinelle ne doit pas être conçue par rapport à Vigipirate, constitué en fonction d’un certain type de terrorisme. Nous avons ce débat interministériel depuis janvier ; le Président de la République a décidé le 29 avril de pérenniser les 7 000 personnels de Sentinelle sur le territoire national et demandé une réflexion doctrinale interministérielle pour passer de « Vigipirate-Sentinelle » à quelque chose d’autre, en complément du dispositif des forces de sécurité intérieure. La nécessité de ce débat est d’autant plus vive après les récents attentats et le passage à 10 000 hommes à nouveau déployés sur le territoire national. Je tiens une nouvelle fois à souligner la qualité du dialogue entre les préfets et les officiers généraux de zone de défense, notamment sur les effets recherchés – à partir desquels nous, experts militaires, déterminons les modes d’action et les moyens, en liaison avec les forces de police et de gendarmerie. Nous avons une expérience récente à grande échelle en la matière, grâce notamment au réseau Acropol. La synergie existe : il nous faut donc arbitrer une doctrine, sans oublier le volet juridique, puisque nous ne sommes pas dans le droit de la guerre, mais dans le cadre de la légitime défense sur le sol national. Je crois que nous sommes sur la bonne voie.

Ce que nous pouvons apporter, c’est de la mobilité, du contrôle et de la surveillance de zones, du renseignement par nos patrouilles habituées à observer des phénomènes anormaux, retransmis immédiatement par Acropol aux forces de sécurité intérieure. Nous pouvons apporter en outre nos moyens d’opérations nocturnes, nos équipements et, surtout, le fait que nous soyons régulièrement confrontés à des modes d’action de guerre, dont je crains qu’ils ne se renouvellent. La singularité de notre situation est que ceux qui nous attaquent sur notre propre sol sont ceux qui le font aussi à l’extérieur.

 

L’opération Barkhane est un succès car nous avons inversé l’effet de surprise. Avant, nous étions surpris en permanence depuis des années au Nord Mali par de petits groupes terroristes, très mobiles, qui nous attaquaient toujours là où on n’avait pas prévu. Mais, selon l’expression utilisée en rugby, « les mouches ont changé d’âne ». Pour gagner la guerre, il faut reprendre l’initiative tactique. Cela est aussi valable pour Sentinelle.

 

S’agissant de l’Irak, les choses ont bougé ces dernières semaines de façon très claire : Daech n’est pas vaincu, mais commence à reculer. Baïji, qui est le verrou vers Mossoul, a été repris, et Ramadi est en passe de l’être. Les Kurdes viennent de reprendre Sinjar et l’axe de ravitaillement fondamental pour Daech entre la « capitale » politique, Mossoul, et la capitale logistique et militaire, Raqqa, a été coupé. Notre stratégie est de bombarder Daech là où il se trouve, avec des objectifs ciblés ou des bombardements tactiques en appui de la progression au sol des forces locales irakiennes, réunissant si possible sunnites et chiites, et les forces kurdes, les Peshmergas.

 

Concernant la Syrie, la situation s’est également améliorée. Daech est sous pression. L’arrivée des Russes, il y a quelques semaines, a accru la capacité de bombardement. Je rappelle qu’en dehors de la Russie, il n’y a en ce moment que trois pays qui bombardent en Syrie : les États-Unis, la France et la Turquie. Daech n’a plus d’initiative tactique : dès que ses combattants sortent du bois, ils sont immédiatement frappés. Cela explique d’ailleurs peut-être la rafale d’attentats de cette organisation dans le monde entier, avec ses frappes hier encore en Égypte et en Tunisie. Quand Daech va commencer à reculer, il y a un risque de reflux de ses combattants et d’être frappés par ceux-ci dans les régions où ils sont. Nous sommes entrés depuis quelques jours dans la deuxième phase de la stratégie de la coalition, qui est celle du démantèlement.

 

Au sujet de l’Europe, j’espère que l’appel de la France relatif à l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne sera entendu de deux manières : d’une part, au travers d’une prise de conscience de la gravité de la situation au plan stratégique et de l’accroissement des budgets de défense des pays européens ou, en tout cas, de l’arrêt de leur décroissance ; d’autre part, grâce à l’aide des pays européens, que ce soit sous forme de chasseurs supplémentaires, d’une assistance au profit de l’armée irakienne ou de l’opposition syrienne libre en formations ou en moyens, de flottes stratégiques ou tactiques, d’ISR, de drones, d’avions, de meilleur échange du renseignement au plan européen ou encore de financement. J’espère aussi l’exonération, dans le calcul des déficits publics, des dépenses d’investissement de défense, considérant qu’au travers de la défense de l’avant, nous contribuons grandement à la sécurité de l’Europe. J’ai cru comprendre que les lignes commençaient à bouger sur ce point, ce dont je me réjouis. Car j’ai sincèrement le sentiment que les armées françaises portent une partie de la sécurité de l’Europe.

 

S’agissant des réserves, vous savez combien j’y suis attaché. Nous n’avons pas fait la réforme structurelle nécessaire lorsque nous avons professionnalisé nos armées en 1996. L’objectif du projet Réserves 2019 est de porter le nombre de réservistes opérationnels de 30 000 à 40 000, d’accroître leur réactivité – en réduisant le délai entre le moment où ils sont convoqués et celui auquel ils arrivent – ainsi que notre organisation et leur emploi dans des missions attractives, sans oublier la territorialisation et la connaissance du territoire : remailler la France dans ses points sensibles, en particulier grâce à l’apport de ces personnels. Ce projet doit être conçu en complément des forces d’active. Par ailleurs, cela ne supprime pas les réservistes citoyens. Le projet est inscrit dans la LPM actualisée : il faut le mettre en œuvre avec ce volet un peu particulier de la défense du territoire.

 

Pour ce qui est de l’engagement au sol en Syrie, on ne gagnera la guerre que par une action au sol appuyée par des bombardements aériens. Mais envoyer des soldats français ou occidentaux serait une fausse bonne idée. Ce travail doit être mené par les forces locales ou régionales, ne serait-ce qu’en raison de la complexité du pays. Pour l’illustrer : on compte 1 500 katibats, avec des alliances, des ruptures et des recompositions continuelles.

 

Enfin, mon compte Twitter, qui a été ouvert par un très heureux hasard le premier jour des frappes du porte-avions, est justifié par l’idée que la bataille des perceptions est fondamentale, ce que Daech a, pour sa part, parfaitement compris. Cette bataille est très importante à l’égard des jeunes. J’ai d’ailleurs dit l’autre jour, à la réunion des chefs d’état-major à Madrid, que la coalition pourrait communiquer encore plus pour ne pas perdre le combat du « contre narratif ».

 

M. Philippe Nauche. Avons-nous des objectifs à moyen ou long terme en Libye ? Y a-t-il une analyse partagée avec les autres forces de la coalition concernant le risque éventuel d’une intervention à partir du sol libyen ?

Au sujet de l’incident aérien d’hier entre la Turquie et la Russie, quelle est votre analyse de cet imbroglio, qui semble compliquer les choses ?

 

M. Marc Laffineur. Je m’associe aussi aux louanges adressées à l’armée et à nos militaires.

S’agissant de Sentinelle, les militaires seraient, selon certains réseaux sociaux, armés mais sans munitions : qu’en est-il ?

Concernant la descente de l’avion russe par l’armée turque hier, les pilotes sont tombés en Syrie. Que sont-ils devenus ? S’ils ont été tués, par qui ?

Au sujet de l’Europe, y a-t-il une prise de conscience de la nécessité d’un effort collectif ?

Enfin, comment aider avec nos alliés les forces au sol sur place ?

 

M. Charles de La Verpillière. Je m’associe aux louanges adressées à nos armées et vous félicite pour la qualité de votre exposé.

Y a-t-il dans les écoles d’officiers une formation particulière aux opérations intérieures, sur le plan tactique et stratégique ?

Par ailleurs, s’il faut constituer une grande coalition, la difficulté vient de ce que, en dehors de Daech, personne n’a le même ennemi. Pour la Turquie, par exemple, l’ennemi principal restera toujours les Kurdes. Comment cette coalition peut-elle s’organiser sur le plan militaire, en intégrant la Russie, voire d’autre États de la région ?

 

Mme Édith Gueugneau. Je m’associe également aux louanges adressées à nos armées.

Les formes nouvelles de la menace conduisent à mener une réflexion pour opérer une rupture stratégique. Sans empiéter sur le travail qui sera rendu par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui la pilote, pouvez-vous en donner les principaux axes ?

Du point de vue des moyens, combien de temps pensez-vous que l’on puisse tenir dans la configuration actuelle, sachant que ce qui est demandé à nos soldats ne correspond pas à leurs missions premières et que le contexte de grande tension les sollicite aussi psychologiquement et nerveusement ?

 

M. Philippe Folliot. C’est dans les situations difficiles qu’on reconnaît la qualité d’une institution. On ne peut que s’associer à vos propos sur la façon dont nos soldats se sont comportés.

S’agissant des opérations aériennes en Syrie et en Irak, en cas de difficultés, nous avons des commandos formés pour récupérer les pilotes. Ces éléments sont-ils mutualisés entre l’ensemble des forces de la coalition ou chaque pays récupère-t-il ses propres hommes ?

Par ailleurs, comment se passe le rassemblement des services à Balard ? Apporte-t-il un véritable plus en termes de communication, d’échange et d’interarmisation ?

 

Général Pierre de Villiers. Chaque question nécessiterait des développements compte tenu de leur complexité.

 

La Libye est le hub du terrorisme, comme l’a dit le ministre de la Défense. Daech s’est implanté en Libye de manière solide puisqu’il y a au moins 2 500 combattants autour de la région de Syrte, qui se livrent à des crucifixions publiques régulières. Il y a donc maintenant quatre Libye : la Tripolitaine, la Cyrénaïque, le Fezzan et le « Daechland ». Par ailleurs, il y a une absence de coordination des différentes démarches : la démarche contre-terroriste américaine, la démarche onusienne, la démarche européenne, avec l’opération maritime EUNAVFORMED Sophia, et d’autres démarches, à connotation plus nationale.

La France bénéficie de sa capacité autonome de renseignement pour comprendre ce qui se passe et éviter d’être surprise. Par exemple par des mouvements de Daech vers le Sud, jusqu’au nord du Niger, là où nous avons notre base avancée de Madama. Nous pensons que le temps politique et diplomatique doit aujourd’hui prévaloir sur le temps militaire. J’espère que la communauté internationale trouvera une solution permettant de mettre autour de la table la Tripolitaine et la Cyrénaïque afin d’obtenir un point d’accord pour pacifier le pays, gouverner ensemble et lutter contre Daech. Il faut observer cela avec la plus grande attention, car le reflux des « foreign fighters » pourrait passer par la Libye, le nombre de combattants de Daech dans ce pays étant en augmentation.

 

Quant à l’avion russe abattu hier par la Turquie, cela illustre ce que vous disiez sur la coalition, qui est diverse. Il semble que le chasseur russe ait pénétré quelques secondes dans une « dent » de terrain turc à l’intérieur du territoire syrien. J’espère qu’on évitera toute escalade : ce n’est l’intérêt de personne alors que nous avons un ennemi commun, qui est Daech. Il faut rassembler tous les pays autour d’une volonté commune et urgente : celle de la lutte contre cette organisation. C’est le discours que j’ai tenu à mon homologue russe. Les Russes ont aussi des « foreign fighters », et ils ont, comme nous, été attaqués et perdu plus de 200 personnes lors de l’attentat contre un avion civil dans le Sinaï. Cela suffit à rassembler. Toutes les énergies doivent être déployées contre Daech. Cet incident ne doit pas nous amener à vouloir résoudre immédiatement les différences d’approches structurelles, historiques, géographiques et politiques. Il faut capitaliser sur ce qui rassemble. Je suis, pour ma part, plutôt dans l’union et l’unité et contribuerai à prôner la désescalade auprès de mes homologues.

 

Sur le territoire national, nos soldats sont tous armés : leur chargeur est approvisionné, et il y a un témoin d’obturateur de chambre permettant d’éviter les risques de mauvaise manipulation. Cela permet de riposter, comme en OPEX. J’estime donc que nous avons adopté les bonnes mesures.

 

S’agissant de l’Europe, je souhaite que ses pays fournissent à la coalition, ou dans la bande sahélo-saharienne, ou au sein des missions de l’ONU, une participation à l’effort de guerre que nous menons. La France seule n’a pas vocation à être responsable de la sécurité du monde ou de l’Europe. J’espère des moyens concrets sur le terrain. Mais il faut pour cela une volonté politique : c’est le sens de l’appel du ministre de la Défense au titre de l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne.

 

La richesse de nos armées repose sur la qualité de la formation du personnel, notamment la formation initiale, toutes catégories confondues. Je rappelle qu’en dépit de cette forme de sinistrose propre à notre pays, nous sommes admirés à l’étranger et servons de modèle à bien des armées étrangères. Nous avons d’ailleurs de nombreuses demandes de formation de pays étrangers dans nos différentes écoles, mais aussi à l’École de guerre ou au Centre des hautes études militaires. Dès que la nouvelle doctrine d’emploi sur le territoire national sera clairement établie, nous organiserons de nouveaux modules. Dans toutes nos écoles, nous insistons sur l’éthique du soldat. C’est fondamental.

 

Au sujet du territoire national, nous devons, au-delà du principe de complémentarité que j’ai évoqué, avoir une stratégie globale de défense, dans toutes ses dimensions : protection des côtes, lutte contre les trafics, action de l’État en mer, défense aérienne, cyberdéfense, espace et action au sol avec l’opération Sentinelle, qui va évoluer. J’ajoute une dimension : celle de la protection des installations de défense.

 

Je pense que nous pouvons tenir dans la durée avec les nouveaux moyens que nous avons demandés. On pourrait même aller plus loin dans certains cas, mais pour certaines durées et certains types d’engagement. Cette notion de durée est centrale dans l’analyse. Il faut faire attention à cet égard à l’expérience de nos amis britanniques, qui se sont « mis dans le rouge » avec l’Irak et l’Afghanistan et continuent d’en payer le prix. C’est ma responsabilité d’y veiller, de même que la responsabilité politique est de ne pas me demander de faire des choses que je ne peux pas faire, sauf à entamer le capital en matière de maintien en condition opérationnelle et d’entretien programmé des matériels.

 

Nous sommes effectivement sous tension et confrontés au fait que si les moyens que vous avez votés dans la LPM, humains notamment, arrivent – nous avons quasiment recruté tous les 5 500 personnels de l’armée de terre, en améliorant même la qualité de recrutement –, il faut les former pendant six mois avant de les engager. Nous sommes dans la phase la plus difficile, entre le printemps dernier, où ont été prises les décisions, et le printemps ou l’été prochain, où nous aurons fini de former les 6 000 à 7 000 nouveaux soldats.

 

S’agissant de la capacité d’aller secourir les pilotes au-delà des lignes adverses s’ils venaient à s’éjecter, elle est assurée dans le cadre de la coalition par les Américains. Le porte-avions bénéficie aujourd’hui d’une équipe prévue à cet effet, de l’escadron Pyrénées de l’armée de l’air. Je souligne à cet égard la très bonne coopération entre la marine et l’armée de l’air, coopération à laquelle je tiens beaucoup. Nous avons ainsi mené une frappe avant-hier soir, dans laquelle les deux Mirage 2000 qui ont décollé de Jordanie ont rejoint les quatre Rafale et les avions de reconnaissance venus du porte-avions. Je veille donc à ce qu’un pilote français qui décolle ait la certitude d’être récupéré n’importe où si nécessaire, de la même manière qu’un soldat français engagé au sol doit avoir la certitude qu’en cas de blessure, il sera récupéré n’importe où et soigné dans les meilleures conditions au monde.

 

Au sujet du regroupement des services à Balard, j’en ai senti le bénéfice tout de suite pour commander les opérations. Par exemple, lors de la prise d’otages dans un hôtel de Bamako vendredi dernier, il m’a suffi de prendre l’ascenseur qui est dans mon bureau pour rejoindre une salle au sous-sol, très bien équipée et permettant de visualiser l’ensemble des données concourant à la décision, où on m’a présenté la situation de la prise d’otages avec l’image du drone en direct sur grand écran – ce que je n’avais pas boulevard Saint-Germain. Cela constitue une véritable plus-value pour la gestion des crises.

Reste que je ne mesure pas encore totalement celle d’être ensemble dans un même lieu : j’y crois beaucoup, mais cela prendra du temps. Je rappelle que nous sommes les seuls au monde, avec les Américains, à avoir cette organisation. Depuis que je reçois sur place mes homologues étrangers, ils rêvent tous d’avoir un tel dispositif à leur main – ayant des problèmes sans nom pour coordonner leurs états-majors. Ce que nous avons fait est exceptionnel, même si on a pour l’instant parfois du mal à s’orienter. (Sourires). Quand je décide de tenir une réunion de crise sur tel ou tel point, la plupart de mes collaborateurs sont là immédiatement, ce qui est beaucoup plus facile qu’avant, et il n’est pas de jour où je ne voie un chef d’état-major d’armée. Au-delà de ces améliorations, il faudra sans doute plusieurs années pour tirer tout le parti potentiel du dispositif.

 

M. Éduardo Rihan Cypel. L’ambassadeur de Russie à Paris a dit ce matin que son pays était favorable à un état-major commun, incluant non seulement les États-Unis, la Russie et la France, mais aussi la Turquie : avez-vous déjà été saisi sur ce point ?

Vos centres de recrutement voient un afflux sans précédent de jeunes, ce qui montre leur volonté de s’engager : pouvez-vous nous en dire un mot ?

Enfin, je vous félicite pour votre compte Twitter. N’hésitez pas à vous exprimer sur d’autres médias si vous êtes autorisé, car votre voix est très importante pour la France en ce moment.

 

M. Nicolas Dhuicq. La France paie le prix du sang, à la différence de l’Allemagne, pour des raisons historiques. Avez-vous des contacts avec vos homologues germaniques au sujet d’une évolution de la constitution allemande à terme ?

Par ailleurs, la politique américaine depuis trente ans cherche à redessiner la carte du Proche et Moyen-Orient sur des fondements ethnico-religieux. J’ai peur d’une partition de la Syrie à terme quand je vois la situation à Jobar ou, plus généralement, à Damas.

Que pensez-vous enfin de l’hélicoptère abattu après le Soukhoï 24 ? Est-ce le fait de l’armée syrienne libre soi-disant laïque ?

 

M. Michel Voisin. Le contrat d’un militaire du rang prévoit que lorsque celui-ci le termine, il est affecté pendant cinq ans dans la réserve, dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la R02. Environ 80 000 personnes seraient dans ce cas. Peut-on les mobiliser ?

D’autre part, je rappelle qu’un récent sondage démontre que l’opinion publique demanderait à plus de 70 % le rétablissement du service militaire, ce qui ne serait pas évidemment sans difficulté ni coût important.

 

M. Philippe Meunier. La carte des belligérants se dessine : certains pays soutiennent directement ou indirectement les islamistes et d’autres les combattent. La Turquie a confirmé hier sa politique étrangère et la France est rentrée dans le conflit en Syrie aux côtés des Russes. Puisque nous frappons avec ceux-ci les cibles ennemies, sont-ils informés de la localisation de nos frappes et nous informent-ils de leurs propres objectifs ?

Par ailleurs, une vidéo a été diffusée hier, montrant la destruction d’un hélicoptère qui serait russe avec un missile de fabrication américaine – les agresseurs islamistes ont lancé des cris de victoire. Pouvez-vous nous renseigner sur les différents types de matériels tombés entre les mains de l’ennemi et me dire si ces matériels livrés par les États opposées à Bachar el-Assad représentent aujourd’hui un danger pour nos troupes ?

 

M. Christophe Léonard. J’ai l’impression de retrouver l’esprit du début de la guerre de 1914-1918, selon lequel on va gagner très vite, alors que j’ai le sentiment qu’on s’inscrit dans une ère nouvelle depuis le 13 novembre dernier, à la fois sur notre sol et à l’extérieur.

Une des sources premières du financement de Daech est le pétrole, qui est raffiné de façon illégale en Turquie, pour l’essentiel. Que pensez-vous de l’idée consistant à fermer la frontière entre ce pays et les zones occupées par Daech, afin de tarir ses ressources – ce qui pourrait être plus efficace que les bombardements ou les actions au sol ?

 

Général Pierre de Villiers. S’agissant de la relation avec les Russes, il faut procéder par étapes et se mettre d’accord pour combattre ensemble notre ennemi commun. Une fois ce point politique réglé, nous pourrons organiser une coordination militaire. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là : nous avons un excellent état-major à CENTCOM, qui fonctionne bien, ainsi que des états-majors spécifiques pour les opérations navales et aériennes. Mais la Russie n’est pas intégrée à ce processus. Et s’il y a un mémorandum entre la Russie et les États-Unis permettant une déconfliction pour éviter que les avions en vol ne se télescopent, il n’y a pas à ce stade de coordination sur les cibles. Pour ma part, j’ai abordé avec mon homologue russe un point de coordination technique pour éviter que nos groupes navals et nos aéronefs ne se heurtent en Méditerranée orientale. Il y a des échanges avec les Russes depuis que le Charles-de-Gaulle est arrivé dans la zone et il y aura même des échanges croisés d’équipes sur les bateaux des deux pays de façon à se coordonner techniquement.

 

Sur le recrutement, je ne peux que me réjouir de ce qui se passe. Notre jeunesse attend un supplément d’âme, un cadre, une espérance, qui est en l’occurrence le service de la France. Les récents événements ont ravivé le sentiment patriotique. Pour les armées, rien n’a changé : nous n’avons jamais cessé d’avoir les couleurs du drapeau français dans chaque régiment, base aérienne ou sur les bateaux. Il est important pour nous de voir se lever ce drapeau et nous ne sommes pas dans l’effet de mode. Reste qu’il faut réfléchir au fait de savoir pourquoi des jeunes viennent chez nous et pourquoi d’autres partent chez Daech.

 

Ma parole est assez rare dans les médias, car c’est avant tout la parole politique qui doit porter. Mon temps est principalement consacré à l’action et ma responsabilité est de fédérer les armées derrière la mission qui m’est confiée. Cela suppose un gros travail en interne, pour que les gens comprennent qu’il faut une véritable obéissance active, dans laquelle l’adhésion l’emporte sur la contrainte – ce qui nécessite un engagement plein et entier des chefs et de moi-même.

 

De fait, la loi fondamentale de l’Allemagne doit être prise en compte dès lors qu’il s’agit de coopérer avec ce pays, en tout cas pour les opérations. J’espère que l’appel au titre de l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne sera suivi d’effets en termes de moyens. En tout cas, les militaires coopèrent entre eux et je suis très proche de mon homologue allemand. Il demeure qu’il faut une volonté politique pour avancer.

 

Monsieur Meunier, je n’ai pas d’éléments suffisamment précis pour vous dire ce qui s’est passé avec l’hélicoptère russe. Je comprends qu’il s’agissait d’hélicoptères destinés à récupérer les pilotes, mais je ne sais pas qui a tiré, quels sont les dégâts et ce qui s’est passé. Cela illustre mon propos sur la complexité – on ne dispose pas d’informations précises sur les gens qui étaient au sol à cet endroit-là – et doit inciter à la prudence.

 

Quant à la réserve RO2 dont vous parlez, monsieur Voisin, on y réfléchit dans le cadre du projet Réserves 2019. Le délai de cinq ans me paraît déraisonnable : je milite plutôt pour un délai de deux ans. Et je voudrais que la territorialisation des réserves soit un des principes majeurs de la nouvelle doctrine sur le territoire national. Le service national avait quelque chose d’exceptionnel : il était un lien avec la Nation et un creuset national. La territorialisation est un moyen de recréer ce lien.

 

Je suis bien placé pour savoir combien beaucoup veulent le rétablissement du service national. Partout où je vais, c’est pratiquement le premier sujet abordé. Cela étant, il s’agit d’un projet politique.

 

Enfin, une des ressources financières principales de Daech est en effet le pétrole. Il faut bien évidemment bombarder les sources d’approvisionnement de cette organisation mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Pour des raisons écologiques et éthiques, il n’est pas question de bombarder n’importe quoi n’importe comment. Je ne veux pas de dégâts collatéraux. En outre, il ne faut pas détruire l’infrastructure du pays – ce qui nous a coûté cher dans d’autres situations. La coalition a commencé à agir dans ce domaine. Il faut bien sûr couper les racines financières de Daech, qui reposent aussi sur l’impôt, lequel dépend de la confiance de la population. Cette confiance sera un des enjeux majeurs des semaines à venir : il faut que la population comprenne qu’elle doit basculer dans le camp de la coalition et de la communauté internationale. Je pense que petit à petit nous tarirons les ressources financières et humaines de Daech. Je n’ai pas de doute sur notre victoire militaire, mais elle ne sera pas à court terme, car chaque mètre doit être gagné et, tous les cent mètres, il y a des pièges à déminer, ce qui est très long, comme l’illustrent les opérations menées à Ramadi.

 

Mme la présidente Patricia Adam. Je vous remercie.

 

*

* *

 

Membres présents ou excusés

 

Présents. - Mme Patricia Adam, Mme Sylvie Andrieux, M. Nicolas Bays, M. Daniel Boisserie, M. Jean-Jacques Bridey, M. Jean-Jacques Candelier, M. Laurent Cathala, Mme Nathalie Chabanne, M. Guy Chambefort, M. David Comet, M. Bernard Deflesselles, M. Lucien Degauchy, M. Nicolas Dhuicq, Mme Marianne Dubois, Mme Geneviève Fioraso, M. Philippe Folliot, M. Yves Foulon, M. Yves Fromion, M. Sauveur Gandolfi-Scheit, Mme Geneviève Gosselin-Fleury, Mme Edith Gueugneau, M. Christophe Guilloteau, M. Laurent Kalinowski, M. Patrick Labaune, M. Marc Laffineur, M. Jacques Lamblin, M. Charles de La Verpillière, M. Gilbert Le Bris, M. Frédéric Lefebvre, M. Christophe Léonard, M. Alain Marleix, M. Alain Marty, M. Damien Meslot, M. Philippe Meunier, M. Jacques Moignard, M. Paul Molac, M. Alain Moyne-Bressand, M. Philippe Nauche, Mme Nathalie Nieson, M. Jean-Claude Perez, M. Edouard Philippe, M. Joaquim Pueyo, Mme Marie Récalde, M. Eduardo Rihan Cypel, M. Gwendal Rouillard, M. Stéphane Saint-André, M. Jean-Michel Villaumé, M. Michel Voisin

 

Excusés. - M. Claude Bartolone, M. Malek Boutih, M. Philippe Briand, Mme Catherine Coutelle, Mme Carole Delga, M. Serge Grouard, M. Francis Hillmeyer, M. Éric Jalton, M. Bruno Le Roux, M. Maurice Leroy

 

Assistaient également à la réunion. - M. Pierre Lellouche, M. François de Rugy

 

Audition du général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (25 Nov. 2015)

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 17:55
Hommage National aux victimes des attentats

 

30/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

« La France mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, elle agira sans répit pour protéger ses enfants », François Hollande.

 

Le 27 novembre, le général d'armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, était présent aux Invalides à l’occasion de l’hommage national rendu par le président de la République aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.

Hommage National aux victimes des attentats
Hommage National aux victimes des attentats
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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 13:55
« Haussons la garde à la hauteur de l’adversaire »

 

26/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le général d’armée Pierre de Villiers était auditionné mercredi par les membres de la commission de la Défense et des forces armées de l’Assemblée Nationale.

 

Cette audition portait sur l’engagement des armées dans la protection du territoire national, ainsi que sur le combat mené en Syrie contre Daech dans le cadre de « la Défense de l’avant ». Elle donc permis de mettre en avant le lien étroit qui existe entre la sécurité intérieure  et la sécurité extérieure.

 

Après avoir décrit la réalité de la menace, le chef d’état-major des armées  a souligné toute la pertinence du choix de disposer d’un modèle d’armée complet qui permet aujourd’hui de répondre à des menaces multiformes. Après avoir demandé de « rester unis derrière les hommes et les femmes qui risquent leur vie, sous l’uniforme, pour défendre la France et les Français », il  a insisté sur la nécessaire adéquation entre missions et moyens.

 

« Haussons la garde à la hauteur de l’adversaire. Restons vigilants quant aux moyens qui sont donnés à nos armées. Restons unis derrière les hommes et les femmes qui risquent leur vie, sous l’uniforme de nos armées, pour défendre la France et les Français. »

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 13:55
Les colis de Noël : un signe d’espérance

Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire :« C’est le moment de témoigner notre soutien et de montrer que nous n’avons pas peur. » - photo  Rym. S  DICOD

 

19/11/2015 EV C. M.  - DICOD

 

Les 16 et 17 novembre, l’association Solidarité Défense et bon nombre de bénévoles ont procédé à la traditionnelle confection des colis de Noël, destinés aux soldats actuellement projetés sur les théâtres d’opérations extérieures. Après les attentats qui ont frappé Paris, le 13 novembre dernier, les autorités politiques et militaires ont souhaité montrer par leur présence leur soutien à cette initiative, symbole du lien Armée-Nation.

 

photo  Rym. S  DICOD

photo Rym. S DICOD

 

« Je souhaite montrer par cet événement que vous incarnez la France d’aujourd’hui, debout, qui ne se laisse pas atteindre par la frappe dont nous avons été victimes. » C’est par ces mots que s’est adressé le général d’armée Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, aux nombreux bénévoles qui se sont réunis, lundi 16 novembre, aux Invalides, pour la confection des traditionnels colis de Noël destinés aux soldats projetés sur les théâtres d’opérations extérieures. « Cette journée est un signe d’espérance, a souligné le chef d’état-major des armées. Avec la force de mes convictions, je souhaite vous dire que nous pouvons être fiers de nos armées et de notre Nation qui ne se laissera pas abattre. On saura surmonter ces moments difficiles, notamment avec des petits gestes comme aujourd’hui. »

 

Rendez-vous annuel avant chaque fête de Noël, la confection des colis destinés aux soldats qui passeront les fêtes de fin d’année en opérations extérieures s’est déroulée les 16 et 17 novembre derniers, à l’Hôtel des Invalides. Près de 11 000 paquets ont été préparés par l’association Solidarité Défense et une soixantaine de bénévoles et sympathisants issus de différentes associations ou entreprises proches de la défense (ANFEM, UNOR, ONAC, IGESA, UNEO, etc). Ces colis comprennent notamment les vœux du président de la République et du président de Solidarité Défense, des cadeaux, des friandises et un dessin d’enfant d’une classe de primaire.

 

Les autorités civiles et militaires étaient présentes auprès des bénévoles afin de leur manifester leur reconnaissance. « Notre présence aujourd’hui souligne encore plus la solidarité pour les forces armées, mais également pour toutes celles mobilisées depuis ce week-end, a déclaré Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire. C’est le moment de témoigner notre soutien et de montrer que nous n’avons pas peur. »

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 12:55
photo EMA

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18/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 13 novembre 2015, le général d’armée Pierre de Villiers s’est rendu à Tours, avec les trois chefs d’état-major d’armée et le major général des armées, pour rencontrer les spécialistes ressources humaines (RH) de nos armées.

 

Au programme de cette journée, un comité des chefs d’état-major (COCEM) à dominante RH et la visite des trois directions rassemblées à Tours : la DRH de l’armée de terre (DRHAT) à la caserne Baraguey, la DRH de l’armée de l’air (DRHAA) sur la base aérienne 705 et la direction du personnel militaire de la Marine (DPMM) au quartier Rannes.

 

La rénovation du modèle de ressources humaines est une des priorités fixées par le chef d’état-major des armées (CEMA) pour 2015 et 2016.

 

Entouré de son « équipe de commandement », il a choisi d’aborder ce sujet lors d’un COCEM élargi aux directeurs des ressources humaines d’armée sur le site de la DPMM à Tours. Cette réunion a eu lieu un mois après la diffusion de sa vision du modèle RH, qui vise à « construire l’armée de nos justes besoins : celle qui répondra aux enjeux de demain ». Il est allé ensuite à la rencontre des experts RH de chacune des armées : « Vous avez en charge ce que nous avons de plus précieux. Les RH constitue notre capital et je compte sur vous pour le faire fructifier au mieux ; pour le modeler sur la courbe de nos besoins : c’est-à-dire les besoins de notre pays, pour le succès des armes de la France ! »

 

Repères

 

COCEM

Chaque semaine, le comité des chefs d’état-major (COCEM), rassemble à Paris, autour du général de Villiers, le major général des armées (MGA) ainsi que les chefs d’état-major des armées de Terre (CEMAT), de l’Air (CEMAA) et de la Marine nationale (CEMM) pour arrêter, selon un ordre du jour spécifique, la politique des armées sur les sujets d’avenir.

 

Le modèle des ressources humaines des armées

Le CEMA a diffusé, le 13 octobre 2015, sa vision du modèle des ressources humaines, en cohérence avec la politique des ressources humaines du ministère de la Défense.

Une vision du modèle des ressources humaines qui

    souhaite fédérer les énergies pour adapter les armées à un monde qui change continument ;

    permet au personnel d’exprimer pleinement tout son potentiel et encourage chacun à être acteur de son parcours professionnel ;

    entend proposer de nouvelles perspectives d’avancement, lisibles et réalistes.

 

Un modèle qui se caractérise à travers quelques principes simples :

    un modèle construit sur la confiance ;

    un modèle attractif ;

    un modèle ouvert et participant à la cohésion nationale ;

    un modèle exigeant, sous-tendu par la finalité opérationnelle ;

    un modèle résilient, sachant anticiper les besoins.

 

Pour réussir ce projet ambitieux en répondant aux attentes du CEMA, un plan d’action conjoint a été lancé par l’EMA et le SGA. Il s’agit d’une démarche exigeante qui concerne tous les domaines des ressources humaines et qui mobilise l’ensemble des acteurs RH du ministère : états-majors, directions centrales, directions des ressources humaines et directions fonctionnelles.

photo EMAphoto EMA

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 08:55
photo ECPAD

photo ECPAD

 

18/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 16 novembre, après avoir été au contact des militaires déployés en renfort sur Paris à la suite des attentats du vendredi 13, le CEMA s’est rendu aux Invalides pour rencontrer les bénévoles de l’association « Solidarité Défense » et ses partenaires, qui préparaient les Colis de Noël destinés aux soldats engagés en opérations.

 

Cette rencontre symbolisait tout autant le lien qui existe entre l’armée et sa nation – comme en témoignent les dessins réalisés par les élèves de 500 écoles primaires, que celui qui unit les forces engagées en OPEX pour la « défense de l’avant » à celles qui le sont sur le territoire national pour protéger nos concitoyens.

 

photo ECPAD

photo ECPAD

C’est entouré de ces bénévoles et de professeurs des écoles que le général Pierre de Villiers a observé une minute de silence en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre. « Je souhaite montrer par cet évènement que vous incarnez la France d’aujourd’hui, debout, qui ne se laisse pas atteindre par la frappe dont nous avons été victimes ».

 

Repères

 

Solidarité Défense

Créée il y a dix ans et présidée par l’amiral Lanxade, qui a occupé les fonctions de CEMA de 1991 à 1995, cette association accompagne tout au long de l’année les militaires blessés, ainsi que de nombreuses familles endeuillées par la mort d’un proche sur les théâtres d’opérations extérieures ou en service commandé. Les bénévoles qui la compose, collectent dessins et messages d’écoliers de la France entière pour le soutien de nos soldats à Noël.

 

Les colis de Noël aux soldats

Chaque colis est composé d’une lettre du président de la République, de dessins d’élèves d’écoles primaires, d’une carte de vœux, d’une tasse et de friandises. Ce sont ainsi près de 11 000 colis qui sont envoyés à nos militaires en mission opérationnelle en fin d’année. Ils sont invités à répondre aux écoles qui leur ont adressé un dessin ou un message.

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 20:55
photo EMA

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18/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 17 novembre 2015, le général d’armée Pierre de Villiers a reçu le Premier ministre, Manuel Valls, au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) à Balard, pour lui faire un point des engagements de l’armée française dans la lutte contre le terrorisme, en France et à l’étranger.

 

Repère

 

Depuis le 19 juin 2015, le commandement des opérations a rejoint Balard.

 

Lors de l’inauguration des nouveaux locaux du ministère de la Défense le 5 novembre 2015, le Président de la République s’était fait présenté le CPCO au sein du nouveau cœur opérationnel.

 

Après la réorganisation des états-majors d’armée puis celle de l’état-major des armées, ce regroupement constitue une nouvelle étape de la transformation du commandement des armées. Le chef d’état-major des armées (CEMA) voit son équipe de commandement regroupée en un même lieu autour de lui.

 

Entouré des chefs d’état-major d’armée qui le conseillent et l’assistent, il s’appuie par ailleurs sur les capacités désormais concentrées au sein du nouveau pôle opérationnel construit au cœur de Balard. Organisé autour du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), le « Pôle ops » regroupe l’ensemble des équipes ou fonctions qui contribuent aux travaux d’anticipation stratégique, ainsi qu’à la planification et la conduite de nos engagements opérationnels (états-majors opérationnels, commandement interarmées de l’espace, cyberdéfense, renseignement, soutiens,…).

 

Le CPCO, à la fois état-major d’aide à la décision et centre de commandement, est connecté 7 jours sur 7 et 24h sur 24 avec l’ensemble des théâtres d’opération. Il permet au CEMA d’assurer le commandement des opérations militaires, de conseiller le gouvernement dans le champ des opérations et de proposer des options stratégiques au Président de la République, chef des armées.

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 16:55
photo EMA

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18/11/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 16 novembre 2015, le général d'armée Pierre de Villiers est allé au contact des militaires déployés en renfort sur Paris à la suite des attentats.

 

Moins de 48 heures après l’attaque terroriste, 1000 militaires ont renforcé le dispositif Sentinelle dans la capitale. Certains rentraient tout juste d’opérations extérieures, ce qui illustre bien le lien entre Défense de l’avant en OPEX et sécurité des Français sur le territoire national.

 

A Vincennes, il s’est rendu au PC du 54ème RA à partir duquel a été conduit dans l’urgence le déploiement de renforts militaires en appui des force de sécurité intérieure, dans la nuit du 13 novembre.

 

Saluant la réactivité de ses hommes, il leur a rappelé que les Français comptent sur eux pour leur sécurité et qu’il est « notre honneur de les protéger ».

photo Etat-major des armées / ECPAD

photo Etat-major des armées / ECPAD

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 14:55
Terrorisme : les trois défis de l'opération Sentinelle

"Un soldat n'est pas formé pour rester en garde fixe au pied d'un lieu jugé - à juste titre - sensible. Mais nous allons faire autre chose, autrement", avait estimé le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers - photo EMA

 

17/11/2015 Par Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

L'armée de Terre doit recruter pour assurer pleinement l'opération sentinelle. Surtout l'état-major demande une évolution des missions de l'armée, qui souhaite amener son expérience des opérations extérieures.

 

En 2015, dans la continuité de 2014, les forces armées françaises ont connu un très fort engagement opérationnel, avec les opérations Sentinelle (France), Sangaris (Centrafrique), Chammal (Irak et Syrie) et Barkhane (Sahel). À travers cette mobilisation de 10.000 hommes en janvier pour l'opération Sentinelle, puis ramenée à 7.000, l'armée a montré qu'elle était capable de mobiliser beaucoup d'hommes en peu de temps avec efficacité. Mais cette opération a rapidement montré les limites du format des armées défini par le livre blanc de la défense et la sécurité nationale de 2013.

D'autant que les opérations extérieures (OPEX) lancées sont appelées à durer. Ainsi, comme l'a reconnu le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il n'avait "pas autant diminué qu'initialement prévu les effectifs sur certaines opérations, en particulier Sangaris. En raison de l'augmentation des tensions, j'ai ainsi demandé au président de la République de m'autoriser à maintenir plus de 900 militaires sur le camp de M'Poko (Centrafrique, ndlr). Cela complique encore l'année 2015".

 

Une armée qui a été déstabilisée

En février, le chef d'état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers, tirait déjà la sonnette d'alarme sur l'écart de plus en plus flagrant entre les moyens donnés aux armées et les missions qui lui sont confiées par les plus hautes autorités de l'État. Pas assez d'hommes pour assurer toutes les missions. Du coup, en mai dernier, le gouvernement annonce une moindre déflation des effectifs de 18.750 postes sur les 33.675 prévus initialement dans la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM). "Soyons clairs : notre modèle d'armée ne pouvait plus subir davantage de réduction !", avait estimé le 15 octobre le général Pierre de Villiers.

"Si l'on dresse un bilan de la situation, la tendance est toujours à plus de missions pour nos armées, car, aux missions opérationnelles, il faut encore ajouter tout le reste. Je pense à l'environnement de soutien et de gestion, mais aussi au soutien aux exportations, ou encore à nos actions en faveur de la cohésion nationale avec le service militaire volontaire", avait expliqué en octobre le CEMA lors de son audition à la commission de la défense de l'Assemblée nationale.

Des suppressions de postes qui venaient après celles décidées par Nicolas Sarkozy (54.000 sur la période 2009-2014). Bref, les saignées successives dans les effectifs ont rendu exsangue les forces armées, incapables de gérer sur le long terme les opérations extérieures (OPEX), les opérations intérieures (OPINT) et les journées d'entrainement nécessaires à la préparation des missions. "La préparation opérationnelle, autrement dit l'entraînement, n'est donc pas négociable, sauf à mettre en danger les soldats en opération extérieure, et il s'agirait d'un danger de mort", avait expliqué le 15 octobre le général Pierre de Villiers. Nicolas Sarkozy, tout comme François Hollande dans un premier temps, n'ont pas compris toute l'importance d'un outil militaire suffisamment doté pour remplir ses missions fondamentales.

 

1/ Une fragilité temporaire de Sentinelle

En dépit des moindres déflations, l'armée avait déjà dû mal à assurer les missions de l'opération Sentinelle avant les tragiques attaques terroristes du vendredi 13. Une situation temporaire, comme l'indiquait le général Pierre de Villiers. Pourquoi? "Dans les mois à venir, avait-il expliqué, le volume des forces engagées sur le territoire national restera une source de fragilité : tant que les manœuvres de recrutement et de formation de l'armée de terre ne seront pas terminées, c'est-à-dire d'ici à la fin de l'année 2016 ou au début de l'année 2017, des renoncements perdureront pour garantir les effectifs de Sentinelle".

"C'est en 2015 que l'opération Sentinelle pose problème puisqu'on doit assurer la présence de 7.000 militaires, susceptible d'être portée à 10.000 de toute urgence, avec des effectifs qui sont ceux de début d'année", a confirmé Jean-Yves Le Drian.

Cette fragilité provient en raison même d'un changement en volume des militaires engagés dans l'opération Sentinelle sur le long terme. "Avec 7.000 soldats engagés chaque jour, et la capacité de monter jusqu'à 10.000 hommes sur court préavis, le volume de l'opération Sentinelle est plus de quatre fois supérieur à ce qui existait auparavant. C'est considérable !", avait jugé le chef d'état-major des armées. Ce changement stratégique doit se réaliser "sans compromettre nos engagements futurs".

 

2/ Quelles missions pour les militaires de l'opération Sentinelle?

"Une réflexion doctrinale interministérielle est en cours pour répondre à ces changements afin que la mission Sentinelle ne soit pas qu'une excroissance du dispositif Vigipirate, mais une véritable plus-value stratégique en complément des forces de sécurité intérieure", avait expliqué le général Pierre de Villiers. L'état-major réfléchit à une rupture stratégique, sous le pilotage du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Un rapport doit être remis au président de la République avant la fin de l'année. Jean-Yves Le Drian doit en rendre compte devant le Parlement en janvier.

Quel est le rôle des forces armées sur le territoire national, et précisément avec l'opération Sentinelle ? "Je considère que la mission des armées, en temps de crise comme en temps de paix, est de protéger tous les Français où qu'ils se trouvent, à l'étranger, outre-mer ou en métropole", avait affirmé le chef d'état-major des armées. Et il rappelait que "le soldat actuellement engagé dans Sentinelle est le même que celui qui, demain, partira au Sahel combattre au sein de la force Barkhane".

Mais, selon lui, "nous devons la prendre en compte et trouver la bonne réponse en complément des forces de sécurité intérieure". Pas question de "demander durablement aux soldats français d'aider, de remplacer, de suppléer des forces de sécurité intérieure qui ne seraient pas assez nombreuses", avait-il précisé. L'opération Sentinelle, ce n'est pas cela, pour le général Pierre de Villiers. "Loin d'être une sorte de Vigipirate bis, Sentinelle répond à une rupture stratégique : nous considérons que la situation n'est plus la même qu'il y a un an et que le niveau de menace est tel en France que les forces de sécurité intérieure ont besoin du renfort substantiel et durable des forces armées. Mais plutôt que de suppléer les forces de sécurité, les armées doivent apporter des savoir-faire complémentaires".

"L'apport de nos armées à la protection des Français à l'intérieur de nos frontières est essentiel. La mission Sentinelle rassure nos concitoyens ; la grande popularité de nos soldats le prouve. De plus, Sentinelle envoie un message fort à nos adversaires et montre la force et la détermination de notre pays : nous ne permettrons pas que des actions de guerre soient commises sur notre sol. La protection de la France et des Français demeure la vocation première des forces armées".

 

3/ Quelle plus-value de l'armée?

"Un soldat n'est pas formé pour rester en garde fixe au pied d'un lieu jugé - à juste titre - sensible. Mais nous allons faire autre chose, autrement", avait estimé le CEMA. Dans ce cadre, l'état-major des armées cherche à créer un dispositif cohérent, dans lequel les militaires apporteraient leurs compétences. D'autant que les adversaires utilisent les mêmes modes d'action que sur les opérations extérieures. Ainsi, les soldats pourraient être "plus mobiles, opérer de nuit, utiliser des équipements et des techniques que nous sommes les seuls à avoir".

"Puisque nous avons affaire aux mêmes terroristes, nous devons pouvoir recourir, le cas échéant, à des modes d'action à l'intérieur qui s'inspirent de ceux utilisés à l'extérieur du territoire national. Le dispositif Sentinelle va donc évoluer", a estimé le CEMA. Ce que confirme Jean-Yves Le Drian : "il faut continuer d'affiner les concepts, tirer les leçons de la situation, définir la doctrine, les capacités, l'articulation avec le ministère de l'Intérieur sur la durée".

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