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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 12:55
L'armée de terre française 1978-2015. Bilan de 37 années d'opérations ininterrompues

 

19/06/2015  - CDEF/DREX/COMDIV/Col Esnault

 

Mai 2015. Depuis 1978, l’armée de Terre a participé à 70 opérations extérieures et est intervenue une centaine de fois sur le territoire national.
Ce cahier se propose de survoler ces 37 années d’opérations, en les replaçant dans le contexte des grandes évolutions de la défense et de la physionomie de l’AdT.

 

Depuis 1978, année du déclenchement d’opérations au Liban et de nouvelles opérations au Tchad, l’armée de terre (AdT) a été engagée dans près de 70 opérations extérieures, pour l’essentiel en Afrique.

Au-delà de ses multiples évolutions d’organisation liées au contexte stratégique et économique, elle n’a ainsi jamais cessé de combattre, dans des configurations et des modes d’action d’une très grande variété. Pour remplir ses missions, elle s’est toujours appuyée sur les fondamentaux de la manœuvre aéroterrestre tout en conduisant, dans tous les domaines, les adaptations nécessaires pour accroître son efficacité.

L’AdT est également intervenue une centaine de fois sur le territoire national (TN), en métropole et outremer, lors de missions de sécurisation (Vigipirate, sommets internationaux et grands évènements mémoriels ou sportifs), de secours aux populations (catastrophes naturelles ou épisodes climatiques) ou encore de soutien des services de l’Etat (dépollution côtière, pandémies, transports divers).

Cette période d’opérations continues est scindée en deux phases par la rupture de 1991, marquée par la fin de l’empire soviétique, la guerre du Golfe et le début des conflits balkaniques :

- 1978-1991 : dans un contexte de la Guerre froide et d’armée mixte (Livre blanc de 1972), les forces terrestres (FT) sont projetées dans des opérations extérieures le plus souvent nationales, en Afrique et au Moyen- Orient. Cette période est également l’objet d’une réflexion sur l’emploi des forces sur le territoire national, qui demeure centrée sur la défense opérationnelle du territoire (DOT), laquelle ne sera jamais mise en oeuvre.

 

- 1991-2015 1 : dans un contexte de recomposition stratégique brutale liée à l’effondrement du monde communiste, d’une armée de terre professionnalisée, de trois Livres blancs (1994, 2008, 2013), d’une déflation d’effectif continue et globalement considérable, l’armée de terre est employée dans des opérations extérieures le plus souvent multinationales sur tous les continents, alors que d’importants progrès sont accomplis dans l’emploi des FT sur le territoire national. Il est plus concret, plus visible et il est surtout plus attendu.

Sans prétendre à l’exhaustivité, ce cahier du RETEX se propose de survoler ces 37 années d’opérations, en les replaçant dans le contexte général des grandes évolutions de la défense et de la physionomie de l’armée de terre pour chacune des phases clés de cette période, et de se focaliser ensuite sur les opérations et leurs enseignements majeurs.

Sommaire

Introduction

Chapitre I - 1978-1991 : les interventions centrées sur l'Afrique et le Liban d'une armée de terre à deux vitesses

  • 1.1  Physionomie de l'armée de terre
  • 1.2  Physionomie des opérations
  • 1.3  Enseignements majeurs

Chapitre II - 1991-2015 : les opérations tous azimuts d'une armée de terre professionnelle

  • 2.1  Première phase : les opérations de stabilisation d'une armée professionnalisée
  • 2.2  Deuxième phase : 2007-2015  les opérations durcies d'une armée de terre mature

Conclusion

Annexe

Bibliographie succincte

 

L'armée de terre française 1978-2015 . Bilan de 37 années d'opérations ininterrompues (format pdf, 4 MB).

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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 16:55
Expérimentation du programme SCORPION

 

12/03/2015 Armée de Terre  - Economie et technologie

 

Le centre de simulation JANUS, des écoles militaires de Saumur (Maine-et-Loire) sert de base à l’expérimentation de la doctrine du programme SCORPION, évolution majeure de l’armée de Terre.

 

Le SICS (système d’information de combat scorpion) est un nouvel outil de commandement destiné à donner un avantage décisif à tous les combattants. Le principe est notamment d’améliorer la vitesse de la circulation de l’information et sa pertinence. Ce programme a aussi pour ambition de moderniser les principaux équipements des unités terrestres en les adaptant aux nouveaux concepts tactiques.

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12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 17:50
La Doctrine britannique en visite au CDEF

 

12/02/2015 CDEF/Comm/Cne Colli

 

Le 11 février 2015, le général Richard Toomey, commandant le Directorate Land Warfare  (DLW) à Warminster, s’est rendu à Paris, Ecole militaire, afin de rencontrer son homologue, le général Jean-Jacques Toutous, directeur du Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF).

 

Les présentations ont permis de proposer à notre partenaire un panel d’informations synthétique sur le périmètre du CDEF et les travaux en cours en matière de Doctrine et de Retour d’expérience ainsi que quelques éclairages sur l’armée de Terre. Le général Toomey a présenté un point de situation concernant les travaux du DLW, avec un focus particulier sur le nouveau document Army new doctrine of Integrated Action , concept Capstone qui vient compléter la Manoeuvrist approach  et qui constitue en quelque sorte la déclinaison de l’approche globale pour les forces terrestres britanniques. Son éclairage sur la façon dont le DLW parvient à rendre sa doctrine vivante et attrayante fut également très instructif.

 

Il a été convenu de densifier les échanges.

 

Qu’est-ce que le DLW ?

 

La Doctrine britannique en visite au CDEF

Le Directorate Land Warfare,  subordonné au Commander Land Forces  (CLF) (équivalent du Commandant des Forces Terrestres), se trouve à Warminster. Il est l’organisme miroir du CDEF et tout comme lui traite de Doctrine, de Retex et de « Recherche opérationnelle ».

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 11:55
Les forces terrestres et le cyberespace comme nouveau champ de bataille

 

06/11/2014 CDEF/DREX/Mme Élodie SIMON

 

Mai 2014 -  La cyberdéfense constituant désormais une dimension importante dans les conflits actuels, il devient nécessaire de s’interroger sur les vulnérabilités propres aux forces terrestres dans le contexte de la montée en puissance de la conduite d’opérations militaires dans le cyberespace.

 

En temps de paix comme en temps de guerre, les attaques cybernétiques sont d’ores et déjà une réalité pour les États, pour leurs structures civiles et militaires. Face aux menaces qui pèsent d’ores et déjà sur les réseaux informatiques, au regard de la numérisation du champ de bataille et de l’évolution des technologies de l’information, le cyberespace constitue désormais une dimension importante dans les conflits actuels. Pour les forces armées, il s’agit dorénavant d’être capable de maîtriser les réseaux, c’est à dire de gérer l’information, de la sécuriser et d’assurer la capacité à opérer.

 

Or, même s’il n’existe pas encore actuellement de consensus sur la définition de la cyberguerre - résumée pour le moment à l’ensemble des actions militaires visant à la maîtrise du cyberespace -, on considère généralement qu’elle englobe la lutte informatique active, la sécurité des systèmes d’information et la guerre électronique tout en comprenant des zones de recouvrement avec le renseignement, les opérations psychologiques, et les opérations d’information.

 

En France plus spécifiquement, le concept regroupe trois piliers : la défense active en profondeur des systèmes d’information, la capacité de gestion de crise cybernétique et enfin la capacité de lutte et de conduite d’opérations dans le cyberespace.

 

Depuis l’adoption d’un schéma directeur, d’un concept interarmées définissant le cadre général de la cyberdéfense et une doctrine interarmées détaillant les fonctions et moyens de la cyberdéfense la France considère la cyberdéfense comme l’une de ses priorités en matière de Défense.  Il est donc nécessaire de questionner la place et les prérogatives des forces terrestres dans ce maillage.

 

Cette étude vise donc à s’interroger sur les vulnérabilités propres aux forces terrestres dans le contexte de la montée en puissance de la conduite d’opérations militaires dans le cyberespace, sur la position des forces armées françaises vis-à-vis des menaces cybernétiques, sur le rôle des apports de la guerre cybernétique à un affrontement conventionnel. En résumé, quel rôle l’armée de Terre peut-elle ou doit-elle jouer dans le cadre la guerre cybernétique ?

 

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 08:56
1914/2014. Coalitions et innovations, deux impératifs d’une armée moderne

 

04/11/2014  -CDEF/Communication

 

Le 11e colloque de doctrine annuel de l’armée de Terre, organisé par le Centre de doctrine d’emploi des forces, aura lieu le mercredi 3 décembre 2014  à partir de 14h00 à l’Assemblée nationale.

 

Matrice de la guerre moderne, le premier conflit mondial a généré des défis nouveaux liés tant au commandement des opérations terrestres en coalition qu’aux innovations opérationnelles et technologiques décisives. Un siècle plus tard, qu’en est-il ?

 Le Concept d’Emploi des Forces (CEF 2013), référence doctrinale interarmées déclinée du Livre blanc, souligne que les marges de progrès résident notamment dans l’amélioration des synergies interalliées et l’innovation en matière d’emploi des forces.

Intitulé 1914/2014 Coalitions et innovations Deux impératifs d’une armée moderne , ce colloque propose, autour d’intervenants de haut niveau, une réflexion sur l’emploi des forces terrestres à travers l’engagement multinational et l’innovation opérationnelle et technologique.

Si le cadre multilatéral reste généralement celui de l’engagement des forces terrestres françaises, quels défis de commandement et quelles synergies génère-t-il ? Si la grande guerre a été le moteur de l’innovation militaire, quelles en sont aujourd’hui les sources et quelles perspectives offre-t-elle aux forces terrestres ?

1ère table ronde

Défis et synergies de l’engagement multinational

  • Les forces terrestres et l’OTAN : quel bilan ? Quelles perspectives ?
  • Interagir avec les acteurs militaires en Afrique : leçons de l’opération Serval
  • Les approches bilatérales : l’exemple de la composante terrestre du Combined Joint Expeditionary Force (CJEF)

 

2e table ronde

Défis de l’innovation

  • Regard historique : la guerre comme moteur de l’innovation
  • Vision prospective : quelles perspectives innovantes pour le combat terrestre ?
  • Armée de Terre 2020 : le rendez-vous Scorpion
  • Cent ans après les premiers chars, quelles innovations pour les forces terrestres?

 

Voir le programme

programme colloque adt 2014 (format pdf, 2 MB).

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 17:56
GIRO 2014 2e session

 

17/10/2014   CDEF/Comm

 

Placé sous la présidence du général Jean-Jacques Toutous, directeur du CDEF, et du général de corps d’armée (2S) Jean-Tristan Verna, vice-président Public Affairs France  d’AIRBUS GROUP, la seconde réunion du Groupe d’information et de réflexion opérationnelle (GIRO) rassemblant une soixantaine d’experts de l’industrie de défense, a eu lieu le 9 octobre dernier à l’École militaire.

 

Des officiers de l’État-major de l’armée de Terre, de la Section technique de l’armée de Terre et du Centre de doctrine d’emploi des forces, ont présenté des points de situation sur l’actualité de l’armée de Terre, un RETEX sur l’engagement des matériels de l’armée de terre en opérations et l’actualité doctrinale de l’armée de Terre. Une période d’échanges a conclu cette matinée d’information.

 

Qu’est-ce que le du Groupe d’information et de réflexion opérationnelle (GIRO) ?

 

Ce groupe réunit une centaine de membres œuvrant au sein de l'industrie de Défense nationale, auquel s’associent, en fonction des thèmes retenus pour les réunions, des représentants de l’État-major de l’armée de Terre (EMAT), du Commandement des forces terrestres (CFT), de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelles des matériels terrestres (SIMMT) ou du Centre interarmées de concepts, de doctrine et d’expérimentations (CICDE). Organisées par le Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF), les deux réunions annuelles du GIRO, ont pour but de faciliter les échanges d’information entre des représentants de l’armée de Terre et les industriels de Défense et de débattre sur des sujets d’intérêts communs.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 17:55
GIRO 2014


17/10/2014  -CDEF/Comm

 

La première réunion du Groupe d’information et de réflexion opérationnelle (GIRO), qui a réuni une cinquantaine d’experts de l’industrie de défense ainsi que des représentants du Centre de doctrine d’emploi des forces, de la Section technique de l’armée de Terre et de l’État-major de l’armée de Terre, a eu lieu le 6 mai dernier en amphithéâtre de Bourcet, à l’École militaire.

 

Sous la présidence du général Jean-François Parlanti, commandant le CDEF, et du général de corps d’armée (2S) Georges Ladevèze, conseiller Défense du président d’AIRBUS HELICOPTERS, les thèmes abordés ont permis de réaliser un point de situation sur les sujets en cours concernant l’emploi des forces (CDEF) et les derniers Retours d’expérience en termes d’équipements (STAT). Deux industriels, MBDA et NEXTER, ont également fait part à l’assemblée des avancées sur deux programmes d’armements : le Missile moyenne portée (MMP), successeur du missile MILAN, et la future mise aux normes du VBCI dans la cadre de son intégration dans le programme SCORPION.

 

La séance a été clôturée par le vote et la nomination du général de corps d’armée (2S) Jean-Tristan Verna, vice-président Public Affairs France  d’AIRBUS GROUP, comme nouveau co-président du GIRO, le général (2S) Ladevèze quittant ses fonctions chez l’industriel.

GIRO 2014
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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 17:30
Les enseignements militaires de la guerre de Gaza

 

06/11/2014  - CDEF/DREX/Bureau Recherche/Col Goya

 

L'armée de Terre israélienne est parvenue, par l'opération Bordure Protectrice  en juillet-août 2014, à détruire les capacités offensives du Hamas. Toutefois, elle a connu un niveau plus élevé de pertes militaires par rapport aux conflits précédents. Cette note analyse cette singularité.

 

Les enseignements militaires de la guerre de Gaza (format pdf, 371 kB).

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 19:55
Appui au commandement - Le système nerveux

Exercice de certification NRF (NATO Response Force) du quartier général du corps de réaction rapide France (CRR-Fr, Lille) STEADFAST JAZZ 2013. Crédit : JR.Drahi/armée de Terre

 

18/02/2014 CNE ROSSI

 

Au profit des états-majors tactiques, l’appui au commandement comprend les systèmes de commandement et de transmissions des postes de commandement (PC), mais aussi le soutien de quartier général (SQG).

 

« La fonction appui au commandement regroupe l’ensemble des moyens permettant aux autorités de commander et aux états-majors de fonctionner et de communiquer », définit le FT 04       [1]. Si 90 % de l’appui au commandement reposent sur les capacités des systèmes d’information et de communication (SIC), les ordinateurs en réseau sont indissociables des shelters ou de l’infrastructure des sites de PC. L’organisation des SIC et du soutien de quartier général est coordonnée par un commandement unique. Chacun de ces métiers se décline en sous-spécialités.

 

Les SIC garantissent l’acheminement de l’information grâce aux systèmes de communication (SC) et aux systèmes d’information (SI). Les SI désignent le déploiement d’ordinateurs, de routeurs et de serveurs, qui hébergent les systèmes d’information opérationnels (SIO), protégés et cloisonnés en fonction de leurs niveaux de confidentialité grâce à la sécurité des systèmes d’information (SSI).

 

Le soutien de quartier général (SQG), lui, s’applique aux installations de l’ensemble du PC : abris modulables de poste de commandement (AMPC), énergie, tentes et infrastructures. Il concerne aussi le soutien vie et logistique : alimentation, hébergement, gestion administrative. Enfin, puisqu’un état-major est vulnérable, le SQG est aussi chargé de sa protection, aux abords immédiats comme en patrouille élargie, ou lors des déplacements des autorités.

 

Sans interruption

 

 Lors de chaque phase d’une opération, notamment aux instants critiques que constituent les bascules ou les projections de PC avancés, l’appui au commandement doit se poursuivre sans interruption. Il doit aussi pouvoir s’affranchir de toute infrastructure préexistante, conserver une autonomie totale et garantir la liaison avec les troupes, au plus près du contact. « Au Mali, les PC se sont installés à partir de rien ou presque. Quand le PC avance, l’appui au commandement doit garantir une fiabilité sans faille du fonctionnement pendant le mouvement et s’adapter au rythme de la manœuvre.Lors de la progression de la force SERVAL du sud vers le nord, l’appui au commandement a assuré la mission sans interruption », précise le colonel Olivier Thibesard, chef de la section appui au commandement du CDEF.

 

Système nerveux de la conduite des opérations, l’appui au commandement est associé en permanence à la planification des opérations d’un état-major. Il représente 7 à 10 % de la force projetée et peut être ponctuellement renforcé pour certaines opérations.

 

[1] FT 04 Les fondamentaux de la manœuvre interarmes, édité par le CDEF en 2011.

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 08:45
CEMA : Allocution lors du colloque tactique de l’armée de terre

 

11/12/2013  Sources : EMA

 

Colloque tactique de l’armée de terre - Allocution de l’amiral Édouard Guillaud, le 4 décembre 2013

 

Madame la Présidente,

Mesdames et messieurs les élus,

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames, messieurs,

Je salue l’initiative de l’armée de terre, et remercie le général Bertrand Ract-Madoux de me donner l’occasion de m’adresser à vous, pour vous donner ma vision des opérations.

 

La Loi de programmation militaire 2014-2019, dont le projet est en cours d’examen, détermine nos capacités futures dans tous les domaines, en termes de format, d’équipement, de préparation opérationnelle et de soutien. La fonction Intervention est l’une des plus dimensionnantes, et la plus affectée par la révision de nos capacités, avec une évolution sensible du contrat opérationnel. Le retour d’expérience et les conclusions que nous en tirons sont donc indispensables.

Chaque opération est d’ailleurs une épreuve de vérité, qui valide tout ou partie de nos choix, et guide notre adaptation. Discerner une tendance profonde, une mutation durable, un dénominateur commun est cependant difficile, et même risqué. L’examen de nos engagements opérationnels récents augure de la diversité de ceux à venir à l’horizon 2025, celui du Livre blanc. J’ai bien dit « augure » et non pas « préfigure » : c’est leur diversité qui est la caractéristique à retenir.

Par l’étendue des missions couvertes, de l’entrée en premier à la stabilisation, par l’ampleur et la variété des moyens et des modes d’action impliqués, de Serval à la MINUSMA en passant par EUTM, notre engagement au Mali peut néanmoins être considéré comme une référence – une référence parmi d’autres, au même titre que l’Afghanistan, la RCI, ou la Libye.

C’est donc une référence pour l’armée de terre, dont la contribution à cette opération aéroterrestre fut et reste majeure, tout comme sa part au succès de nos armes. Elle y aune fois encore payé le prix du sang ; je voudrais à cet égard saluer respectueusement la mémoire des 8 soldats morts pour la France, dans l’exercice de leur mission.

Plus généralement, les opérations au Mali deviennent une référence pour l’ensemble de nos forces, spéciales et conventionnelles : l’action au sol et près du sol s’inscrit dans un cadre interarmées, et dans le cadre multinational d’une coordination étroite avec nos partenaires africains, nord-américains et européens.

C’est dans cette perspective globale que s’inscrit mon propos. Je m’appuierai sur Serval pour dégager des enseignements de portée plus générale, et vous dire ce que je perçois de la nature et du cadre de nos interventions futures.

***

Serval possède 3 caractéristiques majeures, qui sont autant d’éléments favorables.

  • 1ère  caractéristique : la clarté des objectifs, soutenus par une forte détermination politique, et par l’opinion publique nationale et internationale.
  • 2ème caractéristique : le cadre de Serval, opération initialement nationale, déclenchée et commandée par la France, qui a fourni au départ l’essentiel des troupes et, encore maintenant, la quasi-totalité des appuis.
  • 3ème  caractéristique : une excellente connaissance du milieu, dès avant l’engagement, résultat de notre expérience historique de l’Afrique, de nos pré-positionnements, et d’un renseignement orienté sur la zone depuis plusieurs années.

Pour autant, nos succès militaires au Mali ne relèvent ni de la chance, ni du hasard.

Serval a, une fois encore, démontré la capacité de nos armées à se projeter loin du territoire national, et à entrer en premier sur un théâtre. Je veux parler du coup d’arrêt du 11 janvier, porté par nos forces spéciales et nos forces aériennes. Je veux parler du raid aérien du 13, où 4 Rafale partis de métropole ont atterri au Tchad après avoir détruit 16 objectifs dans le Nord du Mali. Je veux parler de la montée en puissance de la composante terrestre qui, dès le 15 janvier, débutait la reconquête du Nord. Je veux enfin parler des OAP sur Gao et Tombouctou.

Serval a aussi démontré la capacité de nos armées à mener des combats exigeants dans des conditions difficiles : élongations logistiques considérables, infrastructures rudimentaires, températures extrêmes, ennemi déterminé – et même fanatisé.

Serval a enfin démontré la cohérence de nos armées, et l’étendue de leur savoir-faire, gages d’initiative et de liberté d’action pour l’autorité politique comme pour le chef militaire.

**

Nos succès au Mali tiennent en fait à la conjonction de facteurs de succès propres aux armées françaises. J’en retiens 6 au niveau stratégique, et 4 au niveau opérationnel.

6 facteurs stratégiques de succès :

  • 1er  facteur : La réactivité de notre processus de décision. Elle tient au lien opérationnel direct entre le chef des armées et le CEMA, et à l’intégration de tous les volets nécessaires à la préparation et à l’exécution d’une mission : relations internationales, renseignement, planification et conduite. Le 11 janvier, le Président de la République décidait d’intervenir sur la base d’un renseignement aussi exact, précis et complet que possible ; l’action se concrétisait 5 heures plus tard, à 4 000 km de Paris.
  • 2ème  facteur : Un dispositif pré-positionné au plus près de nos zones probables d’intervention. Le premier jour, nos Mirage 2000 décollaient de N’Djamena. Les marsouins du 21ème RIMA et les légionnaires du REC rejoignaient Bamako le lendemain, eux aussi à partir du Tchad, renforcés par des éléments de Côte d’Ivoire dans la nuit du 14 au 15 janvier. C’est clair, sans ces points d’appui, nous n’aurions pu, dans ces délais, arrêter l’offensive des GAD à Douentza, et les mettre en déroute : nous aurions dû faire différemment, et nous l’aurions fait plus lentement.
  • 3ème  facteur : La pertinence de nos dispositifs de réaction immédiate, Guépard, Rapace et Tarpon. Pertinence en nature et en volume : j’observe qu’avec 2 300 hommes, la FIRI du Livre blanc représente à peu près l’effectif que nous envisagions de projeter pour le lancement de l’opération.
  • 4ème  facteur : La qualité de la préparation opérationnelle qui permet d’engager, sans délai ni mise en condition préalable, une force complète, de son état-major au combattant de première ligne, sans oublier tous les acteurs du soutien.
  • 5ème  facteur : Un modèle d’armée complet. Harmattan était à dominante aéromaritime avec un engagement décisif du groupe aéromobile depuis la mer ; Serval est aéroterrestre. Harmattan était otanienne, Serval est sous commandement national. Nous la conduisons à ce niveau d’exigence et de responsabilité – en tant que nation-cadre – parce que nous avons les capacités pour le faire. Sans cette palette complète de nos capacités militaires, l’autonomie stratégique est une incantation, pas une réalité.
  • 6ème facteur : la rapidité de l’action – vous diriez sans doute la « fulgurance » – qui a reposé sur une manœuvre audacieuse combinant simultanéité des actions, opportunité tactique, et prise de risque calculée – avec des intervalles assumés. Cette manœuvre a validé dans les faits la finesse du travail de ciblage, avec une identification précise de l’ensemble des centres de gravité ennemis.

**

4 facteurs opérationnels, à présent.

Ils sont tous la conséquence d’une forte culture expéditionnaire, et d’un engagement continu.

  • 1er facteur : la faculté d’adaptation du soldat français.

Le soldat français compose avec les populations, coopère avec les forces locales, et s’adapte aux contraintes du terrain. C’est un atout opérationnel de portée stratégique, en termes de crédibilité et de légitimité. C’est un atout reconnu à l’étranger, en Afrique en particulier.

A l’interopérabilité technique s’est ajoutée l’interopérabilité culturelle. L’engagement quotidien de nos DIO au Sénégal et au Gabon a conditionné la qualité de la préparation des contingents africains en amont.

  • 2ème facteur : la capacité de conjuguer rusticité et haute technologie.

La rusticité est indispensable : nos soldats l’ont éprouvée, sac au dos sous 60°C avec un soutien logistique au plus juste, durant l’offensive dans le Nord, pendant les combats dans les Adrars.

L’apport de la technologie est évident, pour le renseignement, la protection du combattant, la rapidité et la sûreté des mouvements, la précision des feux. Il donne l’ascendant, y compris face à des ennemis asymétriques. L’engagement des composantes aéromobile et aérienne l’a illustré.

La question n’est pas celle du choix entre rusticité et technologie, mais celle d’un équilibre entre la course permanente au raffinement technique, un raffinement au coût de plus en plus prohibitif, et la juste satisfaction du besoin opérationnel, un besoin adapté aux conditions du combat et soutenable d’un point de vue financier. C’est ce que vise le principe de différenciation, pour l’équipement, la préparation opérationnelle et l’engagement des forces.

  • 3ème facteur : la pratique de l’interarmées jusqu’aux niveaux les plus bas.

Forces spéciales et forces conventionnelles, intégration des appuis terrestres et aériens : les exemples sont nombreux. La guerre asymétrique impose d’innover pour surprendre, de surprendre pour déstabiliser, et de conserver l’initiative pour désorganiser en profondeur.

En outre, sur le terrain, l’initiative locale, et donc la décentralisation du commandement sont indispensables. A Pamir, l’engagement terrestre était conduit au niveau du GTIA ; à Serval, au niveau du sous-GTIA, voire de la section renforcée.

  • 4ème et dernier facteur : la maîtrise de la force, qui suppose des feux précis mais aussi, en amont : la mise à disposition du renseignement nécessaire ; et un processus décisionnel réactif, qui s’appuie sur une chaîne de responsabilités et des règles d’engagement adaptées au tempo de la manœuvre. Enfin, cette maîtrise repose sur le facteur humain, c’est-à-dire sur les forces morales de ceux qui sont sur le terrain. Aucun dommage collatéral n’est à déplorer depuis le début de l’opération.

Voilà ce que Serval a démontré des atouts de nos armées.

**

En contrepartie, des fragilités capacitaires ont été confirmées, d’abord au plan matériel.

Certaines disponibilités techniques ont été critiques, pour le Tigre par exemple.

Nos moyens de transport aérien restent sous-dimensionnés : avions de transport stratégique et tactique, hélicoptères de manœuvre. Conséquence : une liberté d’action contrainte, et l’obligation de faire autrement. 61% de la projection a été assurée par voie aérienne, et 53% du fret transporté l’a été par nos partenaires.

Autre fragilité : le volume de notre flotte de ravitaillement en vol, toujours dimensionnant pour l’action de nos chasseurs. Après les premières semaines, nos alliés ont assuré 70% du besoin.

Dernière fragilité matérielle : l’insuffisance des moyens de renseignement aéroporté. 5 ATL2 et 2 drones MALE ne permettent pas d’assurer une permanence dans la longue durée, ce qui est pourtant essentiel dans ce type de conflit. Ici aussi, les concours de nos alliés américain et britannique ont été bienvenus, et parfois décisifs.

Serval a également souligné nos marges de progrès, dans 2 domaines en particulier.

  • L’élaboration du renseignement à fin d’action.

Le terrain a imposé ses contraintes : dilution des moyens, délais de déploiement, difficultés de communication.

Contrairement à l’Afghanistan où nous étions « clients » du renseignement global, Serval, parce que nous sommes en national, nous a montré le caractère stratégique de la boucle « Observation – orientation – décision – action » (OODA), et le chemin à suivre pour la rendre optimale, en fonction du besoin de l’utilisateur. Il s’agit bien de la raccourcir en permanence pour suivre le tempo des opérations, et fournir au bon interlocuteur le bon renseignement, au bon moment.

  • Deuxième axe d’effort : accroître notre agilité et notre mobilité sur le terrain, pour ne pas subir le rythme de l’adversaire : il se déplace vite, et léger.

Avec des moyens comptés et la nécessité de couvrir rapidement des élongations importantes, c’est une adaptation nécessaire, dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne.

Le combat engagé au Mali contre le terrorisme est une mission de longue haleine, et à l’échelle de la région. Les maîtres mots sont mobilité et logistique adaptée. Les engagements conduits dans le cadre de l’OTAN ne peuvent servir de référence dans ce cas : les standards des Balkans ont leurs limites en termes de souplesse et de réactivité.

**

Les opérations au Mali combinent dans la durée des modes d’action différents et complémentaires, en fonction des phases de l’intervention. Tout ou partie de ces scénarios se reproduiront, c’est une certitude.

Je constate que le Livre blanc exprime un niveau d’ambition élevé, celui d’être en mesure d’intervenir seuls si nécessaire, en coalition de préférence, sur toute la gamme des opérations, de la coercition à la « gestion de crise ».

Je constate également que l’instabilité caractérise nos zones d’intérêt prioritaire : le Machrek, la bande sahélo-saharienne, l’Afrique en général, le Proche et le Moyen Orient, le Golfe.

Le plus dur est peut-être à venir : menace NRBC, menace balistique, déni d’accès aux espaces maritimes, aérien et spatial. La Syrie, où nous étions prêts à intervenir en septembre, concentre toutes ces menaces. Le cyberespace est déjà un champ de bataille.

L’adversaire asymétrique reste le plus probable à court et à moyen termes, sous toutes ses formes, de la plus rudimentaire à la plus complexe : l’hybridation des menaces, cet amalgame dangereux entre insurrection, trafics et terrorisme, est déjà une réalité.

Sauf déclenchement d’une crise internationale majeure en Europe, en Afrique du Nord, au Proche et au Moyen Orient, le déplacement du barycentre des intérêts américains vers l’Asie met les Européens face à leurs responsabilités. Et en Europe, nos capacités militaires nous placent aujourd’hui encore en 1èreposition.

Nous serons donc amenés à commander d’autres interventions de type Serval, exigeant d’entrer en premier et de réduire l’ennemi, avant de passer la main à d’autres.

Dans les opérations de ce type, nous interviendrons en coalition le plus souvent, pour partager l’effort de guerre et pour asseoir leur légitimité. Cette nécessité ne peut que s’amplifier.

Dans certains cas, c’est la coalition qui fera la mission. Mais l’OTAN n’a pas vocation à agir partout, dans tous les volets de la résolution d’une crise, tandis que l’Union européenne peine à prendre toute sa part dans les missions qui relèvent de sa sphère d’intérêt et de ses compétences.

Dans d’autres cas, c’est la mission qui fera la coalition, avec une configuration ad hoc tenant compte de 2 réalités : la réticence croissante de nos partenaires occidentaux à engager la force armée ; l’émergence de nouvelles ambitions internationales.

Dans tous les cas et autant que possible, les coalitions s’appuieront sur les organisations régionales et intègreront les forces armées locales. L’interopérabilité, plus ouverte, plus compliquée, sera un enjeu majeur.

Nos interventions seront toujours interarmées, parce qu’aucune de nos composantes ne dispose en propre de toutes les capacités militaires nécessaires.

L’action au sol restera déterminante, et le rôle de l’armée de terre primordial : demain comme aujourd’hui, c’est au sol que se gagneront les guerres. Serval rappelle qu’il faut être prêt à agir dès le premier jour, et à combattre tout en se déployant. Notre action au sol visera une empreinte optimisée, en volume et dans le temps. La réactivité, la polyvalence, et la mobilité seront les atouts majeurs de nos forces terrestres.

***

En conclusion, quels sont nos défis capacitaires ?

Les réorganisations à venir – et les déflations associées – devront préserver, autant que possible, l’outil de combat qui permet à la France de gagner.

Pour nos armées en général, et pour l’armée de terre en particulier, le défi capacitaire est double.

Il s’agit d’abord d’entretenir les synergies interarmées développées en OPEX, et donc de concevoir la mise en condition des forces dans un cadre interarmées.

Il s’agit ensuite, sur les plans matériel et doctrinal comme dans l’esprit, de penser l’organisation, l’emploi et le soutien des capacités pour être en mesure de fournir des capacités de combat et de soutien immédiatement disponibles, y compris sur des théâtres et dans des conditions de mise en œuvre imprévus et inédits.

Je vous remercie.

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 22:05
45 ans d’opérations militaires françaises en RCA

10/12/2013  -  Florent de Saint Victor - CDEF/DREX

 

Au moment du déclenchement de l’opération Sangaris, retour sur 45 années d’opérations en Centrafrique.

 

Points nouveaux qui apparaissent à la faveur des derniers événements (mars à novembre 2013)


• Apparition d’une dimension religieuse dans le conflit (la Séléka composée principalement de musulmans, milices d’autodéfense dans les villages chrétiens dans le Nord-Ouest) alors que les conflits en RCA étaient plutôt marqués par la dimension ethnique.
• Influence de « soldats » soudanais visible chez les rebelles de la Séléka.
• Coexistence de bandes armées de la Séléka et de FACA restructurées dans Bangui, le Nord et le Centre du pays.
• Action de la France en préparation pour raison humanitaire (risque de génocide), déclenchée seulement après une résolution de l’ONU (alors qu’en 2003, 2006, 2007 la France intervenait sans résolution de l’ONU et pour protéger ses ressortissants).
• Projection de moyens lourds par voie maritime puis par route en plus des projections aériennes, contrairement aux opérations précédentes légères et assurées presque entièrement par voie aérienne.

 

Note RPDefense : merci à Michel Goya pour l'information.

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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 13:45
Le Woodstock du terrorisme (première partie).

 

 

5 décembre, 2013 Frédéric Lert - FOB

 

L’assemblée nationale accueillait hier le colloque de doctrine de l’armée de Terre sur l’opération Serval et les enseignements pouvant en être tirés. En voici quelques morceaux choisis, la palme de la bonne formule revenant au général Barrera, qui commandait la brigade Serval en début d’année :

 

« On a découvert un Woodstock terroriste » a-t-il expliqué à propos des caches découvertes pendant l’opérations dans l’Adrar des Ifoghas. « Il y avait de tout… des garages, des ateliers, des centres de formation… Il était temps que l’on y aille et que l’on démonte tout ça… »

 

L’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, a rappelé en ouverture du colloque que si l’opération Serval est une référence, elle n’est aujourd’hui qu’une référence parmi d’autres. Rappelant l’excellente connaissance que possédait la France du théâtre d’opération, l’amiral Guillaud a détaillé les quatre facteurs opérationnels ayant permis selon lui le succès de l’opération : la faculté d’adaptation du soldat français, sa capacité à conjuguer rusticité et technologie, la pratique de l’interarmées jusqu’au niveau le plus bas de la hiérarchie. Et enfin, last but not least, la maîtrise de la force qui a débouché sur l’absence de dommages collatéraux. Plusieurs intervenants ont également rappelé l’impact qu’a pu avoir l’emploi de matériels modernes tels que le Tigre, le VBCI ou le Caesar. « Des matériels qui ont fait la différence et ont épargné la vie de nos soldats ». Des matériels également engagé dans une manœuvre qui a surpris et bousculé l’ennemi par sa rapidité. Sortant de dix ans d’engagement quasi statique en Afghanistan, l’armée de Terre a donc réussi une remise en question dans la planification et la conduite des opérations qui a été saluée par tous. Les faiblesses n’ont pas été oubliées au cours du colloque, avec en particulier les fragilités capacitaires en matière renseignement et de logistique. FOB reviendra sur ce dernier thème, mais on peut d’ores et déjà rappeler qu’un peu plus de la moitié du fret transporté et des besoins en ravitaillement en vol ont été assurés par les moyens aériens des alliés de la France.

 

« Cette opération n’a pas été gagnée par des génies militaires » a également lancé le général Barrera avec un humour bien senti. « Mes parents m’ont appelé Bernard, pas Bonaparte. On a simplement respecté les doctrines d’emploi, les principes tactiques, les règles simples. Centralisation dans la conception, décentralisation dans l’exécution. (…) Culture de la prise de risque judicieuse. On a combattu dans un climat de confiance permanente. Le commandement de la force terrestre nous a fait confiance, les chefs de corps étaient de grande valeur et nous avons aussi eu de la chance… »

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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 08:56
La doctrine se penche sur l’opération Serval


02.12.2013 FOB
 

Le colloque de doctrine annuel de l’armée de Terre se tiendra ce mercredi 4 décembre  après-midi, à l’Assemblée nationale. Il traitera cette année de l’opération Serval: « Le retour de la manœuvre aéroterrestre dans la profondeur ». Une première table ronde retracera le succès de l’opération Serval et ses raisons, autours des acteurs importants de Serval: le Général Bertrand Clément-Bollée, commandant les Forces terrestres (CFT); le Général Bernard Barrera, ancien commandant de la 3e Brigade mécanisée (3e BM) et de la Brigade Serval ou du Général Didier Brousse, ancien commandant le la BFST (Brigade des Forces Spéciales Terre). La seconde partie se veut plus prospective et abordera les défis futurs, autours du Général Patrick Brethous, commandant le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) ou du Général Thierry Caspar Fille-Lambie, commandant la défense aérienne et les opérations aériennes (COMDAOA).

Organisé par le CDEF (Centre de Doctrine et d’Emploi des Forces) en partenariat avec la CEIS, ce colloque est placé sous le haut patronage du Président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone. Le général Ract Madoux, CEMAT (Chef d’État Major de l’Armée de Terre) y fera également une allocution.

Toutes les informations ici.

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 12:55
MILINDEX-La plus grande base de données française d'histoire militaire est désormais opérationnelle

21.11.2013 par Michel Goya - La Voie de l'Epée

 

Fruit d’une collaboration de trois années entre le bureau Recherche du Centre de Doctrine d’Emploi des Forces (CDEF), le Centre de Documentation de l’Ecole militaire (CDEM) et l’Université, la base de données MILINDEX vous permet d’accéder aux sommaires de périodiques militaires des IIIe, IVe et Ve Républiques ainsi que certains périodiques en langue anglaise.

 

MILINDEX ne donne pas accès au document lui-même. Il donne simplement la référence d’un article c'est-à-dire le nom de son auteur, le titre exact de l’article et l’ensemble des éléments scientifiques (date, tomaison, pages) qui permettent de le repérer correctement en bibliothèque.

 

À ce jour, près de trente revues ont été référencées, d’autres suivront. Parmi les plus importantes, vous trouverez les revues d’arme de la IIIe République : la Revue d’artillerie (1872-1939), la Revue de cavalerie, la Revue d’infanterie (1887-1939), la Revue du service de l’Intendance militaire (1888-1959), la Revue militaire du génie (1887-1959) ; la Revue militaire générale (1907-1973) ; le Journal des Sciences militaires (1825-1914) ; la Revue militaire de l’étranger (1872-1899) et sa suite la Revue militaire des armées étrangères (1899-1914) ; le Spectateur militaire (1826-1914) ; la Revue des Troupes coloniales (1902-1939).

 

Des périodiques plus proprement historiques tels que la Revue historique des armées, la fameuse RHA, figurent également sur ce site ainsi que la Revue d’histoire de la Guerre mondiale (1923-1939), les Cahiers du Centre d’Études d’Histoire de la Défense (1996-2008), 14-18, le magazine de la Grande Guerre (2011-2012), de même quelques grandes revues intellectuelles de la IIIe République, intégralement dépouillées : Revue des Sciences Politiques (1911-1936), La Revue Politique et Parlementaire (1894-1971).

 

Enfin, sur des questions plus contemporaines, des périodiques en langue anglaise, plus récents ont également été référencés : Comparative Strategy, European Security ; An International Journal ; Comtemporary Security Police ; Conflict, Security & Development ; International Security ; Mediterranean Quarterly, A Journal of Global Issues ; Strategic Studies, Quarterly Journal of the Institute of Strategic Studies Islamabad, etc.

 

MILINDEX regroupe à ce jour près de 80 000 références scientifiques d’articles peu connus, mais dont certains sont assurément de grande qualité. Il est ainsi possible d’établir une solide bibliographie scientifique avant d’aller consulter les documents en bibliothèque : le Centre de Documentation de l’École militaire, particulièrement mais aussi à la bibliothèque du SHD (Service Historique de la Défense à Vincennes) et à la Bnf, certaines revues étant par ailleurs numérisées sur Gallica.

 

Ces revues abordent de près ou de loin le fait militaire que ce soit par des aspects stratégiques, opératifs ou tactiques ou par l’histoire militaire proprement dite, française ou étrangère. Le mode d’accès à la base de donnée (par titre, par périodique, par auteur ou par année) permet d’envisager des thématiques très variées touchant aux armées comme le commandement, le recrutement, l’étude des armées étrangères avec une recherche par pays, les questions de contre-insurrection et de guerrila, le mercenariat, la santé aux armées (hygiène, maladie, prophylaxie, etc), le renseignement, etc, la liste n’étant bien évidemment pas exhaustive.

 

Vous trouverez MILINDEX sur le site du CDEF :  www.cdef.terre.defense.gouv.fr

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 08:55
Colloque annuel de doctrine de l’armée de Terre - 4 décembre 2013

 

13/11/2013 Armée de Terre

 

L’armée de Terre présentera son colloque annuel de doctrine le mercredi 4 décembre 2013, à partir de 14 h, à l’Assemblée nationale, salle Victor Hugo.

 

Il sera placé sous le haut patronage de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, et s’intitule Opération SERVAL : le retour de la manœuvre aéroterrestre dans la profondeur. Les débats viseront à exprimer les enjeux de l’adaptation des forces terrestres selon les orientations désormais retenues.

 

Participation sur invitation envoyée par courrier.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 13:55
L’avantage technologique assure en général un avantage qui permet de positionner et de répartir les pièces sur plusieurs niveaux de profondeur. ©Marine corps / Cpl. Ryan Carpenter

L’avantage technologique assure en général un avantage qui permet de positionner et de répartir les pièces sur plusieurs niveaux de profondeur. ©Marine corps / Cpl. Ryan Carpenter

14 juin 2013 par Julien Derouetteau - ActuDéfense

 

Les raisonnements stratégiques modernes amènent à penser que la destruction n’est pas toujours génératrice d’effets positifs sur le long terme. Dans cette logique, l’artillerie peut être utilisée pour contraindre plutôt que pour détruire.

 

    Suite de la première partie, publiée ici : L’artillerie pour dissuader plutôt que pour détruire (1/2)

 

Contraindre l’ennemi requiert notamment de faire peser sur lui une menace de cloisonnement tout en contrant sa capacité à créer la surprise. Dans ce cadre, le rôle de l’artillerie doit être de restreindre la liberté d’action de l’adversaire en créant une menace diffuse dans la profondeur de son dispositif.

 

A cet effet, l’artillerie doit en premier lieu réduire la réactivité des unités de l’adversaire en influant sur l’échelonnement de son dispositif avant même l’ouverture du feu. L’objectif à atteindre est de faire reculer la réserve d’intervention ennemie en profitant au maximum de la portée des vecteurs déployés. Du fait du haut degré de perfectionnement technique nécessaire à l’efficacité des tirs de contre batterie, la supériorité technologique des interventions actuelles garantit une faible vulnérabilité face à ces menaces. Ainsi au cours de l’engagement russe en Ossétie, l’artillerie géorgienne a subi de très faibles pertes par des tirs de contrebatterie en raison des délais trop importants entre l’acquisition du renseignement et le traitement par les feux d’artillerie. Dès lors, dans un contexte de supériorité aérienne, le déploiement des pièces amies au plus près de la ligne de contact, sans s’exposer au tir direct, présente un risque très limité. Ce principe de déploiement au plus près se traduit par des délais supplémentaires pour l’intervention des renforts ennemis ainsi que des opportunités nouvelles pour générer de l’attrition sur les unités en réaction.

 

En outre, les moyens de l’artillerie contribuent à limiter la liberté d’action de l’ennemi par la connaissance de son dispositif. En effet, la capacité à délivrer des feux sur le deuxième échelon et au delà précédemment évoquée implique que la force dispose d’une capacité à observer dans la profondeur. De ce fait, après un premier déploiement en arrière des positions amies, un redéploiement des effecteurs au plus près de la ligne de contact sera interprété par les services de renseignement adverses comme le signe de la mise en place d’équipes infiltrées en profondeur dans son dispositif. Ceci signifie pour l’ennemi une incapacité à créer la surprise tactique, à protéger son axe d’effort ou à dissimuler certains de ses moyens à moins de redéployer plus en arrière ces unités. Un autre effet induit est l’augmentation du volume des forces consacrées à la sécurisation de la zone de déploiement, donc une consommation et une usure accrue du potentiel ennemi. Dans ce contexte, la mise en service du lance roquette unitaire constituera une plus value importante à condition de disposer des moyens et des équipes pour observer dans la profondeur.

 

Enfin, dans le cadre de la manœuvre défensive, la contrainte pour l’adversaire peut être créée par une plus grande dispersion des pièces d’artillerie. Cette «dilution» des pièces est rendue possible par un emploi optimisé des nouvelles capacités de mobilité et des portées accrues des effecteurs. Ces nouvelles caractéristiques des vecteurs d’artillerie permettent de conserver la capacité à concentrer des feux, donc les efforts, pour faire basculer un rapport de force local tout en rendant plus difficile la neutralisation de l’unité en appliquant le principe d’une «dispersion justement calculée» prôné par le lieutenant général Bourcet.

 

La déconcentration des sections de tir rend beaucoup plus incertaine la conquête de la supériorité des feux par l’adversaire ce qui affaiblit son effort artillerie. De plus, l’acquisition de cet avantage ne réduit en rien la menace qui pèse sur l’adversaire puisque le système ATLAS (Automatisation des tirs et des liaisons de l’artillerie sol-sol) et les compétences acquises en trajectographie permettent de frapper un objectif à un instant donné à partir d’effecteurs de différents types et appartenant à différentes unités. Outre la sécurité accrue des moyens amis, la dispersion des effecteurs rend les rapports de force locaux beaucoup plus difficiles à estimer. L’ubiquité de la menace crée un brouillard supplémentaire pour le commandement adverse contraint de gérer davantage d’imprévisibilité et donc d’augmenter ses réserves.

 

Par une prise de risque modérée dans les dispositifs d’artillerie, il est donc possible de contraindre l’adversaire par des effets immatériels ciblés sur le commandement ennemi. Outre cette gestion de l’incertitude par le risque, l’appui artillerie contribue à la prise d’ascendant non seulement par l’usure mais aussi par la manœuvre.

 

Accroître la liberté d’action amie

 

Les moyens de l'artillerie, ici une équipe sur Martha, peuvent permettre d'augmenter la connaissance du terrain, notamment dans la troisième dimension. ©Commandement des forces terrestres.

Les moyens de l’artillerie, ici une équipe sur Martha, peuvent permettre d’augmenter la connaissance du terrain, notamment dans la troisième dimension. ©Commandement des forces terrestres.

 

Sans attendre de délivrer des feux, l’artillerie peut faciliter la conception et la conduite de la manœuvre interarmes, voire interarmées. En effet, ses systèmes de commandement numérisé et la mobilité accrue des «effecteurs» facilitent l’initiative et la saisie d’opportunités par l’ensemble de la force.

 

Tout d’abord, l’artillerie peut apporter une meilleure connaissance de la situation tactique dans le cadre de la protection de la force. Le déploiement d’un CMD3D5 en appui d’un poste de commandement interarmes permet à ce PC de disposer d’une situation aérienne en temps réel. Ainsi, le chef interarmes dispose d’une capacité unique à appréhender l’ensemble de ses zones de responsabilité et d’intérêt en visualisant les détections de l’ensemble des capteurs interarmées de défense aérienne. Dès lors, les forces terrestres disposent en premier lieu des délais suffisants pour diffuser les alertes aériennes, ce qui réduit d’autant les effets des raids ennemis. En second lieu, cette visualisation de l’activité aérienne facilite le travail de la cellule renseignement puisque la concentration des vecteurs aériens sur une zone ou une direction révèle l’effort adverse. La mise en œuvre d’un CMD3D permet donc une véritable lecture en trois dimensions de la manœuvre aéroterrestre adverse. Le PC interarmes dispose ainsi d’une capacité unique pour conserver ou reprendre au plus vite l‘ascendant.

 

L’artillerie est aussi en mesure de renforcer la liberté d’action amie en contribuant à l’autonomie de décision du chef interarmes. En effet, une structure comme le détachement de liaison d’observation et de coordination et des équipements de la chaîne MARTHA apporte de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences au sein du poste de commandement «terre» pour optimiser l’emploi de la 3e dimension.

 

Il en résulte tout d’abord pour le PC «terre» la possibilité de réorienter rapidement ses moyens évoluant dans la 3e dimension face à l’action ennemie, soit par délégation de gestion de l’espace aérien local, soit par les liaisons avec les organismes de contrôle aérien ainsi mises en œuvre. Par ailleurs, ces capacités améliorent la réactivité dans l’emploi des intervenants dans la troisième dimension en permettant le déclenchement de missions inopinées en réaction à la surprise ennemie, tout en préservant la sûreté des aéronefs et drones en vol dans la zone de responsabilité. Cette meilleure gestion de la 3e dimension associée à la numérisation de l’artillerie améliore la capacité à produire un effort et délivrer des feux indirects ou air-sol rapidement et sans compromettre la sécurité des unités amies.

 

Enfin, les futurs moyens de l’artillerie vont contribuer à faire basculer un rapport de force par la saisie d’opportunités, tant au contact qu’en profondeur du champ de bataille ou de la zone de responsabilité. En premier lieu, l’acquisition de moyens particulièrement mobiles tels que le MEPAC permet de créer une réserve d’intervention particulièrement rapide. Cette réserve de feux mobiles et protégée peut également avantageusement appuyer une manœuvre d’exploitation, tel qu’un raid, en lui apportant un outil pour compenser un rapport de force défavorable par des feux indirects. Cette capacité est également utile dans les engagements en contre rébellion par la grande réactivité et la protection des équipages face aux actions d’insurgés. D’autre part, la bascule du rapport de force pourra être atteinte par la paralysie du système de commandement. En effet, la mise en service du lance roquette unitaire offrira la possibilité de détruire un objectif jusqu’à 70 kilomètres et de percer jusqu’à 30 centimètres de béton. Dès lors, dans un contexte d’intervention, il sera possible de détruire des postes de commandement de niveau opératif pour annihiler toute capacité de coordination des actions ennemies.

 

Conclusion

 

Si l’artillerie est caractérisée par la puissance et la précision des feux, elle doit désormais adapter ses déploiements et sa manœuvre afin de créer davantage de brouillard et de friction contre le commandement adverse. La complémentarité des effets cinétiques et non cinétiques doit être une préoccupation permanente en exploitant au maximum le binôme concentration des feux et dispersion des feux pour produire une dissociation matérielle et morale. Cette transformation sera facilitée par la mise en service de nouveaux matériels et de nouvelles munitions.

 

Pour autant, les équipements actuels permettent d’ores et déjà d’obtenir un réel effet dissuasif et de contraindre la manœuvre ennemie par une prise de risque mesurée. La crédibilité de ces dispositifs repose cependant sur une ferme volonté politique et un effort de communication sur les capacités des équipements en dotation dès le temps de paix. Le rapprochement stratégique franco-britannique devrait d’ailleurs ouvrir de nouvelles pistes de réflexion du fait des études menées actuellement outre-manche sur des concepts tel que la munition planante.

 

Article initialement publié dans la revue Doctrine tactique du CDEF.

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 18:55
CAESAR firing in Afghanistan photo US Army

CAESAR firing in Afghanistan photo US Army

13 juin 2013 par Julien Derouetteau - ActuDéfense

 

Dans les esprits, l’artillerie est avant tout l’arme de la destruction d’objectifs : infanterie, chars, aéronefs, fortitifations. L’évolution des approches stratégiques amène pourtant à la montée en puissance d’un autre rôle de celle-ci : dissuader l’adversaire d’entreprendre certaines manoeuvres.

 

 

A l’heure où certains mettent en concurrence les appuis sol-sol et air-sol, il est nécessaire de ne pas limiter l’emploi de l’artillerie aux seules destructions sur le champ de bataille. Cette question est d’autant plus prégnante que les engagements contemporains sont fondés sur la limitation des dommages à l’environnement en vue de préparer le processus de normalisation. Le rôle dissuasif de l’artillerie dans la prise de l’ascendant psychologique sur le commandement adverse et les populations hostiles ou indécises constitue donc une piste de réflexion essentielle pour optimiser son emploi sur les théâtres d’opérations actuels.

 

Il convient donc de s’interroger sur les moyens et les méthodes dont dispose l’artillerie pour influer sur la volonté de combattre de l’adversaire et influencer sa perception de la puissance amie, tout en limitant le recours aux feux classiques et les destructions.

 

Par définition arme des appuis par les feux indirects, l’artillerie peut accroître ses effets immatériels par une manœuvre moins conventionnelle, portant au plus loin une menace diffuse, et par une protection accrue de la force en facilitant l’utilisation de la 3e dimension par le chef interarmes.

 

En effet, le déploiement de certains capteurs et « effecteurs » de l’artillerie peut avoir un réel effet dissuasif pour l’adversaire. Si la confrontation ne peut toutefois pas être évitée, une mise en œuvre originale des moyens classiques et l’emploi de nouvelles capacités peuvent alors imposer des contraintes supplémentaires à l’ennemi et offrir une liberté d’action supérieure à la force.

 

Etre plus dissuasif

 

Le feu pour interdire : si l'artillerie peut détruire, alors elle peut dissuader de déployer des moyens ou de les déplacer dans certaines zones. ©Sirpa terre / Jean-Baptiste Tabone.

Le feu pour interdire : si l’artillerie peut détruire, alors elle peut dissuader de déployer des moyens ou de les déplacer dans certaines zones. ©Sirpa terre / Jean-Baptiste Tabone.

 

L’artillerie est au cœur de la guerre des perceptions qui caractérise les conflits limités actuels. Dès lors, le déploiement de moyens dédiés à la protection tend à créer une « forteresse technologique », dont l’effet dissuasif vient s’ajouter à la possibilité de réaliser des manœuvres de feux à caractère préventif.

 

L’effet dissuasif de l’artillerie au niveau stratégique n’est pas uniquement créé par la puissance de feu déployée. En particulier, l’engagement de moyens de défense sol-air, même limités, sur un théâtre d’opérations est un signe politique fort, notamment dans le cadre des opérations d’interposition. Dans ce contexte, outre la capacité d’interception des vecteurs aériens ennemis, la mise en œuvre de centres MARTHA (Maillage des radars tactiques pour la lutte contre les hélicoptères et les aéronefs à voilure fixe) est significative par la «maîtrise» offerte de la 3e dimension dans la zone de responsabilité.

 

Pour autant, cette capacité est menacée par ce que le général Desportes appelle la « stratégisation » de la tactique. L’absence de délégation dans l’ouverture du feu jusqu’au plus petit niveau tactique rend inopérant ce dispositif puisque la liberté d’action des parties concernées n’est pas entravée. Ainsi, du fait de l’absence de réponse cinétique aux provocations sur le dispositif sol-air de l’opération Daman en novembre 2006, l’aviation israélienne a acquis un sentiment d’impunité qui lui permet de violer régulièrement l’espace aérien libanais. La crédibilité du déploiement tient donc à la nature des moyens et à la capacité « juridique » à répondre avec force, sans forcément détruire le vecteur, à d’éventuelles manœuvres d’intimidation.

 

Face aux attaques indirectes, la force de dissuasion peut également se décliner au niveau tactique par la réalisation de forteresses grâce aux capteurs et « effecteurs » de l’artillerie. En premier lieu, cet effet repose sur l’inutilité des attaques indirectes par la construction de « remparts technologiques » grâce au déploiement des moyens CRAM (système d’alerte et d’interception de roquettes et tirs mortiers) tels que le PHALANX américain.

 

Le concept de forteresse trouve une nouvelle pertinence en abandonnant le caractère passif du « rempart traditionnel » exposé dans « Artillerie et fortification » au profit d’une logique d’action pour affaiblir la volonté ennemie d’attaquer. En second lieu, il s’agit de disposer d’une capacité d’agression sur les « effecteurs » adverse grâce à une supériorité technologique. A cette fin, le déploiement de radar COBRA constitue un message sans équivoque adressé à l’adversaire qui sera donc moins enclin à risquer ces « effecteurs » de premier rang dans les zones couvertes par ce radar. Il en résultera l’utilisation de lanceurs plus rudimentaires et donc moins efficaces. Dès lors, ces attaques auront un poids médiatique insuffisant pour être exploité par des mouvements de rébellion. Cette réponse technologique affectera également le moral des combattants adverses par la disproportion entre les risques assumés et les résultats minimes obtenus.

 

Par ailleurs, l’artillerie peut dissuader l’ennemi d’engager certaines forces par des manœuvres de feux destinées à frapper plutôt la tête que le corps de la troupe. Dans ce procédé à caractère plus offensif, l’objectif recherché est d’annihiler toute velléité de l’adversaire de renforcer une unité sur le point d’être engagée par une force terrestre. Ceci suppose de démontrer à l’ennemi que la force amie dispose d’une capacité à frapper les avenues d’approche qu’emprunteraient les renforts  : l’attrition portée sur ces unités les rendrait alors incapables de faire basculer le rapport de force local. Si les obus explosifs peuvent être utilisés pour ces tirs « préventifs », les munitions fumigènes et éclairantes seront à privilégier pour agir sur la psychologie de cet adversaire tout en préservant une population dont il faut « gagner les cœurs ». De plus, cet effet dissuasif s’étend au-delà de la seule zone battue par les feux car la réalisation des tirs révèle également la présence d’un dispositif d’observation dont l’ennemi ne pourra pas estimer les capacités exactes. Si ce procédé n’engendre pas d’attrition chez l’adversaire, il permet de concilier l’objectif d’isoler une zone de terrain ou un adversaire sans causer de destruction, dans une logique de dislocation de l’ennemi plutôt que d’annihilation.

 

L’artillerie dispose donc d’une réelle capacité à dissuader l’adversaire en actualisant le concept de fortification autours de la complémentarité entre protection et agression. Pour autant, ces capacités techniques atteignent leur pleine efficacité à condition d’être illustrées par une communication opérationnelle atteignant vers le commandement et la troupe adverses.

 

Cet article a été initialement publié dans la revue Doctrine tactique du CDEF. La seconde partie sera publiée demain sur ActuDéfense.

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 16:45
Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

24.04.2013 Par Guillaume Belan (FOB)

 

S’il est encore bien tôt pour dégager les retours d’expériences de l’engagement français dans l’opération Serval au Mali, quelques leçons peuvent cependant être dégagées. L’exercice à chaud est évidemment incomplet et périlleux, mais reste intéressant, particulièrement dans cette période de choix budgétaire et capacitaire. FOB se plonge dans ce délicat travail, à travers plusieurs thèmes. Le premier : les forces étaient-elles prêtes ?

 

Une opex sans préparation spécifique : une première !

 

Le théâtre malien s’est ouvert dans une période de désengagement français. Liban, Côte d’Ivoire ou encore Afghanistan : l’ensemble des opérations extérieures françaises se fermaient. Outre un désengagement humain et logistique, l’une des conséquences de ces retraits est que les préparations dédiées aux déploiements fermaient également leurs portes. Dans le langage militaire, cela s’appelle une MCP ou mise en conditionavant projection. L’armée de terre avait développé des MCP différenciées selon les théâtres : on ne se prépare pas de la même manière si l’on va au Liban ou en Afghanistan, la mission et l’environnement n’ont rien à voir. Pour l’Afghanistan par exemple, un entraînement de 6 mois dans une FOB (base avancée) spécialement créée pour cette mission (Camp de Canjuers) était imposé.

 

Or, depuis le durcissement des opérations vécues à partir de 2007,l’armée française n’est jamais partie en opération sans cet entraînement spécifique. Le temps politique a toujours laissé le temps aux militaires d’anticiper et de se tenir fin prêt.

 

Pour le Mali, rien de tout cela ! Bamako était à quelques heures de tomber aux mains des djihadistes. Serval a été lancé dans l’urgence, pas le temps pour une MCP! 5 heures après la décision présidentielle, les premières Gazelles frappaient les pick-up d’AQMI. Une première dans l’histoire militaire moderne française !

 

Une armée mature et décomplexée

 

Or force est de constater que les troupes françaises se sont remarquablement comportées. Pourquoi ? Première explication, l’expérience afghane était encore « chaude ». Toutes les unités de l’armée de terre y sont passées, parfois même plusieurs fois.

 

Et l’Afghanistan, surtout après 2008, a été un théâtre exigeant. Beaucoup de soldats y ont connu leur baptême du feu.

 

Plus largement, l’armée de terre française, de par les engagements de ces dernières années, est devenue une armée professionnelle mature et décomplexée ! Car souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, une dizaine d’années, soit avant l’Afghanistan, aucun soldat français, ou presque, n’avait connu le feu ! Les Balkans, premier théâtre d’opération important depuis la guerre froide, avec des conditions d’engagements tellement contraignantes, a suscité bien plus de frustrations que de réels combats… L’Afghanistan puis la Côte d’Ivoire et enfin la Libye sont venu changer cela. Les invariants d’une guerre, les fondamentaux oubliés d’engagements ont été retrouvés ! Le soldat a recouvré son métier : mener des opérations avec usage du feu.

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Deuxième explication : les formations des écoles de l’armée sont bonnes ! La force déployée au Mali a été un amalgame d’unités qui ne se connaissaient pas, une construction imposée par l’urgence, qui a parfaitement marché ! Un escadron Licorne, une compagnie Epervier et une compagnie d’infanterie d’alerte Guépard, qui n’avaient jamais travaillé ensemble ont parfaitement mené une action coordonnée. Un montage complexe, mais rapide, avec de bons résultats ! D’autant plus que les matériels (postes radio…) n’étaient souvent pas les mêmes entre les unités…

Reconnaissons là, la qualité de la formation française. Un « cadre » de l’armée française, sur une durée de vie professionnelle de 35 ans, ne passe pas loin d’un tiers de sa carrière, soit entre 5 à 10 ans à l’école ! Serval est un bon révélateur : cette formation n’est pas vaine !

À l’heure de la réflexion sur une rationalisation des diverses formations et écoles, c’est une des leçons à méditer…

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Crédits photos: A. Roiné/ECPAD/EMA et R. Nicolas-Nelson/EMA/Armée de l’air

Par ailleurs, les États-majors français commençaient à envisager l’éventualité d’une opération au Mali. Celle-ci ne devait pas se réaliser dans ces conditions d’urgence, mais la mission EUTM était en marche et les responsables militaires sentaient venir ce théâtre. Pour preuve, la doctrine française était quasiment prête ! Tous les soldats à l’heure de partir pour Tombouctou avaient dans leurs bagages un Cahier du Retex sur « Les rebellions touarègues au Sahel » (publié en janvier) pour bien appréhender le théâtre et les acteurs ainsi qu’un ouvrage de doctrine d’engagement en zones désertiques (publiés par le CDEF). Bref, de quoi lire pour savoir faire et comprendre à quoi s’attendre…

Enfin, rappelons que l’opération Sabre au Sahel était active depuis des années. Très discrètement mais aussi très massivement (plusieurs centaines de forces spéciales lors de l’opération Serval, soit le plus fort engagement de l’histoire des FS), les unités du COS étaient à l’œuvre dans la région…

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