L'Allemagne, la France et l'Italie "estiment indispensable de disposer au plus vite d'une vraie proposition technique et financière, pertinente, pouvant servir utilement de base à la négociation et préparation d'un premier contrat d'études", a expliqué le délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon (Crédits : Dassault Aviation)
19/06/2015 Michel Cabirol – LaTribune.fr
L'Allemagne, la France et l'Italie se disent satisfaites des avancées enregistrées dans la mise en place de l'organisation étatique du programme du futur drone européen de surveillance et reconnaissance.
Belle partie de poker menteur entre les trois États - Allemagne, France et Italie -, qui veulent lancer un drone MALE européen et les industriels pressentis pour participer au programme, Airbus Group, Dassault Aviation et l'italien Finmeccanica. Le président du géant européen dans l'aéronautique civile, Tom Enders, a menacé vendredi de retirer son groupe du projet si les gouvernements nationaux s'ingéraient trop dans la phase industrielle.
"La répartition des tâches doit être faite intelligemment et non pas d'une manière hautement politisée, fragmentée entre les pays", a-t-il tempêté dans une interview au "Financial Times", le quotidien économique britannique où il a pris ses habitudes. "Je n'hésiterai pas à me retirer de projets si j'ai le sentiment que cela mène droit dans le mur", a-t-il précisé.
Un nouveau coup de gueule de Tom Enders - une tactique qu'il maîtrise bien - qui refléterait l'état d'esprit des deux autres industriels, Dassault Aviation et Finmeccanica, selon le quotidien économique "Les Echos", qui a titré ce vendredi "Drone européen : Dassault s'impatiente".
Le délégué général pour l'armement confiant dans le programme
Croisé dans les allées du salon du Bourget, le délégué général pour l'armement (DGA) Laurent Collet-Billon s'est pourtant félicité d'avoir pu constater avec la secrétaire d'État allemande, Katrin Suder, et le général Stefanini, patron du secrétariat général italien pour la Défense (Segredifesa), les avancées enregistrées dans la mise en place de l'organisation étatique du programme.
"Les trois parties estiment indispensable de disposer au plus vite d'une vraie proposition technique et financière, pertinente, pouvant servir utilement de base à la négociation et préparation d'un premier contrat d'études, a-t-il expliqué à La Tribune. Elles se félicitent également du maintien de l'enthousiasme de l'industrie pour ce projet".
Un budget pour faire quoi exactement
Une fois la décision politique acquise, encore faut-il harmoniser ensuite le besoin capacitaire et le calendrier de mise en service d'un futur drone MALE européen dans les trois armées. "Notre effort en matière de drones de surveillance et d'ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance, ndlr) devrait être accentué, avec notamment, dès cette année, le lancement des études relatives au futur drone européen, que la France envisage à l'horizon 2025 avec l'Allemagne et l'Italie", avait déclaré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse en mars.
Ce sont sur les études où cela se complique. Car d'aucuns s'interrogent sur l'utilisation des 60 millions d'euros, la somme attribuée aux industriels pour une première étude de faisabilité, via l'OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement). "60 millions d'euros soit l'équivalent de plusieurs centaines d'ingénieurs pour écrire pour la quatrième ou cinquième fois, des spécifications, c'est curieux", explique-t-on à la Tribune. Car en matière de drone MALE, les industriels ont beaucoup travaillé mais aucun de leurs programmes n'a passé le cap de l'industrialisation (EuroMale, Talarion, Advanced UAV, Mantis/Telemos, Voltigeur...). Le coût de développement du futur drone de surveillance et de reconnaissance de type MALE est estimé à environ un milliard d'euros.