Le satellite espion permettra au Pérou de mieux surveiller ses frontières et des zones difficilement accessible comme la Cordillère des Andes et la forêt amazonienne. Ici un satellite d'observation Pléiades.
07/11/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Astrium est en pole position pour livrer un satellite d'observation aux forces armées péruviennes. La France veut aussi vendre 28 hélicoptères Cougar d'Eurocopter à Lima dont revient le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
La vente d'un satellite espion français au Pérou se précise. Un contrat estimé à environ 200 millions de dollars. Si elle n'a pas été décisive, la visite du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui s'est rendu ce lundi à Lima a toutefois permis de faire avancer le dossier.
Celui-ci, qui a rencontré le président du Pérou, Ollanta Humala, a répondu favorablement à une exigence péruvienne dans le cadre de cette opération d'achat : même si le Pérou a lancé un appel d'offres international pour l'acquisition de son premier satellite d'observation, un système dual de haute résolution, Lima tenait beaucoup à un accord de gouvernement à gouvernement afin d'obtenir la garantie de la France. C'est aujourd'hui fait… après quelques débats franco-français, le ministère de la Défense ayant dû batailler pour obtenir un accord.
Une visite jugée donc "très positive", explique-t-on du côté des industriels, d'autant qu'elle coïncidait avec la remise des offres définitives. Astrium (groupe EADS) a ainsi réactualisé son offre.
Vers un choix à la fin du mois
A cette occasion, plusieurs accords en matière de sécurité et de défense ont été signés entre la France et le Pérou. C'est "historique", explique-t-on à Paris. "Les relations entre les deux pays sont sur une voie ascendante", précise-t-on à La Tribune. Outre Jean-Yves Le Drian, qui a profité de sa visite pour rappeler les liens de coopération qui unissent la France et le Pérou en matière de défense et de sécurité, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ainsi que le ministre délégué chargé des Anciens combattants, Kader Arif, qui s'est beaucoup investi sur ce projet, sont également allés ces derniers mois au Pérou.
Selon le "Peruvian Times", le ministre de la Défense, Pedro Cateriano, qui a également rencontré Jean-Yves Le Drian, aurait dit que le Pérou avait acheté un satellite à la France. Une information à prendre avec des précautions. Car, selon nos sources, le Pérou pourrait faire un choix définitif seulement d'ici à la fin du mois. Encore que… A ce jour, trois compétiteurs sont encore en lice pour cet appel d'offres.
Astrium, qui fait figure de favori, affronte les israéliens d'Israel Aircraft Industries (IAI) et étrangement sa filiale britannique Surrey Satellite Technology Ltd. Détenue à 99 % par Astrium, SSTL est autorisé à faire des offres concurrentes, qui sont souvent complémentaires à celle de sa maison mère. "On laisse SSTL vivre sa vie", explique-t-on dans le groupe.
Pourquoi le Pérou a besoin d'un satellite espion ?
Le Pérou, qui partage ses frontières avec cinq pays (Colombie, Equateur, Brésil, Bolivie et Chili) a besoin d'un satellite d'observation pour mieux surveiller l'intégrité de son territoire. Dans son collimateur : l'Equateur, avec lequel un conflit a éclaté en 1995 dans la haute vallée de la Cenepa, et le Chili, avec qui il a quelques litiges concernant notamment une frontière maritime, que doit prochainement trancher la Cour internationale de justice de La Haye, aux Pays-Bas.
Ce satellite permettra également de surveiller des zones difficilement accessibles comme la Cordillère des Andes et la forêt amazonienne où des orpailleurs illégaux pullulent. La France a dit qu'elle apporterait son soutien au Pérou dans le cadre de la lutte contre les exploitations minières sauvages.
Enfin, ce satellite permettra de mieux combattre les narcotrafiquants, qui entretiennent des plantations de coca au Pérou, devenu le premier producteur mondial de cocaïne devant al Colombie, et enfin de mieux lutter contre le terrorisme du Sentier Lumineux.
Eurocopter en piste
Outre un satellite d'observation, la France ambitionne également de vendre 28 hélicoptères Cougar fabriqués par Eurocopter (AS532), un appareil qui, selon les versions, est capable de transporter jusqu'à 29 soldats équipés. Le Cougar, qui a face à lui l'hélicoptère lourd russe, le Mi-17, ne fait pas figure de favori. Car le constructeur Mil est un peu chez lui au Pérou en tant que fournisseur traditionnel de ses forces armées.
En outre, le Cougar est plus cher à l'achat. Eurocopter en a bien conscience. C'est pourquoi Jean-Yves Le Drian a expliqué au président péruvien que sur le long terme, les appareils de la filiale hélicoptériste d'EADS lui reviendrait moins chers en prenant en compte le "coût de possession" des Cougar (prix à l'achat, support et maintien en condition opérationnelle sur toute la vie de l'appareil). Une discussion qui avait pour objectif de faire réfléchir les Péruviens sur un deuxième source d'approvisionnement.
Eurocopter a livré le premier EC145 à la police péruvienne
Pour autant, Eurocopter a déjà réussi à prendre pied sur le marché gouvernemental péruvien. Et le ministère de l'Intérieur du Pérou, Wilfredo Pedraza, a pris livraison, lors d'une cérémonie en présence de Jean-Yves Le Drian, du premier des quatre hélicoptères bimoteur EC145 destinés à renouveler la flotte de la police nationale.
Des appareils qui avaient été commandés fin 2012 dont les premiers exemplaires livrés seront basés à la direction de l'aviation policière, qui leur assignera des missions de sécurité publique ou de soutien à la population dans l'ensemble du pays. Les trois autres hélicoptères seront livrés avant la fin de l'année.
"Grâce à cette nouvelle acquisition, les forces de l'ordre disposeront de moyens aériens de dernière génération pour mener à bien des missions de surveillance et de sécurité nationale", estime Eurocopter.
Capables de transporter jusqu'à dix passagers, l'EC145 fait partie des appareils "les plus reconnus à l'échelle mondiale pour les missions de sécurité publique et de soutien à la population", selon la filiale d'EADS. Déjà livré à plus de 500 exemplaires, ce modèle est utilisé par 26 forces de police dans le monde, notamment la France, où le ministère de l'Intérieur en exploite cinquante exemplaires.