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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 10:55
MOOC Compréhension de l'arme aérienne

 

15.09.2015 source Ecole de l'Air

 

Le MOOC compréhension de l'arme aérienne de l'École de l'Air est lancé !

Tenez-vous prêt, et retrouvez nous sur la plateforme de France Université Numérique dès maintenant.

Nous sommes ravis et impatients de vous accueillir pour ces 6 semaines de formation en ligne.

 

Voir le cours

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 16:55
photo Armée de Terre

photo Armée de Terre



03/08/2015 Armée de Terre

 

L'armée de Terre est engagée dans une réorganisation de grande ampleur qui s'inscrit dans le cadre du nouveau modèle de l'armée de Terre "Au contact". Ce modèle prévoit des forces terrestres capables d'intervenir sur les théâtres extérieurs et sur le territoire national en s'adaptant aux opérations et aux contraintes qui en découlent.

 

Les principales mesures de restructurations pour 2016 viennent d'être annoncées par monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. La répartition des formations et unités dans les nouvelles structures fait l'objet d'études complémentaires, dont les résultats seront annoncés avant la fin de l'année 2015.

 

Retrouvez le dossier des restructurations 2016.

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 10:55
Allocations de thèses - DGRIS


27/07/2015 DGRIS - Ministère de la Défense

 

Suivant les préconisations contenues dans le dernier Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale en matière de soutien à la recherche stratégique, le ministère de la Défense met en place en 2015 un nouveau dispositif de financement d’allocations de thèses Relations Internationales et stratégie.

Ce dispositif vise à contribuer à régénérer le vivier de la recherche universitaire dans les domaines de la défense et de la sécurité.

A cette fin,  il finance des laboratoires universitaires pour leur permettre de recruter des doctorants, via des contrats doctoraux, pour une durée de trois ans et un salaire mensuel net de 1 550€.

.

Les allocations de thèses Relations Internationales et stratégie se déclinent en deux programmes :

     1. Programme « thématique »

Ce programme cible les thématiques prioritaires pour le ministère, tout en offrant un cadrage suffisamment souple pour laisser une liberté de proposition aux candidats et aux écoles doctorales. Ce programme pourra financer jusqu’à 6 allocations par an, pour une durée de 3 ans.

     2. Programme « innovation »

Ce programme vise à favoriser l’approche innovante, en sélectionnant des sujets libres, tant au niveau de la thématique d’études que de la démarche méthodologique ou de la dimension transdisciplinaire. Ce programme pourra financer jusqu’à 3 allocations par an, pour une durée de 3 ans.

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Modalités pratiques

Les dossiers de candidature pour les programmes "thématique" et "innovation" sont téléchargeables ci-dessous, ainsi que sur le site de l’IRSEM.

Les dossiers doivent être remplis par le(s) directeur(s) de thèse et le candidat doctorant pour le 30 septembre 2015 au plus tard.

La sélection se déroulera en deux phases, au cours du mois d’octobre 2015 :

  1. Pré-sélection sur dossiers
  2. Sélection sur entretiens des candidats retenus

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Dossiers de candidature

Programme "innovation"  
Dossier de candidature Pour en savoir plus : exemple de convention
   
Programme "thématique"  
Dossier de candidature Pour en savoir plus : exemple de convention
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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 17:55
Signature de la Lettre d’orientation 2015 (IHEDN)

 

05.03.2015 IHEDN

 

Communauté d’action juridiquement indépendante, les associations articulent, cependant, leurs portées au service de la même mission que l’Institut, à savoir la promotion de l’esprit de défense.

 

Depuis 2012, une lettre d’orientation, à destination des dirigeants des Associations de l’Union-IHEDN, est signée conjointement par le directeur de l’IHEDN et le président de l’Union-IHEDN. Elle permet de rappeler, à la communauté des auditeurs de l’IHEDN, les objectifs fixés par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, aptes à renforcer leur capacité commune à développer la prise de conscience collective de ces enjeux de défense et de sécurité.

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4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 13:55
Dans la main du CEMA

 

04/03/2015 COL Conegero, LTN Facchin - Armée de Terre

 

Du Livre blanc au contrat opérationnel : quatre livrets sous timbre CEMA transcrivent les ambitions de la Nation en moyens pour y répondre. Zoom sur les hypothèses d’engagement des armées.

 

Le Livre blanc 2013 définit les hypothèses d’engagement (HE) des forces armées permettant de faire face aux différentes menaces qu’il a relevées. Quatre livrets réalisés par l’EMA déclinent précisément les grandes HE des armées,  matérialisant ainsi le contrat opérationnel des armées :

 

- Livret 1 : ce document "cadre" traduit les ambitions politico-militaires du Livre blanc en hypothèses d’engagement ;

 

- Livret 2 : ce document "cœur" décline la nature, le volume et le niveau de disponibilité requis par armée, direction et service selon le type d’engagement ;

 

- Livret 3 : prolongement du livret 2, il décrit les capacités interarmées et les contrats transverses : amphibie, contre-terrorisme maritime, OAP, appuis aérien, etc. ;

 

- Livret 4 : guide méthodologique expliquant la mécanique liant les différents livrets.

 

« Les livrets 2 et 3 sont des outils dans la main du CEMA lui permettant d’honorer les contrats opérationnels, explique le colonel Olivier Ducret, officier traitant à la division emploi de l’EMA. Le changement apporté en 2013 est qu’il n’y a plus un seul contrat mais trois : à long terme, le modèle pour 2025, à moyen terme, le requis sur 3 à 5 ans et à court terme, le prévisionnel à N+1. » Cette planification des contrats donne aux armées de la visibilité sur plusieurs années et leur permet un ajustement annuel. De plus, chaque armée, direction et service a un contrat opérationnel propre mais certaines des missions qu’il contient exigent des moyens communs.  Les contrats sont donc interdépendants : comment réaliser une OAP si l’armée de l’Air ne peut fournir les aéronefs en nombre suffisant ? Si le service des essences des armées doit fermer un de ses dépôts, qu’en sera-t-il du ravitaillement des véhicules passant par sa position ? Au contrat du requis sur 3 à 5 ans d’y apporter des réponses, aux moyens d’objectifs d’atteindre peu à peu le modèle 2025, en s’appuyant sur le cycle annuel de révisions nécessaire du fait des contraintes organiques et des capacités opérationnelles des forces l’année considérée. Une vision en temps réel au moyen d’un tableau de synthèse permet d’ajuster les ambitions à la hauteur de la réalité. « En un regard, les armées sont capables de mesurer l’écart entre ce qui est demandé, ce qu’elles sont en mesure de faire et les incidences sur le contrat. Les armées ont ainsi des contrats accessibles et tenables», conclue le colonel Ducret.

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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 12:55
Le contrat opérationnel


03/03/2015 COL Conégéro, LTN Facchin  - Armée de Terre

 

« Connaître, c’est comprendre toute chose au mieux de nos intérêts. » Nietzche

Appréhender les enjeux politico-militaires, transcrire les engagements de la Nation en matière de défense en objectifs et moyens, en préservant un délicat équilibre entre l’ambition et les moyens alloués, tout en définissant une mécanique interarmées…

Outil pérenne, le contrat opérationnel définit la nature, le volume et le niveau de disponibilité des forces nécessaires, en particulier terrestres, pour tenir ces engagements.

 

Décliné à partir du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, le contrat opérationnel donne aux armées, directions et services le cadre et les conditions de leurs missions. Il engage donc collectivement toutes les composantes en leur demandant des capacités opérationnelles à mettre, dans les délais fixés, à la disposition de l’état-major des armées. Réciproquement, il engage également ce dernier qui doit arbitrer et répartir les ressources dont il dispose pour permettre cette mise à disposition. Document complexe mais solide, c’est donc l’outil indispensable de cohérence qui permet de fédérer les efforts de chacun pour être prêt collectivement. 

Ainsi, au-delà d’une simple description des hypothèses d’engagement, le contrat opérationnel dimensionne les leviers dont dispose le chef d’état-major de l’armée de Terre dans des domaines aussi divers que les équipements, les ressources, la préparation opérationnelle, ou la formation. L’aptitude de l’armée de Terre à remplir son contrat repose dès lors sur sa capacité à générer les unités requises au bon endroit et au bon moment. C’est-à-dire une chaîne de commandement cohérente et des modules opérationnels aptes à s’engager d’emblée, bien équipés, bien formés et disposant de l’autonomie demandée.

Réaliste, affiné annuellement au regard des ressources, le contrat opérationnel reste l’étoile polaire d’une armée de Terre en mouvement vers son modèle 2020. Il lui permet en effet d’ajuster l’entraînement et les moyens des forces terrestres en s’appuyant sur les principes de concentration des efforts et d’économie des forces. 

Plus qu’une mise à disposition de capacités, la réussite opérationnelle de l’armée de Terre repose avant tout sur une valeur intemporelle : ses soldats, qui sont sa véritable force et qui, chacun à leur niveau, ont le contrat moral de se tenir prêts individuellement et collectivement pour protéger leurs concitoyens sur le territoire national ou en opérations extérieures.

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 08:55
Interview du GCA Bernard de Courrèges d’Ustou, Directeur de l’IHEDN et de l’EMS

 

10/02/2015  par Alain Establier SECURITY DEFENSE Business Review

 

SDBR : Général, avez-vous fait l’IHEDN ?

GCA de Courrèges d’Ustou * : Non je n’ai pas suivi de session de l’IHEDN mais, comme la plupart des gens, je connaissais l’IHEDN par sa partie émergée, à savoir les deux sessions nationales: la session «Politique de défense» et la session «Armement et économie de défense». En fait, l’IHEDN ne se réduit pas à cela et il y a derrière beaucoup d’autres choses: une dimension régionale, une dimension internationale, des actions vers la jeunesse, des séminaires thématiques, etc. et un formidable réseau, avec des liens très forts entre anciens auditeurs ou participants de telle ou telle session ou séminaire.

 

« L’IHEDN sera le lieu de la formation et de la réflexion aux enjeux de défense, celui du renforcement du lien défense-nation, celui de l’élaboration d’une communauté de défense et de sécurité… », me déclarait le vice-amiral d’escadre Richard Laborde le 9 mars 2010. Est-ce que c’est la réalité de l’IHEDN de 2015?

Au-delà des grandes missions de formation et d’information de responsables et d’acteurs de la défense, l’IHEDN s’est en effet vue proposer, dans le Livre Blanc, la promotion de l’esprit de défense. Faire travailler ensemble des personnes qui s’intéressent déjà aux questions de défense et les faire progresser dans le domaine des relations internationales, des questions d’armement et d’économie de défense, et à toutes les questions connexes, est un des savoir-faire de l’IHEDN. En revanche, nous devons probablement progresser pour aller toucher ceux qui ne connaissent pas la Défense et ceux qui ne savent pas ce que sont les enjeux de défense. Donc nous faisons ce que déclarait l’amiral Laborde en 2010, mais la question est de savoir si nous le faisons bien ? L’IHEDN est aujourd’hui très ouvert sur l’international et nous avons des liens étroits avec un certain nombre de pays dans le monde. Concernant le renforcement du lien défense-nation et l’élaboration d’une communauté de défense et de sécurité, je considère que nous sommes à un palier et que nous devons encore progresser.

 

Quelles sont les pistes de progrès ?

Lorsque je suis arrivé, j’ai été très vite capable de décrire ce que faisait l’IHEDN. J’ai un peu plus de mal à définir ce que nous cherchons réellement à faire et vers quelle finalité nous cherchons à emmener nos auditeurs. Quel que soit le type de formation dispensée, nos auditeurs sont enthousiastes à son issue. Comment par contre matérialiser cet esprit de défense en France? Il n’y a pas de définition de l’esprit de défense mais nous allons, dans les prochains mois, donner des repères pour le caractériser au travers de deux ouvrages, l’un, « Esprits de défense » d’une centaine de pages avec textes de personnes d’horizons divers, tant militaires que civils, l’autre qui est une réédition de «Comprendre la défense» et qui donne la parole à 70 contributeurs. Nous avons besoin de points de repères, pour pouvoir ensuite discuter. Essayer de définir l’esprit de défense passe par un certain nombre de questions. Qu’avons-nous à défendre ? Une population de femmes et d’hommes (qui peuvent être menacés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du territoire on l’a vu), un territoire (avec la spécificité des départements d’outre-mer qui font de ce territoire l’ensemble du monde), un ensemble de valeurs, des intérêts (qui ne sont pas qu’européens et peuvent donc s’avérer spécifiques, comme le Pacifique et les Caraïbes). La question «qu’avons-nous à défendre» amène, vous le comprenez bien, des questions induites de cohésion nationale et de citoyenneté.

 

La question « Quoi défendre ?» ne pose t’elle pas la question de la Menace ?

Bien évidemment, nous devons nous interroger sur les menaces, sur les menaces extérieures et sur les menaces intérieures, sur les menaces physiques et sur les menaces numériques entre autres. La question suivante concerne les réponses à apporter à ces menaces. Il y a des acteurs ministériels qui travaillent sur ces questions (quoi ? qui ? comment ?), car tous les ministères sont concernés : Défense, Intérieur, Affaires Etrangères, Culture, Education, Enseignement supérieur et Recherche…). La question que nous devons nous poser est de savoir ce que l’IHEDN, institut de formation sous la tutelle du premier ministre, peut et doit apporter dans ce domaine ? Sa spécificité est justement d’être interdisciplinaire, intersectorielle et donc interministérielle. C’est pourquoi, en liaison avec les acteurs ministériels mais pas seulement, nous devons travailler sur ces différents champs. Pour ne pas nous disperser, sachant que nos moyens sont limités, nous devons nous donner des priorités. Nous avons, depuis 2006,  un séminaire «Cohésion  nationale et citoyenneté», mais nous ne pouvons pas informer  directement tous les citoyens du territoire national. Nous devons donc aussi définir quels sont les acteurs et les responsables que nous devons toucher, pour qu’ils soient eux-mêmes des relais dans cette mission d’information du plus grand nombre. Nous avons aujourd’hui à préciser ces relais et à définir notre mission à leur égard.

 

Vous avez parlé d’un séminaire « cohésion  nationale et citoyenneté ». Pouvez-vous nous en préciser le contenu ?

Nous faisons une ou deux sessions par an avec des responsables et des élus locaux, et je regrette que peu de responsables d’associations de terrain ne s’y soient pas intéressés jusqu’à maintenant. Participer à ce séminaire est louable, mais reste ensuite à définir jusqu’où l’IHEDN peut s’impliquer dans ce domaine, sachant que nous ne sommes pas les principaux acteurs en matière de cohésion nationale et de citoyenneté. Que ce soit sur ce sujet ou sur le thème des réponses aux menaces, il me semble que la communauté IHEDN, au centre de laquelle se trouve l’institut, prend tout son sens. En effet nous ne sommes pas seuls et il nous faut travailler de façon collective avec les responsables des ministères concernés et avec les élus. Nous touchons 10.000 personnes environ par an au travers des sessions et des diverses conférences, et en formation d’au moins une semaine nous touchons plus de mille personnes par an. A titre d’exemple,  nous organisons 4 sessions en région par an sur le territoire national, y compris l’outre-mer. Elles se déroulent sur 18 jours, selon le triptyque pédagogique propre à l’Institut qui est conférences/débats, travaux en comité et visites sur le terrain. Les auditeurs de ces sessions trouvent un prolongement à leur formation au sein des 32 associations régionales de l’Union-IHEDN. Les sessions en région ont commencé en 1954 et nous allons fêter la 200ème en mai à Bordeaux. Vous voyez, au travers de quelques exemples, qu’il y a beaucoup d’activités et de bonnes volontés au sein de la communauté IHEDN. Il nous reste à donner plus de cohérence, en fonction des buts à atteindre, à ce formidable bouillonnement de défense. Pour cela nous devons jouer collectif et faire circuler l’information, à l’intérieur et à l’extérieur de l’institut, pour pouvoir définir l’esprit de défense avant même de déterminer quel doit être le rôle de l’institut dans cet environnement.

 

Quels indicateurs avez-vous de la progression ou de la régression de l’esprit de défense dans la nation ?

Je n’ai pas d’indicateurs, mais j’ai des observations liées à mes postes précédents. Tout d’abord, j’ai des observations concernant les responsables politiques ou de la haute administration et les élus; ce ne sera pas une surprise si je vous dis que la plupart ne connaissent pas bien la Défense en général et les Armées en particulier. Pourquoi? Parce qu’on peut arriver à haut niveau sans rien connaitre à la Défense, ce qui est moins vrai pour l’Education, le Social ou l’Economie, et sans avoir jamais eu d’information particulière sur les sujets de défense. Ainsi, j’ai travaillé avec des hauts fonctionnaires en charge des budgets qui ne comprenaient pas que les dépenses de défense, plus que dans d’autres secteurs, s’inscrivaient dans le temps long! C’est vrai pour les équipements, mais c’est vrai aussi pour la formation capacitaire des personnels. Donc il me semble que l’information et la formation des responsables à ces sujets sont essentielles.

 

Vous me parlez des responsables et je vois bien le souci, mais je vous posais la question sur la Nation au sens large. Comment toucher le plus grand nombre? Par les écoles?

Je suis d’accord mais il faut déjà convaincre les responsables. Pour la suite, les partenariats régionaux avec des écoles permettent de toucher le plus grand nombre et d’essaimer les messages. Il y a des actions à envisager auprès du corps professoral des écoles après bac pour les sensibiliser aux sujets de défense. Sur ces sujets, nous devons être force de proposition face à nos autorités de tutelle.

 

* Le général de corps d’armée Bernard de Courrèges d’Ustou choisit l’arme blindée cavalerie à sa sortie de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1981. Affecté, en 1982, au 3e régiment de hussards à Pforzheim (RFA), il y sert successivement comme chef de peloton AMX10RC, comme chef de peloton Boeselager (Challenge interallié des unités de reconnaissance) et enfin, comme officier traitant au bureau opérations instruction. Affecté, en 1988, au 12e régiment de cuirassiers de Müllheim (RFA), il commande le 1er escadron de chars AMX30B2, pendant trois ans. Reçu, en 1993, au concours de l’Enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST), il suit une scolarité de deux ans à l’École nationale supérieure des techniques avancées (Ensta) et obtient le titre d’ingénieur en recherche opérationnelle. Promu colonel en 2001, il reçoit le commandement du 1er/11e régiment de cuirassiers à Carpiagne (13), régiment de 80 chars de la 3e brigade mécanisée. De septembre 2002 à janvier 2003, il exerce les fonctions de RepFrance Pamir, commandant les forces françaises en Afghanistan, comprenant, notamment, le bataillon français de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias) à Kaboul et le détachement "Epidote" de formation de l’armée nationale afghane. En 2007, chargé de mission auprès du secrétaire général au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), il participe, notamment, aux travaux d’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, puis aux travaux d’élaboration du projet de loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014. Le 11 mars 2010, il est nommé chef du cabinet militaire du Premier ministre. Il est nommé directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale et de l’Enseignement militaire supérieur à compter du 14 août 2014.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 20:55
photo MinDef FR

photo MinDef FR

 

20 Novembre 2014 par valeursactuelles.com

 

Coulisses. La tenue du budget de la Défense sur les engagements de la loi (à 31,4 milliards d'euros en 2015) n'est toujours pas complètement assurée.

 

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 14:40
Paris pointe la menace russe pour la sécurité en Europe

 

23/06/2014 Par Alain Barluet

 

Un rapport du ministre de la Défense souligne l'« évolution stratégique majeure » provoquée par la crise ukrainienne.

 

Jean-Yves Le Drian s'était engagé à tenir les parlementaires informés de l'application de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, votée en décembre dans un contexte budgétaire hypertendu. Le rapport que le ministre a adressé la semaine dernière aux députés et aux sénateurs, «confirme l'analyse géostratégique» du livre blanc de 2013 et de la LPM qui en a découlé. Mais ce document d'une centaine de pages que Le Figaro a consulté, a pris en compte les événements récents et met en relief la montée de certaines menaces. Ainsi, «la crise ukrainienne constitue une évolution stratégique majeure, qui illustre le retour des enjeux liés à l'usage de la force et à la menace de l'usage de la force sur le continent européen», souligne le texte. L'annexion de la Crimée représente «un défi stratégique pour la France, l'Europe et les États-Unis», poursuit le document. Cette annexion «viole clairement les engagements internationaux de la Russie et les principes sur lesquels repose la sécurité européenne». Il pose notamment «la question des visées russes sur l'espace postsoviétique et la nature des relations que les Européens pourront entretenir avec la Russie» (…). «La tendance au retour de la force comme facteur clé des relations interétatiques s'est confirmée», s'alarme le rapport. Dans le dernier livre blanc, la «menace russe» n'apparaissait qu'à travers deux scénarios de crise placés en annexes.

 

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10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 11:35
Polynésie française : Visite de l’inspection des armées

 

06/06/2014 Actualités

 

Du 14 au 21 mai 2014, le général de corps aérien (GCA) Patrick Lefebvre, inspecteur des armées (IdA), a inspecté les forces armées en Polynésie française (FAPF), accompagné du contrôleur général des armées Pierre Seguin, chef du groupe des inspections spécialisées du contrôle général des armées et du général de corps d’armée Bernard Bruder, inspecteur technique des infrastructures de la défense.

 

Lors de ce déplacement, les inspecteurs ont pu appréhender sur le terrain les spécificités liées au soutien des FAPF.

 

La journée du 14 mai a été consacrée à la présentation des missions dévolues aux FAPF et aux grands enjeux à venir, ainsi qu’au fonctionnement général de la base de défense de Polynésie française.

 

Le 15 mai, le GCA Lefebvre s’est rendu à la caserne « Lieutenant-colonel Broche » au sein de laquelle il a pu visiter différents organismes de soutien spécialisé, ainsi que les formations de l’armée de Terre implantées sur le territoire, telles que le détachement terre de Polynésie (DTP/RIMaP-P) et le régiment su service militaire adapté (RSMA) de Polynésie. La journée a été clôturée par des tables rondes sur les questions du soutien avec les « soutenants » et les organismes des forces « soutenues ».

 

Le 16 mai, le général Lefebvre a visité le groupement aéronautique de Faa’a et de la base navale de Fare Ute. A cette occasion, les inspecteurs ont pu aller à la rencontre des unités aériennes et marines stationnées sur ces deux emprises, à partir desquelles sont menées de nombreuses missions opérationnelles. Ces lieux de stationnement sont des points d’importance vitale (PIV). C’est à ce titre qu’une inspection spécifique consacrée aux mesures visant à assurer leur protection a également été réalisée.

 

Le 17 mai, l’IdA a visité les anciens sites d’expérimentation des atolls de Hao et de Moruroa, situés respectivement à 900 et 1200 km de Tahiti. A Hao les travaux de réhabilitation de l’atoll, commencés en 2009, se poursuivent. A ce jour près de 75 % des parcelles anciennement occupées par la base de soutien avancée ont été rendus à leurs propriétaires. La visite de Moruroa a permis aux inspecteurs de mieux appréhender les enjeux et l’importance du chantier TELSITE 2 qui vise à moderniser le système de surveillance géo-mécanique de l’atoll.

 

En coordination avec les Forces armées de la Nouvelle-Calédonie (FANC), les FAPF constituent un dispositif aéromaritime de premier plan sur le théâtre « Pacifique ». Cette importance stratégique du dispositif des forces prépositionnées est confirmée par le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 11:55
Rétrospective 2013 du CDAOA

 

 

13/03/2014 Sources : CDAOA

 

Le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) propose un document complet et illustré retraçant les activités majeures de l’année 2013 dans le cadre des opérations extérieures mais aussi des missions interarmées, des exercices, des événements et de la sûreté aérienne.

 

«La parution en 2013 d’un nouveau Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale a conforté le rôle del’armée de l’air au cœur des missions de protection, dedissuasion et d’intervention confiées aux forces armées, déclare le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air.Cette riche rétrospective du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes permet de mesurer concrètement comment s’est décliné l’année dernière, en métropole ou sur les théâtres d’opérations extérieures, cet engagement de tous les instants de l’armée de l’air qui a su remarquablement montrer sa faculté à agir vite et dans la durée.»

 

Opérations, sûreté aérienne, exercices et événements : pour tout savoir sur les activités de l’armée de l’air l’année dernière, consulter la rétrospective 2013 en PDF !

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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 11:55
Le général de Villiers avance résolument vers une révolution culturelle dans les armées

 

11.03.2014 Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord - Défense Globale


Le général Pierre de Villiers a pris officiellement ses fonctions de chef d'état-major des armées (CEMA) le 15 février. Le 26, il était auditionné par la commission de Défense et des Forces armées de l'Assemblée nationale et par son homologue du Sénat.

Juste avant de se rendre au Mali et en Centrafrique, il a pu définir ses priorités en matière de réformes, de politique des ressources humaines et son message : " Fierté, lucidité, détermination. " Avec une pression forte sur sa nouvelle responsabilité : " Le fil rouge de la manœuvre RH est la capacité d'adhésion à cette réforme. "

 

Il n'a pas tergiversé avant d'attaquer son analyse des enjeux qui pèsent sur les armées à l'issue du Livre blanc et de la Loi de programmation militaire 2014-2019 : " Pour avoir conduit la réforme, ces quatre dernières années, en qualité de major général des armées, je connais la situation et les tensions qui pèsent sur nos armées. Dans tous les domaines - personnel, matériel, infrastructure, fonctionnement, activité, soutien -, il existe des fragilités. "

Depuis 2001, l'armée de terre a perdu 43 % de ses effectifs. Mais aujourd'hui, 21 000 soldats sont à l'étranger, dont 9 000 en opérations extérieures, le reste en forces de présence et de souveraineté.

La lucidité est de mise pour le nouveau CEMA : " De nombreuses personnes m'ont adressé leurs félicitations mais la plupart ont ajouté : " Bon courage, ça ne va pas être facile ! " avec un air de commisération... Je reste donc lucide. Mais aussi déterminé. "

Le rude contexte budgétaire face au maintien d'un modèle d'armée complet impose du doigté. Tout en se concentrant sur les secteurs dits d'avenir : renseignement, spatial, cyber, drones, frappes à distance et forces spéciales. Selon le CEMA, 31 chantiers de transformations ont été lancés (et 66 de simplification), notamment les ressources humaines, les finances, le soutien, le service de santé et la communication.

 

Une pyramide des grades plus aiguë pour une délicate " manœuvre RH "

L'état-major des armées ne passera pas à travers la réforme avec une diminution de 30 % de ses effectifs (600 au lieu de 930). Chaque état-major d'armée descendra à 150-200 personnes. L'administration centrale n'y coupera pas non plus. Mais dans une organisation a priori plus rationnelle, réunie à Balard. Pour un effectif total de 230 000 en 2015. Avec un constat : " D'autres restructurations territoriales sont inéluctables. "

Le général de Villiers lance un projet qu'il espère " fédérateur " et qu'il a nommé CAP 2020. Au passage, pour passer au successeur du logiciel de paiement des soldes Louvois, " il faudra encore souffrir deux ans ". CAP 2020 regroupe des objectifs nécessaires : optimisation des moyens au profit des capacités opérationnelles (disponibilité, préparation, complémentarité interarmées, modernisation des capacités, réorganisation des forces prépositionnées et de présence) ; politique de ressources humaines avec déflation (34 000 postes avec les 10 000 de la réforme précédente), maîtrise salariale, simplification des indemnités et dispositif de reconversion amélioré.

Avec un objectif : " In fine, nous aurons une pyramide des grades plus aiguë avec une population plus jeune. " En clair, il y aura moins de généraux et d'officiers supérieurs. Un changement majeur de l'état d'esprit militaire se dessine : " Pour les hauts et très hauts potentiels, nous sélectionnerons les meilleurs, à partir de la sortie de l'école de guerre, afin de les amener au bout de la chaîne - c'est-à-dire aux quelques postes d'officier général quatre et cinq étoiles. Quant aux autres, nous les inciterons à mener une deuxième carrière dans le monde civil. " C'est dit.

Cette manœuvre RH quasiment culturelle s'annonce complexe. La déflation sera de 5 700 officiers d'ici 2019 mais " on ne peut pas faire partir des gens qui ne le veulent pas ". On cherche aussi à rééquilibrer le ratio personnels civil et militaire (22/78 aujourd'hui) avec pourquoi pas des postes de soutien projetables en opérations. Un effort sur la réserve, citoyenne et opérationnelle, va apparaître indispensable pour combler des manques.

 

Priorité au VBMR

La modernisation des équipements reste un autre problème épineux. Le général de Villiers a rappelé que les arbitrages sur le programme Scorpion de l'armée de terre ont été difficiles : " On a finalement retenu des programmes à effet majeur pour environ 5,7 milliards d'euros, alors qu'il nous aurait fallu beaucoup plus. " La priorité est donnée au VBMR (véhicule blindé multi-rôle) pour remplacer le VAB (véhicule de l'avant blindé).

Devant le Sénat, le CEMA a complété son résumé. Pour l'armée de terre : Scorpion avec le missile moyenne portée (MMP), l'engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC), le véhicule blindé multi-rôle (VMBR) et le programme « Contact » pour la radio. Pour l'armée de l'air : les ravitailleurs MRTT et l'avion de transport A400M. Pour la marine : un groupe aéronaval digne de ce nom, bien protégé par-dessus, par-dessous et en surface, ainsi que les moyens d'assurer l'action de l'Etat en mer sans oublier les forces sous-marines.

Bon courage, ça ne va pas être facile !

photos Ministère de la Défense - MBDA - Airbus DS photos Ministère de la Défense - MBDA - Airbus DS
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 08:55
Cyber défense : quelles avancées depuis le nouveau Livre blanc de la Défense nationale et la Loi de programmation militaire?

 

16.02.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense


Le  11 mars, de 18h à 20h, à l'amphithéâtre Desvallières, le contre-amiral Arnaud Coustillière, officier général "cyberdéfense" à l'Etat-major des armées, donnera une conférence sur la cyberdéfense au regard du nouveau Livre Blanc (qui a placé la cyberdéfense au rang de priorité nationale) et de la loi de programmation militaire 2014-2019 (qui intègre pour la première fois des éléments relatifs à la cybersécurité).

 

La France souhaite ainsi améliorer la solidité de ses procédures en cas d’atteinte à la sécurité ou la Défense nationale, et renforcer les pouvoirs de ses agences de renseignements et de cyberdéfense, avec une nouvelle organisation opérationnelle visant à mieux protéger les systèmes d’information de l’Etat, des opérateurs d’infrastructures vitales et des entreprises stratégiques.

 

Inscription obligatoire avant le 7 mars. Présentation obligatoire d'une invitation et d’une pièce d’identité à l’entrée. Pour s'inscrire, cliquer ici.

 

Ecole militaire 5, place Joffre, Paris 7e – Métro Ecole militaire – bus 28, 80, 82, 87, 92

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 17:55
Conséquences du Livre Blanc et de la loi de programmation militaire

 

January 23, 2014 Dossier d'information n°8 - la Saint Cyrienne



Le G2S s'est réuni pour réfléchir sur les conséquences du Livre Blanc et de la loi de programmation militaire. Prenez connaissance de leurs réflexions (cliquez ici)

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8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 08:55
Lancement de la filière industrielle de sécurité

 

7 janvier 2014 SGDSN

 

un dialogue public-privé rénové au service de la sécurité du citoyen et de la compétitivité de la France

 

S’inspirant des recommandations du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, le Premier ministre a installé, le 23 octobre dernier, le comité de la filière industrielle de sécurité (CoFIS). Rassemblant autour de lui, onze ministres, vingt et un grands patrons de sociétés développeuses ou utilisatrices de solutions de sécurité, plusieurs présidents de pôles de compétitivité, plusieurs membres éminents de la recherche académique française, ainsi qu’une dizaine de personnalités qualifiées et de parlementaires, le CoFIS poursuit un double objectif :

 

un objectif, classique, de compétitivité : renforcer notre industrie nationale qui, avec ses grands groupes, PME et centres de recherche (plus de la Mds€ de chiffre d’affaire annuel et 50 000 emplois hautement qualifiés) occupe sur ce marché très porteur (croissance mondiale annuelle de 7%) une place enviable (plusieurs leaders mondiaux), mais vulnérable ;

un objectif, spécifique, de sécurité, qui justifie que la gouvernance de cette nouvelle filière ait été confiée au Premier ministre : assurer aux garants de la sécurité des citoyens et de la Nation (grands opérateurs d’importance vitale, forces de sécurité, protection civile), l’accès au juste coût, à des technologies fiables, innovantes, adaptées à leur besoin, éthiques et socialement acceptables. Les besoins visent à répondre à des missions aussi diverses que la protection des grandes infrastructures publiques ou privées, la sécurité du transport, le secours aux personnes, la sécurité des frontières, la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité, la gestion de crise, ou encore la cybersécurité.

La structuration de la filière industrielle de sécurité constitue ainsi un véritable défi pour notre industrie de la sécurité, extrêmement fragmentée, qui doit apprendre à parler d’une seule voix pour conquérir, unie, les marchés extérieurs. La création récente, en parallèle du CoFIS, du Conseil des industries de confiance et de sécurité (CICS) [1] constitue une première avancée.

 

Il s’agit surtout, à mon [secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale] sens, d’un véritable défi pour les pouvoirs publics. En effet, nos citoyens attendent des prescripteurs de sécurité, Etat ou collectivités territoriales, non seulement plus d’efficacité, mais aussi plus de transparence et l’assurance du respect de nos valeurs fondamentales. Face à cette double exigence, la filière industrielle de sécurité doit nous permettre de :

Mieux protéger : en intégrant, sur la base d’une meilleure expression des besoins, la dimension technologique dès la conception des dispositifs de protection et en veillant au développement de technologies offrant un juste équilibre entre sécurité et protection de la vie privée.

La commission nationale informatique et libertés sera ainsi étroitement associée aux travaux de la filière.

Mieux réguler : grâce à une meilleure connaissance des solutions de sécurité disponibles ou en cours de développement, la filière permettra de mieux calibrer les directives nationales de sécurité, selon le principe de la juste réponse au juste besoin.

Mieux dépenser : à terme, l’objectif est de favoriser la mutualisation des achats non seulement au sein du monde civil mais également avec le monde militaire.

Dans l’immédiat, la filière doit permettre de mettre en cohérence les différentes aides publiques pour accompagner le développement des solutions de sécurité prioritaires, de la recherche amont jusqu’au déploiement chez l’opérateur.

Plusieurs projets concrets ont d’ores et déjà été identifiés (modernisation des réseaux de radiocommunication des forces de sécurité, sûreté du transport aérien, protection des bâtiments accueillant du public ou, vidéo-protection) et seront présentés conjointement par les acteurs publics et privés de la filière devant le Commissariat général à l’investissement et le Fonds unique interministériel.

Toutes les compétences publiques et privées sont ainsi mobilisées pour atteindre ces objectifs.

Cinq groupes de travail thématiques, ont été mis en place. Le cap est donné. Les premiers résultats sont attendus pour le premier trimestre 2014.

 

La feuille de route 2013-2014

 

Les travaux du CoFIS pour l’année à venir s’articulent sur une feuille de route ambitieuse, déclinée en sept axes :

1. Identifier les forces et faiblesses du marché français de la sécurité ;

2. identifier les technologies critiques et stratégiques à préserver ou à développer ;

3. élaborer un premier recensement des besoins prioritaires de l’Etat et des opérateurs ;

4. soutenir le lancement de projets de démonstrateurs structurants pour la filière ;

5. soutenir les entreprises françaises à l’export, en favorisant l’émergence d’un club France ;

6. utiliser le levier européen, en proposant une stratégie nationale publique-privée ;

7. mettre en réseau les acteurs.

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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 08:55
photo Marine Nationale

photo Marine Nationale

 

Le 16/11/2013 Joseph Sotinel – BFMTV

 

Le ministre de la Défense a révélé le coût des travaux prévus sur le Charles de Gaulle pour sa grande révision. Notre seul porte-avions sera immobilisé pendant 20 mois, de 2016 à 2018.

 

D'octobre 2016 à avril 2018, notre seul porte-avions, le Charles de Gaulle, sera immobilisé. Un arrêt technique majeur est, en effet, prévu tous les 7 ans et demi pour procéder à une révision générale.

Le coût de cette opération n'avait pas encore été révélé. Lors de la récente réunion de la commission élargie de l'Assemblée nationale sur le projet de loi de finances, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé que l'arrêt s'effectuerait "pour un coût de 1,3 milliard d’euros".

Selon le rapport du député PS Gilbert Le Bris sur le budget de la Marine, les crédits affectés au porte-avions pour 2014 seront déjà de 152 millions d'euros. Son rapport évalue également les coûts moyens jusqu'à 2016 à 110 millions d'euros par an. En 2014, le budget de la Défense sera de 31,4 milliards d'euros au total.

Le Charles de Gaulle avait coûté 3 milliards d'euros, entre sa commande en 1986 et son lancement en 2001.

 

Un deuxième porte-avion coûterait entre 3 et 7 milliards d'euros

Selon le rapport de Gilbert Le Bris, le Charles de Gaulle a été disponible 55% du temps en 2012, et 30% en 2013, à cause des six mois de travaux.

Pour éviter que la France soit sans porte-avions pendant les révisions, la construction d'un deuxième navire avait été envisagée en 2007. Mais les coûts importants ont fait reculer l'Etat. Il aurait coûté entre 3 et 7 milliards d'euros.

En janvier 2013, le gouvernement questionné sur le sujet, préférait mettre en avant "la qualité des missions réalisées en Libye grâce au porte-avions". Finalement, le gouvernement a préféré mettre le projet entre parenthèses dans son livre blanc 2013. La nouvelle loi de programmation militaire (LPM) en cours de discussion au Parlement ne parle pas de second navire. Il est vrai que le temps est aux économies pour les militaires comme pour les autres.

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 14:17
Ne soyez pas sourds car nous ne sommes pas muets !

 

Paris, le 25 octobre 2013 par Général de corps d'armée (2s) Dominique DELORT, Président de la Saint-Cyrienne

 

 « La grande muette » n’est plus mais ils ne veulent pas le savoir ! Ou « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre  » ! Selon une croyance très répandue l’Armée est devenue « la grande muette » après 1962 et l’est restée. Rien n’est plus faux, du moins depuis la fin de la guerre froide, mais cela arrange trop de monde de le croire.

 

Ceux qui parlent très régulièrement de « la grande muette » sont les médias et ce fut encore le cas en août sur la chaine LCP dans une émission spécifique. Est-ce par laxisme, paresse intellectuelle ou idéologie, il est difficile d’être péremptoire tant le groupe des journalistes est hétérogène. En effet les journalistes « spécialisés » de la presse écrite ou parlée ont des connaissances extrêmement variables des problèmes de défense et de ceux de l’armée. Certains suivent consciencieusement ces sujets complexes d’autres surfent, quand l’actualité s’y prête, lors du début d’une opération extérieure, du 14 juillet ou lors de cérémonies à la mémoire de morts au combat.

 

Le lieu commun, véritable poncif, de « la grande muette » est seriné aux auditeurs, aux lecteurs et aux hommes politiques et ces derniers trouvent, sans doute, la définition confortable et pourquoi pas normale. Confortable parce que cela évite de faire trop attention aux avertissements mesurés, pondérés et répétés de tel ou tel très haut responsable militaire venu leur décrire une situation des forces armées préoccupante au regard de la situation générale et des ambitions affichées par la France. Il n’y a qu’à se reporter, par exemple, aux interventions du CEMAT, le général Bertrand Ract-Madoux, devant les commissions des assemblées ces derniers mois. Normale pensent-ils car le militaire est aux ordres du Président élu par la nation. Ce principe est - évidemment - admis mais attention de ne pas tout confondre, car c’est oublier le devoir de tout chef militaire de haut niveau de réfléchir, de débattre, de s’exprimer et de donner son appréciation aux autorités gouvernementales comme à la représentation nationale. Les chefs d’état-major n’ont pas manqué de le faire et notamment à l’occasion de l’élaboration du dernier Livre Blanc comme de la réforme en cours au ministère de la défense. Il ne pourra pas être dit qu’ils se sont tus devant la situation des armées.

 

Depuis deux ou trois ans quelques généraux ou colonels, très peu nombreux, sont interviewés, certains de leurs articles sont repris dans une partie presse nationale et leurs livres édités. Le plus connu en cette période est un ancien directeur de l’Ecole de Guerre et maintenant professeur à Sciences-Po, Vincent Desportes. C’est beaucoup mieux que rien bien sûr, mais c’est trop peu au risque de conforter ce mythe de « la grande muette » car ces officiers, y compris un ancien CEMA, Henri Bentegeat, sont loin d’être des cas isolés comme on voudrait le faire croire à l’opinion.

 

Que dire en effet des multiples dossiers et articles du  groupe de réflexion du « G2S » de Jean-Marie Faugère, véritable « think tank » de 20 officiers généraux et qui a, en autres avantage, d’être composé de bénévoles et de réunir un groupe riche en expertises différentes. Les membres de ce groupe n’ont pour objectif que d’apporter leur contribution afin que les problèmes de défense soient mieux compris en particulier de ceux ayant des responsabilités publiques. Par leur formation, leur expérience, les responsabilités qu’ils ont exercées, ils sont plus fondés à s’exprimer que bien des civils appelés par les médias à répondre sur un sujet militaire. Pour parler médecine rien de tel qu’un médecin, pour discourir de philosophie rien de tel qu’un philosophe etc. ! Que dire des nombreux officiers, d’active ou non, qui écrivent des ouvrages qui sont autant d’études, de témoignages ou de réflexions d’une grande richesse. Encore faut-il faire l’effort de lire, de s’intéresser aux problèmes militaires ! Quel dommage que les journalistes-défense invités à la remise de prix littéraires les boudent... Que dire des nombreuses associations, en commençant par la Saint-Cyrienne, qui font connaître des points de vue, ouvrent des tribunes libres et soutiennent des débats ou des colloques. Ces associations ne sont pas des syndicats c’est peut être pour cela qu’on leur colle un bâillon virtuel. Pourtant il suffit de lire, notre revue en particulier le Casoar, pour être persuadé que « la grande muette » est bien morte. Mais ce serait rompre avec une des idées du « politiquement correct » dont souffre notre pays.

 

Il ne peut pas être dit qu’il existe « un trou noir » de l’expression chez les militaires. Il est facile de savoir que le moral n’est pas bon, il est facile de savoir que les inquiétudes sont grandes concernant l’outil de défense et la réforme en cours au ministère de la défense, comme il est facile de savoir que l’opération au Mali est vue comme un succès, de la décision à l’exécution. A ceux dont le métier est d’être le lien entre l’actualité et les Français je recommande plus d’attention et plus d’ouverture car décidément et définitivement « la grande muette » est bien morte ! Ce sera rendre aussi service aux hommes politiques contraints à mieux entendre ce qui leur est dit ou proposé de lire dans et hors de l’hémicycle. Le devoir de réserve, souvent mis en avant, ne touche avant tout que la sécurité de la France et celle des forces armées ainsi que le respect des institutions de notre pays.

 

A défaut d’être suffisamment entendus il appartient aux plus hauts responsables militaires d’élever raisonnablement la voix quitte, en leur âme et conscience, à choisir de partir car l’enjeu est grand. Nous sommes nombreux à ne pas baisser la garde, par devoir, car dans la cacophonie générale ou tous les sujets s’entrechoquent sans ordre d’importance ni mise en perspective c’est bien de la défense de la France dont il s’agit. Considérez les militaires pour ce qu’ils sont, des professionnels d’un art difficile, celui de la guerre.

 

Ne soyez pas sourds car nous ne sommes pas muets !

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 07:55
Discours à l’occasion de la séance plénière du Conseil supérieur de la réserve militaire

A Paris, mardi 24 septembre 2013 M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense

 

– Seul le prononcé fait foi –

 

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil supérieur de la réserve militaire,

Mesdames et Messieurs,

 

Je suis très heureux de pouvoir être avec vous aujourd’hui. Je reviens tout juste du Mali et, en dépit de la pression qu’exerce le contexte international que vous connaissez, je tenais à présider cette assemblée plénière.

 

Le Livre blanc rendu public le 29 avril dernier, et le projet de loi de programmation militaire que j’ai l’honneur de défendre en ce moment, l’affirment expressément : les réserves militaires sont partie intégrante de notre modèle d’armées. C’est dire combien cette réunion du conseil supérieur de la réserve militaire est un événement important pour le ministère dont j’ai la charge. Vos sessions permettent en effet de faire vivre le dialogue avec les réservistes, à travers les fédérations et les associations nationales, et ce dialogue donne sens à leur mission. Elles permettent aussi de rassembler l’ensemble des acteurs concernés – employeurs publics et privés, représentants des professions libérables, salariés, agents publics ou personnalités qualifiées – autour d’une même ambition, celle de mettre notre réserve au service des armées dans la Nation.

 

A cet égard, je tiens à saluer le préfet Thierry Lataste, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur. Sa présence, ainsi que celle du général Richard Lizurey, major général de la gendarmerie nationale qui représente le DGGN, le général Favier, est là pour nous rappeler que la gendarmerie représente, à elle seule, la moitié des effectifs de la réserve militaire. J’y reviendrai tout à l’heure, mais il est clair que les constats autant que les défis nous sont communs, même si les spécificités de nos deux maisons réclament d’adapter la réponse que nous leur portons.

 

Je voudrais d’abord revenir sur le contexte dans lequel s’inscrit notre ambition pour la réserve. Depuis votre dernière session, le Président de la République a pris une série de décisions qui répondent à un défi majeur, celui de l’adaptation de notre politique de défense aux menaces de demain.

 

Pour relever ce défi, dans un contexte budgétaire lui-même exceptionnellement difficile, le Président de la République s’est prononcé sur quatre grandes orientations, qui sont au coeur du Livre blanc de 2013 et du projet de LPM pour les années 2014-2019. Vous me permettrez de les évoquer simplement, parce que c’est aussi ce contexte, ces orientations, cette ambition, qui donnent tout leur sens aux échanges que je souhaite avoir avec vous aujourd’hui.

 

En premier lieu, la décision a été prise de sanctuariser notre effort de défense, en dépit de la contrainte financière considérable qui s’exerce sur le budget de l’Etat. En reconduisant le budget du ministère à son niveau actuel, c’est-à-dire 31,4 Mds€, puis en envisageant une hausse à compter de 2016, le Président de la République a marqué et répété une priorité dont ne bénéficie pas la plupart des ministères. La raison en est simple, mais je crois qu’elle mérite d’être rappelée : c’est là un effort que la Nation consent, non pas pour ses armées en elles-mêmes, mais pour leur finalité qui est de garantir la sécurité du pays.

 

Pour autant, des efforts seront nécessaires, je ne l’ai jamais caché, et nous devons résoudre de nombreuses difficultés. Nous avons veillé à définir une ambition opérationnelle en rapport avec nos intérêts de sécurité, comme avec nos responsabilités. De cela, le Président de la République et le Gouvernement sont garants et, pour atteindre ces objectifs, la réserve militaire aura un rôle à jouer. Nous devrons conduire le mouvement de diminution des effectifs d’active nécessaires pour adapter le modèle de nos armées aux nouveaux contrats opérationnels, et permettre ainsi les économies recherchées.  Mais cette évolution, dont je mesure la difficulté autant que j’en éprouve la nécessité, reposera sur une démarche de concertation, au sein et hors du ministère.

 

Deuxième grande orientation, maintenir la France au premier rang stratégique. L’ambition du Gouvernement s’énonce clairement : conforter notre capacité de dissuasion, qui est une des clés de l’autonomie stratégique ; garantir notre aptitude à intervenir dans l’ensemble des situations où nos intérêts de sécurité et nos responsabilités internationales pourraient être mis en jeu ; assurer en permanence la protection du territoire et de sa population. La capacité à remplir simultanément les trois missions fondamentales, définies par le Livre blanc, répondait à cette ambition. Et grâce au niveau de ressources que je viens d’évoquer, nous resterons l’un des rares pays dans le monde à pouvoir assurer ces trois missions ensemble.

 

J’ajoute que pour traduire cette deuxième grande orientation dans les faits, nous avons marqué deux priorités. D’abord en faveur de l’entraînement et de la préparation opérationnelle, parce que l’excellence de nos armées, leur crédibilité en découle directement. Ensuite au profit de l’équipement des forces, avec un niveau de crédits qui sera en constante progression sur la durée de la programmation.

 

C’est d’ailleurs la troisième grande orientation, l’impératif industriel. Disposer d’une industrie performante est aussi un élément de notre rang stratégique. Avec 4 000 entreprises, dont une majorité de PME/ETI, 165 000 emplois directs, un chiffre d’affaires global d’environ 15 Mds€, les industries de défense sont à la fois l’une des conditions de notre autonomie, et l’un des moteurs les plus dynamiques de la compétitivité de notre économie. Elles représentent l’un des atouts importants dont nous disposons pour l’équilibre de la balance de nos comptes publics, grâce aux exportations. Elles constituent enfin un domaine d’excellence pour l’emploi. Aujourd’hui, le Gouvernement s’engage donc pour qu’elles le demeurent.

 

Quatrième et dernière grande orientation, tirer le meilleur parti de nos alliances et de notre choix en faveur de la construction européenne. Je pense à l’Alliance atlantique, où nous devons jouer sans complexe un rôle actif et qui soit favorable à l’affirmation des Européens dans le lien transatlantique. Je pense aussi, bien sûr, à la relance de l’Europe de la défense elle-même. L’Union européenne a besoin d’appuyer sa force de frappe économique sur des ressorts politiques et stratégiques si elle entend demeurer dans les années à venir l’une des principales puissances mondiales. C’est le sens de la démarche que j’ai initiée et qui va connaître un temps fort avec le Conseil européen de décembre. Ces quatre grandes orientations, sur l’effort de défense, sur notre rang stratégique, sur la base industrielle et sur l’Europe de la défense, constituent le socle du renouvellement de notre politique de défense.

 

Car l’enjeu n’était pas seulement d’adapter l’outil aux circonstances, mais bien de le concevoir à long terme, de le préparer aux guerres de demain, aux menaces du futur. C’est ainsi que le Livre blanc prend en compte un certain nombre d’évolutions juridiques, technologiques, stratégiques ; et c’est dans la même perspective que le projet de loi de programmation militaire marque plusieurs priorités, sur notre politique spatiale, sur la cyberdéfense, sur le renseignement…

 

Ce renouvellement de notre politique de défense s’inscrit dans une certaine trajectoire de la Nation, à un moment où son environnement lui commande de ne pas baisser la garde. De ce point de vue, la vigilance doit être l’oeuvre de tous. J’aime à dire que la communauté de défense, ce n’est pas simplement les hommes et les femmes du ministère dont j’ai la charge. C’est la communauté nationale dans son ensemble, qui se reconnaît des intérêts de sécurité et des responsabilités, et décide de se montrer à la hauteur de ces enjeux. C’est à la lumière de ce contexte que je voudrais vous exposer mon ambition pour les réserves militaires.

*

Cette ambition se fonde d’abord sur un constat. Ces trois dernières années, la réserve militaire a vu son rôle réaffirmé, mais il faut reconnaître que son pilotage budgétaire a pu compliquer la vie quotidienne et susciter des interrogations.

 

Après une montée en puissance qui a trouvé ses fondements dans la loi du 22 octobre 1999 sur la réserve, la réserve militaire a connu une stabilisation puis une lente érosion des effectifs et du budget. C’est un paradoxe pour une armée professionnelle, qui a besoin de ses réserves. Cette évolution trouve sans doute une part d’explication dans le contexte des crises financières qui se sont succédées depuis 2008. Mais il me semble que, l’absence de dialogue et de communication a pu accroître les interrogations.

 

A ce stade de mon propos, je crois qu’il faut rappeler quelques chiffres simples. Ils confirment à mes yeux, je le dis tout net, que nos armées ont besoin de la réserve.

 

En termes d’activité, la réserve a représenté 1,16 millions de jours en 2012.

 

Au plan des effectifs, on a compté 56 300 contrats d’engagement pour 2012.

 

Au plan de la durée de l’activité, enfin, la moyenne était de 20,6 jours en 2012.

 

Ces quelques chiffres reflètent une réalité : c’est avec la réserve que les armées et la gendarmerie nationale remplissent les missions qui leur incombent. Elles ne sauraient atteindre les mêmes objectifs sans les compétences et l’énergie que la réserve représente.

 

Cela est particulièrement vrai, vous le savez, pour les missions de protection, qu’il s’agisse de Vigipirate, de la surveillance aérienne ou maritime du territoire, ou encore de l’armement des états-majors des zones de défense et de sécurité.

 

Bien sûr, des questions et parfois des doutes ont pu naître chez les réservistes. Là encore, quelques chiffres sont éloquents. Il y a d’abord un écart réel entre les ambitions et la réalité : la programmation précédente visait ainsi 40 000 réservistes pour les armées, mais nous n’avons pas dépassé 33 800 – c’était en 2008 –, et nous sommes aujourd’hui à 27 500 réservistes.

 

Ensuite, on peut faire le constat que la part des anciens militaires est forte au sein de la réserve opérationnelle : environ 53% (hors gendarmerie nationale). Ce pourcentage élevé est bien sûr dû à la décroissance des anciens appelés du contingent, mais il traduit aussi une certaine difficulté à ouvrir la réserve à la société civile. Cette difficulté, il faut nous en saisir, parce que c’est un défi majeur pour les prochaines années.

 

Enfin, il y a eu une diminution régulière des budgets depuis trois ans : 78 M€ en 2010, 74 M€ en 2011 et 71,5 M€ en 2012, montant qui a été reconduit en 2013. Les décisions de réduction ont souvent été prises en cours d’année, ce qui a pu donner aux réservistes le sentiment qu’ils étaient des variables d’ajustement. Ce n’est pas acceptable, et la prise en compte de l’importance des réserves passe d’abord par le dialogue, à l’instar de celui que nous avons aujourd’hui.

 

Le constat est donc simple. Parce qu’un million d’euros représente à peu près 10 000 jours d’activité de réserviste, on mesure l’effet déroutant d’une réduction, même limitée, de ce budget. C’est une programmation semestrielle qui s’effondre. C’est une durée d’engagement qui se trouve divisée par deux, cela sans préavis. Là encore, ce n’est pas acceptable.

 

Il y a donc une sensibilité particulière de la réserve aux aléas budgétaires, et je crois que cette sensibilité n’a pas été suffisamment appréhendée. Il en ressort une incompréhension légitime, et en même temps des attentes, un besoin de clarification en particulier, qu’il nous revient de satisfaire.

*

C’est sur la base de ce constat que le Président de la République a souhaité reformuler et renforcer l’ambition qui doit être la nôtre pour la réserve militaire. Cette ambition, le Livre blanc de 2013 en dessine les contours. Il répond d’abord au besoin de clarification que je viens d’évoquer, en validant les grands principes sur lesquels repose notre réserve militaire. Elle est organisée en deux branches – réserve opérationnelle et réserve citoyenne – qui permettent de faire appel à tous les types d’engagement, tous les types de disponibilité.

 

La réserve opérationnelle, d’abord, fait partie intégrante du modèle d’armée tel qu’il a été repensé. Il n’y a donc pas des missions qui seraient confiées à l’armée d’active, et d’autres qui incomberaient à l’armée de réserve. Il n’y a qu’une seule armée, face à un ensemble de missions. Ainsi, la réserve militaire a-t-elle vocation à être employée en opérations extérieures, et c’est un cas de figure que je veux préserver. Pour le dire autrement, les seules missions auxquelles les réservistes n’ont pas accès, sont celles qui exigent une formation et un entraînement tels que seul un travail à temps complet permettrait d’y répondre.

 

Le Livre blanc prévoit par ailleurs de « continuer à développer les missions sur le territoire national ». Je relève avec satisfaction que c’est bien l’inflexion prise avec la création du bataillon Ile-de-France. J’ai déjà eu l’occasion de saluer cette création. Je crois qu’il faut la souligner et mettre en valeur ce bataillon, par exemple en envisageant sa participation au défilé du 14 juillet. Je crois que cette initiative contribuerait à étendre la notoriété de la réserve.

 

La réserve citoyenne, quant à elle, a été confirmée par le Livre blanc. Je l’ai fermement souhaitée. Ses 3 000 volontaires bénévoles offrent de leur dynamisme et de leur temps pour être des relais de la défense vers la société civile. A cet égard, elle est une expression forte et originale de notre citoyenneté. Son développement sera donc encouragé. Dans cette perspective, deux axes d’effort continueront d’être explorés : la contribution à la diffusion de l’esprit de défense, et le renforcement des forces armées par l’apport de compétences spécifiques.

 

Dernier grand principe énoncé par le nouveau Livre blanc, la « réserve de sécurité nationale » voit son importance à nouveau soulignée pour la gestion des crises majeures. Cette réserve devra être plus efficace, en optimisant notamment la réserve dite « de disponibilité » où se retrouvent les militaires qui viennent de quitter le service. Ici, le Livre blanc rappelle la nécessité d’aller au bout des travaux réglementaires et législatifs, en faisant paraître les décrets d’application. Nous devons achever cette démarche, et je sais que vous y êtes attachés, comme le montre la question écrite posée à ce sujet par le sénateur Michel Boutant, que je suis heureux de saluer parmi nous.

 

L’affirmation de ces grands principes ancre la réserve au coeur du renouvellement de notre politique de défense. J’y vois la confirmation que notre concept de réserve militaire a du sens et que le doute n’est pas permis sur sa pertinence. S’il y a pleine adéquation avec le besoin, il n’en reste pas moins que des adaptations sont nécessaires, pour répondre aux préoccupations que j’évoquais tout à l’heure. C’est dans cette perspective que je voudrais partager avec vous une série d’orientations qui concernent autant des changements structurels, que des ajustements plus immédiats.

 

Aujourd’hui, je retiendrai trois grandes orientations.

 

D’abord, il faut simplifier la gouvernance des réserves militaires. La multiplication des acteurs et des instances de décision n’est pas de nature à faciliter l’efficacité de notre dispositif. Avec le COMEX pour fixer les orientations politiques, avec le CSRM pour réfléchir ensemble à cette politique et ses conséquences pour les réservistes, enfin avec les employeurs pour la mettre en oeuvre, je crois que nous disposons de tous les outils nécessaires pour piloter la réserve militaire. Mon intention est donc d’en simplifier la gouvernance, en supprimant l’instance du comité directeur qui n’a pas démontré sa pertinence.

 

Deuxièmement, il faut mettre en place une stratégie de communication plus ambitieuse. D’après un récent sondage, moins de 30% des jeunes identifient suffisamment la réserve pour pouvoir envisager de la rejoindre. Or, la réserve doit être aussi connue que les armées ellesmêmes, dont elles font partie. La réserve militaire, c’est l’armée qui se rend accessible à toutes les bonnes volontés. L’enjeu premier est donc de le faire savoir. Le secrétaire général du CSRM et le DICOD me transmettront leurs propositions dans le courant du mois d’octobre. Cette nécessité de mieux communiquer, est un enjeu citoyen, au-delà même de l’enjeu du recrutement pour la réserve. C’est aussi en parlant de ce lien auquel nous sommes si attachés entre les armées, la réserve et la société civile, que nous le faisons vivre. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai souhaité retenir le thème « réserve militaire et citoyenneté » pour la Journée nationale du réserviste 2014.

 

Troisième et dernière orientation, il faut revoir l’organisation du recrutement. Il nous appartient de le rendre plus efficace, plus cohérent aussi avec la priorité donnée au recrutement de réservistes issus de la société civile. Dans les décennies à venir, la réserve militaire se présentera à des générations dont le seul lien avec nos armées consistera le plus souvent dans la Journée défense et citoyenneté. C’est là un enjeu dont nous devons prendre toute la mesure. Notre politique de recrutement doit donc être plus volontariste, pour développer la connaissance et l’attractivité de la réserve à l’égard de la société civile. Préparer la réserve de demain est notre devoir. La cohésion entre la défense et la Nation en dépend pour une part essentielle.

 

Dans la suite de ces trois grandes orientations, j’ai souhaité ainsi entreprendre une série d’actions très concrètes.

 

- D’abord, améliorer le recours à des réservistes opérationnels dans les domaines qui sont déficitaires. Je pense en premier lieu à la cyberdéfense, nouvelle donne stratégique qui est également au cœur du Livre blanc de 2013. L’enjeu de la cyberdéfense intéresse les réservistes opérationnels et les réservistes citoyens. C’est une priorité.  Au-delà, ce sont l’ensemble des métiers de la résilience, autour de la gestion des crises, qui gagneraient à s’enrichir des compétences que possèdent les réservistes.

 

- La deuxième action vise à accroître la fidélisation des personnels. La durée moyenne des ESR est aujourd’hui de 2,5 ans, ce qui suppose plus de 10 000 nouveaux contrats signés chaque année. Je sais que c’est trop pour les organismes chargés du recrutement et de la formation. C’est trop, également, pour les autorités militaires qui doivent pouvoir compter sur l’expérience des réservistes. Je veux donc travailler à fidéliser les personnels, sachant que cela suppose des initiatives de la part des armées, mais également de la part des employeurs civils. De la part du ministère de la défense, il s’agira de mieux identifier les perspectives de carrière, de favoriser la proximité géographique ou encore de développer la fongibilité des emplois. De la part de l’employeur, c’est bien sûr une vraie reconnaissance du statut de réserviste qui est nécessaire pour s’inscrire dans la durée. C’est un enjeu important, qui associe tous les acteurs, représentés dans cette salle. C’est dire vos réflexions et propositions seront utiles.

 

- Troisièmement, et le sujet est lié au précédent, il faut développer la coopération avec les entreprises, condition de développement du vivier de la réserve militaire. Les outils existants sont les bons, mais il nous faut les dynamiser encore, avec peut-être des objectifs plus ambitieux. Je pense aux comités de liaison réserve-entreprise, ainsi qu’aux correspondants régionaux entreprises défense, dont l’effectif a été doublé, passant de 30 à 60. Je pense au pacte Défense-PME, qui nous permet de diffuser l’esprit de réserve dans les petites et moyennes entreprises. Je pense encore aux 330 conventions signées à ce jour. Il y en aura 500 d’ici la fin 2014. Le lien entre les entreprises et le ministère de la défense est aussi fondamental pour l’organisation et le rayonnement de la réserve. Je veux y porter toute mon attention.

 

- Quatrième engagement, sanctuariser le budget de la réserve opérationnelle. L’enjeu est d’offrir aux réservistes à la fois la visibilité et la confiance dont ils ont besoin au moment de signer leur engagement. Cet engagement est déjà inscrit dans le projet de LPM qui des crédits annuels de 71 M€ sur la période 2014-2015. Ce montant est une synthèse des ambitions que nous tenons à marquer et des efforts qui nous sont en même temps demandés. C’est désormais sur la stabilité et la visibilité que nous offre ce chiffre qu’il faut bâtir les réserves militaires dont nous avons besoin.

 

- Cinquième action, j’y ai fait allusion tout à l’heure, rénover la réserve de disponibilité. Si tous les employeurs sont conscients de la nécessité d’en simplifier la gestion et la mise en oeuvre éventuelle, elle ne semble pas suffisamment crédible et mobilisable, du moins à la hauteur des enjeux d’une gestion de crise majeure. Il faut donc en améliorer le suivi et la gestion, pour être certain de sa réponse. Faut-il en diminuer le volume global pour mieux la maîtriser, ou conserver des effectifs théoriques élevés, en tolérant une incertitude dans la réponse ? Les modalités de cette optimisation ne sont pas encore fixées. Il faut donc continuer à y travailler pour être en mesure de prendre les décisions qui s’imposent dans les mois qui viennent.

 

Enfin, dernière action à mener, clarifier et actualiser les missions de la réserve citoyenne, pour lui donner toute l’ampleur et tout le rayonnement que nous souhaitons. Une directive interministérielle, que j’ai cosignée avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, harmonise et détaille le rôle de cette réserve. Il est certain que la bonne volonté autant que l’expertise de ces réservistes doivent être davantage sollicités. Pour m’assurer de la cohérence de cette démarche, j’ai désigné votre secrétaire général pour être le coordonnateur de cette réserve citoyenne.

 

Qu’il s’agisse des orientations structurelles ou des objectifs plus concrets, c’est sur vous, membres du conseil supérieur de la réserve militaire, que je compte maintenant pour approfondir ces pistes et nous apporter les réponses les plus pertinentes. En tant qu’instance de réflexion et de conseil qui réunit tous les visages et toutes les sensibilités de la réserve militaire, il vous revient de prendre à bras le corps ces axes de travail. J’attends donc de vous des propositions, pour que nous consolidions ensemble les réserves, mieux assurer leur fondations, confiantes dans leur avenir et heureuses de servir.

*

Après une période d’incertitude, mon souhait est que nous nous engagions résolument vers des réserves renforcées. Elles garderont leur efficacité. Elles seront mieux encore intégrées à nos armées. Elles seront mieux connues de nos concitoyens.

 

Voilà en quelques mots l’ambition que je voulais partager avec vous, mais je voudrais à présent recueillir votre point de vue et je vous laisse sans plus tarder la parole.

 

Je vous remercie pour votre attention.

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 10:55
FOB Interview : Général Desportes sur la LPM

 

16.10.2013 par Guillaume Belan (FOB)

 

Après Saint Cyr, Vincent Desportes choisit l’arme blindée cavalerie. Diplômé de l’US Army War College, il prend la tête du  Centre de doctrine et d’emploi des forces (CDEF) jusqu’en 2008, date à laquelle il devient directeur du Collège interarmées de défense (CID). Enseignant la stratégie à HEC, il est aujourd’hui professeur associé à Sciences Po Paris et consultant pour plusieurs média télévisuels.

 

Mon général, quel regard portez-vous au projet de Loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2014-2019 en cours de discussions devant l’Assemblée Nationale?

 

Je le caractériserais en trois termes: Camouflage, enfumage, décrochage.

 

Camouflage car on ne peut qu’être surpris de la façon similaire dont ont été présentés les deux documents, presque en catimini : Le Livre Blanc, attendu de très longue date, est rendu public au cœur d’un grand pont du printemps, le 29 avril, non sans qu’ait été organisée au même moment à l’Elysée une grande manifestation en faveur des entreprises qui réunit le gouvernement, attire la presse … et fera l’ouverture des journaux télévisés. Même scénario pour la LPM : elle est rendue publique le vendredi 2 août, au plus creux de l’été français, alors même que le monde politique et la presse spécialisée a déjà quitté Paris.

 

Enfumage ensuite, puisque l’on s’acharne à faire croire que le budget de la défense a été préservé. Ce qui est faux. Je ne doute pas que notre Ministre et nos élus de la majorité soient de bonne foi quand ils disent s’être battus bec et ongle pour préserver la France du pire. Mais il n’en reste pas moins, que, de cet exercice, le budget ressort réduit et notre défense dégradée. Notre budget va se trouver amputé de 1 à 3 milliards par an.

 

Vous parlez d’une amputation de un à trois milliards d’euros par an sur le budget défense ?

 

Vous connaissez l’arithmétique: La stabilité puis la croissance en volume ne sont prévues qu’à partir de 2017, c’est-à-dire à la charge de la prochaine administration ! De 2014 à 2016, maintenu en valeur, le budget perdra mathématiquement jusqu’à 600 millions en euros constant. Se rajoute le fait que bon nombre de dépenses de fonctionnement subissent, en ce qui les concerne, l’inflation de plein fouet. A ces 600 millions, il faut donc rajouter au moins 400 millions qu’il faudra imputer aux investissements.

 

A cette baisse certaine de 1 milliard, se rajoute le pari sur les ressources exceptionnelles : même sans procès d’intention, il est fort peu probable que les 6 milliards soient au rendez-vous. Il est donc raisonnable de provisionner une chute de 500 à 800 millions par an !

 

Il y a-t- il un risque sur le volet « équipements »?

 

Tout d’abord le pari sur la vente à l’export des 40 Rafales dont l’échec peut se traduire par impacter le budget de 700 millions par an. Ramenez le aux chiffres précédemment évoqués, nous nous trouvons à un manque de 2,5 à 3 milliards par an. D’autant plus que se rajoutent des incertitudes et paris complémentaires qui fragilisent la trajectoire financière théorique : des renégociations de contrats d’équipement (dont jusqu’à 30 A400M, 20 hélicoptères Tigre etc …) qui sont loin d’être abouties et qui se traduiront immanquablement par des pénalités.

 

Et que penser du budget OPEX (opérations extérieures) ?

 

Les dotations budgétaires annuelles pour les surcoûts OPEX sont en réduction très sensible (450 millions d’euros contre 630 dans les budgets précédents).  Respecte-t-on bien ici le principe de « sincérité budgétaire » quand les surcoûts OPEX sont restés en moyenne à 961 millions par an sur la période 2009-2012 et qu’ils ne sont jamais descendus depuis dix ans en dessous de 528 millions ? Nous sommes donc très en deçà de la réalité constatée sur le temps long.

 

D’autant plus qu’entre ce qui est voté et ce qui exécuté, il y a parfois de grandes différences…

 

Comme vous dites ! Au-delà des grandes déclarations sur un effort de défense « sanctuarisé », ce projet de loi ne préjuge en rien de l’exécution budgétaire sur laquelle Bercy, en dehors même de tout regain de crise économique, exercera, comme à son habitude, ses méthodes traditionnelles de « guérilla budgétaire ». On le sait, aucune des lois  de programmation militaires n’a été rigoureusement exécutée. On peut même affirmer qu’il manquait en moyenne pour chacune d’elles, une à deux années de financement en crédits de paiement, du moins pour les 10 premières lois qui ne couvraient que les crédits d’investissements. Un récent rapport d’information parlementaire signalait les déficits accusés par deux des dernières lois, 1997-2002 et 2003-2008 sur le seul poste des programmes d’équipements, soit respectivement, 13 milliards d’euros et 11 milliards d’euros…

 

Soit, mais est-ce que un ou deux milliards font-ils vraiment la différence quand on parle d’un budget annuel de plus de 30 milliards ?

 

Et bien si, détrompez-vous! Parce que, vous le savez, cette réduction ne porte pas sur la somme de 31,4 milliards. Les déflations en effectif correspondant d’abord, sur plusieurs années, à un surcoût, cette réduction budgétaire ne peut porter que sur la partie « équipement » des 16 milliards d’investissement, soit sur 10 milliards. Et encore, on ne touche pas au nucléaire, donc uniquement sur la partie « conventionnelle » de cette somme, soit 6 à 7 milliards. Ce qui veut dire que la réduction sur le conventionnel pourrait aller jusqu’à 40%. C’est considérable !

 

Et les conséquences sont également considérables. Avec une trajectoire financière tenue, la LPM acte déjà d’une diminution moyenne de 25% de nos capacités conventionnelles, mais elle porte en outre en elle le risque grave d’une presque certaine dégradation complémentaire de nos forces, alors même qu’un récent rapport du Sénat (juillet 2012) décrivait déjà le format de nos forces comme « juste insuffisant ». Comme l’écrit la Cour des comptes dans sa note d’exécution du budget 2011 : « L’équipement des forces sert de variable d’ajustement au bouclage du budget du ministère ».

 

Regardons la situation en face : non, le pire n’a pas été évité car il y a, au cœur de la LPM, une bombe à retardement, mèche déjà allumée, dont il y a bien peu de chance que nous n’assistions pas à l’explosion !

 

On l’a compris, la sanctuarisation du budget de la défense est donc bien un enfumage! Vous évoquiez le décrochage de la France, qu’en est-il?

 

Le premier constat porte sur les effectifs. Le bilan, vous le connaissez. L’effort demandé aux armées est extrême, avec une perte de 80.000 emplois entre 2009 et 2019. En 2014, 8.000 emplois supprimés dans les armées sur les 13.000 supprimés « dans les secteurs qui ne correspondent pas aux missions prioritaires » (selon les termes de la Loi de finances initiale), au premier rang desquels on trouve la Défense, qui « paye » 60% du total alors qu’elle ne représente que 10% des emplois publics de l’Etat. En 10 ans, les armées auront perdu un quart de leurs effectifs, ce qui fait de ce ministère « sanctuarisé » le plus pénalisé des ministères ! J’ajouterai que ces déflations et les réformes permanentes qu’elles entraînent, essentiellement guidées par des impératifs budgétaires, sont menées à un rythme et une vitesse qui ne permet pas au système militaire de se réorganiser, ni de modifier ses pratiques. In fine, ces mesures sont par elles-mêmes un facteur de réduction de l’efficacité des armées ;

 

Le deuxième constat, c’est que la LPM va encore aggraver les trois défauts majeurs de notre défense militaire.

 

Quels sont ces trois défauts ?

 

Tout d’abord, le manque d’épaisseur stratégique : il se caractérise d’une part par notre incapacité à conduire dans la durée des opérations conséquentes et, d’autre part, par notre incapacité à nous engager de manière significative sur plusieurs théâtres d’opération à la fois.

 

Ensuite, les « Discontinuités capacitaires » : je parle ici du manque à la fois de certaines capacités-clefs (Transport stratégique et opératif, ravitaillement en vol, armes SEAD, Renseignement) et des impasses faites sur les programmes dits de « cohérence capacitaire » ou « AOA », Autres opérations d’armement.

 

Enfin, le Déficit d’autonomie stratégique : en creux, ce déficit est clair puisque le Livre Blanc répète de nombreuses fois qu’il est fondamental de restaurer cette autonomie. Dans les faits, chacun sait que la France n’est capable de mener dans la durée que les opérations avalisées par les Etats-Unis dont elle attend justement les capacités que j’ai citées et qui lui font défaut.

 

Manque d’épaisseur stratégique, discontinuités capacitaires, déficit d’autonomie stratégique.  Ces trois faiblesses sont accentuées par la LPM.

 

La suite, demain sur FOB

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 06:55
Le général Vincent Desportes s'élève contre " une défense dégradée "

14.10.2013 Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord. - Défense Globale

 

" Il y a danger pour la France et la Défense. Le problème essentiel est que le politique peut taper autant qu'il veut sur la Défense. Un militaire, c'est bien pratique. On peut tout lui faire, il continuera à mourir pour le pays. "

Cette introduction musclée est du général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences-Po et HEC, connu pour son franc-parler et une vision stratégique assez radicale. Nous l'avons rencontré il y a quelques jours avec l'Association des journalistes de défense (AJD).

Attachez vos ceintures : " En ce qui concerne le duo Livre blanc / Loi de programmation militaire, je pourrais, de manière un peu lapidaire, j'en conviens, le caractériser par trois termes : camouflage, enfumage, décrochage. " Ouvrez le ban !

 

D'abord, le général Desportes trouve que les sorties du Livre blanc et du projet de LPM ont été camouflés : un 29 avril lors d'un grand pont de printemps pour le premier, le 2 août pour le second, " au plus creux de l'été ".

Pour le chapitre " enfumage ", l'ancien chef de corps du 1er régiment de chars de combat ouvre le feu : " On s'acharne à faire croire que le budget de la défense a été préservé. Ce qui est faux. Je ne doute pas que notre ministre soit de bonne foi quand il dit qu'il s'est battu bec et ongles pour préserver la France du pire. Mais il n'en reste pas moins que, de cet exercice, le budget ressort réduit et notre défense dégradée. "

 

Si tout va mal, 2,5 à 3 milliards manqueront

Il fait parler les chiffres : de 2014 à 2016, le budget perdra " mathématiquement " jusqu'à 600 millions en euros constants ; l'inflation ajouterait 400 millions... " A cette baisse certaine d'un milliard s'ajoute le pari sur les REX (ressources extrabudgétaires) et celui sur la vente à l'export de quarante Rafale. " Pour lui, une chute estimée de 500 à 800 millions par an pour les ressources exceptionnelles et de 700 millions pour le chasseur de Dassault, toujours pas vendu à l'étranger. Le général Desportes effraie en parvenant à un chiffre de 2,5 à 3 milliards par an manquant au budget.

Il dénonce également de possibles renégociations de contrats d'équipement (A400M) et la baisse des surcoût OPEX passant de 630 à 450 millions d'euros. " Respecte-t-on bien ici le principe de sincérité budgétaire quand les surcoûts OPEX sont restés en moyenne à 961 millions par sur la période 2009-2012 et qu'ils ne sont jamais descendus depuis dix en-dessous de 528 millions ? "

Le général Desportes bouillonne face à ce qu'il appelle un décrochage.

 

La Défense, le plus pénalisé des ministères !

D'abord, les effectifs : " L'effort demandé est extrême avec une perte de 80 000 emplois entre 2009 et 2019. En 2014, 8 000 emplois supprimés sur 13 000 dans les secteurs qui ne correspondent pas aux missions prioritaires, au premier rang desquels on trouve la Défense qui paye 60 % du total alors qu'elle ne représente que 10 % des emplois publics de l'Etat. En dix ans, les armées auront perdu un quart de leurs effectifs, ce qui fait de ce ministère sanctuarisé le plus pénalisé ! "

Il met en lumière trois défauts qui vont s'aggraver : le manque d'épaisseur stratégique (la masse pour durer et s'engager sur plusieurs théâtres à la fois), les discontinuités capacitaires (transport, ravitaillement en vol, renseignement et les petits programmes d'armement) et le déficit d'autonomie stratégique - " Nous ne sommes plus capables de mener une opération si elle n'est pas avalisée par les Etats-Unis ".

" Nous sommes capables de couvrir deux Mali en même temps, de produire un effet technique. Mais nous ne sommes pas capables de durer, de gagner la guerre. "

Pour lui, il faut réfléchir à l'importance de la dissuasion car " sa crédibilité repose aussi sur les forces conventionnelles " ; " on n'est pas dans le tout ou rien ". Il pousse le bouchon un peu plus loin : " Dans peu de temps, notre dissuasion sera semblable à la ligne Maginot (que la IIIe République avait affaiblie pour des raisons économiques). " " En clair, la liberté d'action de notre exécutif est encore amputée. "

 

- Le général Vincent Desportes tiendra une conférence à Lille dans le cadre de la mission LEDS (Lille eurométropole défense et sécurité) le mardi 5 novembre à l'hôtel de ville. Thème : repenser la dissuasion...

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 21:06
Le G2S analyse le Livre Blanc

23 septembre 2013 La Saint-Cyrienne

 

Le G2S, groupe de généraux en 2° section ayant exercé des responsabilités et poursuivant à titre bénévole l'étude et la présentation des enjeux de défense, a étudié avec recul le Livre Blanc.

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 07:55
Les annonces de la LPM, possibles victimes des élections municipales

22.07.2013 par P. CHAPLEAU Lignes de Défense

 

C'est dans les détails que se cache le diable, on le sait. C'est dans les détails de la LPM que se cacherait un péril politique?

 

Le 2 août, lors de l'ultime conseil des ministres avant la pause estivale, le ministre de la Défense doit présenter la loi de programmation militaire, déclinaison du Livre blanc. Jean-Yves Le Drian maintient que la loi sera présentée au Parlement dès la rentrée.

 

Sous quelle forme? La question est en effet posée puisque des élus de gauche militent pour un report des annonces détaillées de suppressions, fermetures et autres coupes dans les formations militaires. Un report qui leur permettrait d'envisager plus sereinement les élections municipales des 9 et 16 mars et de ne pas devoir prêter le flanc à la critique. L'objectif étant bien d'éviter un contre-coup politique dévastateur.

 

François Hollande avait, devant l'IHEDN, exprimé sa volonté de ne pas dépouiller les territoires et Jean-Yves Le Drian précise toujours qu’aucune décision n’a été prise quant au choix des sites à fermer.

 

Découvrira-t-on, le 2 août, un texte qui détaillera la masse (24 000 postes concernées), les armées concernées, les armes concernées, mais ni les unités ni les sites?

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 11:55
Le livre blanc sur la défense 2013 : consolidation et contradiction (2/3)

17/07/2013 Par François CHARLES, Economiste, conseil en stratégie et management, ancien responsable d’affaires industrielles Europe et Asie à la DGA, DESS Défense, Président de l’IRCE.

 

LE CERCLE. Le livre blanc sur la défense est sorti. Au lendemain d’un séminaire européen de haut niveau où j’ai entendu des militaires européens demander des directives politiques, à l’heure où le Président de la République ne parle que d’Europe, je m’attendais à un livre nouveau, même si le drapeau allemand ne s’est pas baissé, traditionnellement, devant le chef de l’Etat français le jour du 14 juillet.

 

Suite de la partie I

 

V : L’engagement de la France dans l’Alliance atlantique et dans l’UE.

 

« Non au replis sur soi pour nos seuls intérêts vitaux, non à la sécurité déléguée à l’OTAN, non à la défense européenne intégrée ». Au moins c’est dit clairement. Mais avec peut-être trop de force et sans méthode apparente de pensée raisonnée. Le livre blanc ne fait apparaitre l’OTAN que politico-militaire alors qu’elle est également économique avec des  montants financés par les membres pour l’acquisition et la maintenance, voire qu’elle est diplomatique quand sa force elle-même peut dissuader. Tout le monde reconnait par contre que l’OTAN sert à « développer en temps de paix des procédures et des standards communs ». Mais cet aspect est essentiel pour l’interopérabilité des forces et cette normalisation est une arme commerciale dont nous aussi pouvons profiter face désormais à la Chine ; la Corée et le Japon étant déjà aux normes étasuniennes. L’Union Européenne (UE) y apparait  commerciale, économique et diplomatique. Là il s’agit sans doute d’un souhait car beaucoup de monde en France  attend cette affirmation diplomatique.

 

Il est fait état de  défense intelligente, « smart defence », par optimisation des dépenses militaires alliées par le biais de mutualisation, d’acquisitions internationales et par le financement en commun de capacités alliées. On ne parle évidemment pas de l’effet fédérateur négatif  du F-35 pour ne pas heurter nos alliés mais cet exemple devrait vraiment être traité avec courage entre européens, ce qui n’est pas encore le cas. « L’OTAN et l’UE ne sont pas concurrentes ». Elles sont donc complémentaires  mais je ne vois ni ne lis les différences. Je ne lis pas non plus qu’il faut savoir profiter de l’OTAN comme d’un effet de levier pour valoriser la coopération européenne et investir en Europe avec l’aide notamment des Etats-Unis et du Canada. Nous sommes finalement peu à avoir voulu et compris l’intégration globale car peu ont vu, surtout des militaires, comment nous pouvions manœuvrer en faveur de l’Europe comme nous avons réussi à le faire pour l’ACCS. « La France dans l’UE » rappelle qu’il faut faire face ensemble et que « la construction européenne en matière de défense est une priorité » (…) mais sans donner la clé qui est de travailler sur des documents uniques mais en communiquant ensuite avec l’identité de chaque nation.

 

Oui, il faut donc faire un livre blanc de l’UE, et oui, la PESC doit être un instrument et non une fin en soi. Oui, l’analyse des risques et des menaces et les conjonctions d’expériences d’actions extérieures doivent être partagées mais il n’est pas fait état de la méthode individuelle et collective. Oui il faut une augmentation de la capacité d’action extérieure mais sans vraie segmentation au-delà de l’accord naval franco-britannique, la notion de défense restera de permanence ou de circonstance. Il fallait bien un paragraphe sur l’OCCAR (organisation conjointe en matière d’armement qui gère les programmes généralement trop franco-ci, franco-ça), sur la consolidation de la Base Industrielle Technologique de Défense (BITD), sur l’Agence Européenne de Défense, et sur la stratégie intégrée. Mais si le fait d’en parler ne résout rien, cela réaffirme certes une notion de politique industrielle parfois abandonnée puis remise en avant mais sans parler d’Europe intégrée ni d’en donner les clés. Nous y reviendrons plus tard.

 

VI – la mise en œuvre de la stratégie

 

Le livre blanc de 1972 parlait de dissuasion, celui de 1994 de l’armée de métier, celui de 2008 de l’extension stratégique de sécurité nationale et enfin celui de 2013 réaffirme la connaissance et l’anticipation, la dissuasion, la protection, la prévention et l’intervention notamment à travers le renseignement d’origines multiples, à savoir humaine, électronique et informatique. L’aire toute puissante des drones est arrivée pour l’organisation du renseignement. Mais les avions et les navires sont encore là pour emporter les missiles nucléaires en espérant un désarmement total et son contrôle. On y parle rapidement des problèmes d’eau en Afrique mais n’oublions pas non plus qu’elle est une source de tension réelle à nos portes entre notamment la Turquie et ses voisins arabes. Il est enfin réaffirmé que la France doit et veut se doter des capacités à s’engager dans les zones prioritaires définies que sont la Méditerranée, l’Afrique, le golfe arabo-persique et l’océan indien pour des interventions « seul ou avec alliés » dans tous les domaines ainsi qu’en gestion de crise  civile et militaire. J’y rajouterais « dans les limites de certaines réalités et désormais d’options réalistes et réalisables » pour contraster avec notre ancienne politique d’indépendance et du coûte que coûte qui est par ailleurs toujours développée au Japon qui se « réveille » peu à peu militairement.

 

VII – les moyens de la stratégie

 

La période 2014 – 2025 se verra allouer 364 Md€ dont 179 pour la loi de programmation militaire 2014 – 2019 qui n’est pas encore sortie et qui empêche certains responsables de la DGA d’intervenir en colloques. Comme je l’écrivais dans un précédent article, il s’agit d’un budget de sagesse qui de toute façon servira comme toujours de variable d’ajustement. Je pense que le salut de consolidation pourra en partie venir de l’Europe avec la création d’une direction générale avec un budget dédié par règlement au-delà d’un service extérieur relié à la DG Relex. La position française revient au premier plan quand on lit qu’il faut « pouvoir entrer les premiers sur un théâtre d’opération ». On parle désormais DU porte-avions, mais sans rappeler que nous ne pouvons plus nous payer un second assurant la continuité du premier et des missions quand il est en entretien de longue durée.

 

Nous devons donc espérer qu’il fera bon ménage dans une  force intégrée franco-britannique des deux grandes nations navales européennes où s’affrontent cependant historiquement deux logiques d’interventions différentes. Il est fait état de la rédaction annoncée du format des forces mais sans aucune piste sur l’imbrication qualitative européenne alors que le début de l’ouvrage parle d’ouverture vers la segmentation. La France veut donc une intégration mais ne parle que d’elle, ce qui ne reflète pas le discours politique européen. Le sujet A400M qui n’a toujours pas été vraiment résolu de façon satisfaisante dans sa globalité est LE vrai sujet fédérateur européen du moment. Il semble pourtant être mis sous silence, comme s’il était réglé, notamment sur la maintenance qui doit rester l’élément clé pour une vraie approche européenne afin de ne pas revivre les dérives du TRANSALL. Par contre, la dimension européenne et de sécurité nationale est bien affirmée pour lutter contre le terrorisme, pour la gestion de crise, la continuité d’activité (incluse théoriquement dans la gestion de crise…), la vigilance  NRBC et la cyber-sécurité en activant la réserve citoyenne mais sans mettre en avant l’académie de gendarmerie européenne. Enfin, on aborde le domaine des satellites avec Galiléo, vrai autre projet européen qui devrait davantage être mis en porte étendard pour rappeler que la coopération européenne est possible et nécessaire.

 

A Suivre : partie VIII sur l’industrie de défense et de sécurité

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 10:55
Un Livre blanc sur la défense : consolidation et contradiction (1)

15/07/2013 François CHARLES (ancien responsable d’affaires industrielles Europe et Asie à la DGA, DESS Défense, Président de l’IRCE).

 

LE CERCLE. Au lendemain d’un séminaire européen de haut niveau où j’ai entendu des militaires européens demander des directives politiques, à l’heure où le Président de la République ne parle que d’Europe, je m’attendais à un livre nouveau. Le dernier livre blanc sur la défense a été rendu public le 20 avril 2013.

 

Cinq ans après le dernier livre blanc, certains y trouveront certes une dimension stratégique à 15 ans qui consolide les aspects de « sécurité », passant parfois outre certaines réalités particulières de la défense. J’y ai trouvé certains souhaits et des contradictions du fait de la façon cloisonnée dont est écrit ce livre pour lequel j’ai contribué auparavant. Je n’y ai pas trouvé la phrase qui dit que la France sera aussi ou plus forte si l’Europe est plus forte. Je me demande aussi parfois si le LB est un document de « politique  générale » ou s’il reflète les états d’âmes et s’il ne pourrait pas enfin bénéficier de certaines méthodes de réflexion stratégiques et opérationnelles, très peu connues et utilisées en haut lieu.

 

Ce livre blanc, qui réaffirme certaines positions, est raisonnable sur les moyens en réorientant sur l’essentiel, prend peu position sur l’industrie, sur les meilleures coopérations, sur une certaine façon de tirer profit de l’OTAN, ou comment mieux construire avec les autres. Les études et événements de l’IRCE et d’autres ONG tenteront donc d’y répondre. Pourtant cela commençait bien… « Ecrit avec un Allemand et un Britannique (...) cette ouverture a un sens ». Il est de plus fait état du constat de la réorientation étasunienne sur l’Asie avec  une certaine demande aux Européens de se prendre en charge, de la nécessaire « capacité d’initiative et d’entraînement » française pour répondre au besoin collectif, et de la nécessité de rendre possible une « mobilisation et une coordination des ressources ». C’était sans compter hélas sur la sempiternelle façon de voir l’Europe uniquement par une vision d’ailleurs partielle de son moteur qui n’est rien sans le véhicule,  et inversement.

 

I - La France dans le nouveau paysage stratégique. « La France reste dans le groupe des cinq ». Mais je rajouterais une interrogation quant à la prise de conscience, parfois, que nous sommes forts sur la scène internationale et européenne même face aux Britanniques et leur logique différente de défense maritime et face aux Allemands qui ont inclus la notion d’Europe dans leur constitution. Mais cette prise de conscience doit nous dire aussi que nous ne sommes qu’une partie du moteur, qu’il en manque peut-être certaines pièces essentielles et doit nous donner des cartes de négociations plutôt qu’une légitimité à faire seuls.

 

II – Les fondements de la stratégie de défense et de sécurité nationale. On y parle de « souveraineté » et de moyens d’influencer, de « capacités » permettant également de s’engager dans des politiques de dépendance mutuelle avec ses partenaires de l’Union Européenne ». Mais ensuite apparaissent des mots en trop, qui montrent une volonté d’Europe mais en pensant surtout à soi. On parle bien entendu d’intérêts vitaux sans les définir pour mieux les adapter aux circonstances. Je vois bien là certains propos non raisonnés de souveraineté également « globale ». La phrase magique apparait enfin mais bien tardivement alors qu’elle aurait du figurer en tète pour ouvrir le débat : « La France est prête à une plus grande spécialisation des nations européennes fondée sur la reconnaissance des pôles d’excellence ». Elle se referme ensuite bien vite pour « assurer la légitimité de nos actions » avec des « relations régies par le droit ».

 

III -  L’Etat du monde. Trois grands facteurs dimensionnant apparaissent pour l’Europe et la France notamment pour ses missions dans l’océan indien et pacifique : la Chine, les révolutions arabes et l’évolution stratégique étasunienne qui conserve le premier budget militaire avec 41% des dépenses mondiales en 2012. Ne pourrait-on pas demander finalement ce qu’en pense l’Europe pour une présence dans ces régions au-delà d’une simple voix forte qui n’existe d’ailleurs pas ? Il est fait état de « la crise de l’euro né dans le prolongement de la crise financière » alors que notre monnaie n’a jamais été en crise et nous a au contraire protégés contre les spéculations.

 

« L’Europe n’est pas prête à prendre le relais » mais nous posons-nous les bonnes questions et savons nous suffisamment tirer profit de l’incubateur qu’est l’OTAN ? Nous cherchons un juste équilibre entre la prise de conscience des menaces et les sentiments nationaux en cas de problème de croissance et de situation économique défavorable. Il est intéressant de lire qu’an Asie, les budgets de défense additionnés de la Chine, de la Corée du sud, de l’Inde et du Japon, sont supérieurs au budget de l’Union et que les différends territoriaux peuvent rouvrir les plaises non cicatrisées. Mais il serait peut être intéressant de s’en servir pour resserrer nos rangs au-delà d’un simple constat.

 

Le passage sur la Russie oublie ses origines. Il manque d’une façon générale, une vraie application de la théorie des organisations. Si les menaces chimiques inquiètent toujours depuis 1916 et si les menaces informatiques et le cyberterrerisme peuvent aussi bien rassembler que diviser, le risque biologique sécuritaire est presque oublié, pourtant accru par la mondialisation.

 

Cette photo du monde parle certes du changement climatique qui ouvre la route glacière Nord mais n’aborde pas le nucléaire civil, et surtout les volontés d’indépendance énergétiques, des risques liés à l’eau et au pétrole et oublie donc la segmentation européenne. Mais la souhaite-t-on vraiment ?

 

IV – Priorités stratégiques. Elles sont traditionnelles : « protéger le territoire national et nos ressortissants » mais sans parler de défense civile ni économique, « garantir la sécurité en Europe et l’espace nord atlantique », « stabiliser les approches de l’Europe ». Mais également… « Stabilité de l’Orient et du golfe persique » avec enfin un regard sur le pétrole, « politique de voisinage » notamment avec la Russie et le pourtour méditerranéen. Mais Cette fois-ci le Pacifique est oublié. Allez savoir. On y parle aussi d’architecture de sécurité collective. Un autre aspect valorisant la sécurité pour la paix dans le monde est de mentionner Atalante, la première opération navale d’ampleur de l’UE contre la piraterie, un clin d’œil pour l’approche globale défense et sécurité militaire et civile, sur laquelle tout le monde n’est pas d’accord au sein du ministère (…) et la logique britannique de protection des convois.

 

« L’ouverture du conseil de sécurité à de nouveaux membres  dont l’Inde » est intéressante mais sans donner de critères d’intégration pourtant essentiels, comme nous en avons pour l’UE. Le fait d’envoyer une fusée et d’acheter des avions de chasse n’est certainement pas suffisant. Il n’est pas beaucoup fait état de l’Afrique, soit pour faire oublier cette toute puissance ou cette légitimité que nous avons, soit pour ne pas savoir assumer la représentativité de l’Europe, qui fut néanmoins présente au Mali, alors que nous scandons que nous sommes forts ? Peut-être que la menace n’était pas devenue suffisamment  importante au regard des autres pays ? Ou alors, prenons-nous seulement conscience que l’Afrique était autrefois essentiellement colonisée par deux grandes nations et que la communauté malienne est la plus grande en France ? Ou enfin,…faut-il remercier les Chinois de nous avoir laissé faire à l’ONU pour protéger en fait leurs intérêts économiques croissants en Afrique ? Je préfère dire que l’Europe y est allée d’elle-même et me souvenir de ce Malien, me croisant dans une grande entreprise audiovisuelle, et remerciant chaleureusement l’UE pour son intervention en voyant l’insigne étoilé de ... l’IRCE.

 

A suivre...

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 14:55
Rôle et l’organisation de la DGA en matière de cyberdéfense

10 juillet 2013 - Commission de la défense nationale et des forces armées

 

Compte rendu n° 85 Séance de 16 heures 30 Mercredi 10 juillet 2013

 

Audition de l’ingénieur en chef de l’armement Guillaume Poupard, responsable du pôle de sécurité des systèmes d’information à la Direction générale de l’armement, sur le rôle et l’organisation de la DGA en matière de cyberdéfense, ainsi que sur les perspectives ouvertes en la matière par le Livre blanc.

 

La séance est ouverte à seize heures trente.

 

Mme la présidente Patricia Adam. La cyberdéfense sera l’un des grands enjeux des années à venir : nous voulions donc vous entendre dans le cadre de la préparation de la prochaine loi de programmation militaire.

Ingénieur en chef de l’armement Guillaume Poupard, responsable du pôle de sécurité des systèmes d’information à la Direction générale de l’armement. Merci de me donner l’occasion d’expliquer ce que fait la direction générale de l’armement (DGA) en matière de cyberdéfense. Ce n’est pas un sujet neuf, mais il évolue très rapidement. Nous nous efforçons d’avoir tous les moyens techniques pour suivre ces menaces et y répondre.

Je commencerai par dire quelques mots de notre organisation. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), dirigée par M. Patrick Pailloux et placée sous l’autorité du Premier ministre, s’occupe de toutes les questions interministérielles, et épaule de plus en plus ceux que nous appelons des « opérateurs d’importance vitale », publics ou privés, dont la sécurité est essentielle pour la Nation. Elle se charge à la fois des aspects techniques et opérationnels.

Le ministère de la Défense est un peu à part, car le nombre de systèmes qu’il doit protéger est considérable – qu’il s’agisse de systèmes classiques comme des réseaux informatiques, installés sur notre territoire ou déployés en opérations extérieures, ou de systèmes d’armes, potentiellement vulnérables. Au sein du ministère, une mission opérationnelle est chargée de répondre aux attaques ; elle est dirigée par le contre-amiral Arnaud Coustillière et notamment armée par le CALID, centre d’analyse en lutte informatique défensive. Le pendant technique de cette mission opérationnelle est confié à la DGA, au pôle « sécurité des systèmes d’information » dont je suis le responsable et qui traite plus largement de tous les aspects de la cyberdéfense et de la cybersécurité en général. Ce pôle technique est en grande partie installé à Bruz, près de Rennes, au centre DGA Maîtrise de l’information, qui concentre de vastes capacités d’expertise dans divers domaines liés aux technologies de l’information. Cette séparation entre technique et opérationnel fonctionne très bien dans la pratique ; nous entretenons des liens forts, quotidiens, qui vont jusqu’à des échanges de personnels.

Nos liens avec l’ANSSI sont forts et anciens : il n’y a pas là de séparation entre civils et militaires. Nous travaillons ensemble pour concevoir et réaliser des produits de sécurité, notamment en réponse à des besoins de souveraineté, en matière de cryptographie par exemple. Le développement est réalisé par la DGA, avec des industriels et l’approbation, en vue de classification défense, est faite par l’ANSSI : cette organisation est bien rodée.

Nous travaillons évidemment avec d’autres ministères ainsi qu’avec des laboratoires de recherche. La coordination de tous ces acteurs nous permet, nous l’espérons, d’apporter une réponse efficace aux enjeux de cyberdéfense.

Une partie de nos activités relève de la sécurité des systèmes d’information classiques : il s’agit de spécifier des besoins en termes de protection de l’information au sein des réseaux pour les Forces, mais également pour répondre aux besoins interministériels. Nous développons ensuite les produits que l’on ne trouve pas sur étagères, en raison de leur niveau d’assurance élevé qui leur permet de protéger de l’information classifiée de défense. Pour reprendre l’exemple cité précédemment, nous concevons nos propres mécanismes de cryptographie : c’est un domaine très sensible et la France fait partie des quelques pays au monde à même de mener à bien ces tâches. Il en va de même pour les composants électroniques de sécurité, que nous savons produire nous-mêmes, ce qui est indispensable pour construire des systèmes vraiment fiables. En relation étroite avec certains industriels de confiance, nous réalisons donc ces équipements qui permettent de sécuriser les systèmes d’information comme les systèmes d’armes.

Par ailleurs, nous nous efforçons d’améliorer notre connaissance de la menace, afin de l’anticiper au mieux. En matière de cyberdéfense, il faut être extrêmement modeste : il est difficile de se protéger des menaces que l’on ne connaît pas. Nous sommes plus sûrs de nous dans certains domaines comme la cryptographie où nous sommes capables aujourd’hui de construire des algorithmes que nous savons être très robustes grâce à des systèmes de preuves mathématiques. Dans le domaine des attaques informatiques en général, il n’y a pas « d’échelle de mesure » : nous essayons de nous défendre des menaces que nous connaissons, et c’est déjà beaucoup. C’est pourquoi nous nous efforçons de bien connaître la menace potentielle et d’anticiper les attaques et restons donc plutôt optimistes.

Enfin, nous avons absolument besoin de disposer d’industriels de confiance capables de réaliser nos systèmes : c’est un aspect que l’on ne peut pas laisser au hasard. Nous finançons donc des travaux de recherche et développement (R&D). Nous travaillons avec des laboratoires académiques – la recherche est riche en France dans le domaine de la sécurité – en finançant des thèses et des travaux de recherche au moyen de conventions. Nous soutenons également des PME : les projets RAPID (régime d’appui à l’innovation duale) les aident à développer des technologies innovantes, qui deviendront des solutions intéressantes pour demain. Ces projets RAPID représentent environ trois millions d’euros par an dans le domaine de la cyberdéfense. Enfin, de longue date, la DGA finance des « études amont » : ce sont des contrats de R&D que nous passons avec des industriels et des laboratoires académiques et qui nous permettent de préparer le futur, d’identifier des risques ou de lever des verrous technologiques, afin de dégager de nouvelles voies de développement et de monter en gamme. Ils sont, en matière de cybersécurité, en croissance très forte : il y a deux ans, nous étions à 10 millions d’euros par an ; notre budget sera pour cette année d’environ 22 à 23 millions d’euros ; à court terme, nous pensons atteindre 30 millions d’euros par an. M. le ministre a confirmé l’importance de ces études lors de sa récente visite à Rennes.

Notre premier sujet d’intérêt est la sécurité des systèmes d’information et de communication. Notre niveau de maîtrise nous rend relativement confiants. Nous travaillons beaucoup, en particulier, sur l’architecture des réseaux.

Nous travaillons aussi sur la sécurité des systèmes d’armes, qui évolue très rapidement : ces systèmes sont de plus en plus complexes, de plus en plus interconnectés et intègrent de plus en plus souvent des briques technologiques acquises sur étagères car on ne peut plus tout redévelopper, et ce ne serait de toute façon pas efficace. Ces systèmes sont donc dans le principe de plus en plus vulnérables à des attaques qui viendraient de l’extérieur et qui toucheraient des composants utilisés dans le domaine civil comme dans le domaine militaire. Sur les anciens systèmes d’armes, nous sommes assez sereins, la notion de cyberattaque ne s’appliquant que difficilement, et nous travaillons donc à parer les attaques potentielles sur les nouveaux matériels, même si elles devaient venir d’adversaires de très haut niveau.

Le troisième domaine sur lequel nous travaillons est celui des systèmes industriels, parfois appelés SCADA (supervisory control and data acquisition, c’est-à-dire télésurveillance et acquisition de données). L’affaire Stuxnet, du nom de l’attaque présumée contre les centrales d’enrichissement iraniennes, a montré la réalité de ces menaces. Ces systèmes industriels sont en effet présents partout, chez les opérateurs privés, mais aussi dans tous les équipements civils ou militaires : un navire militaire compte aujourd’hui de très nombreux automates directement issus du domaine civil, qu’il faut protéger. Nous travaillons également sur les infrastructures accueillant ces plateformes militaires.

Les questions de cybercriminalité – toutes les attaques assez simples techniquement contre des systèmes relativement peu protégés, comme les escroqueries ou les attaques de systèmes sur l’Internet – ne sont en revanche pas de notre ressort. Nous nous intéressons à des systèmes durcis, relativement fermés, qu’il faut protéger d’attaquants de très haut niveau.

En termes de moyens, nous avons essentiellement besoin d’experts très pointus. Nous sommes en très forte croissance : à la fin de l’année 2010, nous disposions de 160 personnes ; nous sommes aujourd’hui 260. La limite à laquelle nous nous heurtons est notre capacité à intégrer et à former les nouvelles recrues de façon efficace. Nous avons la grande chance de disposer des moyens pour les recruter et de pouvoir trouver les bonnes personnes : on dispose en France, aujourd’hui, d’ingénieurs de très haut niveau. Nous espérons dépasser les 400 experts en 2017, ce qui est cohérent avec la montée en puissance de l’ANSSI et des effectifs opérationnels dirigés par le contre-amiral Coustillière.

L’enjeu essentiel est finalement de mener un travail d’architecture intelligent. Nous intervenons lors de la conception des programmes d’armement pour intégrer dès le départ les questions de sécurité, y compris dans les systèmes d’armes, ce qui est assez nouveau dans certains domaines. L’idée est de dessiner pour ces systèmes une architecture d’ensemble qui permettra de les protéger et de les défendre : certaines briques pourront être prises sur étagères, en France ou même à l’étranger, comme des logiciels libres que nous modifions en fonction de nos besoins ; d’autres briques devront être conçues par des industriels de confiance ; d’autres enfin, aujourd’hui assez rares, devront être réalisées en maîtrise d’œuvre étatique, car elles forment le cœur du système. Nous réalisons ainsi nous-même les algorithmes de cryptographie, car sans eux, l’ensemble du système peut s’effondrer. Tout le travail est de concilier un niveau de confiance élevé avec des niveaux d’efficacité, de coût, de délais, compatibles avec les exigences des programmes d’armement.

Mes équipes comptent donc une cinquantaine d’architectes directement au contact des programmes et qui pensent la sécurité à toutes les étapes du développement d’un système. Cela concerne aujourd’hui tout ce qui est développé par la DGA : aucun domaine n’est épargné par les questions de cyberdéfense.

Nous nous appuyons pour cela sur des industriels. La France a aujourd’hui la chance de compter des industries de grande taille et performantes dans ce domaine – c’est rare. Nous sommes également riches en PME dynamiques. Enfin, beaucoup de personnes sont mobilisées à titre personnel dans le domaine de la cyberdéfense – je pense notamment à la réserve citoyenne, qui compte désormais un groupe de réservistes spécialisés en cyberdéfense, dont le coordinateur national est Luc-François Salvador, et dont l’engagement est remarquable.

Le Livre blanc l’a clairement dit : la cyberdéfense est un sujet de souveraineté. Cela ne signifie pas du tout un repli sur soi : cela montre au contraire que nous devons être autonomes et forts pour être crédibles vis-à-vis de nos grands partenaires – ce sont eux qui nous en ont avertis, d’ailleurs. Nous devons être capables, seuls, de protéger nos secrets - étatiques ou industriels – pour être des partenaires avec lesquels on n’aura pas peur d’échanger des informations sensibles et donc pour nouer des alliances.

L’ouverture aux autres se fait ensuite le plus souvent par le biais opérationnel, de préférence de manière bilatérale d’abord, puis avec des partenaires plus nombreux. Évidemment, c’est plus complexe : garder des secrets à vingt-huit, c’est une évidence, n’est pas facile. Mais il est important de mener des opérations multilatérales : les menaces concernent rarement un seul pays. La coopération, au niveau de l’OTAN comme de l’Union européenne, est donc tout à fait essentielle.

En matière de cyberdéfense, il n’est pas inutile d’avoir peur : les dégâts pourraient être considérables. Il faut sonner l’alarme – sans tenir un discours purement anxiogène car le but n’est pas de décourager. Mais il faut vraiment prendre ces menaces au sérieux avant d’être confronté à une catastrophe. Je ne suis pas pessimiste sur ce point : il me semble que beaucoup de gens prennent conscience de l’importance de ces enjeux, notamment en matière de souveraineté.

Je voudrais enfin dire quelques mots de la formation. La France forme aujourd’hui des ingénieurs et des docteurs de très haut niveau. En revanche, aux niveaux inférieurs, nous manquons de filières de formation. Des initiatives sont en cours, notamment dans la région Bretagne. Plus généralement, il faudrait mieux prendre en charge la formation de tous à ce que Patrick Pailloux appelle « l’hygiène informatique ». Les cyberattaques sont rarement totalement automatisées ; le facteur humain est essentiel. Il faut donc adopter des règles élémentaires de sécurité – ne pas utiliser une clé USB dans un ordinateur personnel puis professionnel, ne pas utiliser des moyens professionnels à des fins personnelles et inversement, ne pas utiliser le même mot de passe partout… Ce n’est pas si facile : nous faisons tous des erreurs de sécurité. Ce travail sur l’hygiène informatique est pourtant essentiel ; il faut le mener dans les entreprises, mais aussi dès l’école.

M. Jean-Michel Villaumé. Ces enjeux sont très présents dans le Livre blanc et le seront aussi, je l’espère, dans la LPM. Vous semblez plutôt rassurant sur la cyberdéfense : développez-vous aussi des capacités d’attaque ?

Quels sont nos partenaires pour construire une Europe de la cyberdéfense ?

M. Guillaume Poupard. Le Livre blanc aborde la question des cyberattaques. Ce sont évidemment des sujets classifiés… Ce que je peux vous dire, c’est que les travaux de R&D concernent à la fois la défense et l’attaque : tout ce que l’on peut savoir sur les menaces et les technologies du cyberespace concerne aussi bien l’offensif que le défensif.

L’Europe est un sujet difficile. Nos maîtres d’œuvre industriels m’ont fait remarquer que bien qu’ils soient le plus souvent européens, on leur demande de cloisonner leurs travaux ; chaque pays leur demande de travailler « en silos », avec des équipes qui travaillent côte à côte. Mais si certaines choses relèvent vraiment de la souveraineté, d’autres pourraient utilement être mutualisées, notamment en R&D. Il faut donc certainement renforcer le dialogue entre les États, mais l’idée de passer par les industriels me paraît très intéressante, d’autant plus s’ils sont demandeurs.

M. Éduardo Rihan Cypel. La cyberdéfense relève à coup sûr de la souveraineté, mais il y a plusieurs niveaux de souveraineté : il faut protéger notre pays, mais aussi nos entreprises et nos libertés individuelles. Vous avez raison : avec des gestes simples, nous pouvons tous mieux protéger nos données personnelles. S’agissant des entreprises – toutes nos grandes entreprises ont, je crois, été attaquées –, quel est votre point de vue ? Faut-il prévoir de nouvelles normes ?

L’affaire Snowden le montre : il faut absolument construire l’Europe de la cyberdéfense, qui pourrait d’ailleurs constituer un moyen d’avancer vers une Europe de la défense. La France a, je crois, fait les choix qu’il fallait avec le Livre blanc, même si ces choix devront être confirmés par la LPM. Mais l’Europe adopte-t-elle une bonne stratégie en matière de cybersécurité et de cyberdéfense ? L’avance française peut-elle favoriser une prise de conscience plus générale ?

Où en sont les entreprises françaises ? Elles sont très dynamiques et en forte croissance, mais sont-elles assez nombreuses ? Sont-elles assez protégées ?

M. Guillaume Poupard. La souveraineté, vous avez raison, concerne aussi les entreprises et les particuliers.

La France vit une situation paradoxale : nous sommes très sensibles à la question des fichiers, et la CNIL a beaucoup travaillé pour éveiller les consciences ; mais nous utilisons énormément les différents réseaux sociaux… Il faut inlassablement rappeler que le droit à l’oubli n’existe pas en matière numérique. Rien n’est gratuit : « quand c’est gratuit, c’est vous le produit. » Il faut donc un effort de formation.

S’agissant des entreprises, la protection du patrimoine scientifique et technique est absolument essentielle.

Les grandes sociétés doivent se donner les moyens de protéger leurs informations. Beaucoup ont aujourd’hui pris conscience de la réalité des problèmes. La LPM comportera sans doute une obligation nouvelle de déclaration d’incident : cela me semble essentiel. Cela permettra aux services de l’État de mieux connaître les menaces et de mieux réagir.

Pour les PME, la situation est très différente : on ne peut pas demander à une PME de dix personnes d’embaucher trois spécialistes en informatique… Il faut donc leur proposer des solutions à leur portée, tant financièrement que techniquement. Aujourd’hui, des offres de clouds sécurisés sont lancées en France, d’ailleurs financés en partie par l’État : elles apporteront une solution d’infogérance sûre. Ces offres seront en concurrence avec des offres étrangères, certes très efficaces, mais auxquelles on ne peut pas accorder la même confiance. Des offres nationales, ou européennes, doivent exister.

Le niveau de sécurité de nos entreprises est aujourd’hui insuffisant, l’actualité nous le rappelle régulièrement. On dit en ce domaine qu’il y a les gens qui ont été attaqués et ceux qui ne le savent pas encore… Il faut être très modeste, et le fait qu’aucune alerte ne se déclenche n’est pas rassurant. Il faut « chercher les ennuis » – la plupart de ceux qui ont cherché à détecter des attaques en ont trouvé ! Il y a bien sûr des attaques plus ou moins graves, allant du site Internet défiguré à la copie de fichiers client, voire au vol de savoir-faire technologique.

S’agissant de l’Europe de la cyberdéfense, elle est aujourd’hui embryonnaire – c’est même un euphémisme. Mais certains pays sont volontaires, comme l’Estonie, qui a été durement attaquée. Nous devons donc trouver des partenaires pour avancer.

Mon sentiment est toutefois que beaucoup de pays ont déjà renoncé, et veulent être protégés plus qu’ils ne veulent prendre en main leur propre cybersécurité. C’est contre cette attitude qu’il faut aller, en leur faisant prendre conscience que beaucoup peut être fait au niveau européen.

M. Christophe Guilloteau. Comment se fait le lien entre les différentes unités qui s’occupent de cyberdéfense ? Nous sommes, je crois, au tout début d’une large prise de conscience sur ce sujet d’avenir : sera-t-il abordé au Conseil européen du mois de décembre ?

M. Guillaume Poupard. Par rapport à notre grand allié d’outre-Atlantique, nous avons la chance d’être petits : la coordination est plus facile… Le contre-amiral Coustillière a réussi à rassembler sous sa direction les équipes opérationnelles de cyberdéfense. Ensuite, il y a l’ANSSI et le pôle que je dirige, dont les experts techniques sont rassemblés à Bruz. Il n’y a donc pas d’éparpillement. De plus, nous soignons beaucoup la qualité humaine des échanges, afin de construire une communauté solidaire où, même si nous serons plus nombreux demain, on saura faire appel à la bonne personne, parce qu’on la connaît. Le CALID et l’ANSSI sont d’ailleurs depuis peu logés dans les mêmes locaux.

La cyberdéfense a été abordée au cours de presque tous les sommets internationaux depuis deux ans : il faut maintenant aller au-delà, et embrayer sur des choses concrètes. C’est plus difficile. Mais cela viendra.

M. Jean-Yves Le Déaut. Monsieur Poupard, vous avez eu raison de souligner qu’il était important de bien maîtriser le numérique, mais encore faut-il qu’existe une bonne gouvernance internationale de ce secteur. La jugez-vous satisfaisante aujourd’hui ? À mon sens, un pays, certes allié et ami, la domine.

Les systèmes sont de plus en plus interconnectés et deviennent donc davantage vulnérables ; dans quels domaines de ces systèmes devons-nous assurer notre souveraineté ? Les logiciels ne feraient-ils pas partie de ce champ stratégique, comme pourrait l’attester, dans le cas des drones, notre volonté de séparer la fourniture des équipements de celle de l’appareil ? Nous pouvons cependant douter de la possibilité d’effectuer une disjonction totale, surtout que nous n’aurons jamais accès aux codes sources de logiciels possédés par plusieurs structures. Or il est tout à fait possible de connaître le réseau et le flux d’informations dès que l’on est connecté à un système informatique.

Vous avez affirmé qu’il était positif que l’ANSSI et les militaires disposent d’un lieu pour se retrouver. Dans mon travail de rédaction du rapport pour avis sur l’environnement et la prospective de la politique de défense, j’éprouve des difficultés à percevoir les liens entre l’académie et le système militaire ; les relations avec l’université et l’institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) restent insuffisantes. Il est nécessaire de développer la recherche pour pouvoir bien connaître les menaces contre lesquelles nous devons lutter. Pensez-vous que la liaison avec la recherche civile soit assez développée et comment pourrions-nous la renforcer ?

M. Guillaume Poupard. Il ne m’appartient pas de me prononcer sur la question de la domination de l’Internet, d’autant que la réponse est évidente pour tout le monde.

L’Internet ne constitue pas pour nos applications militaires le support naturel de nos échanges d’informations. Cela serait pourtant pratique et peu cher, mais nous utilisons des satellites et des moyens de radio « propriétaires » – dont le développement s’avère coûteux – car ils nous procurent une confiance dans nos moyens de communication que l’Internet et le GSM ne nous garantissent pas.

Nous ne souhaitons pas maîtriser la conception de l’ensemble des matériels – depuis les transistors jusqu’aux applications logicielles – et, de toute façon, nous ne le pouvons pas. Le travail d’architecture que nous menons vise à déterminer ce qu’il nous faut développer nous-mêmes – ou commander à un partenaire industriel de confiance – pour maîtriser le système que l’on utilise. Nous ne fabriquons plus de microprocesseurs, mais nous produisons des composants électroniques de sécurité et nous intégrons les algorithmes cryptographiques que nous développons dans des puces dont nous surveillons la conception et la réalisation. C’est dans ces domaines que nous concentrons nos besoins de souveraineté ; nous maîtrisons donc certains éléments et nous analysons ce qui nous échappe, afin de disposer de systèmes globalement sécurisés. En outre, ce n’est pas parce que tout n’est pas maîtrisé que le système dans son ensemble ne disposera pas d’un bon niveau de sécurité. L’opinion commune selon laquelle la sécurité d’un système équivaut à celle du plus faible de ses composants s’avère heureusement fausse.

Nous maîtrisons mieux certains logiciels que d’autres, nous ne possédons pas toujours les sources, mais nous n’en avons pas toujours besoin, car leur lecture est complexe et leur lien avec le produit final pas toujours garanti. En revanche, il faut être capable de vérifier la qualité de certaines fonctions de sécurité, ce qui nécessite des compétences et le droit d’y procéder ; le code de propriété intellectuelle n’autorise en effet la rétroconception des logiciels que pour des raisons d’interopérabilité et non de sécurité. Une évolution légale autorisant l’État à effectuer cette rétro-analyse serait ainsi utile.

Nous travaillons au renforcement des liens avec la recherche académique et nous avons déjà développé des relations étroites avec l’INRIA – nous disposons ainsi d’une convention spécifique pour des thèses en cyberdéfense. Des financements de thèses dans des laboratoires tel que celui dit de haute sécurité informatique à Nancy existent par ailleurs, notamment dans le domaine de la virologie. Cela étant, il y a beaucoup de sujets intéressants, un peu moins de chercheurs de haut niveau – car le sujet de la cyberdéfense est récent dans le monde académique – et encore moins de doctorants pouvant ensuite être habilités dans le monde de la cyberdéfense française.

M. Sylvain Berrios. Un référentiel général d’interopérabilité (RGI) et un référentiel général de sécurité (RGS) pour l’ensemble de l’État ont été publiés il y a trois ans, mais il ne me semble pas que l’équivalent existe pour la sphère privée. Quelle est l’implication du ministère de la Défense et de vos services dans ce RGI et ce RGS ? Ceux-ci ont-ils bien été mis en place et respectés par les services de l’État ?

M. Guillaume Poupard. La mise en œuvre du RGS et du RGI dans le ministère de la Défense n’est pas du ressort de mes attributions, mais, si nous n’en appliquons pas systématiquement la lettre, nous en respectons l’esprit. Dans des conditions difficiles comme les opérations extérieures (OPEX), il convient parfois de déroger au RGS pour des raisons d’efficacité ou pour pouvoir travailler en coopération avec d’autres pays de l’OTAN. L’ANSSI est responsable de leur diffusion au sein de la sphère privée, mais nous sommes également concernés, puisque les industriels de défense font partie des opérateurs d’importance vitale (OIV) et que nous devons veiller à ce que les informations dont ils disposent soient protégées ; nous travaillons donc avec eux pour qu’ils mettent en place des méthodes efficaces de protection de leurs données et nous songeons d’ailleurs à élaborer une norme que l’on pourrait développer facilement sur la base du RGS.

M. Sylvain Berrios. Qu’en est-il de l’application du RGS dans les autres départements ministériels ?

M. Guillaume Poupard. Je ne connais pas la réponse à cette question.

Mme Marianne Dubois. Monsieur Poupard, quel est le budget de votre service ?

Les doctorants qui ne souhaitent pas vous rejoindre préfèrent-ils travailler dans le privé pour des raisons financières ?

M. Guillaume Poupard. Nous engageons trois millions d’euros par an pour le soutien aux PME en cyberdéfense. Nous pouvons sûrement faire davantage mais notre objectif est d’utiliser cette ressource financière de manière ciblée pour des acteurs motivés. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux et le dispositif devrait par conséquent monter en puissance.

Dans le domaine des études réalisées en amont des projets – principal outil financier à ma disposition –, je suis satisfait des moyens dont je dispose puisqu’ils ont triplé et sont passés de 10 à 30 millions d’euros ; cet effort considérable – même si nous partions d’un niveau relativement faible face aux enjeux – prouve que nous sommes écoutés. Notre principal point de vigilance concerne notre capacité à engager ces crédits de manière efficace et il nous faut développer des idées novatrices avec les bons acteurs académiques et industriels.

Nous développons et achetons également les équipements des forces et la loi de programmation militaire (LPM) devrait fortement augmenter nos moyens en la matière. Notre tâche consiste à nous assurer que des équipements adaptés sont fournis aux utilisateurs.

Nous ne rencontrons pas de difficultés pour recruter des personnes d’excellent niveau et nous avons même attiré des individus dotés d’un CV pouvant rendre envieux n’importe quel géant du numérique. Nous les embauchons à un salaire probablement moins élevé que ce qu’ils pourraient percevoir outre-Atlantique, mais nous leur offrons un environnement de travail de qualité et surtout des sujets passionnants qui ne se retrouvent pas ailleurs. Nous faisons le pari que l’intérêt du métier suffit pour continuer d’attirer de très bons éléments.

Lorsque l’on est diplômé en informatique et que l’on peut trouver du travail en quelques jours, débuter une thèse exige de posséder un fort intérêt pour la recherche académique. Nous devons nourrir cette motivation en mettant en avant, là encore, l’intérêt du travail, la réévaluation des bourses de thèses – pour nécessaire qu’elle soit – n’étant qu’une question secondaire.

Mme la présidente Patricia Adam. Nous vous remercions, Monsieur Poupard, de cet exposé complet et clair. Nous recevrons M. Patrick Pailloux, directeur général de l’ANSSI, mardi 16 juillet.

La séance est levée à dix-sept heures trente.

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Membres présents ou excusés

Présents. - Mme Patricia Adam, M. Sylvain Berrios, M. Jean-Jacques Bridey, M. Jean-Louis Costes, Mme Marianne Dubois, M. Yves Fromion, Mme Geneviève Gosselin-Fleury, M. Christophe Guilloteau, M. Jean-Yves Le Déaut, Mme Émilienne Poumirol, M. Eduardo Rihan Cypel, M. Gwendal Rouillard, M. Jean-Michel Villaumé, M. Philippe Vitel, Mme Paola Zanetti

Excusés. - M. Ibrahim Aboubacar, M. Claude Bartolone, M. Philippe Briand, M. Jean-Jacques Candelier, M. Laurent Cathala, M. Sauveur Gandolfi-Scheit, M. Serge Grouard, Mme Edith Gueugneau, M. Éric Jalton, M. Frédéric Lefebvre, M. Bruno Le Roux, M. Maurice Leroy, M. François de Rugy

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